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MONUMENTA 2014 : L’Etrange Cité de Ilya et Emilia Kabakov au Grand Palais – poésie et apesanteur

L’événement Monumenta fait un retour remarqué à Paris, après une année de parenthèse, avec les artistes russes Ilya et Emilia Kabakov. Poésie, élévation et aspirations utopiques traversent la Nef du Grand Palais pour un court mois.

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Après les exploits visuels d’Anish Kapor, Daniel Buren ou encore Christian Boltanski qui ont ébloui des milliers de visiteurs, L‘Etrange Cité qui a pris place il y a quelques jours peut déconcerter par sa sagesse pour certains, son désordre pour d’autres ou encore sa simplicité apparente.

Est-ce que le concept de gigantisme et d’expérience totale en a-t-il pour autant perdu de son essence ?
Avec l’installation du couple Kabakov, la découverte se fait progressive. Il faut longer un haut mur blanc pour découvrir une coupole de couleurs et la musique qui s’en dégage. Une musique qui imprègne les lieux et prédispose à un ralentissement du rythme urbain. Elle vous suivra tout au long de votre parcours.

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Passez une arche symbolique, la médina vous happe, vous perd à travers un dédale de pavillons feutrés. Dans chacun de ceux-ci, un concept : Le Musée vide, Manas, Les Portails… Au total, 5 expériences et 5 exposés pour découvrir une autre réalité, un espace-temps indéfini.

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Aviez-vous déjà envisagé que la rencontre d’un ange était tangible ? Comment appréhendez-vous la ville du futur ? Et si une porte vous donnait accès un autre monde ?
Autant de récits entre utopie, références historiques et invitations à l’imaginaire.

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L’Étrange Cité n’utilise pas d’artifices ou de grosses ficelles pour s’imposer au regard des spectateurs. A vous donc de trouver le meilleur moyen de l’appréhender.

MONUMENTA 2014
L’Étrange Cité

Nef du Grand Palais

Lundi, mercredi et dimanche 10h-19h
Jeudi, vendredi et samedi 10h à minuit
Fermeture hebdomadaire le mardi

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Bon plan : BUS, la Biennale Urbaine de Spectacles, foule le bitume à Pantin, Aubervilliers et Romainville du 15 au 18 mai 2014

Les beaux jours arrivants, les artistes de rue sont de sortie. La Ville de Pantin et la coopérative De Rue et De Cirque/2r2c lance la deuxième édition de la BUS, la Biennale Urbaine des Spectacles. Forte d’une première édition galvanisante, l’édition 2014, toujours gratuite dans son intégralité, s’étend cette année jusqu’à Romainville, sans oublier Aubervilliers.

Des installations collectives, des échafaudages artistiques, des constructions éphémères, des spectacles sur les places : les rues, les places et le public sont de nouveau au coeur de la cité et tout cela pour servir le thème : Villes en Chantier.
Ce titre permet d’appréhender les mutations qui secouent la petite couronne parisienne (projets de rénovation urbaine, nouveaux logements sociaux, recréation de centre-ville…).

Il permet aussi d’enchanter  les spectateurs avec des propositions de spectacles qui jouent avec la ville et ses espaces, de proposer des installations participatives au public, de mettre en avant le DIY « Do It Yourself », d’interroger la ville créative.
Car la BUS crée un échange original avec le public en l’incluant aux projets artistiques. En effet, aux spectacles dans la rue sont associées de nombreuses formes participatives (concepts et espaces de convivialité).

La BUS  c’est une vingtaine de spectacles du 15 au 18 mai. Mais c’est aussi de nombreux ateliers autour de l’urbanisme et de l’environnement. Pas besoin d’être comédien ou plasticien pour venir, il suffit d’être motivé(e) !
Pour participer à ces ateliers, inscrivez-vous vite : culture@ville-pantin.fr

Les visites de chantier vous permettront de vous retrouver dans des espaces encore en friche, rarement ouverts au public. Chaque compagnie propose une vision singulière, désopilante, poétique, un peu loufoque et toujours joyeuse dans ces lieux à découvrir tous ensemble.

Le choix est large.

COOPERATZIA, LE VILLAGE mené par le collectif  de 5 danseurs–jongleurs G. Bistaki construit son spectacle «in situ» en fonction des lieux où il est accueilli. La troupe propose à des volontaires de participer. Dès le 11 mai, des ateliers seront mis en place pour constituer un groupe d’amateurs qui viendra jouer avec les membres au cours de deux représentations.

