Archives de catégorie : Théâtre

La mégère apprivoisée : inattendue et jubilatoire

Chaque artiste aimerait que son travail lui subsiste. Le (difficile) secret réside sans doute dans le fait de choisir un sujet intemporel, et lui permettre d’être adaptable à toutes les époques. La mégère apprivoisée en fait partie ! Venez assister à la version 2020 de l’œuvre de Shakespeare. La libre interprétation de Frédérique Lazarini est comme ses comédiens, pleine de charme, subtile, vive, terriblement actuelle et délicieusement surprenante…

En voyant la scène vide, un premier élément interpelle d’emblée. Nous y trouvons des bancs, du linge d’une autre époque et surtout, un énorme écran de cinéma. Cette adaptation semble prometteuse d’audace !

La mégère apprivoisée
Photo © Marion Duhamel

Nous sommes à Padoue, dans les années 50. Luciento et Tranio conversent avec ferveur lorsque l’écran se met en marche. Dans la plus pure tradition des films de l’époque, en noir et blanc, Baptista apparaît en présence de ses deux filles. Immédiatement, Luciento tombe amoureux de Bianca, la fille cadette, et désire la prendre en noces. Cependant, dans le respect des traditions, Baptista doit d’abord marier sa fille aînée : l’indomptable Catarina…

C’est une femme insoumise, se libérant de tout carcan et fardeau patriarcal. En effet, elle s’exprime, s’assume et le revendique haut et fort. C’est alors qu’entre en scène Pétruchio, son prétendant. Il montera tout un stratagème afin de dompter sa future épouse. S’ensuit alors une fresque, animée par la fraîcheur et le dynamisme d’une Italie enfiévrée !

Un message apprivoisé

Les comédiens portent la pièce de bout en bout avec entrain et dynamisme, sans un seul instant de répit ! Aussi inquiétante qu’éclatante, Sarah Biasani exulte aux côtés d’un bien malicieux Cédric Colas. Ils forment un duo détonnant et étrangement complice. Quant à Pierre Einaudi et Guillaume Veyre, leurs facéties et tendres désillusions convainquent. Autant que Maxime Lombard en père désespéré !

La mégère apprivoisée
Photo © Marion Duhamel

La mise en abyme de la pièce grâce aux séquences vidéos est un choix judicieux et particulièrement éclairé. Ainsi, Frédérique Lazarini insuffle au texte l’énergie et le vent de libération sociale du cinéma italien de cette époque. La misogynie se veut drôle tant elle semble déplacée et la soudaine soumission de Catarina éveille les soupçons… C’est trop facile, trop lisse, quelque chose nous échappe et nous le ressentons bien.

Au final, qui se joue des autres ? Qui s’amuse ? Il faut attendre les toutes dernières minutes afin que tout s’éclaire pour un final d’une délectable finesse…

La mégère apprivoisée

La Mégère Apprivoisée

D’après William Shakespeare

Adapté et mise en scène par Frédérique Lazarini, assistée de Lydia Nicaud.

Avec : Sarah Biasini, Cédric Colas, Pierre Einaudi, Maxime Lombard, Guillaume Veyre et la participation de Charlotte Durand-Raucher, Didier Lesour, Hugo Petitier et Jules Dalmas.

Jusqu’au 11 mars 2020

Du mardi au vendredi à 20h30
Samedi à 17h et 20h30
Dimanche à 17h

Relâches le 21 février et le 10 mars

 Artistic Théâtre
45 bis rue Richard Lenoir
75011 Paris

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Ma radio, histoire amoureuse : Philippe Meyer retrouvé au Lucernaire !

