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Interview de la chanteuse ANNA AARON – nouvel album NEURO : inspirations, David Kosten, Stellarling & Linda

Peu habituée à l’exercice de l’interview en français, Anna Aaron s’est dévoilée avec une sensibilité et honnêteté rares lors de notre rencontre. Après une enfance passée aux Philippines, sans musique, elle s’initie aux standards avec les comédies musicales comme le Fantôme de l’Opéra, Cats et avec une vraie passion pour Tommy du groupe The Who, sa première émotion musicale.
Elle sera de retour à Paris pour un concert le 4 novembre 2014 aux Trois Baudets.

Pour l’artiste qui sort son second album, Neuro, Paris est synonyme de promo, de sessions radios et aussi de concerts avec le musicien Eric Truffaz. Elle n’en revient toujours pas que le public parisien réserve un accueil si particulier aux artistes. “Il les fête !” Avant d’ajourer : “les parisiens ont a une sorte de culture de l’applaudissement.” Elle admet que “c’est peut-être un peu exagéré, parfois !” (rires). Mais que “c’est beau.” Alors qu’en Suisse, l’accueil est plus modeste, avec distance.

A Paris, Anna Aaron a l’impression d’être connue et attendue. C’est effectivement l’impression que nous avons quand on la retrouve dans un Centre Culturel Suisse entièrement à son écoute, quelques jours avant ses concerts donnés dans le cadre du festival Les Femmes s’en mêlent.

J’ai été impression par le rythme incroyable du titre Stellarling. Comment l’as-tu composé ?
J’ai conçu ce morceau au piano. Je ne suis pas une virtuose, du coup je me concentre sur la rythmique quand je joue et compose. J’ai une manière assez “percussive” de jouer cet instrument.
Ensuite, c’est grâce au batteur Jason Cooper – membre du groupe The Cure – qui a compris la musique et qui a réussi à transposer ce rythme sur le disque. Ça a été un bonheur pur de jouer avec lui.
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De quoi parle la chanson, Stellarling ?
Il est question de la douleur de la séparation. Ce n’est pas juste la séparation amoureuse. Ce titre est le premier morceau que j’ai écrit pour mon nouveau disque. Et j’avais le sentiment qu’il me fallait lâcher quelque chose, comme une innocence. J’avais déjà un premier album, pour le nouveau, je me disais que je n’aurais plus cette innocence.
C’est pour cela que j’ai écrit la phrase : “Never get back what you lost” Tu n’auras plus jamais ce que tu as perdu.
Mais en fait, je pense avoir commis une erreur (rires). Quand j’ai enregistré à Londres, j’ai senti au contraire que je n’avais rien perdu. Et que tout était encore bien présent en moi : notamment l’énergie.

Des fois, j’ai tendance à tirer vers le drame. Et j’ai plutôt gagné que perdu.

Avais-tu des images en tête en concevant l’album Neuro ?

Je voulais quelque chose de lumineux mais dans le noir, comme un sous-marin ou un vaisseau spatial. Je ne sais pas trop pourquoi. Je suis fascinée par ce concept. Il y a quelque chose de mystérieux et lumineux à la fois.

Comment s’est déroulé la collaboration avec le production David Kosten ?
David m’a beaucoup aidé dans la recherche de sons. Il y a un nombre incroyable de synthés dans son studio. On a passé beaucoup de temps à chercher des samples.
Avec lui, j’ai remarqué l’importance des démos. Parce que j’avais beaucoup travaillé chez moi, sur mon ordinateur. Les morceaux étaient déjà là, clairs, aboutis. Du coup, on a pu enregistrer très vite. On n’a pas eu à tâtonner. Je savais ce que je voulais. C’était une belle surprise de collaborer avec lui.

J’adorais les albums de Bat to Lashes, un son magique et moderne à la fois. C’était le seul producteur que je voulais. Je pensais qu’il ne répondrait pas à mon message. J’ai pleuré de joie en lisant sa réponse.

Et la rencontre s’est faite rapidement ?
C’était hallucinant. Il nous répond en octobre, il vient en Suisse me rencontrer le mois suivant.
Et en décembre, nous nous retrouvons en studio.
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Qui est Linda ?
C’est le personnage du film Enter the Void de Gaspar Noé. C’est la soeur d’Oscar. Ils habitent Tokyo. J’ai regardé ce film spécialement pour l’album car je recherchais des ambiances visuelles, des images de grandes villes et métropoles contemporaines et futuristes.
C’est pour ça aussi que j’ai lu beaucoup de livres de science-fiction pour m’inspirer de ces univers urbains et technologiques.
 
Quelles sont les autres oeuvres qui ont participé à la conception de l’album ?

Neuromancer le livre de William Gibson, le film Ghost and the shell et Philip K.Dick l’auteur de Blade Runner.

Quels sont les artistes qui t’inspirent ?
J’aime beaucoup Talk Talk et David Bowie. C’est probablement les seuls que j’écoute en ce moment.

Pour David Bowie, c’est la période de Berlin. Mon initiation à Bowie s’est faite avec Station to Station.

Quelle serait la chanson qui pourrait être utilisée pour la bande-originale de la prochaine adaptation du livre Neuromacer au cinéma avec Lian Nelson ?

Ce serait sans aucun doute Simstin. J’ai en fait beaucoup piqué de paroles du livre. Il y a aussi beaucoup de personnages qui apparaissent dans ce titre. Je pense que c’est le morceau le plus proche du livre. D’ailleurs simstin est un mot inventé par William Gibson, l’auteur du livre.

Que retiens-tu de ta lecture de Neuromacer sur les réseaux sociaux ?
Ce qui m’a marquée c’est cette problématique d’être des personnes physiques qui nous connectons à un réseau numérique.
Le truc vraiment flippant c’est que dans le livre la connexion se fait à travers le corps.