La Fausse compagnie qui aime recycler pour fabriquer des objets sonores, vous proposera une virée musicale aussi imprévisible et cocasse que sensible et lumineuse.

Les Arts Oseurs, avec Magyd cherfi (du groupe Zebda), s’empare d’une poésie du réel.  Ça parle de lui mais surtout de nous, de nos identités de nos France(s), de nos hontes, de nos petites fraternités… Autour d’une comédienne, d’un peintre et d’un musicien, nous sommes invités à vivre, le temps d’une déambulation, la ville d’un autre que soi.

Le Collectif Yes We Camp qui a pris part aux spectacles de Marseille, Capitale européenne de la culture, en 2013, pose ses valises à Aubervilliers et au bord du canal de Pantin. Il propose la construction collective d’une structure à étages, avec buvette, ateliers vélo et fabrication d’objets.

Vous aurez compris BUS, la Biennale Urbaine des Spectacles de Pantin, c’est beaucoup d’autres spectacles et ateliers pour tous et toutes, petits et grades.
Pour découvrir le programme complet, il vous suffit de cliquer ici

Et n’oubliez pas, tous ces spectacles sont gratuits !

Vivre et créer ensemble, c’est tout l’enjeu de la BUS version 2014 !

La BUS # 2

Villes en chantier
Du 15 au 18 mai 2014

Un projet imaginé par la Ville de Pantin et la coopérative De Rue et De Cirque (2R2C).
En partenariat avec les Villes d’Aubervilliers et de Romainville

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Le designer Sacha WALCKHOFF présente sa première exposition à la Galerie Gosserez : Minotaures – INTERVIEW

Directeur de la création de la Maison Christian Lacroix, styliste, designer, Sacha Walckhoff s’offre une échappée belle en créant 12 pièces de porcelaine exceptionnelles. Il présente cette première pour lui,  12 vases taureaux, à la Galerie Gosserez à partir du 30 janvier 2014. Quelques heures avant le vernissage, notre équipe a rencontré le créateur, heureux de partager sa collaboration avec la Manufacture portugaise Vista Alegre.

INTERVIEW 

Un Minotaure a un corps d’homme. Pourtant devant nous, nous découvrons des taureaux. Où se trouve l’homme ?
L’homme c’est moi ! (rires) Il faut revenir au point de départ de l’aventure : le taureau existe. Il s’agit en fait d’une sculpture créée par un artiste espagnol Domecq. Et j’ai trouvé cette pièce à la Manufacture Vista Alegre au Portugal. La pièce m’a attiré. J’ai proposé à l’équipe de travailler sur cette pièce mais pour en faire autre chose. Au départ, nous avons réalisé la première pièce pour le plaisir avant tout. Pour le plaisir parce qu’en fait les membres de la Manufacture n’étaient pas sûrs que ce je leur demandais serait réalisable.

Quelle est la composition de cet animal ?
Le taureau est composé de 18 pièces que l’on moule séparément. Et après on les monte les unes aux autres. Les cornes, les pattes sont toutes des pièces séparées. Le sculpteur a découpé le taureau et, à l’oeil, il l’a adapté à la concavité du vase. Tout est fait à la main.
Dès le début, j’ai souhaité coller les taureaux aux cylindres. Très vite, est venue l’image de l’animal qui s’échappe et qui sort, comme un labyrinthe. Et cette notion est devenue assez juste par rapport à ce que je suis. Une personne assez instinctive et en même temps qui ne veut pas être catégorisée. J’ai commencé par la mode, je suis passé au lifestyle. Je touche au design, à l’écriture pour un magazine. Étrangement plus je regarde ces pièces, plus je les trouve autobiographiques.

Qu’y a-t-il de vous dans ce taureau ?
C’est d’abord la dualité de ces cylindres purs qui correspond à mon côté assez minimal et un peu calviniste, car je suis né en Suisse. J’ai une structure mentale assez rigide – mes collaborateurs peuvent le confirmer. Je suis un garçon pour qui les règles sont importantes.
A côté de cela, mon père métis-africain, une partie de ma vie passée en Espagne. J’ai donc une latinité profonde aussi ancrée en moi.