Philippe Meyer a su traverser les époques dans le monde de la culture en étant présentateur télé et radio, journaliste, écrivain ou humoriste.
Ma radio, histoire amoureuse, au Lucernaire, est un seul-en-scène où l’homme fait un retour sur sa vie en ondes afin de nous offrir les plus beaux moments, les rencontres marquantes et ce qui l’a animé pendant toutes ces années…

 

Ma radio histoire amoureuse
Photo © Karine Letellier

C’est plus de 30 ans de vie dans la maison Radio France qu’il nous relate : de ses débuts aux côtés de Jacques Chancel à son éviction en 2017. Sans oublier non plus sa carrière dans la presse écrite…
Saviez-vous qu’il doit sa vie radiophonique à un voyage au Québec ? Il est question d’un livre et d’une rencontre avec son idole Gilles Vigneault. Mais pour connaître le fin mot de l’histoire, il faudra venir voir le spectacle… 😉

Ma radio, histoire amoureuse :

C’est un peu diminué par un accident que Philippe Meyer arrive sur scène. Si le corps est limité, l’esprit est toujours aussi vif, fin et espiègle !
Ainsi, entre chansons en live ou récits, le public est plongé dans une sorte de nostalgie radiophonique des plus éclairées.
On parcourt une vie, comme tant d’autres, faîte de rencontres et d’opportunités que chacun doit saisir, comme une fable…

On peut descendre d’un train qu’on a pris, mais on ne peut pas rattraper celui qu’on a raté

Quel mantra de vie… 🙂
Saisir chaque occasion, pour rendre sa vie plus pétillante, plus passionnante, plus vivante !
Cette transmission en mode chronique est jubilatoire…

Philippe Meyer
Photo © USofParis

Un spectacle biographique

Pour les habitués de Philippe Meyer, appréciant son côté pince-sans-rire et sa vision particulière du monde, on peut tout de même regretter un manque de vitriol dans certaines anecdotes.
Et même s’il écorne certains pontes politiques ou audiovisuels, grâce à son parcours si long au sein de Radio France, on pourrait s’attendre à plus d’histoires de coulisses ou de confessions.

Ce seul-en-scène est un témoignage d’une personne représentant une époque aujourd’hui révolue. Celle où la parole était différente, un peu acerbe, qui n’avait pas peur des mots ou des conventions. Celle où l’expression était vraiment libre…

Philippe Meyer

Ma radio, histoire amoureuse

De et avec : Philippe Meyer
Mise en scène : Benoit Carré
Musicien : Jean-Claude Laudat

Dimanche à 19h
Jusqu’au 26 avril 2020

Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-champs
75006 Paris

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Elephant Man : Joeystarr et Béatrice Dalle poignants

Voix rocailleuse, démarche gauche, corps tatoué et fatigué, Joeystarr s’offre tout entier, et sans artifice pour cette version d’Elephant Man mise en scène par David Bobée.
Pas de masque pour suggérer la monstruosité du physique de John Merrick qui fascine tout autant qu’il répugne. L’imagination est de mise. Seules quelques images vidéo d’un visage déformé viendront aider le spectateur à entrevoir le pire.

David Bobée insuffle quelques étrangetés dans ce récit culte, et connu de beaucoup. Comme ces sœurs siamoises qui poussent la chansonnette, cette mort-vivante qui s’extirpe des tréfonds du décor. Ces projections vidéo qui viennent habiller les murs de l’hôpital.

Un personnage sulfureux fait son apparition : Jack l’éventreur, interprété par Luc Bruyère, mannequin et aussi créature nocturne du Cabaret Madame Arthur.

Et puis le couple de l’affiche s’unit enfin devant nos yeux. Qui est cette femme, toute de noir vêtue qui vient rendre visite à John Merrick ? Madame Kendal, une comédienne autant fascinée que passionnée par l’attirance qui peut naître de la différence et du handicap.
Car ce sont ces problématiques qui sont au cœur du récit de Bernard  Pomerance. Comment dépasser le physique pour ne retenir que le talent, la sensibilité, l’intelligence ?

Elephant Man

Elephant Man 
de Bernard Pomerance 
mise en scène de David Bobée
avec Joeystarr et Béatrice Dalle 

aux Folies Bergère
32 Rue Richer,
75009 Paris

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Jo au Théâtre du Gymnase : Audrey Fleurot comme vous ne l’avez jamais vue

Audrey Fleurot fait valdinguer son image de femme fatale et de beauté froide qu’elle incarne depuis sa consécration dans la série Engrenages.
Avec Jo au Théâtre du Gymnase, la comédienne montre des facettes méconnues de son talent. C’est bluffant, jubilatoire et détonnant.

