Archives de catégorie : Spectacles

Une MARIE TUDOR glam rock à La Pépinière Théâtre

Ça va saigner !” une spectatrice (connaissant le texte de Victor Hugo) à son voisin à l’extinction des lumières de La Pépinière Théâtre

L’interprétation de Cristiana Reali qui incarne la folie pure d’une reine se consumant d’une passion ardente pour un bel italien est à elle seule le meilleur des arguments pour vous inciter à voir cette version glam rock captivante de Marie Tudor.

Cristiana Reali comédienne scène MARIE TUDOR pièce de Victor Hugo La Pépinière Théâtre Opéra Paris mise en scène Philippe Calvario photo by Florian Fromentin

Björk, Pink Floyd, guitare électrique live en fond sonore, pantalon de cuir ou doré pimpant, la mise en scène de Philippe Calvario s’octroie des libertés voire audaces qui pourraient malmener certains fidèles de théâtre classique.

Ici, l’on est plutôt dans une vision fantasmée de l’Histoire, une veine initiée par Patrice Chéreau avec La Reine Margot – Cristiana Reali brune incendiaire nous rappelant au bon souvenir de la grâce d’Isabelle Adjani – et suivies par les séries Tudors et Rome. Rien n’est tout à fait réaliste et pourtant le récit ne perd en rien de son intensité, de ses sursauts de lucidité mêlés au contexte historique.

MARIE TUDOR pièce de Victor Hugo Cristiana Reali Jean Philippe Ricci Jade Fortineau La Pépinière Théâtre Opéra Paris mise en scène Philippe Calvario  photo by (c) Florian Fromentin

Le spectateur a le temps de s’imaginer les contours de cette reine, celle-ci ne faisant son apparition qu’au bout de 40 minutes de récit.
Marie Tudor est une héroïne passionnée et intense proche de La Dame aux Camélias, de Adèle H, avec un supplément de folie dont certains des excès font rire.
La justesse du jeu de Cristiana Reali participe à l’adhésion à ce récit où il est tour à tour question d’honneur, d’amour, de fidélité, de jeux de pouvoir et d’hystérie.

La tension ne cesse de s’élever, suivant le cours de rebondissements bien sentis jusqu’à un climax qui laisse sans voix.

Affiche pièce MARIE TUDOR avec Cristiana Reali Jean Philippe Ricci Jean-Claude Jay mise en scène Philippe Calvario La Pépinière Théâtre Opéra rue Louis Le Grand Paris graphisme Michel Bouvet

MARIE TUDOR
de Victor Hugo
mise en scène : Philippe Calvario
avec : Cristiana Reali, Jean-Philippe Ricci, Jean-Claude Jay, Philippe Calvario en alternance avec Benjamin Guillet, Régis Laroche en alternance avec Pierre-Alain Leleu, Jade Fortineau, Anatole de Bodinat, Stanislas Perrin, Pierre Estorges, Robin Goupil, Valentin Fruitier, Thomas Gendronneau
du mardi au samedi à 21h
matinée le samedi à 16h
au Théâtre La Pépinière
7, rue Louise le Grand
75002 PARIS
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Le Révizor, le comique russe du XIXe n’a pas pris une ride au Théâtre de la Tempête

Depuis le 15 janvier, la compagnie Toda Via Teatro revisite un classique de l’auteur russe Nicolaï Gogol, au Théâtre de la Tempête, à Vincennes. Le Révizor, dans une mise en scène hors des sentiers battus, n’a rien perdu de son effet comique.

Première moitié du XIXème siècle, dans une campagne russe. Un inspecteur de Pétersbourg serait dans les parages, incognito. C’est la panique à bord : corruption, maltraitance, vol et autres magouilles risquent d’être découverts. Que faire pour éviter la Sibérie, sinon choyer le jeune homme confondu avec ce fameux  Révizor ? Les chefs de l’administration d’une petite ville, menés par un bourgmestre corrompu jusqu’à l’os, doivent agir.