Je me retrouve avec ces sculptures dans l’expression parfaite de ce que je suis : cylindre rigide et une figure hybride qui essaie de s’en échapper. C’est presque une analyse ! (rires)

Quel a été votre processus de travail pour ce projet ?
Je travaille rarement sur dessin. J’ai réalisé des collages à partir du taureau de Domecq. Ces photos, j’ai commencé à les découper, coller, puis j’ai pris mes feutres pour concevoir l’ensemble. Je ne travaille que comme ça. Ça fait très XXe siècle, car je ne travaille pas sur logiciel.
A ce sujet, j’ai une anecdote : à la Manufacture Vista Alegre il y a des workshops avec des étudiants. J’échangeais avec eux sur les travaux que l’on menait. Et l’un des étudiants a voulu voir mes dessins. Il l’a regardé et il dit : “c’est génial !” Je lui réponds : “c’est vrai tu aimes ?”
Et là il me répond : “c’est incroyable ce logiciel ! C’est trop artisanal. C’est quoi ?” Pour lui, c’était inconcevable que je travaille directement sur la feuille.

Etiez-vous derrière l’épaule du sculpteur ?
J’étais à côté de lui. Il faut préciser que Manuel, le sculpteur, parlait exclusivement portugais et moi pas un mot. On échangeait via des regards, des petits sons (si, no…). L’échange était très animal.
En fait, je fais un métier où il n’est pas nécessaire de parler. C’est que du visuel, des sentiments et réactions. J’ai collaboré avec des japonais alors que je ne parle pas un mot de japonais. La langue n’est jamais un handicap quand l’on est en accord avec ce que l’on est en train de faire.
Et le créatif peut pousser les artisans au-delà de leurs limites, c’est comme ça que je conçois mon métier.

Avez-vous bousculé les habitudes de Manuel ?
J’ai senti que ce travail lui avait fait plaisir. Mais nous n’avons jamais échangé. Les artisans sont des ours ! (rires) C’est un peu ce que je suis aussi. Exception aujourd’hui. Mais je suis un timide. On est de la même famille des gens qui parlent très peu mais qui font. Manuel a fait des choses qui lui sortaient de son quotidien.
J’ai des relations aussi très fortes avec des gens du tricot. Toutes les personnes qui travaillent le souple ont quelque chose de touchant. Et la maille, plus que le tissu, ce ne sont que des combines, car la maille bouge. Les gens des tissus sont au contraire plus raides.

Et j’ai retrouvé les mêmes conditions de travail avec la céramique par l’écoute. Alors que Monsieur No – Sacha a rebaptisé cet interlocuteur au sein de la Manufacture – son supérieur qui parlait anglais me disait : it’s not possible ! Manuel lui trouvait une solution à tout problème comme celui d’intégrer le corps du taureau dans le vase. Il a inventé un petit instrument pour pouvoir fixer le ventre de l’animal par le dessous.

Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Aujourd’hui, c’est la toute première fois que je fais quelque chose avec mon nom. Je dois l’assumer. Je ne peux plus me cacher derrière une marque. C’est pour moi un véritable travail intellectuel.

Ça m’ouvre encore plus de possibilités. Je suis en train d’émanciper ! Je m’épanouis dans le fait de pouvoir rendre quelque chose d’irréel, réel.

Exposition Minotaures par Sacha Walckhoff
Galerie Gosserez
3, rue Debelleyme  75003 Paris

jusqu’au 22 février 2014

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Festival de la BD d’Angoulême : MAFALDA « la gamine » impertinente de Quino a 50 ans ! – Une exposition anniversaire

Lors de la 41ème édition du Festival d’Angoulême, l’équipe d’USofParis est allée jeter un œil à l’expo anniversaire des 50 ans de Mafalda pour découvrir les dessins publiés pendant « la sale guerre », la « guerra sucia » dans les années 60 en Argentine.

L’auteur, Quino, n’étant pas présent nous avons interviewé, Fabien Gohier scénographe de l’exposition.

Créé par Quino en 1964 ce personnage de petite fille attachante et curieuse connaîtra un succès aussi durable qu’international en dépit d’une carrière relativement courte, puisque la série n’a été publiée dans la presse argentine que pendant neuf ans.

United States of Paris : Comment est né ce projet d’exposition ?
Fabien Gohier : En voyant l’année dernière l’exposition Walt Disney je me suis dit qu’il fallait garder cet esprit attrayant. J’avais rencontré Benoit Mouchart, ancien directeur artistique du festival, l’idée d’une exposition Mafalda est venue. Stéphane Beaujean a repris la direction artistique du festival. Ensemble nous nous sommes demandés comment on pouvait rendre un hommage à Mafalda, en reprenant les thèmes principaux de la BD et surtout en facilitant la compréhension car dans cette BD, il y a une double lecture. Notre but, était de parler de cette 1ère et 2ème lecture, tout en privilégiant le jeune public !