C’est à la fois effrayant si ça arrive et cela soulève des questions philosophiques incroyables.

Quel a été le déclic de devenir musicienne et chanteuse ?
Je ne sais pas trop. Un jour j’ai senti que la musique faisait vraiment partie de moi. Mais j’ai dû lutter au début, parce que la capacité de composer n’était pas un process évident.
Et un jour, ça a explosé. Je me souviens de ce jour.
Un morceau est sorti, en texte et en musique, c’était Mary Ruth, présent sur le premier EP.
Et après les titres se sont enchaînés. J’ai compris à ce moment-là que cet événement changerait ma vie.

Anna Aaron, nouvel album NEURO
Chez Discograph

Anna Aaron concert aux Trois Baudets le 4 novembre 2014 avec Animen et Polar
64, boulevard de Clichy
75018 PARIS

Bonus : un EP de 5 titres en téléchargement gratuit sur : www.annaaaron.fr

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Festival NUITS DE FOURVIERE 2014 : un programme réjouissant avec Damon Albarn – Vanessa Paradis – Fauve – des marionnettes, du cirque et du hip hop

Nuits de Fourvière 2014 au Théâtre Antique de Lyon.
Asaf Avidian en solo acoustique, Stromae – sold out dès les premières heures de l’ouverture de la billetterie – Damon Albarn, Goldfrapp, Agnes Obel, Emilie Simon, Bob Wilson, Pixies, Fauve, Franz Ferdinand sont quelques uns des prestigieux noms qui se produiront au Festival des Nuits de Fourvière 2014 à partir du 3 juin. 

Ce lundi matin à Lyon, notre équipe est fébrile à l’approche de la conférence de presse devant l’affiche du festival réalisée par l’artiste Ryan McGinley. 2014 est la dernière édition présentée par le Département du Rhône, car 2015 sera sous étendard lyonnais.

Les Nuits de Fourvière sont la promesse de soirées uniques, festives et complices pour les Lyonnais mais aussi pour les nombreux festivaliers venant de loin. Il n’est effectivement pas rare, par exemple, que des Anglais prennent la route pour le Théâtre Antique. Un concert de Vanessa Paradis au Casino de Paris ou à la Halle Tony Garnier n’a pas du tout la même saveur qu’un live au grand air. Les spectateurs ayant assisté à sa prestation en 2008 s’en souviennent encore.
Exclu cette année, l’artiste qui défendra son dernier album Love Songs sera accompagnée des musiciens du Conservatoire de Lyon, sous la direction musicale de Benjamin Biolay. Frissons en vue le 10 juin. Spectacle complet mais une liste d’attente est ouverte en appelant la ligne des Nuits.

Emotion aussi avec le spectacle de la compagnie australienne Circa – dont on avait adoré le spectacle Wunderkammer présenté à Paris en 2012. Leur création Beyond inaugurera le Magic Mirror, installé sur la pelouse de Fourvière, pour 10 soirées de cirque, de voltiges et autres prouesses dont seule cette troupe a le secret.

Autre performance et création qui mérite votre attention : Répertoire #1 de Mourad Merzouki qui rejouera et réinterprètera des pièces majeures de la danse hip-hop avec 30 danseurs sur scène. Rendez-vous les 23 et 24 juin.

À noter : une première cette année. L’arrivée des marionnettes avec 3 spectacles : Ignorance et Famous Puppet Death Scenes par la compagnie canadienne The Old Trout Puppet Workshop et Orsini Marionetas de l’argentin Rubun Orsini. Des soirées pour adultes et enfants de plus de 12 ans présentées en partenariat avec le Musées Gadagne et le Théâtre Nouvelle Génération du 16 au 29 juin.

Côté théâtre, notre entière curiosité est portée sur War and Breakfast du dramaturge anglais Mark Ravenhill, plus connu pour la pièce Shopping and Fucking. Grâce à la mise en scène de Jean-Pierre Vincent les étudiants de l’Ensatt vont interpréter cet ensemble de courtes pièces dans la totalité des espaces de leur école. Une pièce itinérante, comme ça avait été le cas il y a une dizaine d’années dans ce même établissement.

De la star internationale, il y en aura encore cette année avec Pixies, ZZ TOP et Elton John dont le prix de la place 55€ est suffisamment exceptionnel pour ne pas céder. La soirée du 16 juillet affiche complet en moins d’un semaine.

Avec une jauge variable de 4 500 places le Théâtre Antique offre un écrin unique sous le ciel étoilé de Lyon. Il ne faut donc pas tarder pour réserver vos prochaines soirées d’été avec Etienne Daho, plutôt rare sur les scènes lyonnaises, Damon Albarn de retour après la réformation de Blur à Fourvière mais aussi Portishead.

Parmi cette programmation foisonnante, notons la venue exceptionnelle de deux vétérans américains de la chanson. Le premier : l’incroyable Booby Womack, 70 ans, auteur et interprète du standard Across 110th Street – présente sur la bande-orginale de Jackie Brown de Tarantino et  guest des albums de Gorillaz. Le second âgé de 86 ans, dieu vivant de la chanson américaine qui a composé des titres interprétés par Tom Jones, Dionne Warwick, Aretha Franklyn et Diana Krall : Burt Bacharach auteur de Raindrops Keep Fallin’ on My Head (Toute la pluie tombe sur moi).

En tout 60 spectacles et 174 représentations pendant 2 mois, juin et  juillet, et dans plusieurs lieux en plus du Théâtre Antique gallo-romain. Précaution d’usage, la surprise et l’émotion ne sont peut-être pas forcément là où vous l’attendez.
Notre équipe n’est pas la seule à penser que le samedi 28 juin, le groupe versaillais Phoenix risque fort d’avoir un concurrent de taille le groupe halluciné de Moodoïd.