Le Révizor de Nicolaï Gogol Théâtre de la Tempête mise en scène Paolo Giusti spectacle russe Paris Cartoucherie Bois de Vincennes photo Dominique Vallès
S’enchaine alors une cascade de quiproquos, de faux-semblants et de mensonges. L’un pour plumer ses hôtes, ces derniers pour sauver leur peau. Le jeune homme ira jusqu’à convoiter la fille du bourgmestre, après avoir lorgné copieusement sur les atouts aguicheurs de la mère. Parce qu’après tout, la bonne bombance, il la prend là où elle se propose.

Une formule qui marche

Avec une traduction plus contemporaine que celle régulièrement présentée, la metteur en scène, Paula Giusti, dédouble le personnage du Révizor à l’aide d’un pantin. Articulé tour à tour par le jeune homme et par ceux qu’il trompe, on ne sait plus qui manipule qui. Est-ce l’imposteur qui se joue de ses hôtes, ou les hôtes qui se fourvoient, aveuglés par leur propre suffisance et vilénie ? Gogol fait rire, même au XXIème siècle. Il faut dire qu’en matière de corruption, la Russie s’y connaît pas mal.

On retrouve les mêmes codes esthétiques que sur Le Grand Cahier, l’une des précédentes créations de Paula Giusti, succès à Avignon (présenté en off), en 2011 : costumes et décors aux couleurs sépia et musique originale jouée sur scène. La formule manque un peu de surprise, mais fonctionne toujours. Petit bémol, toutefois, les acteurs sont maquillés grossièrement et affublés d’un long nez crochu ou bossu. Une volonté, peut-être, de donner des faux airs de Comedia d’el Arte ? Ou bien de faire se confondre les comédiens avec le pantin articulé ? Nul ne sait. Et quand c’est flou…

Le Révizor de Nicolaï Gogol Théâtre de la Tempête mise en scène Paolo Giusti spectacle russe Paris Cartoucherie photo Dominique VallèsLa metteur en scène argentine aime attribuer des rôles d’hommes à des femmes. Elle récidive ici, et c’est Laure Pagès qui s’y colle, dans le rôle du bourgmestre, présenté ici comme vieux et rabougri. Sa taille, notamment face à son épouse, ne l’avantage pas et malgré un petit problème d’élocution, l’actrice s’en sort très bien.

Résultat de cette adaptation, l’humour de Gogol reste présent, l’esthétique et quelques jolis pas de tango en plus. L’auteur aimait rappeler que ses pièces étaient non seulement comiques, mais interrogeaient sur la société et ses injustices. Avec l’actualité de ces derniers jours, c’est réussi.

Le Révizor

de Nicolaï Gogol

Jusqu’au 15 février 2015
Mise en scène : Paolo Giusti
Avec Dominique Cattani, Florent Chapelière, Larissa Cholomova, Mathieu Coblentz, Sonia Enquin, Ancrée Mubarack, Laure Pagès et Florian Westerhoff

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Bois de Vincennes
Route Du Champ de Manoeuvre,  Paris 12ème

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Cycle de lectures passionnées au Théâtre de l’Atelier

Cycle de lectures personnelles et universelles avec Dominique Blanc, Jean-François Balmer et Sami Frey au Théâtre de l’Atelier jusqu’au 15 mars 2015.
Première proposition artistique de Didier Long, arrivé récemment à la direction de l’institution de la Place Charles Dullin dans le 18e, ce rendez-vous donne pleine liberté à 3 comédiens de partager leur passion de lecture avec le plus large public.

Théâtre-de-l-atelier-paris-direction-Didier-Long-facade-de-nuit-Place-Charles-Dullin-18e-photo-by-United-States-of-Paris-blog

Dominique Blanc a été la première à être appelée par le metteur en scène et désormais directeur du Théâtre de l’Atelier pour ce projet. Fidèle à la comédienne et appréciant son exigence, Didier Long a eu raison de son intuition et que le choix du texte révélait tout autant l’artiste que la qualité d’écoute des spectateurs de ce récit des années d’après-guerre.