Qui est cette petite fille, Mafalda ?
C’est la plus adulte de tous les personnages. Elle se pose des questions différentes de ses camarades qui ont des préoccupations beaucoup moins philosophiques. Mafalda est contestataire. Elle veut savoir une vérité qui dérange. Quelquefois les parents restent un peu bouche bée, devant les questions de leurs enfants…

Elle pose des questions importantes comme “Pourquoi il y a la guerre ?”
Le plus intéressant, c’est le fait qu’il y a 50 ans on parlait d’évènements qui sont les mêmes aujourd’hui, les enfants posent le même genre de question à leurs parents.

Dans quel contexte est née Mafalda ?
En 1964, à la base Mafalda était destiné à une campagne de publicité. On a demandé à Quino de créer un personnage, un peu dans l’esprit des Peanuts. La condition était que le prénom devait commencer par « M » ou « A ». Quino, avait entendu le prénom Mafalda dans un film et l’avait trouvé « joyeux ». Il a alors dessiné trois ou quatre histoires qui n’ont pas été retenu, mais au fil du temps, Mafalda est réapparue.

Il y a une histoire très troublée autour de cette petite fille.
En effet, sous la dictature on ne pouvait pas nommer directement les choses, c’est l’idée de la « soupe ». C’est ce qui permettait à Quino de représenter quelque chose que l’on n’a pas envie de manger mais que l’on est obligé de manger, car les parents nous y force toujours. C’est pareil avec la dictature, on vous force à faire quelque chose que vous n’avez pas envie de faire.
Le fait que Mafalda détestait la soupe, c’était pour dire que Quino détestait cette époque de l’Argentine, de la censure, des exécutions, des disparitions, des enlèvements, il a perdu beaucoup d’amis à ce moment là. C’est pour ça qu’il est parti en exil.

Est-ce vraiment une BD à destination des enfants ?
Comme il y a une double lecture les enfants ont pu s’approprier les dessins. Ils sont fins ronds et naïfs. On s’identifie facilement à Mafalda. Sauf que dans le discours en arrière plan l’enfant ne va pas vraiment comprendre. C’est très engagé, très politique, les analyses sont un peu poussées.

Quelles ont été vos difficultés en travaillant pour le festival d’Angoulême ?
Ma première préoccupation c’était de faire quelque chose qui plaise vraiment à Quino. Avec Yvan Giovanunucci, commissaire de l’exposition, on avait envie de présenter des histoires simples. L’important c’est que les enfants puissent profiter de l’expo et s’identifier vraiment au personnage.

La petite Mafalda nous a impressionné par son courage ! Beaucoup de gags sont des évocations cryptées de la situation en Argentine sous la dictature militaire. Le festival lui a offert une belle exposition pour son anniversaire !

Exposition Mafalda, une petite fille de 50 ans

du jeudi 30 janvier au dimanche 2 février 2014 de 10 h/19 h
Espace Franquin, salle Iribe, 1, boulevard Berthelot – Angoulême

By Louis-Clément Mauzé

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Festival de la BD d’Angoulême 2014 : Jacques Tardi “Putain de Guerre”, une putain d’expo et une intégrale !

L’exposition majeure et incontournable du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, cette année, c’est Tardi et la Grande guerre. C’est la première fois et sans doute la dernière que l’intégralité des 600 planches (version noir et blanc et version couleur) de l’album Putain de guerre est présentée dans une exposition.

Auteur de BD le plus célèbre de France, Jacques Tardi n’a pas souhaité venir inaugurer son exposition – comme il n’a pas souhaité recevoir la légion d’honneur qui lui a été attribuée en 2013 – ce qui donne quelques indices sur la personnalité de ce grand travailleur, très peu mondain.

Cela fait 40 ans que Tardi travaille sur la guerre de 1914. Un épisode historique qui le hante suite à une histoire familiale douloureuse. Et pour cette exposition il a phosphoré en étroite collaboration avec un ami de longue date, l’historien Jean-Pierre Verney. Le thème du Festival d’Angoulême 2014 est Un regard sur le monde et c’est exactement ce qu’on découvre dans ces planches si travaillées : le regard sans jugement d’un auteur contemporain sur cette sale guerre dont le dernier survivant s’est éteint il y a 4 ans à peine.