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Toutes les infos sont sur le site officiel des Nuits de Fourvière : www.nuitsdefourviere.com

Et prochainement sur #UnitedStatesofParis : le focus de l’équipe et le coup de coeur des bloggers lyonnais ! 

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Live Report : Chvrches, le trio de Glasgow en concert au Trianon à Paris – The Bones of What You Believe Tour

Ils en sont déjà au stade où ils n’ont plus rien à prouver : l’année 2013 fut explosive pour ces trois Glaswégiens de talent qui forment le groupe Chvrches. Un album, The Bones Of What You Believe, aura suffi à les inscrire tout naturellement dans le clan des formations qui innovent et donnent du champ à un genre qui avait besoin d’être secoué.

Pourtant, et cela se lisait sur leur visage dans le début de l’après-midi lors de l’interview qu’ils nous ont accordée, leur tournée n’est pas une promenade de santé. C’est simple, ils ont enchainé les spectacles depuis le début de l’automne et ce n’est pas fini. Ils nous ont confiés qu’ils s’accorderaient une pause… à l’été, pour travailler sur la trame du prochain album. Ceci dit, que l’on se rassure, ils nous ont également confirmé qu’ils feront quelques festivals.

Au Trianon, ce lundi, devant 800 personnes enthousiastes, ce ne fut peut-être pas le meilleur concert de tous les temps. On vibre toujours autant de la voix de Lauren Mayberry qui prend toute son ampleur sur des morceaux comme Night Sky ou le désormais classique Lies. Puissance de cette voix légère, cristalline, incomparable.

Pourtant, on en viendrait presque à regretter l’époque – pas si lointaine – où ils n’étaient pas encore connus et jouaient dans des salles plus chaleureuses comme La Maroquinerie [en octobre] où on a eu la chance de les voir. Environ 50 minutes de show, pour 13 morceaux tout de même, autant vous dire que le public n’a pas eu le temps de bavarder avec le groupe.

Et on l’a senti attendre, presque sur chaque morceau, une étincelle, quelque chose qui l’empêche de se contenter, de frapper des mains de façon sporadique, un élément qui emporte tout et qui ne retombe pas. Martin Doherty, sur Under The Tide, par son attitude sur scène, y était presque… Mais le concert n’a jamais réellement décollé. C’est qu’on finit par être exigeant avec un groupe qui brûle si brillamment toutes les étapes !

Ne soyons pas bégueules, il y eut tout de même de très beaux moments : Lungs, joué en troisième, façon shoegaze. Tether, dont la conclusion ressemblait fort à certains morceaux d’Underworld – on a pensé à Born Slippy. Peut-être une indication pour le prochain album… Et, pour le premier rappel, un moment de grâce avec You Caught The Light. Finalement, c’est peut-être là où on ne les attendait pas, avec une électro pop contemplative, que Chvrches a réussi à nous scotcher.

Chvrches, Setlist concert au Trianon, Paris : We Sink > Lies > Lungs > Gun > Night Sky > Strong Hand > Science/Visions > Recover > Tether > Under the Tide > The Mother We Share > Rappel 1 You Caught the Light > Rappel 2 By The Throat

by Baptiste et Gérald PETITJEAN
http://ljspoplife.magicrpm.com

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BALLET REVOLUCION au Casino de Paris : le show cubain revisité ! INTERVIEW de l’équipe artistique

Après le succès parisien de janvier 2013, le Ballet Revolucion est de retour au Casino de Paris du 18 au 30 mars 2014. L’occasion une nouvelle fois de découvrir que les américains n’ont pas le monopole du show artistique taillé au millimètre. Il faut compter sur l’énergie et l’inventivité des artistes cubains qui ont revisité leur spectacle avec plus de nouvelles chorégraphies et chansons. 

L’équipe du blog a eu la chance de rencontrer trois membres de l’équipe artistique avant la première, mardi : Roclan Gonzales Chavez, le chorégraphe superstar de la télé cubaine, Osmar Salazar Hernandez, directeur musical et bassiste et l’un des danseurs, Alejandro Pérez Fernandès.

En tournée depuis plusieurs mois, chacun a un souvenir ému et personnel vécu au cours de la tournée. Pour le chorégraphe – qui a travaillé pour le Tropicanacabaret le plus célèbre de Cuba – ça a été la chance d’avoir eu accès aux coulisses du Moulin Rouge. Un cliché pour un étranger à Paris ? Certainement pas pour Roclan qui a pu filmer, photographier et s’imprégner de la technique de danse et des performances à la française. Aussi étrange qu’il puisse paraître pour deux pays si éloignés, il a trouvé des similitudes dans la technique et l’organisation d’un spectacle en France et à Cuba.

Osmar Salazar Hernandez n’en revient toujours pas de la première du spectacle nouvelle version qui a eu lieu à Berlin. Il y avait du stress après le travail de choix des chansons, de l’orchestration pourtant l’accueil du public a été incroyable.

Alejandro  lui a encore du mal à cacher son émotion d’avoir dansé pour la Reine Elizabeth et d’avoir pu la rencontrer en 2012. Un moment inoubliable.

Pour Osmar, perfectionniste, le travail et la concentration sont constants. Il est toujours nécessaire d’être en accord avec l’énergie des danseurs sur scène et d’améliorer certains détails, d’un soir à l’autre.
A Cuba, il a l’habitude de jouer des musiques latines. Avec ce spectacle, il a la chance de mixer en une soirée des musiques comme Mambo qu’il a écrite en hommage à la Havane des années 60 et 70 – avec des standards américains et de les partager avec le public européen. Le chorégraphe tient justement ce titre phare  comme un morceau essentiel du spectacle parce qu’il traduit les racines afro-cubaines de la danse cubaine. C’est l’âme de la Havane.