 

photo Pascal Victor

Antoine (Didier Bourdon), auteur de théâtre de boulevard, se décide à commettre un crime.
Il se documente, prépare son coup. Pour cacher son jeu, il fait croire qu’il change de registre et se met à l’écriture d’une pièce policière. Sylvie (Audrey Fleurot), sa femme comédienne, est aux anges. Elle va enfin pouvoir montrer l’étendue de son registre. Seulement elle n’est pas adepte du jeu intériorisé.

Une série de déconvenues comme l’arrivée d’une sculpture immonde dans le jardin, une belle-mère collante, des visites impromptues, vont finir par compromettre le scénario de crime parfait imaginé par Antoine.

Photo Pascal Victor

Audrey Fleurot

Audrey Fleurot exubérante à souhait

C’est une sorte de mise en abyme pour Audrey Fleurot. Elle incarne une comédienne qui souhaite casser son image, ce que fait la rousse incendiaire chaque soir en incarnant Sylvie, une femme légère, à l’opposée totale de ses autres grands rôles.

On sent qu’Audrey prend un malin plaisir à surprendre et désarçonner son public. Ses tenues de scènes colorées, sa capacité à surjouer ou à se vautrer sur la moquette pour les besoins de son personnage, sa malice sont étonnantes. On ne la reconnaît plus.
Alors quand elle se met à pousser la chansonnette, c’est comme si on se prenait une déflagration. Avoir choisi un tel rôle est audacieux et génialement barré !
Certains pourront lui le reprocher. Nous on jubile de bonheur.

A ses côtés, Didier Bourdon est excellent en mari prêt à tout pour dissimuler les égarements de jeunesse de sa femme.
Dominique Pinon est un inspecteur Ducros implacable mais avec quelques faiblesses.

Jo est une farce délirante qui est capable d’aller loin pour faire rire.

Audrey Fleurot
photo Fabienne Rappeneau

Jo

d’Alec Coppel
adaptation : Claude Magnier

nouvelle adaptation et mise en scène : Benjamin Guillard

Avec Audrey Fleurot, Didier Bourdon, Dominique Pinon
Jérôme Anger, Guillaume Briat, Didier Brice, Clotilde Daniault, Grégory Quidel, Bernadette Le Saché, Jennie-Anne Walker

au Théâtre du Gymnase – Marie Bell
38 boulevard de Bonne Nouvelle
75010 PARIS

du mardi du samedi à 21h
matinée : samedi à 16h

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Palace sur scène @ Théâtre de Paris : la part belle aux comédiens

PALACE, la série culte qui a bercé notre enfance se retrouve adaptée sur scène. Au-delà de l’humour, du 3e voire 4e degré, du non-sens, ce qui a marqué c’est le casting  incroyable.
Au Théâtre de Paris, Jean-Michel Ribes, auteur et metteur en scène, a formé une troupe absolument brillante.
Voici nos chouchous choisis par Ribes parmi plus de 300 artistes castés.

Palace sur scène Palace sur scène

Joséphine de Meaux is the one

La nouvelle Lady Palace ne manque pas de panache et de classe.
Dans sa robe jaune, elle dispense ses meilleurs conseils aux clients pour maintenir leur standing dans un palace. La priorité étant de baigner dans l’opulence financière. Le reste suivra tout naturellement.
C’est Joséphine de Meaux qui reprend le rôle et il lui va comme un gant. Elle est pétillante à souhait. Sa silhouette, son élégance, participent au charme qu’elle répand sur le public.
Bravo à Joséphine, elle nous a fait totalement oublier Valérie Lemercier, la créatrice du rôle pour la télé.

Rodolphe Sand truculent à souhait

Pas facile de porter comme nom Anus et d’avoir un transit laborieux, ni de déclarer sa flamme à son meilleur ami, ni même de se retrouver bloquer sur un escalier.
L’avantage est que le combo peignoir et mules va à merveille à Rodolphe Sand, tout comme son costume de trublion pour les séquences Soyez Palace chez vous !
Le comédien donne à voir ses multiples talents et son don de caméléon en se lovant avec aisance dans plusieurs rôles.
Elle n’en a pas l’air mais sa performance est physique. On l’imagine courir dans les coulisses pour changer de costume.