Aucune prise de parti, ici. Il ne juge ni les français, ni les allemands. Il dépeint simplement des scènes avec une précision presque clinique. Comme dans Le démon des glaces ou Nestor Burma tout est reproduit avec exactitude ; le fusil utilisé par l’armée australienne, le type d’avion employé dans les bombardements aériens, le nombre de galons des gradés à la table des tribunaux militaires…

Et surtout cette précision n’empêche pas une émotion palpable en se promenant dans les couloirs de cette exposition.

Sur des panneaux de bois, dans la pénombre qui rappelle les baraquements des tranchées on retrouve les dessins classés par date.

En 1914 les minots qui partent la fleur au fusil ; en 1915 les secours qui s’organisent sur le front et l’attente dans cette monstrueuse tranchée ; en 1917 ces petits jeunes qui préfèrent mourir plutôt que d’y retourner.

A la fin du parcours on arrive dans une salle où est reconstitué un cimetière militaire avec des croix blanches. Au mur de grandes planches incitent au recueillement. Mieux qu’une exposition photo, Tardi réveille les consciences et nous entraîne dans un voyage dans le temps mémorable.

Exposition Tardi et la Grande Guerre

du jeudi 30 janvier au dimanche 2 février 2014 de 10 h à 19 h
Site Castro, 121, rue de Bordeaux – Angoulême


Putain de guerre ! 
(intégrale 2014)

avec Jean-Pierre Verney (Casterman)

 

By Hermine Mauzé

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Festival de la BD d’Angoulême 2014: Coups de coeur des libraires – Lydie, La Mondaine, Deadline et L’assassin qu’elle mérite

Lors du 41ème Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, nous sommes allés trainer nos guêtres du côté des éditions Dargaud et Glénat. Loris et Arnaud deux sympathiques vendeurs nous ont donné leurs deux conseils lecture.

Loris libraire chez Dargaud 

“Une petite BD d’ambiance : La Mondaine de Jordi Lafebre et Zidrou raconte l’histoire d’un jeune inspecteur fraichement débarqué à Paris dans la brigade des mœurs. Il découvre les bas fonds de la capitale, ses bars et ses prostitués ! Avec un trait très travaillé cette bd est notre coup de cœur du salon. Il n’y a pas vraiment de fil rouge mais une succession de scènes très réalistes.”

 

“Du même auteur, je vous recommande la BD Lydie. L’histoire d’une jeune femme qui s’appelle Camille et qui perd son bébé à la naissance. Suite à cet accident elle devient un peu cinglée et tout le quartier pour ne pas la perturber fait comme si le bébé existait toujours. Une belle histoire de solidarité très émouvante.”

Arnaud libraire chez Glénat

“Ma préférée c’est la bd Deadline Laurent Frédéric Bollée et du dessinateur Christian Rossi. L’histoire d’un jeune sudiste recueilli par un colporteur qui va assister au massacre de sa famille par des esclaves noirs. Ce jeune homme va être envoyé au front pendant la guerre de sécession et va être chargé de convoyer des prisonniers d’un camp à un autre. Ces chefs ont tracé une ligne au sol que les prisonniers ne doivent pas traverser sous peine d’être fusillés. Malgré le contexte, une jolie histoire d’amitié nait entre un prisonnier et ce garde.”

Un autre conseil, c’est L’assassin qu’elle mérite, de Wilfrid Lupano et Yannick Corboz. L’histoire d’un jeune autrichien sans le sou qui va rencontrer des jeunes de son âge mais issu de la grande bourgeoisie autrichienne. Cette équipe de nantis embarque ce pauvre malheureux dans les lieux de débauche les plus élégants puis lui coupe les vivres. Isolé le jeune homme tombe alors amoureux d’une prostituée, la suite c’est à vous de la découvrir.

Retrouvez très bientôt d’autres articles sur l’actualité du Festival International de Bande Dessiné d’Angoulême, cru 2014, sur le blog

By Louis-Clément et Hermine Mauzé

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Le projet collaboratif COCOON de l’artiste américaine Kate Browne illuminera la Goutte d’Or à Paris

Nous avons rencontré Kate Browne ce vendredi matin dans un petit café de la rue Stephenson. Cette artiste qui développe depuis 6 ans le projet “Cocoon” dans des milieux plutôt défavorisés à travers le monde entier (Mexique, USA) est venue poser ses valises à la Goutte d’Or à Paris.

Avec beaucoup de naturel et de spontanéité elle nous a tout de suite mise à l’aise et c’est autour d’un thé à la menthe qu’elle nous a parlé de ses “cocoons“, des installations collectives et éphémères, intégrées dans l’espace public. Le projet va mobiliser une partie des habitants du XVIIIe arrondissement pendant presque un an et l’installation définitive sera présentée à l’occasion de la Nuit Blanche 2014, probablement dans le Square Léon.