Roclan aime préciser que l’émotion nait à chaque fois, dans chaque nouveau théâtre, chaque nouvelle ville. Une première à Paris, Monaco, Munich c’est comme redécouvrir le spectacle, car il y a toujours une surprise.

Alejandro, le danseur, décrit ce show comme une école de chaque jour, ne serait-ce que par la fusion intense des styles de danses présentés sur scène. Formé à la danse contemporaine, il a dû apprendre des pas classiques, la rythmique live et l’énergie à l’intérieur du groupe afin d’interagir avec les autres danseurs. Il a un rapport particulier avec la chanson de Ricky Martin, She Bangs – la dernière du show – qui est certainement celle qui l’inspire le plus, parce qu’elle est à la fois joyeuse et incroyablement rythmée.

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Vous l’aurez deviné avec ce teaser, le Ballet Revolucion met un feu d’enfer, les danseurs sont débordants de sensualité. Toutefois, certaines musiques un peu trop pop peuvent parfois donner au spectacle un côté un peu “cheap” mais assumé. Les artistes sont excellents lorsqu’ils effectuent des chorégraphie contemporaines sur des rythmes cubains endiablés. Ils emportent le public lorsqu’ils dansent tous ensemble dans des costumes colorés ou quand ils se servent de leurs corps comme d’une percussion. En revanche, ils sont un peu moins convaincants dans des séquences taillées pour la télé avec Rihanna et Beyonce en fond sonore.
L’orchestre live déploie une énergie qui se diffuse dans les rangs. Finalement on se laisse emporter par ce spectacle populaire qui donne envie d’aller rejoindre les athlètes sur scène pour une salsa… muy caliente !

BALLET REVOLUCION
au Casino de Paris
du 18 au 30 mars 2014

du mardi au samedi à 20h
matinées le samedi et dimanche à 15h

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MANGEZ-LE SI VOUS VOULEZ de Jean Teulé – une pièce effarante et ingénieuse par la Cie Fouic au Théâtre Tristan Bernard

Révélation Off du dernier Festival d’Avignon, la pièce Mangez-le si vous voulez offre une mise en scène incroyable pour conter l’impossible histoire d’un massacre, le drame de Hautefaye, orchestré en 1870 en France. Au Théâtre Tristan Bernard tous les soirs, la pièce se joue en alternance avec la Troupe à  Palmade.

La promo de Jean Teulé pour son livre Mangez-le si vous voulez ne vous avait sans doute pas échappé, à l’époque. Beaucoup ont lu cette histoire, d’autres en ont entendu parler sans en connaître les moult détails et rebondissements.

Pour les non initiés, le récit détaillé du supplice d’Alain de Monéys peut impressionner. Mais aussi troublante que soit l’histoire, la mise en scène de Jean-Christophe Dollé et Clotilde Morgière permet aussi de rire, de sourire de l’effroi.

C’est l’histoire d’un malentendu. Un jeune homme de 32 ans part visiter la foire du village voisin du sien. Il croise des connaissances, des voisins, des amis et puis répète une phrase prononcée par un autre. C’est anodin, pense-t-il. Incompréhension et déchaînement de violence vont suivre ces quelques mots finalement sans importance mais prononcé dans un contexte de guerre avec les Prussiens. Il va alors devenir le sujet d’un déchainement de haine inouïe, catalysant la rancœur et la frustration d’un village entier.

Cette histoire à multiples personnages est portée par 4 interprètes incroyables.
Jean-Christophe Dollé prend le récit en main d’un bout à l’autre de la pièce, sans s’essouffler, ni baisser d’intensité. Il est à la fois conteur, interprète, victime et bourreau. Ce tour de force est assez saisissant car la fluidité de l’histoire est intacte.

À ses côtés, Clotilde Morgière offre une performance malicieuse et quasi silencieuse. Ne jouant des expressions de son visage et de son corps, son jeu est la gageure d’une interprète exceptionnelle. Préparant un repas improbable dans un décor de cuisine rétro, en contre-point du récit, la présence de la comédienne permet de la distance à certaines scènes du boucherie folle. Elle se fait aussi prétendante d’Alain. Une âme bienveillante, comme une vierge Marie démunie face à la souffrance de la personne qu’elle aime le plus.

Le décalage présent dans cette pièce entre humour et horreur, conte avec histoire d’amour et chansons, est aussi surréaliste qu’efficace. Raison sans doute de l’adoubement de l’auteur Jean Teulé qui a découvert le projet de cette pièce, adaptée de son livre, seulement une fois créée.

Deux musiciens, Laurent Gillet et Mehdi Bourayou, viennent soutenir le jeu, intervenant quelques fois en complices de la scène et offrant surtout une bande-sonore aussi bien discrète qu’essentielle à ce récit que l’on aimerait d’un autre temps.

Car, après tout, ce qui angoisse le plus c’est que l’on imagine que ce déchaînement pourrait survenir encore à notre époque.
Glaçant.

 

MANGEZ-LE SI VOUS VOULEZ
d’après le livre de Jean Teulé aux Éditions Julliard

avec Jean-Christophe Dollé, Clotilde Morgière
Laurent Gillet et Mehdi Bouravou

 

du mardi au samedi soit à 19h soit à 21h

 

au Théâtre Tristan Bernard
64, rue du Rocher
75008 PARIS

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AIRNADETTE la comédie musiculte à L’Européen : le airband change de têtes et fait des petits ! INTERVIEW

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il faut être bien réveillé pour interviewer les Airnadette.  Jeux de mots, calembours et concours d’expressions désuètes. M-RodZ aka Eva Gina Runner, la caution urbaine du groupe avec son casque de scooter griffée “Airnadette”, Chateau Brutal et sa coupe de cheveux savamment décoiffée et Moche Pitt, looké dandy et spécialiste de rock urgent et de pop intelligente ont un excellent karma et une énergie à décorner les bœufs.