Philippe Magnan la force tranquille

Tour à tour bourgeois partouzeur, serveur ou académicien à l’article de la mort, Philippe Magnan impose son style. Pas d’éclat, tout est dans la subtilité, mais son jeu n’en est pas monotone pour autant.

Palace sur scène

Coulisses du spectacle

Jean-Marie Gourio, co-auteur de Palace sur scène, a confirmé lors de notre rencontre le cousu-main pour chaque comédien du spectacle :
“Une fois totalement écrit, on a cousu le texte sur les comédiens durant les répétitions On retouche toujours pour qu’ils soient joyeux sur scène. S’ils n’aiment pas une phrase, une réplique, on la change, pour que chacun puisse jouer avec un matériau qui lui plaise.”
L’originalité du spectacle est ce mélange de sketchs et d’intermèdes musicaux. Le comédien Eric Verdin évoque l’esprit de troupe :
On se nourrit beaucoup les uns les autres.
Je suis comédien et c’est la première fois que je travaille avec des danseurs. Je me nourris des danseurs, de leur énergie et de leur tonicité. J’entre sur scène porté par leur immense énergie. C’est nouveau pour moi,  c’est une expérience différente et stimulante.”
Palace sur scène
Seul regret : que l’une des plus belles répliques de la série soit absente de cette adaptation de Palace sur scène. Je vous laisse juge :
“Il a un anus trop artificiel pour être honnête !”

Un chef-d’œuvre que je ne comprenais pas quand j’étais petit et qui faisait marrer mon père, alors je répétais la phrase. J’ai compris le sens exact quelques années plus tard.

Palace sur scène

PALACE

d’après la sérié télévisée de Jean-Michel Ribes
adaptation Jean-Marie Gourio & Jean-Michel Ribes
mise en scène Jean-Michel Ribes

avec Salim Bagayoko, Joséphine de Meaux, Salomé Dienis-Meulien,Mikaël Halimi, Magali Lange, Jocelyn Laurent, Philippe Magnan, Karina Marimon, Gwendal Marimoutou, Coline Omasson, Thibaut Orsoni, Simon Parmentier, Christian Pereira, Alexie Ribes, Rodolphe Sand, Emmanuelle Seguin, Anne-Elodie Sorlin, Alexandra Trovato, Eric Verdin, Philippe Vieux, Ben Akl, Armelle Gerbault

au Théâtre de Paris
15 rue Blanche
75009 PARIS
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Les Beaux : Elodie Navarre et Emmanuel Noblet, un couple choc

  • Ça calme un peu.
  • Ça décape !
  • Faut digérer.

Échange spontané entre 3 spectateurs à la sortie de la pièce Les Beaux.
Le texte de Léonore est percutant. Forcément, il renvoie à notre conception même du couple dans ce qu’il peut avoir de plus beau mais aussi de plus dramatique, de plus destructeur parfois pour ses membres.
La partition servie avec une intensité rare par Elodie Navarre et Emmanuel Noblet nous capte, interroge et bouleverse.
Un grand moment de théâtre sur la scène du Petit Théâtre Saint-Martin.

Radiographie d’un couple 

Ça commence plutôt mal. Un couple qui baigne dans l’amour niais, dont les membres sont inconditionnellement dans la surenchère de la guimauve. Une caricature !
Est-ce le début d’une histoire ? La naissance de sentiments amoureux cause certains dommages dans la mièvrerie.
Ou est-ce une pure invention ?

Ce couple parfait, beau est confronté à son double orageux, violent. Ce double commence à émerger par le son et ensuite prend corps sur scène.
Ce sont les parents d’Alice, une petite fille qui se trouve malgré elle au cœur de la souffrance psychologique de son père et sa mère et source d’un conflit qui semble ne plus pouvoir s’arrêter.

L’écriture de Léonore est fine, intelligente, surprenante. Le nouveau couple que nous allons suivre est dramatiquement en guerre et pourtant il y a des pointes d’humour qui jaillissent. Et c’est absolument brillant.
Nous ne sommes pas dans la moquerie mais certaines saillies sont tellement justes qu’elles poussent à rire.
Et c’est ce mélange de genres qui nous capte. J’ai ressenti l’énergie de Trainsporting à un moment. Cru voir quelques instants clés de ma vie amoureuse aussi.