Le choix de Dominique Blanc s’est porté sur Les Années de Annie Ernaux, un livre qui l’accompagne. Pour préparer cet exercice horizontal, “auquel elle donne une verticalité incroyable” dixit Didier Long, la comédienne a demandé les conseils de l’auteure elle-même pour s’assurer du choix des passages.
Car le récit a la particularité d’enchainer les années de manière étourdissante, sans pause, en un fil continu.
Sur scène, la comédienne offre un échange délicat en donnant voix à ces moments passés, cette subjectivité sur la grande Histoire entremêlée à la petite. Délicatesse aussi dans sa manière de laisser tomber les pages lues sur le sol, de fredonner les extraits de chansons présents dans le texte.

Pour Didier Long : “un texte est plus ouvert qu’on ne le pense, ne serait-ce que parce qu’il parle à plusieurs personnes à la fois”, convaincu que “le public est sensible à cet échange intime avec un auteur” par l’intermédiaire d’un acteur.

 

Jean-François Balmer prendra la suite à partir du 17 février avec la lecture de Un candide à sa fenêtre, pour laquelle il a fait également appel à son auteur, Régis Debray, pour articuler le choix des extraits.

Le cycle prendra fin avec Sami Frey, véritable électron libre du théâtre, qui se laissera porter par des extraits différents qu’il piochera de soir en soir de ces entretiens de Sartre par Beauvoir.

Didier Long ne boude pas son plaisir de suivre ces grands comédiens libérés exceptionnellement de toute présence de metteur en scène pour composer leur spectacle. En coulisses, il dit apprécier “ce lieu fort dans le qualitatif et l’exemplarité.”
Son dessein est d’ouvrir le dialogue à tous et toutes, publics, journalistes, blogueurs et ceci en continu, pour faire vivre le théâtre.

Dominique Blanc lit Les Années de Annie Ernaux
jusqu’au dimanche 22 février

Jean-François Balmer lit Un candide à sa fenêtre de Régis Debray
du 17 février au 1er mars

Sami Frey lit Entretiens avec Jean-Paul Sartre (août-septembre 1974) de Simone de Beauvoir
du 3 au 15 mars

du mardi au samedi à 19h et dimanche à 18h
Placement libre et tarif unique (29,10e)

au Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 PARIS

Réservations : 01 46 06 49 24

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Théâtre Hébertot : Dominique Pinon défie LES LOIS DE LA GRAVITÉ

L’adaptation du roman Les Lois de la Gravité de Jean Teulé permet à Dominique Pinon de montrer tout son talent de comédien. A l’affiche du Théâtre Hébertot, la pièce prouve qu’on peut être désabusé, à la limite de l’alcoolisme et franchement humain.

Les lois de la gravité Théâtre Herbetot Jean Teulé Dominique Pinon Florence Loiret Caille critique Paris By United States of Paris

Que ferions-nous à sa place ? Un policier (Dominique Pinon), éreinté par les univers sordides dans lesquels il traine quotidiennement, a bien le droit à un peu de répit, voire même de réconfort. Parce que ce flic en a bavé, et vu des horreurs. Aujourd’hui, difficile pour lui de supporter la mise en abîme de son métier.

Alors quand une femme (Florence Loiret Caille) débarque à 21h pour confesser un crime, il voit là l’occasion de faire preuve d’humanité. Rongée par le remord, cette frêle mère de famille veut enfin payer pour le meurtre de son mari, dix ans plus tôt.

Le policier va toutefois tenter de dissuader cette femme étrange, fragile et à qui la vie n’a pas souvent souri. Il refuse d’enregistrer sa déposition et tente même de gagner du temps. Dans quelques heures, le délai légal sera expiré et le crime, jamais puni.

Les lois de la gravité Théâtre Herbetot Jean Teulé Dominique Pinon Florence Loiret Caille Pierre Forest critique Paris By United States of Paris
Brûler les planches

Dominique Pinon est parfait dans le rôle de ce flic, tout à la fois grossier et poétique. Il faut le dire, il porte la pièce sur ses épaules et rayonne face à Florence Loiret Caille, un peu en demi-teinte par rapport  à son homologue qui domine le plateau. On peut émettre une réserve de mise en scène lors de l’aveu de son crime. Il est évident qu’une femme torturée par la culpabilité ne se livrera pas à la police en sifflotant, mais l’entendre raconter son crime en haletant,  à bout de souffle, nuit un peu au côté réaliste de la situation. Rien de rédhibitoire toutefois. Quant aux quelques apparitions du policier de garde (Pierre Forest), elles fluidifient le dialogue entre les deux personnages principaux.