Affiche spectacle Airnadette La Comédie Musiculte à L'Européen Paris prolongations air guitar french band Gunther Love
De leur propre aveu le compliment le plus sympathique qu’on puisse leur faire, c’est qu’ Il faudrait que votre spectacle soit remboursé par la Sécu” . Ce mercredi nous avons rencontré trois des membres du airband le plus foutraque qui soit. Deux étaient absentes – Scotch Brit et Jean-Françoise – pour cause de polichinelles dans le tiroir et la star du show Gunther Love, n’était pas au rendez-vous non plus puisqu’il a malencontreusement glissé… sur une brosse à cheveux.

Des nouveaux talents ont donc rejoint la troupe, parmi eux Bretzel Washington, Chutney Spears ou La Rockmoute. La troupe précise bien qu’ils ne sont pas de pâles doublures des précédents mais des comédiens avec leur propre univers qui partagent les mêmes délires. Vous pouvez donc aller re-re-re-re-voir ce zapping visuel et auditif, même si vous connaissez déjà l’histoire.

La recette secrète des Airnadette c’est que le public change à chaque fois ce qui fait de ce spectacle hyper participatif une pépite. “On fait semblant d’être des rocks star et le public fait semblant d’être fan hystérique à chaque fois.” Pas de lassitude donc. Ni pour eux, ni pour nous. C’est un spectacle “très régressif extrêmement plaisant à jouer” et ça marche tellement qu’ils ont adapté le show en anglais pour le jouer à Londres et à Édimbourg l’été dernier. Ils ont tous un excellent niveau d’anglais ce qui leur a permis de faire quasiment la même performance en remplaçant quelques références françaises par des références anglaises. Les Tontons fligueurs se sont mués en Monty Python par exemple.

Deux auteurs américains et un auteur anglais sont venus pour donner un petit coup de main afin de re-glisser dans la partition “un ou deux génériques hyper cultes de l’enfance, des petites subtilités.”

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Pour préparer son corps avant les shows très sportifs, chacun a sa technique. Chateau Brutal utilise la table de ping-pong de L’Européen pour faire “quelques tournantes” tandis que M-RodZ, plus classique se masse à l’arnica. Gunter et Bretzel effectuent eux de véritables performances, contorsions et sauts périlleux. Gunter s’était déjà rentré le genoux dans un projecteur il y a quelques temps. 

Remontons à la Genèse d’Airnadette, car l’histoire en vaut la chandelle. Au départ, une soirée à L’Alimentation Générale. Il font un petit air band pour distraire quelques potes souls qui ont continué à s’en amuser à jeun. S’ensuit 7 mois d’écriture ensemble. Tout le monde est arrivé avec son univers. Chateau Brutal fan des “nanars”, la quintessence cinématographique. Mrod les films de buddies, de fumeurs de joints, les Dumb et Dumber. Et pour Mosh Pit le rock urgent –des gens très pressés– ainsi que les films d’espionnage.

Le spectacle n’est jamais potache, “le patrimoine audio préserve de ça. On a beaucoup bossé l’écriture pour rendre hommage à Janis Joplin, Chuck Norris. Un Gratin d’hommage fondu” dirait Gunther Love, poète.

Une complémentarité assez magique qui a permis de faire d’une beuverie d’un soir un spectacle qui fonctionne.

Ils ajoutent “On remercie les journalistes un peu provoc qui ont balancé au début “Alors comme ABBA vous allez faire une comédie musicale ?Finalement c’est devenu ça.

Les ambitions pour la suite. En exclu ils confessent – après une interview d’une persévérance acharnée – qu’ils vont bientôt jouer à Montréal au Festival Juste pour rire et au festival d’Avignon. Le quintet va donc se dédoubler et fuir Paris cet été pour partir à la conquête du monde.  Pour commencer vous pouvez les voir jouer dans toute la France -même si vous habitez des contrées éloignées – comme Limoges, Soissons ou Perpignan.

Nouvelle exclu et pas des moindres – à vérifier ! – il y a aura aussi un show avec les futurs bébés à naître pour un public de nourrissons qui risque d’être un peu chiant mais qui permettra de faire d’Airnadette un spectacle réellement multi générationnel.

La team prépare aussi une adaptation pour le cinéma – mais ça c’est vrai – “J’aimerais que ça s’arrête quand on ne nous confondra plus et que tout le monde nous connaîtra” conclut M-RodZ débordante d’enthousiasme.

by Hermine Mauzé

AIRNADETTE la comédie musiculte !

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Nouvel album de l’Orchestre National de Barbès : Dame de coeur – en concert au Trianon à Paris

L’Orchestre National de Barbès n’en finit plus de parcourir le monde depuis 18 ans (cette année) de Londres à New York, en passant par Le Caire, Oslo, Monaco ou encore la Présipauté de Groland. Le french band nous revient avec un nouvel album, Dame de Coeur, toujours aussi métissé et gorgé d’esprit festif pour célébrer les beaux jours et le retour au plein air.

Le premier single, Méditerranée dont vous pouvez visionner la version live juste en dessous – confirme toutes les promesses de nouveaux morceaux entrainants, rayonnants et féminins malgré la forte présence masculine.

http://www.dailymotion.com/video/x19lsqj

Les 8 membres fondateurs de l’Orchestre National de Barbès sont rejoints par 3 nouvelles recrues pour apporter du sang neuf et un nouvel élan scénique avec notamment la présence au chant et à la trompette de Basile Theoleyre. Pour ce nouvel opus, le groupe invite aussi 6 belles chanteuses pour des duos de haute volée poétiques : Samira Brahmia, Tanya Michelle, Emilie Dautricourt, Samia DiarMalouma et Lolita Saldanha.
Tantôt rock comme Chouf avec Samia Diar, 
sensible comme Rbeyna avec Malouma, les titres vont vous ouvrir – si ce n’est pas déjà le cas – à des métissages musicaux créatifs et revigorants.