Élodie Navarre et Emmanuel sont parfaits.
Elle, au bord du précipice, amorphe mais résistante, lui pantin désarticulé qui gesticule sans raison.

A travers cette histoire de couple émerge aussi une plaidoirie touchante sur l’enfance. Heureux celles et ceux qui la saisiront.

Les Beaux

de Léonore Confino 
mise en scène : Côme de Bellescize 

avec Élodie Navarre et Emmanuel Noblet 

du mardi au samedi à 21h

au Petit Théâtre Saint-Martin
17 rue René Boulanger
75010 PARIS

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La Dame de chez Maxim de Zabou Breitman : Léa Drucker est extra !!

Zabou Breitman rajeunit Georges Feydeau avec sa mise en scène de La Dame de chez Maxim.
Le Théâtre de la Porte Saint-Martin accueille ses audaces, sa délicieuse irrévérence et ses traits de génie pour emporter le public chaque soir.

Et dans le rôle de la Môme Crevette, immense joie de retrouver la truculente Léa Drucker. Elle est une vraie tornade sur la scène qui emporte tout.
Cette pièce est déjà un must-see de cette nouvelle saison théâtrale.

La dame de chez Maxim

Farandoles de génies

Georges Feydeau n’a pas le monopole du génie. Il faut compter sur celui de la metteure en scène, des comédiens, des costumiers, perruquiers et décorateurs.

Dès le début de La Dame de chez Maxim, j’ai flashé sur l’incroyable folie capillaire de Monsieur Petypon, sa hauteur, sa mèche qui batifole à chaque mouvement. Elle est suivie de près par celle de madame son épouse, une incroyable choucroute. Brillant !

Et puis l’apparition. Son entrée serait digne d’une meneuse de revue si l’escalier comptait plus de marches. La Môme Crevette est belle, légère, piquante et elle gouaille avec panache.
Notre cœur n’en peut déjà plus de l’observer. Celui du général en visite chez son neveu non plus.
Seul l’homme qui a invité cette danseuse du Moulin-Rouge dans son lit lui refuse toute forme d’attirance. Ne voulant absolument pas célébrer son charme. Il passera son temps à la cacher, la brider, la faire taire.

Mais la Môme est rebelle, une punk avant l’heure et dégomme absolument tout.

La dame de chez maximLa dame de chez Maxim

Casting en or !

Léa Drucker est extra, vive et donne une nouvelle fois à voir son incroyable aisance à se métamorphoser.

Micha Lescot est absolument incroyable aussi. Sa silhouette longiligne m’a fait penser à Mister Jack (héros de Tim Burton). Ses bras, ses jambes, longs et fins, sont dans la surenchère de gestes. Et c’est fascinant à observer.

Des idées brillantes de mise en scène fusent comme ces hommes (aussi bien imberbes que barbus ou moustachus) interprétant des femmes. Ce pompon qui traîne depuis le début sur scène et qui sera enfin tirer à un moment clé de la pièce.

La Dame de chez Maxim n’a pas fini de faire chavirer les cœurs des spectateurs et d’emporter les vagues d’applaudissements.

La dame de chez maxim

La Dame de chez Maxim

de Georges Feydeau
Mise en scène : Zabou Breitman

avec Léa Drucker, Micha Lescot, André Marcon, Christophe Paou, Eric Prat, Anne Rotger, Valérian Béhar-Bonnet, Philippe Caulier, Ghislain Decléty, Solal Forte, Constance Guiouillier, Pierre-Antoine Lenfant, Damien Sobieraff, Pier-Niccolò Sassetti


au Théâtre de la Porte Saint-Martin 
18, boulevard Saint-Martin
75010 PARIS

du mardi au vendredi à 20h
samedi à 20h30
matinée le dimanche à 16h

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J’ai envie de toi : la folie contagieuse de Sébastien Castro au Théâtre Fontaine

J’ai envie de toi envoie tout valser aussi bien les murs, les convenances, les moitiés et une mamie sur fauteuil. Le Théâtre Fontaine accueille la création de Sébastien Castro qui excelle aussi bien comme comédien que comme auteur de boulevard.