Le texte de Jean Teulé, adapté par Marc Brunet, est simple et parle à tous. Ici, pas de chichi et certaines répliques nous ramènent à l’actualité. Étonnant pour un texte écrit il y a plus de 10 ans.

Il est facile de s’identifier à ce flic un peu bougon, témoin de l’évolution de notre société, affrontant seul ses désillusions. On pourrait arguer que le roman de Jean Teulé, publié en 2003, est très cinématographique et permet aisément la transposition d’un genre à l’autre. Certes. C’est tout de même réussi et le contexte social décrit ne semble pas avoir pris une ride.

Les lois de la gravité Théâtre Herbetot Jean Teulé Dominique Pinon Florence Loiret Caille Pierre Forest critique spectacle Paris By United States of Paris
Côté mise en scène, on ne comprend toutefois pas les deux interludes, si proches de la fin de la pièce, pour marquer une très légère avancée dans le temps. Le rythme s’en trouve coupé, sans qu’un changement de décors n’intervienne. Un effet de scène inutile et un peu perturbant. Mais le plaisir de voir ce spectacle reste intact. Menées par un très bon acteur, ces Lois de la Gravité nous poussent irrésistiblement… vers ce commissariat.

Les lois de la gravité Théâtre Herbetot Jean Teulé Dominique Pinon Florence Loiret Caille Pierre Forest critique affiche Paris
Les Lois de la Gravité

de Jean Teulé
Adaptation :  Marc Brunet
Mise en scène : Anne Bourgeois
Avec :  Dominique Pinon, Florence Loiret Caille et Pierre Forest

du 5 février au 31 mars 2015
du mardi au samedi à 19h
dimanche à 18h

au Théâtre Hebertot
78 bis, boulevard des Batignolles
75017 Paris

By Joël Clergiot

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LITTLE BOY avec Christophe Alévêque – pièce comique pour public averti

Pour Little Boy, joué le 4 février dernier au Théâtre Traversière, Christophe Alévèque change de registre. Dans ce spectacle tragi-comique, il montre qu’il sait faire rire, mais pas seulement.

Le spectateur qui s’attendrait à voir Christophe Alévêque faire du Alévêque, à coup d’humour pince sans rire et de petites piques bien senties, pourrait s’en trouver troublé. Dans Little Boy, l’acteur s’est mis dans la peau de Claude Eatherly, le pilote qui fit le repérage au-dessus d’Hiroshima, avant le largage de la bombe atomique, en ce triste jour du 6 août 1945.

little boy théâtre traversière avec Christophe Alévêque Régis Vlakos  critique ParisUn rôle qu’il joue parfaitement mais qui tranche avec la férocité comique qu’on lui connaît d’ordinaire. Certaines mimiques et traits de diction sont là mais le ton désabusé a disparu. On comprend toutefois pourquoi. Imaginez, après la guerre, Eatherly est resté rongé par le remord toute sa vie. Devenu fou, il fut interné et bâillonné par le pouvoir qui voulait en faire un héros national. Il y a de quoi perdre confiance en l’humanité, ainsi que son sens de l’humour !

Dialogue entre fou et philosophe

C’est depuis son asile, que Claude Eatherly commença une correspondance avec Günther Anders. De ces échanges avec le philosophe autrichien, Régis Vlakos en a tiré cette pièce qui mêle drame et humour. Le spectateur est balloté d’un sentiment à l’autre. Il rit, parfois beaucoup, parfois pas du tout. C’est selon que l’officier américain passe des facéties d’un homme naïf et profondément humain à l’état de stress post-traumatique. La performance d’acteur d’Alévèque est remarquable, dirigée par l’auteur lui-même, qui tient également le rôle de ce fameux Günther Anders.