United States of Paris : Kate pouvez-vous nous parler de votre projet Cocoon ?
Kate Browne : C’est un projet international, je vais dans des endroits très divers chargés d’histoire où je fabrique des grands cocons. Je travaille en lien avec des populations locales qui fabriquent des petits cocons avec des objets de récupération et ces objets sont censés représenter les gens qui les font. Une fois que les habitants ont fabriqué leurs cocons je les rencontre en tête à tête, nous discutons et ils livrent un témoignage de ce qu’ils représentent pour eux.
Pendant la cérémonie finale d’illumination du cocon on peut entendre ces témoignages enregistrés.

Quel genre de témoignages par exemple ?
Aux Etats-Unis, à New York, j’ai rencontré des populations qui avaient fabriqué des bateaux et qui disaient que ces bateaux leur serviraient à rentrer chez eux en République Dominicaine. A la goutte d’or on a déjà fait un atelier dans la rue et là aussi, c’était frappant, il y avait une famille qui a fait des bateaux.

Pourquoi avez-vous choisi la Goutte d’Or pour ce nouveau projet ?
A la fois le mélange de population, la mixité et l’histoire de ce quartier m’intéressent.

Avez-vous reçu un bon accueil de la part des habitants ? Comment ça se passe avec les populations ?
Ca se passe très bien, j’essaie – comme dans chaque endroit ou je passe – d’établir un lien de confiance avec les gens du quartier et ici ça marche beaucoup par réseau, il y a une société civile qui est très active. Pour l’instant je suis satisfaite des rencontres et c’est facile pour moi de créer du lien.

Il y a tout de même certains problèmes de cohabitation, c’est un quartier où les problématiques d’intégration sont particulièrement complexes ?
Les problématiques qui sont présentes dans ce quartier sont présentes dans beaucoup d’endroits où je travaille, ce sont des problèmes que le monde traverse et que la France traverse aussi. Je travaille toujours dans des lieux chargés au niveau de la mémoire et je cherche à comprendre comment cette mémoire est intégrée dans la société et comment les infrastructures présentes dans le quartier prennent en compte cette mémoire et arrivent à en faire quelque chose de bien.
Souvent je suis confrontée à une forme d’échec et pas du tout dans ce quartier, il y a plein d’associations qui arrivent à prendre en compte cet héritage du passé et qui sont très actives !

Image de prévisualisation YouTube

Et quelle aide aux populations défavorisées peut apporter la création artistique ? Quel est le but de cette œuvre ?
Beaucoup de gens sont en désaccord avec moi, avec l’idée que je défends mais l’art est éphémère (à la fin de l’expérience le cocoon est démantelé) de toute façon alors pour moi ce qui est important ce n’est pas le résultat mais plutôt le processus. On peut changer le monde avec la politique, avec les lois, avec le vote par exemple. Pour moi c’est l’art. C’est mon moyen de changer les choses.

A quel moment vous sentez que votre atelier apporte quelque chose ?
Dans les discussions avec les gens, le cocon est un assemblage il y a beaucoup de questions qui se mélangent. Il y a des points communs entre les interrogations des gens dans les différents pays que je traverse.

Kate nous a donné rendez-vous au mois de mars pour filmer un atelier de création à la Goutte d’or. Nous ne manquerons pas de vous faire partager cet évènement ! Que vous soyez étudiants, retraités, impliqués ou non dans la vie du quartier, n’hésitez pas à franchir le cap et à rejoindre l’équipe pour construire ce cocon géant de 8 mètres de haut sur 3 mètres de large. 

Une expérience artistique hors du commun !

Suivez l’actu de COCOON GOUTE D’OR sur :
https://fr-fr.facebook.com/Cocoon.Goutte.dOr.Paris

et
http://brownebarnes.com/cocoonparisgo

 

by Hermine Mauzé

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Exposition : Pixar 25 ans d’animation dévoile des trésors dans le tout nouveau Musée Art Ludique @ La Cité de la Mode & du Design

Les films Ratatouille, Toy Story, 1001 pates, Cars, Là-haut n’auront bientôt plus de secrets pour vous.
L’exposition PIXAR 25 ans à l’affiche du tout nouveau Musée Art Ludique vous révèle les secrets du cinéma d’animation du plus célèbre studio américain. 