Vous vous en doutez, les 11 compères ne sont jamais mieux que sur scène. Alors rendez-vous du 20 au 22 mars au Trianon à Paris pour 3 soirs de concert avec à n’en point douter la présence des interprètes féminines. On ne saurait trop vous conseiller de vous munir de votre plus beau t-shirt -ou chemise manches courtes-. L’ambiance risque d’être chaude bouillante.

L’ORCHESTRE NATIONAL DE BARBES

en concert les 20, 21 et 22 mars 2014 au TRIANON, Paris
et en tournée en France

Nouvel album : DAME DE COEUR
La Prod JV

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THOMAS DUTRONC en concert à la Nouvelle Eve – soirées exceptionnelles avant le Casino de Paris !

Thomas Dutronc pose ses valises à Paris pour une série de 9 concerts exceptionnels avant de voir plus grand avec le Casino de Paris le 2 avril prochain puis de partir en tournée.

Le chanteur de J’aime plus Paris offre à son public le cadre unique et feutré de La Nouvelle Eve, cabaret de Pigalle – historique et de charme. Ambiance intime avec petits tables en orchestre, parfait pour une soirée en amoureux. Thomas dévoilera de nouveaux morceaux tout en célébrant ses succès dans des versions live. Il sera accompagné de ses compagnons de route et de tournée David Chiron, Rocky Gresset et Jérôme Ciosi.

Rendez-vous pour la première le lundi 10 mars à 19h30 et jusqu’au 26 mars.

Billetterie en ligne : http://bit.ly/ThomasDutroncNouvelleEve

Follow Thomas Dutronc sur : http://www.facebook.com/ThomasDutronc

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Live report PETER PETER en concert à Paris pour son lumineux album Une version améliorée de la tristesse

Quelques jours seulement après la sortie de son 2e album en France, Une version améliorée de la tristesse, Peter Peter s’offre une première scène parisienne au Nouveau Casino ce jeudi. Le jeune chanteur tout droit venu de Montréal ne réalise pas encore la délicate attention que lui porte le public français et pas seulement la gente féminine.

Le grain de voix de cette révélation de la scène pop qui fait chavirer n’a pas échappé aux Inrocks, en dégainant les premiers avec leur compil de Rentrée 2013. Le titre à rallonge de la chanson phare du nouvel opus de Peter Peter a pu surprendre et faire penser à une parodie – nous les premiers. Une version améliorée de la tristesse, waouh ! Mais il n’a pas fallu longtemps pour mener sa route droit au coeur.

Ce morceau, il nous l’offre au tout début de son quasi premier vrai concert parisien, après une intro instrumentale entêtante. Donnant une tonalité sensible à la soirée. Il sera question de filles, d’une fille entre autre attrapée mais qu’il a laissé partir et qui se cache derrière un très sensible “Toi, ma beauté.”

Sur scène, Peter Peter a le charme d’un Raphaël des premières années – la belle époque d’Hôtel de l’Univers, avant Sur la route – le profil d’un Daho aussi apparait en version Pop Satori. Sortant tout juste de l’adolescence, ses textes parlent d’amour, avec des pointes de mélancolie, de douce fragilité parfois et de tendres envolées à grands yeux ouverts. Certainement écorché par quelques histoires, son songwriting lumineux ne s’embarrasse pourtant pas de clichés inhérents à l’expression des premières amours. Il nous redonne goût à de douces balades de jeunesse, quand on voulait refaire le monde, quand on pestait aussi contre tout ce qui nous entourait et qu’on rêvait d’idéal.

Tantôt calme et doux mais pas niais, tantôt rythmé, étourdissant, hurlant à la manière de ce Carrousel ou de la version bouleversée de Beauté Baroque. Deux titres entrainant, captivant. L’écoute à haute dose du premier nous a fait presque oublier que l’album n’était surtout pas composée d’électro. Les deux saxophones sur scène confirmant la maitrise de la délicate partition musicale du Québécois.
Il aura une pensée pour son pays, sa ville, en dédiant un très beau Tergiverse – qui ne souffre pas de l’absence de Coeur de Pirate qui participa à la première version de ce titre – “à ceux qui se les gèlent à Montréal.”

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“Je suis ému pour de vrai”

Intimidé certainement, relevant une mèche qui retombe invariablement sur le front et les yeux, il y a aussi un peu de Lescop dans cette gravité parfois qui le prend au visage, cette difficulté aussi à sourire et ce profil faussement angélique. La pop de Peter Peter magnétise. Et la fougue de ce jeune mec n’est pas prête de se figer dans la fébrilité d’un monde qui consomme à tour de bras et sans réelles émotions.

PETER PETER
Album Une version améliorée de la tristesse
Sony Music / Audiogram

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Musique : Interview du groupe THE LANSKIES pour l’album HOT WAVE – en concert au Divan du Monde le 25 mars

Trois des membres de The Lanskies nous attendent pour leur dernière interview de la journée, dans le cadre de la promotion de leur deuxième LP « Hot Wave », sorti en janvier dernier. Nous avons découvert un groupe complètement habité par la musique, et au sein duquel des débats loin d’être artificiels permettent finalement de cerner leur univers, leurs influences, leurs sensibilités. C’est parti pour un long entretien avec un groupe de talent, et franchement adorable.