Pièce engagée, elle aurait certainement des vertus pédagogiques. Mais la tragi-comédie n’est pas à montrer à tout le monde. Elle fait souvent sourire mais impose également la réflexion. Raison de plus pour s’y intéresser.

little boy théâtre traversière avec Christophe Alévêque Régis Vlakos Charlotte Zotto affiche critique Paris
By Joël Clergiot

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OVER THE CLOUD par la 26e promotion du CNAC à la Villette

La 26e promotion du Centre national des arts du cirque (Cnac) a installé roulotte et chapiteau au Parc de la Villette pour Over The Cloud à découvrir jusqu’au 22 février.

photo Christophe Raynaud de Lage
photo Christophe Raynaud de Lage

C’est à un spectacle en retenue auquel nous avons assisté lors de la première ce mercredi.

Retenue n’est pas forcément un vilain mot même dans la bouche d’un circassien.
Alors que l’on s’est habitué à une entrée en matière tonitruante, vive avec sauts et ressauts lors des précédents spectacles de fin d’année du Cnac (This is the end, Pulsions) Jérôme Thomas, le metteur en scène, a choisi une arrivée plus discrète mais énigmatique pour Over the cloud.

Dans un clair-obscur, les jeunes circassiens s’offrent à une déambulation lente et masquée à la manière de showroom dummies (mannequins de vitrine). Difficile d’accrocher une quelconque empathie sur les onze visages – d’anges ? – dissimulés des interprètes. C’est le corps qui parle en premier, offert aux regards de spectateurs interrogatifs.

Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE
Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Les numéros de cirque sont parsemés tout au long de la soirée. Ils semblent plus courts que par le passé. Ce qui ne gâche en rien la prouesse physique, comme le premier numéro d’équilibre sur fil où l’artiste n’est pas seul en scène mais accompagné de ses camarades partenaires de jeu. C’est aussi le cas lors d’une montée à 3 partenaires sur un cordage tendu et tenu par les 8 autres ayant gardé les pieds sur la piste.

La montée en puissance est plus poétique, électrique (la bande-son de Gildas Céleste) que spectaculaire. C’est posé, slow down, le temps opère en sorte d’une contempĺation.
Le final reprend de la fougue pour un débordement collectif, visuellement fort, composé pourtant de petits riens.

Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Seul regret : une longueur dans les déplacements des artistes au coeur de cette recherche de constante mobilité voulue par l’équipe artistique. La fréquence des séquences de marche peut altérer, à force, notre attention.

OVER THE CLOUD
26e promotion du Centre national des arts du cirque #Cnac15
mise en scène : Jérôme Thomas
collaboration à la mise en scène : Martin Palisse

jusqu’au 22 février 2015
mercredi, vendredi et samedi à 20h
jeudi à 19h30, dimanche à 16h

Espace chapiteaux
Parc de la Villette

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Le Théâtre Bobino vibre pour Sinfonia de Tango “Pasion”

Sinfonia de Tango, le nouveau spectacle de Tango Pasión revient sur la scène de Bobino. Il ne reste plus que quelques jours pour aller voir ce spectacle inspiré des chorégraphies du tango traditionnel et de musique des années 1950. Entre concentré de sensualité et de numéros ultra techniques.

Affiche spectacle Sinfonia de Tango Pasion Astor Piazzolla au Théâtre de Bobino Paris janvier et février 2015

Deux violons, deux bandonéons, une contrebasse et un piano. Voilà pour les musiciens. Quant aux danseurs, ils sont douze et enchaînent numéro sur numéro. Six couples virtuoses, dont les jeux de jambes sont rapides et parfaitement exécutés. Les danseuses roulent avec volupté sur les cuisses des danseurs. Les corps graciles ou musclés se croisent et s’entrecroisent, pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Constitué de deux actes, le spectacle présente trente-deux numéros chorégraphiés, entrecoupés d’intermèdes musicaux. Le premier acte recrée un bal populaire des années 1950. Les hommes sont en costumes rayés, portent un chapeau feutre et fument le cigare. Ils n’hésitent pas à draguer la copine de leur voisin, tout en offrant des fleurs à leur propre compagne, qui de son coté, fulmine de jalousie.
Toutes les musiques ont été réécrites par Gabriel Merlino. L’auteur a voulu faire la part belle à la musique du premier enregistrement studio d’Astor Piazzolla de 1955, dont il s’est inspirée. Son but : revenir à un tango plus traditionnel.