J’ai envie de toi

Sébastien Castro, ce trublion !

Sébastien Castro est un trublion du théâtre aussi attachant qu’inventif.
On avait aimé son seul en scène, cette fois, il s’offre une pièce agrémentée d’une galerie de portraits tous déjantés.
Tout commence par une cloison défoncée par ses soins. La rencontre de son voisin furax. Un texto à la mauvaise destinataire. Et l’avalanche de quiproquos avec trois adorables femmes. La première fête son anniv et fait garder sa mère en fauteuil roulant. La seconde est une mannequin qui vient pour un plan cul. L’autre est l’ex du voisin.
Manque de bol, Youssouf (Sébastien Castro) à la déduction un peu capricieuse. Des subtilités lui échappent et il collectionne les gaffes.
Il sera la source d’un bordel sans non.
J’ai envie de toi


1ère réussite : le casting

Castro est entouré de cinq excellents comédiens. Parmi eux, notre chouchou : Alexandre Jérôme qui va mettre du temps à arriver mais une fois en scène, c’est une tornade virile. Un nouveau chouchou : Guillaume Clérice, un BG très organisé.
Et trois adorables drôles de dames : Maud le Guénédal, Anne-Sophie Germanaz et Astrid Roos.

2e réussite : l’écriture

Il y a de vraies trouvailles qui renouvellent la figure du boulevard.
Bien sûr, des portes claquent, des coups de sonnettes sont insistants et des passages par le placard sont légions mais pas que.
Un personnage aura aussi beaucoup de mal à finir ses phrases.
Et le bourreau des cœurs n’est pas forcément celui que l’on croit.
J’ai envie de toi est une comédie branchée sur du 1000 volts qui renouvelle le boulevard avec une inventivité revigorante.

Les + de la pièce :

  • l’abondante pilosité de Sébastien Castro. Pour les fans de poils !
  • le jean moulant d’Alexandre Jérôme. Pour les amoureuses de mecs baraqués !
J'ai envie de toi

J’ai envie de toi

de Sébastien Castro
Mise en scène : José Paul
Avec Sébastien Castro, Maud le Guenedal, Anne-Sophie Germanaz, Astrid Roos, Guillaume Clérice et Alexandre Jérôme.
du mardi au samedi à 21h
matinées samedi à 16h30 et dimanche 16h
10 rue Pierre Fontaine
75009 Paris
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Tant qu’il y aura des coquelicots : ode à la transmission et à la poésie

Cliff Paillé, à la fois acteur et auteur de la pièce Tant qu’il y aura des coquelicots, nous replonge dans ses souvenirs d’enfance. Lorsqu’il n’était encore qu’un petit bourgeon de 10 ans, enfermé dans un monde guère plus grand qu’un ballon de football.
La pièce fera sa rentrée à Paris à l’Essaïon Théâtre à partir du 
5 septembre.

Tant qu'il y aura des coquelicots
Photo © Le petit objectif

Ode à la transmission, au plaisir d’apprendre, de découvrir, de lire…

Issu d’une famille plutôt populaire, asséché par le divorce de ses parents – apparemment plus occupés à se séparer qu’à l’aimer – le terreau n’est pas très fertile pour le petit Paul.
Seul rayon de lumière : sa grand-mère, chez qui il va passer ses vacances. Elle adore lui lire des histoires mais Paul est plus intéressé par la chaleur humaine de sa poitrine généreuse.