Gérald et Baptiste : Qui êtes-vous ? Comment sont nés The Lanskies ? Ça veut dire quoi The Lanskies ?
Florian von Kunssberg : The Lanskies, c’est un groupe formé de cinq personnes de générations assez différentes, puisqu’au sein du groupe l’âge varie entre la vingtaine et la quarantaine. Au départ, Marc et moi, guitaristes, avons créé nos maquettes. Et ensuite on a cherché des musiciens, un batteur, un bassiste, et on a voulu trouver un chanteur anglais. Je connaissais personnellement le frère de Lewis, qui est un super chanteur, avec lequel j’avais déjà travaillé, mais qui est reparti vivre en Angleterre au moment de la formation des Lanskies. Et en fait, j’ai rencontré Lewis à la sortie d’un bar, il est venu répéter avec nous le lendemain matin. Tout cela s’est passé en 2005, fin 2005. On est repartis avec trois ou quatre morceaux presque finis après une seule répèt’. Ensuite, tout est allé assez vite, surtout pour les concerts, de plus en plus gros, et puis le parcours habituel des tremplins, au Printemps de Bourges, aux Vieilles Charrues, etc. On s’est retrouvés à faire une vraie tournée, et puis à enregistrer un véritable album.

G & B : Dans quel type de formation vous étiez avant la création de The Lanskies ?
FvK : Je jouais dans le groupe Teaspoon, on avait signé un premier album chez Warner, et puis cela n’avait pas bien fonctionné, on végétait un peu. Alors, je me suis dit que je voulais faire de la musique pour le fun, et c’est dans cet esprit-là qu’avec Marc on a monté les maquettes des futurs morceaux de The Lanskies.
Lewis Evans : J’étais au lycée quand j’ai commencé à chanter pour The Lanskies. Auparavant, j’étais dans un groupe qui s’appelait The Jim Bob’s, et avec mon frère on avait créé The Dads.
FvK : The Lanskies, au départ, c’était comme une blague !
LE : Non, pour moi ce n’était pas une blague !
FvK : Oui, mais toi tu étais parti faire tes études aux Beaux-Arts, nous on taffait. A cette époque, le batteur, le guitariste et moi-même étions tous plus ou moins installés dans la vie. The Lanskies devait être un groupe pour faire des concerts le week-end, de temps en temps.

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G & B : Et toi, Lewis, d’où te vient cette maîtrise parfaite du français ?
LE : Mes parents ont voulu partir en France quand j’avais douze ans. J’avais des parents un peu babos. Ils étaient flics, mais ont décidé d’arrêter ce métier : mon père a monté une résidence d’artistes. On a fait une sorte de tour de France en caravane, j’ai été déscolarisé pendant plus d’un an et demi, et ensuite mes parents ont trouvé une maison dans la Manche.

G & B : Comment comparer la pop britannique et la French Pop qui se développe depuis quelques années ?
LE : Je suis très pote avec les membres des groupes Aline et Granville. Ce sont des groupes que j’adore, des musiciens super sympas, hyper créatifs : ils arrivent à travailler le texte français, en donnant du sens, et à faire des morceaux, souvent dansants, qui font penser à la pop anglaise.
FvK : Tu as aussi Lescop, pour moi c’est typiquement frenchy. C’est un peu ce qui se faisait à l’époque de Taxi Girl.
LE : Oui enfin, ce n’est pas du recyclage non plus. Écoute Le Femme par exemple.
FvK : J’adore La Femme, c’est un groupe grandiose. Mais, personnellement, je n’ai pas cette culture-là. Je n’ai jamais cherché à faire du français, j’ai toujours cherché à faire de la musique anglaise, c’est la raison pour laquelle on voulait avoir un chanteur anglais.
LE : J’ai d’ailleurs une pression de malade sur le fait d’écrire une chanson en français. Une pression de quota de radio, de la part des labels aussi. Et sur le marché français, la langue française marchera mieux que l’anglais.
FvK : Les groupes dont on a parlé ont envie d’exprimer des choses dans leur langue, Lewis, lui, va s’exprimer plus naturellement dans sa langue.
LE : C’est par facilité.
FvK : Après, en français il y a un rapport au texte, aux mots, qui n’existe pas en anglais. Il y a tout le poids de la tradition de la littérature française et de la chanson à textes.
LE : On n’est pas un groupe prise de tête, on est un groupe qui fonce, un groupe de scène. Ceci dit, mes textes ont toujours un double sens.

G & B : Et vous n’allez pas jouer en Angleterre ?
LE : Evidemment, je rêverais d’aller jouer à Liverpool, là d’où je viens, devant ma famille. Mais en Angleterre, la musique constitue un marché considérable. C’est très compliqué de monter une tournée en Angleterre, ça coûte énormément d’argent. Les pays du continent européen sauf l’Allemagne peut-être, font du Royaume-Uni un rêve, dans le domaine de la musique pop. Or, il n’y a pas eu de grands groupes sortis de Liverpool, Newcastle ou Manchester depuis des années. Les raisons sont politiques : les conservateurs au pouvoir ont réduit considérablement les subventions aux associations culturelles, aux salles de répèt’, dans le nord de l’Angleterre. Tout l’argent se concentre à Londres, d’où la montée du Dubstep et de l’Emo, et l’apparition de groupes ou artistes très standardisés, très américanisés. Il n’y a plus d’énergie dans le nord de l’Angleterre. L’Europe continentale a vraiment acquis une identité musicale, grâce au Bureau Export, grâce à des festivals comme Les Transmusicales de Rennes, Eurosonic aux Pays-Bas, Reeperbahn en Allemagne.
FvK : Après, tu as aussi des groupes très lookés, comme The Temples, mais quand tu écoutes tu es déçu, parce que tu demandes ce qu’il y a derrière ce look.
LE : Et quand les Anglais pensent à la musique française, ils pensent à Eurotrash – émission de télé britannique, présentée par Jean-Paul Gaultier et Antoine de Caunes, ndlr. Cela prend du temps d’avoir les clés de compréhension pour accéder à certains pans de la musique française. Cela tient au texte : si tu ne comprends pas le texte, tu peux passer à côté. L’exemple typique : Katerine.
FvK : Mais pas Gainsbourg, la musique est top.
LE : Pour finir, en France, il y a aussi le statut d’intermittent du spectacle, qui permet réellement de dynamiser le paysage musical. Personnellement, je ne cherche pas la gloire, je cherche à vivre de ma musique.

