Exposition DANSER SA VIE au Centre Pompidou : la mienne est plus joyeuse

Les partitions de l’exposition Danser sa vie à Pompidou ne manquent pas d’audace, d’esthétisme, de théorie, ni de rythme.

Et Pourtant. Après une entrée majestueuse avec les grandes toiles de Matisse,  les salles qui se succèdent donnent un curieux sentiment que cet exceptionnel tourbillon s’est  regardé un peu trop le nombril créatif.
Le constat est sans appel: l’humour et l’auto-dérision ne sont pas de mise dans un grand ensemble de propositions chorégraphiques du XXe siècle.

Il y a bien entendu de belles envolée comme la joie et les hanches de Joséphine Baker à jamais immortelle dans les archives Gaumont Pathé.
Un des trop rares sourires généreux de l’exposition.

On ne peut totalement reprocher le choix des oeuvres présenté. Comment ne pas s’émouvoir de l’animalité brute et sensuelle du Sacre du Printemps de la chorégraphe allemande Pina Bausch? Peut-on ignorer le ballet coloré des toiles du peintre allemand Emile Nolde ou l’épure Cézanienne qui nous éclairent encore?
Pourquoi résister plus longtemps à la fulgurante beauté du ballet tout en nudité sur huile d’olive intitulé Luomo et imaginé par le flamand Jan Fabre?

Cependant, alors que l’abstraction des costumes de scène de Picasso nous amuse, la dimension festive de la danse reste absente du parcours.
Point de trublions dénommés Philippe Decouflé ou Blanca Li.

Toutefois la dernière partie de l’exposition intitulée sombrement POP pourrait nous redonner quelques espoirs dans la danse contemporaine.
Une sérigraphie de pas de danse par Warhol, une scène saturée d’ampoules pour un show qui n’aura jamais lieu par l’artiste Félix González-Torres.
La danse se fait alors jeu avec le spectateur.

Au détour d’une salle de projection, on se retrouve nez-à-nez avec un couple tout droit sorti des années 70. Imaginez  le duo mythique du film Saturday Night Fever, John Travolta en dieu de la piste disco, saturé de couleurs. La séquence est littéralement déstructurée, réécrite et s’offre un nouvel habillage sonore en la voix de l’unique Eartha Kitt et son Where is my man. Cette scène de cinéma devient une nouvelle oeuvre mouvante sous la palette de l’artiste corse Ange Leccia, insufflant au passage une nouvelle dimension mythologie.

Mais le point d’orgue de cette tentation de l’ironie, voire même de la parodie est à vivre du côté du spectacle: The Show must go one de Jérôme Bel.
Il fallait un pied de nez à toute cette réflexion sur le corps et celle proposée par le chorégraphe est jubilatoire. Une vingtaine de comédiens danse selon l’humeur de l’instant sur de grands airs de la musique contemporaine. David Bowie, Freddy Mercury convoqués pour une performance aussi provocante qu’inspirée. N’oublions pas que lors des dernières représentations du spectacle au Théâtre de la ville, certains spectateurs ont préféré quitter la salle.

Exposition Danse sa vie
Au Centre Pompidou

Jusqu’au 2 avril 2012

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