 Après que Walt Disney ait reçu les honneurs des Galeries du Grand Palais, en 2006-2007, l’art de l’entertainment made in USA provoque à nouveau une ébullition qui va bien au-delà du cercle des enfants ou des geeks.
Rendez-vous est pris cette fois à la Cité de la Mode et du Design.

La Galerie Arludik qui fait le bonheur des bédéphiles et passionnés de films d’animation avec des expos marquantes (Moebius, Giger, Taniguchi, Dean Yeagle, Peter de Sève) – depuis plusieurs années sur l’Ile Saint-Louis – pousse les murs et s’installe dans un 1 200 m² avec vue sur la Seine.
Un musée prend place depuis novembre au rez-de-chaussée du vaisseau futuriste avec la promesse d’expositions et de rendez-vous à haute teneur artistique et régressive.

Le premier rendez-vous en date est donc un focus géant, documenté et passionnant sur le cinéma d’animation dont la figure charismatique n’est autre que John Lassenter, directeur artistique, producteur des Studios Pixar et réalisateur de plusieurs chefs d’oeuvre du genre : les deux premiers volets de Toy Story, 1001 pattes et Cars.

 Dans ce parcours foisonnant, la première surprise vient du fait même de la présence en nombre de dessins, crayonnés et aussi pastels.
Depuis plusieurs années maintenant, les techniques anciennes du dessin animé et du celluloïd – qui ont fait les belles heures des grandes productions Disney, entres autres – ont laissé place à l’écran d’ordinateur, le clavier et la souris.
On pensait alors que le moindre papier à dessin, le crayon et la gomme avaient été poussés au rebut.

Pourtant l’artisanat d’antan est loin d’avoir totalement disparu. Les études de personnages se font encore au crayon comme peuvent en témoigner la vitrine dédiée à la Princesse Atta de 1001 pattes.
Le Studio a aussi compris que pour entrer dans la légende, il se devait aussi de garder matérielles certaines étapes de conception.

Il n’est donc pas rare dans cette exposition largement documentée de rencontrer et de tomber sous le choc d’un pastel à l’origine d’un décor de Cars, par exemple.

Des épreuves d’artistes autour de célèbres figures comme Buzz l’éclair viennent aussi montrer la formidable ébullition qui règne dans les ateliers de création.

En parallèle, des écrans vidéo à mi-parcours présentent les étapes propres au cinéma d’animation comme le mouvement d’un personnes, le doublage…

 Cependant le talent du Studio Pixar ne tient pas qu’à la qualité des dessins et des personnages créés mais aussi et surtout à l’imaginaire d’auteurs, de scénaristes qui renouvellent le genre du dessin animé pour embarquer aussi bien un enfant sage, qu’un grand-père grincheux (Là-haut), un père étourdi qu’une mère lassée par sa journée de travail.

 A la fin du parcours, une étonnante machine à rêver va sécher plus d’un curieux.
Le Zootrope créé une séquence animée en directe et sous vos yeux. Un véritable hommage aux origines mêmes du cinéma.

Art Ludique-Le Musée
Cité de la Mode et du Design 

34, quai d’Austerlitz 75 013 Paris

 

Lundi au vendredi : de 11h à 19h (nocturne vendredi 22h)

Samedi et dimanche : de 10h à 20h

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Georges BRAQUE exposition rétrospective du peintre cubiste au Grand Palais – divines décompositions

Georges Braque : divines décompositions aux Galeries Nationales jusqu’au 6 janvier 2014

Au cœur du parcours du Grand Palais, la surprise première est finalement de ne pas reconnaître d’oeuvre emblématique de Braque.

Autant les toiles de Picasso fonctionnent comme des madeleines de Proust qui nous renvoient à tel musée, telle exposition, tel détournement. Autant les œuvres de Braque se sont imposées dans la discrétion.
Leur qualité n’est pourtant pas à renier ni même sujet à débat.

Les premières toiles du parcours réveillent l’œil de mille couleurs avec notamment : l’Estaque, Le Port de la Ciotat, Nu assis.

Progressivement, le style se radicalise dans l’abstraction.
Les figures familières se délitent. Les visages perdent tout lien à leur modèle. Les paysages n’imposent plus leur évanescence.

Pour autant, l’exigence de Georges Braque captive et tient en haleine.
Le pinceau de l’artiste nous révélant sous un autre jour des sujets connus, comme le Sacré-Coeur.