Arrive enfin le soleil ! Au travers d’une maîtresse remplaçante bien décidée à transmettre le goût de la lecture à ses élèves, quitte à les bousculer un peu. Lyne Lebreton, toute de rouge vêtue, incarne à merveille cette jeune institutrice habitée par le désir d’ouvrir grand les portes de la curiosité à ces jeunes pousses…
Et ce désir, elle va le leur transmettre par de multiples jeux ancrés dans leur réalité, qui vont éveiller en Paul un questionnement infini qui n’aura plus de retour en arrière possible…

Tant qu'il y aura des coquelicots
Photo © Le petit objectif

Un pur moment de poésie

On rit, on est ému, on se rappelle, à voir les difficultés que rencontre le jeune Paul dans l’apprentissage de la lecture puis de la littérature. Il compte le nombre de pages, il s’impatiente, il ne voit que le sens propre des mots alors que son institutrice lui demande de trouver le sens caché de chaque chose, les sentiments, le pourquoi, les secrets derrière les difficultés…

À travers des chansons de Barbara, interprétée magnifiquement par la comédienne, la maîtresse/artiste parvient à répondre à la question de ses élèves : « A quoi ça sert la poésie ? »

Étape par étape, dans une relation fusionnelle avec sa maîtresse, le jeune Paul se prend au jeu. Il finit par développer son imagination et surtout impliquer son propre imaginaire dans les grands textes des autres…

Quand on sait que l’acteur de Tant qu’il y a aura des coquelicots, Cliff Paillé, en est à la fois l’auteur et le metteur en scène, on se dit que cette institutrice a décidément fait du bon travail et que le bourgeon est aussi devenu coquelicot…

by Damien Val

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Tant qu’il y aura des coquelicots

Écrit et mis en scène par Cliff Paillé
avec Lyne Lebreton et Cliff Paillé

du 5 septembre au 23 novembre 2019

à l’Essaïon Théâtre
6, rue Pierre au lard
75004 Paris

Spectacle récompensé aux P’tits Molières 2018 : meilleur spectacle, meilleur acteur et coup de cœur

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L’escape Game du Théâtre Lepic : palpitante épopée dans les coulisses

Aventure 100% inédite tout en haut de la Butte Montmartre. L’escape game du Théâtre Lepic va vous envoyer en 1937 à la recherche du Graal caché dans les coulisses.
A quelques heures de la première, le théâtre est en ébullition. Jean Cocteau est sous tension.
Nous avons testé en avant-première.
Voici nos impressions.

Escape game du Théâtre Lepic

Le Théâtre Lepic joue à fond l’immersion

Nous avions déjà parcouru les différents espaces de l’institution montmartroise qui se dérobent habituellement au regard des spectateurs. Les pièces Smoke Rings et Cyrano Ostinato Fantaisies nous avaient déjà comblés. Avec l’escape game du Théâtre Lepic, c’est à notre tour de devenir acteurs le temps d’un jeu en groupe.

Première différence avec un escape game « classique » : le jeu des comédiens qui n’est pas anecdotique. Ces derniers interprètent vraiment des personnages. L’interaction n’est pas une illusion, elle est totale. Pour preuve, le casting a été mené entièrement en improvisation.

escape game du Théâtre Lepic

Jean-Philippe a justement aimé : « les clins d’œil et les tics de langage des comédiens collant à leur personnage. »

La deuxième différence, c’est le terrain de jeu : plus grand.
Alexandre adore explorer sans limite, arpenter les différents niveaux.
« On n’est pas enfermé dans une salle mais dans un théâtre. C’est plus grisant ! »

Pour cette aventure, l’équipe du théâtre s’est associée aux spécialistes du genre, Team Break (qui a conçu Inside Opéra pour Garnier). En un temps record, un mois, le scénario a été bouclé après pas mal d’échanges. L’impératif était d’avoir des personnages de Montmartre.

Pour Stéphanie : « le scénario est plausible et se tient bien. »

Escape game du Théâtre Lepic

Niveau de jeu adapté aux groupes

Le niveau de difficulté sera adapté selon les joueurs. Les indices ne seront pas accordés facilement pour les équipes qui veulent de la difficulté. En revanche, les novices auront droit à ce qu’on leur souffle dans le creux de l’oreille de précieuses aides en cas de blocage.

L’escape game du Théâtre Lepic commence à exciter la curiosité du public et des médias. Pour preuve, une télé chinoise prévoit de réaliser un sujet.

Escape game du Théâtre Lepic

Escape game du Théâtre Lepic

Tout l’été et tous les jours

En français à 11h, 13h, 17h, 19h, 21h (selon les jours)
et en anglais : tous les jours à 15h

Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 PARIS

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