Show Sinfonia de Tango Pasion spectacle danse dance Astor Piazzolla Paris Bobino et tournée France

Paillettes et acrobaties
Le deuxième acte est beaucoup plus moderne et laisse place à des figures tournant souvent à l’acrobatie. L’amateur, qui les soirs d’été, voudrait s’essayer au tango sur les bords de Seine, est époustouflé. Il n’osera toutefois jamais imaginer reproduire la moitié des figures réalisées sur scène. Et c’est peut-être là où le bât blesse. Il n’y a aucun doute, les danseurs exécutent parfaitement leurs chorégraphies. Virilité, corps à corps et sensualité, tout y est. Manque pourtant un trait essentiel à la danse. La spontanéité. Le spectacle est si technique, si bien orchestré, que la passion, thème essentiel au tango argentin s’en trouve édulcorée. Cela risque d’en surprendre, voire d’en refroidir certains.

On passera également sur quelques tenues proches de vêtements de cabarets. On s’imagine les danseuses de tango généralement plus élégantes. Le grand spectacle offert par les danseurs ne s’en trouve toutefois pas gêné. Alors qu’importe, qu’ici ou là, la costumière ait ajouté quelques touches à la limite de la vulgarité. L’important est que le spectacle permette aux initiés d’apprécier des figures époustouflantes. Pour les autres, ce sera l’occasion de découvrir un univers composés de séductions, d’amour mais aussi de drames et de situations comiques. En gros, tout ce qui déchaine… les passions.

by Joël Clergiot

Sinfonia de Tango par Tango Pasión
spectacle chorégraphié par Hector Zaraspe

Théâtre Bobino
14/20, rue de la Gaîté
75014 Paris

du 20 janvier au 8 février 2015

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ANNA CHRISTIE intense et écorchée au Théâtre de l’Atelier

Portée par un casting brillant (Mélanie THIERRY, Stanley WEBER, Féodor ATKINE et Charlotte MAURY) Anna Christie, pièce du dramaturge américain Eugène O’NEILL (1888-1953, prix Nobel de littérature en 1936) est connue pour son adaptation cinématographique par Clarence Brown en 1930.

Sur la scène du Théâtre de l’Atelier, Mélanie Thierry se confronte avec une exceptionnelle élégance, au souvenir d’une Greta Garbo au regard noir sublime et figée sur pellicule argentique.

Affiche pièce Anna Christie Eugen O Neill Jean-Claude Carrière avec Mélanie Thierry Stanley Weber Féodor Atkine Charlotte Maury-Sentier mise en scène Jean Louis Martinelli au Théâtre de l'Atelier Paris
Anna Christie
, c’est l’histoire des retrouvailles bouleversantes entre une jeune femme, Anna (Mélanie Thierry, intense dans son rôle de jeune femme meurtrie et révoltée) avec son père, un vieux marin alcoolique, Chris Christopherson, (le formidable Féodor Atkine), dans un bar sinistre de New York (tenu par Charlotte Maury-Sentier, parfaite en tenancière aguerrie et complice). Anna et son père ne se sont pas revus depuis quinze ans, alors qu’enfant elle a été confiée par ce dernier à une famille de fermiers du Minessota.

Persuadé qu’Anna “est une fille bien avec une vie comme il faut”, le vieux marin n’imagine pas combien la vie de sa fille a été un enfer. Pourtant, vêtue d’une robe rouge, escarpins au pied, collant filé, cheveux emmêlés, cigarette au bec et railleuse, Anna a tout de la fille de joie. Cherchant refuge auprès de son père, la jeune femme va rencontrer l’amour avec un jeune marin irlandais (Stanley Weber, crédible et désarmant en jeune marin costaud et peu accommodant).

Une romance née en mer au grand désespoir de Chris, rompu aux sentiments de courtes durées de port en port. Devant faire face à son destin, Anna avouera-t-elle son passé au risque de perdre les hommes de sa si courte vie ?

photo de Pascal Victor - Artcomart
photo de Pascal Victor – Artcomart

L’atmosphère de cette pièce est sombre, grise et maritime. Les décors sont épurés mais suffisamment explicites pour nous transporter aux côtés des acteurs justes.