Toutefois, notre œil a été également frappé par les portraits photo réalisés de l’artiste. Des photographies noir et blanc qui ponctuent les salles d’exposition et offrent des points de vue touchant sur le peintre.
Se mettant en scène devant l’objectif des photographes qui l’ont suivi, Braque se fait joueur, saltimbanque.
Il se révèle bien sûr moins fantasque qu’un Salvador Dali.

Ces portraits offrent des contrepoints saisissants à la rigueur de l’art cubiste.
Nous laissant entrevoir sur papier glacé une personnalité attachante, moins sulfureuse comme pouvait l’être le mythe Picasso.

Le petit bonus de l’expo est à retrouver dans votre smartphone en téléchargeant l’application La Fabrique Cubiste, pour customiser vos portraits et photos à la manière d’un Braque ou d’un Picasso.

Exposition Georges BRAQUE
jusqu’au 6 janvier 2014

Tous les jours de 10h à 20h, sauf le mardi
Nocturnes jusqu’à 22h du mercredi au samedi

au Grand Palais
Avenue Winston Churchill
75008 Paris

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Exposition ETRUSQUES, un hymne à la vie – passionnante redécouverte au Musée Maillol

La Grèce Antique, l’Egypte des Pharaons n’ont de cesse de vous fasciner. En revanche, la civilisation étrusque vous apparaît avec moins d’évidence.
Nous vous conseillons un cours magistral au Musée Maillol dès aujourd’hui avec l’exposition Étrusques, un hymne à la vie.
Les vrais trésors en provenance directe d’Italie, dont certains du Saint-Siège, ne vont pas manquer de vous éveiller à une histoire riche d’influences, de raffinement.

Aussi raffinée que les autres illustres civilisations, la culture étrusque est moins connue, de part le manque de figures mythiques, d’une part.
La Grèce a son Zeus, l’Egypte Toutankhamon, et l’Étrurie (actuelle Toscane) une réputation sulfureuse – la femme étrusque était jugée comme légère par les Grecs mais aussi un goût prononcé pour le banquet, moment de fête et de célébration du corps, en musique.
Et d’autre part, sa redécouverte tardive grâce à de découvertes archéologiques, alors qu’elle a marqué de son influence la Méditerranée à travers huit siècles de prospérité, du XIe au Ier siècle avant J.-C.

Pour le contexte, les Étrusques surgissent lors de fouilles privées au cours de la Renaissance.
Les Médicis en s’accaparant leurs ancêtres prestigieux vont asseoir leur réputation. Le mythe va débuter jusqu’à son apogée dans les années 80.

Pour vous inciter à ce voyage unique, nous proposons une sélection de 4 objets aussi énigmatiques que passionnants témoignages d’un savoir-faire et d’une culture rayonnante.

Le premier set issue de la cité de Chiusi. Il s’agit d’une urne cinéraire anthropomorphe, impressionnant vase qui accueillait les cendres d’un défunt.
Il est à rapprocher des urnes cabanes également présentées dans cette exposition.
Les rituels sont nombreux autour de la pratique de la religion. Tombes, ex-voto, urnes viennent nourrir le culte des morts, renseignant sinon l’identité de leurs occupants tout au moins leur statut social.

Un second objet nous a particulièrement fasciné : ce motif décoratif représentant un animal légendaire: le griffon.

La Grèce nous a accoutumés à des représentations d’hommes barbus au corps d’athlète.
Ici, point de corps mais un visage parfait surmonté d’une couronne.
Cette tête a été retrouvée dans les fouilles menées à Orvieto, cité d’un sanctuaire dédiée à Voltumna, divinité archaïque de la fertilité.

Finissons par cette tête masculine en bois, choisie pour figurer sur l’affiche de l’exposition.
Elle surprend tout à la fois que le regard de cet homme se dérobe à nous.

Et finalement, l’on sait peu de chose d’elle.
Seule certitude : cette tête était recouverte de feuilles d’or et d’une chevelure en bronze.
De part le contexte de sa découverte, il pourrait s’agir du portrait d’un prince.

En tout, plus de 250 objets vont vous faire revivre la culture Étrusque, et ses influences reçues de la Grèce.
A noter, la présentation d’un cabinet érotique non conseillé aux plus jeunes visiteurs, qui surprendra plus d’un visiteur par la légèreté et singularité du traitement des jeux charnels.

Exposition Étrusques, un hymne à la vie


jusqu’au 9 février 2014

 

De 10h30 à 19h00
Nocturne le lundi et le vendredi jusqu’à 21h30

Musée Maillol
59/61, rue de Grenelle
75007 PARIS

 

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