Les personnages, désenchantés, sont attachants d’un bout à l’autre du récit. Chacun a ses motivations et trouve pleine légitimité dans ses choix, à nos yeux.
Le metteur en scène, Jean-Louis Martinelli, a su doser à merveille l’intensité, l’émotion et le suspens tout au long de la pièce. Jusqu’à atteindre un final d’une force rare dans un échange triangulaire qui semblerait sans issue.

Anna Christie Stanley Weber Mélanie Thierry Féodor Atkine Charlotte Maury Sentier pièce Eugene O Neill Jean Claude Carrière Jean Louis Martinelli Théâtre de l Atelier Paris photo by United States of Paris Blog

Anna Christie

du mardi au samedi 21h, Matinées samedi 16h30 et dimanche 15h30

Au Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 PARIS

Auteur : Eugene O’NEILL / Adaptation Jean-Claude CARRIERE
Mise en scène : Jean-Louis MARTINELLI
Avec : Mélanie THIERRY, Stanley WEBER, Féodor ATKINE, Charlotte MAURY-SENTIER

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La Tragédie du Belge aux Traversées du Marais : grandiose et barrée !

La chanteuse Camille est aussi talentueuse que fantasque. Pas étonnant alors que son grain de folie se soit associé à la conception de La Tragédie du Belge, une pièce musicale rocambolesque reprise exceptionnellement au festival Les Traversées du Marais après avoir fait le bonheur du Théâtre La Loge et du Théâtre de Belleville à Paris.

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La bande des Robins des Bois (époques Comédie ! & Canal Plus) vous manque autant qu’à nous ? Vous ne pensiez pas qu’il soit possible un jour de retrouver ce souffle insoupçonné de décalage, d’humour potache, de décors branlants, de prénoms improbables et d’intrigues inouïes ?

photo de Philippe Delacroix
photo de Philippe Delacroix

Bonne nouvelle ! Les 5 garnements qui composent la troupe et le chœur de ce spectacle joué et chanté (à cappella) sont de la trempe d’une Marina Fois, d’un Maurice Barthélémy, Jean-Paul Rouve…
Après tout, Robin Causse (le seul garçon de la troupe) n’aurait-il pas un faux air de PEF (Pierre-François Martin Laval) à moustache (photo non contractuelle) croisé avec Frank Dubosc ? À juger de sa pilosité, le garçon ne démérite pas face à ces deux monstres de l’humour qui se seraient pencher sur son jeu d’acteur. À confirmer bien entendu sur place lors de votre venue.

photo by Philippe Delacroix
photo de Philippe Delacroix

La tragédie n’en est pas tout à fait une. En tout cas, elle n’est pas suffisamment austère pour nous couper toute envie de rire. Bien au contraire.
Une femme, Olgac, se fait larguer par le Belge. Une fois la rupture consommée, les membres de sa famille rejouent le scénario de cet amour dévorant, foudroyant et pathétique. Poilant !

Les paravents servent de rideaux de scène cachant aussi bien les accessoires, les changements de costumes, que la faiblesse des moyens. On pourrait croire ce spectacle improvisé : il n’en est rien. La mécanique des changements d’acteurs pour composer un même personnage, le chœur qui prend l’eau alors qu’un balai est sollicité pour plusieurs fonctions – inouï ! – valent des moments de franche rigolade.

C’est bordélique, ça part en c… dans tous les sens du terme sans que les parties chantées ne perdent pour autant de leur poésie et de leur énigme à mesure que l’intrigue progresse.

Derrière l’écriture et la mise en scène se cache Sonia Bester plus connue comme gentille organisatrice de concerts intimes sous le pseudo de Madame Lune. Connaissant la qualité et discrétion de son accueil lors de ces soirées dont elle seule a le secret (à l’Eglise St Sulpice ou à la Cité Universitaire) il était bien difficile de deviner l’ouragan de fantaisie et d’audace qui sommeillait en elle.

La Tragédie du Belge pièce musicale texte et mise en scène Sonia Bester direction musicale Camille Affiche Théâtre de Belleville Paris photo by United States of Paris Blog

La Tragédie du Belge
avec :  Diane Bonnot, Robin Causse, Ava Hervier, Angèle Micaux, Géraldine Martineau, en alternance avec Sophie Tzvetan
texte de Sonia Bester
mise en scène : Sonia Bester & Isabelle Antoine
Dramaturgie : Sonia Bester, Diane Bonnot, Isabelle Antoine
Direction musicale, arrangements et compositions : Camille

le dimanche 13 septembre 2015 à 15h30

au Salon des Mariages – Mairie du IV
(au lieu du Jardin des Rosiers)
1 Place Baudoyer, 75004 Paris

dans le cadre du festival Les Traversées du Marais

Et toute l’actu sur la page FB : facebook.com/latragediedubelge

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SOUS LES JUPES : un trio féminin sans concession au Théâtre Mélo d’Amélie

Depuis le 14 janvier, le Théâtre Mélo d’Amélie réunit trois femmes que tout sépare. A l’exception d’un goût prononcé pour leur reflet dans une glace. Ecrite par Philippe Elno, Sous les Jupes, jouée jusqu’au 27 avril, dévoile bien plus que la vie de bureau. Avec humour, légèreté, et sans prétention.

Affiche pièce Sous les jupes une comédie de Philippe Elno mise en scène Marlene Noël avec Laetitia Vercken Ludivine de Chastenet Muriel Lemaire au Théâtre Mélo d'Amélie Paris

Tout commence avec l’installation d’un miroir. Jusque-là, rien de vraiment anormal. Mais avec sa taille de 15m2, il recouvre presque la totalité de l’un des murs du bureau des occupantes. Un comble, dans cette entreprise de transport international, dans laquelle seuls six hommes travaillent. Ici, même les routiers sont des routières.

Cet objet dérange, intrigue, mais finit par plaire. C’est selon l’humeur, les jours, les personnes qui vont et viennent dans cette boite un peu spéciale. On s’attend à une pièce féministe, mais pas vraiment. Le miroir n’est qu’un prétexte, malgré son omniprésence. Ou alors à de l’humour légèrement sexiste ? Encore moins !

Sous les jupes pièce et comédie de Philippe Elno avec Laetitia Vercken Ludivine de Chastenet Muriel Lemaire mise en scène Marlène Noël Théâtre Mélo d'Amélie Paris photo Marianne Da Siva
photo Marianne da Silva

La vie de Valérie (Ludivine de Chastenet), la boss, quarante ans, tailleur pantalon et caractère bien trempé, et de son assistante, Geneviève (Muriel Lemaire), 60 ans, à six mois de la retraite, va basculer lorsque Margot (Laetitia Vercken), 25 ans, débarque pour un stage. C’est vrai qu’elle dénote un peu, avec son legging troué et son horripilant chewing gum. Trois générations qui ont du mal à cohabiter mais que seul le fameux miroir rapproche. Regard furtif ou carrément appuyé, les trois dames vont s’adresser à lui comme à un quatrième acteur.

Très réalistes, les actrices font preuve d’une énergie qu’elles se transmettent entre elles. A croire qu’elles jouent leur propre rôle. Ce qui serait un peu facile, nous en conviendrons. Il suffit toutefois de jeter un œil sur le parcours de chacune pour se rendre compte qu’il s’agit bien d’un exercice de composition. Pour notre plus grand plaisir car elles ne font aucune fausse note. La pièce est un peu une succession de sketches sur la vie de bureau. Tout salarié d’une entreprise, quelle qu’elle soit, s’y retrouvera.

photo Marianne da Silva
photo Marianne da Silva

L’intrigue générale, qui normalement sert de fil directeur au spectacle, n’apparaît qu’en filigrane, et n’apporte pas grand’chose. Elle est presque accessoire. Il y a bien ça et là, quelques facilités, mais ça marche toujours. On se serait attendu à une pièce un peu plus mordante, à l’humour grinçant. Ce n’est pas le cas et finalement, on s’en fiche. On passe un bon moment et c’est tout ce qu’on demande.

Sous les Jupes 
pièce de Philippe Elno
mise en scène : Marlène Noël
avec : Laetitia Vercken, Ludivine de Chastenet, Muriel Lemaire

Théâtre Mélo d’Amélie
4, rue Marie Stuart
75004 Paris

Jusqu’au 27 avril 2015, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 18h

by Joël Clergiot

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