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G & B : Comment s’est déroulé le travail sur le dernier album ?
LE : On fait de la musique entre nous, chaque membre du groupe compose. C’est une vraie démocratie musicale !
Fvk : D’où plus d’un an et demi de travail. Six mois de maquettage, et d’histoires de label.
LE : Mais on n’a jamais arrêté de faire des concerts. La composition, ça peut se passer dans les chambres d’hôtel, au petit déjeuner chez Flo. Y’a des gens qui nous disent : « Mais vous tournez tout le temps ! ». Ben oui ! On n’a pas de stratégie de groupe, on est avant tout un groupe de scène. Personnellement, je déteste les étapes en studio d’enregistrement, je préfère la scène. Je n’ai jamais écouté notre album, c’est pour vous dire !
FvK : Concernant la composition, il y aussi un élément important, c’est que l’on se connaît très bien. On sait ce que les autres vont apporter à un morceau.

G & B : C’est quoi pour vous la Hot Wave ?
LE : A l’ origine c’est un journaliste anglais, pour le NME, qui avait écrit que notre musique était de la hot wave. Ensuite, les journalistes ont repris cette étiquette que nous n’avions pas du tout choisi nous-mêmes. J’ai malgré tout une définition de la Hot Wave : c’est la rencontre de deux guitaristes, en l’occurrence Flo, qui pratique une guitare britpop, et Marc, qui, en tant qu’ancien nouveau romantique, est plus influencé par le post-punk et la new wave. J’en fais donc une définition instrumentale, dans laquelle le chant n’intervient pas.
FvK : Le premier album était très influencé par la vague post-punk et new wave, qui est revenue au début et au milieu des années 2000. Je pense que le deuxième n’est pas de la new wave réorchestrée, cela va au-delà. Et la hot wave, que les journalistes ont pondue et dans laquelle ils nous ont rangés, ne nous convient pas tant que ça.

G & B: Et vos influences britpop ? Menswear, Elastica, Sleeper ?
G:
Moi, la première fois que j’ai écouté vos chansons, ça m’a rappellé Menswear, en particulier le morceau Daydreamer.
FvK : Tous ces groupes-là, je les ai vus en concert à Reading dans les années 90. J’adore ! Menswear était vraiment un supe groupe.
G: Florian, on doit avoir le même âge. Menswear, c’est une histoire de jeunes quadras …
LE : Je connais aussi. Mais, c’est Flo qui a fait mon éducation musicale à ce niveau-là. Tu es un peu mon Obi Wan Kenobi. On a aussi des OVNIs, comme Bank Holiday. Si on était dans une grosse major, si toutes les planètes étaient alignés, ce morceau aurait été un énorme tube. A chaque fois qu’on le joue en concert, le public est surexcité. C’est un morceau qui figure sur le premier album, mais j’aimerais qu’il soit présent dans tous nos albums.
FvK : C’est un hymne. Malgré tout, je détestais jouer cette chanson sur scène jusqu’au dernier concert : on a décidé de le faire en milieu de set, au lieu de la faire à la fin. A la fin du concert, cela fait trop attendu. C’est comme si les gens venaient pour écouter un seul morceau.
Zool Vabret : Bon après, il faut quand même dire que pour ce concert, on a en effet joué Bank Holiday en cinquième, mais les gens étaient pas trop dedans, on l’a rejoué à la fin et là c’était l’explosion.

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G & B : La britpop est-elle plus ou moins mise en avant sur le deuxième album ? On y trouve aussi des influences hip hop, comme sur Move It.
ZV : Elle est plus présente je pense. Et puis, il y a des éléments hip hop évidemment, sur la voix.
FvK : On a fait un voyage aux Etats-Unis et Lewis y a puisé des éléments hip hop.
LE : Y’a un côté hyper dance, avec des morceaux comme If You Join Us, et des chansons plus rock, presque punk, comme Sunny Rose, et du hip hop.
FvK : Je ne suis pas d’accord, je le trouve plus britpop cet album. Tu prends des morceaux comme Romeo, c’est dans la même veine que Fashion Week.
LE : Sur les chœurs, c’est beaucoup moins britpop que le précédent.
ZV : Mais il y en a quarante mille des chœurs ! Alors que dans le premier album, il n’y en avait pas.
LE : Le deuxième album est plus hip hop.
ZV : Oui enfin il y a deux chansons hip hop sur cet album, voire une et demi!
LE : Shall we agree to disagree ? Après, ce qu’il faut savoir c’est qu’en dehors de la scène, Flo, c’est un peu le Duc du groupe, c’est un peu notre Roi. Mais sur scène, c’est moi (rires). Là on n’est pas sur scène, donc j’essaie de le convaincre !

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G & B : L’artiste ou groupe qui vous a donné envie de faire de la musique ?
FvK : Le groupe qui a déclenché mon envie de faire la musique, même s’il n’a pas beaucoup compté pour mes influences, c’est Dinosaur Jr. J’adorais un de leurs albums, il y a une petite fille qui fume une cigarette sur la pochette (Green Mind, ndlr). Et mon père me disait, quand il me voyait écouter ce genre de musique : « Ecoute euh… Bosse un peu quoi ! » (rires), mais mon père ne m’a jamais empêché de faire de la musique non plus. Et puis je viens d’une famille d’artistes : mon arrière-grand-père était un grand pianiste de musique classique, il s’appelait Wilhelm Kempff.
LE : C’est vrai qu’il avait six doigts… ?! (rires)
Fvk : Bref.
LE : En ce qui me concerne, il y a deux facteurs qui m’ont donné envie de faire de la musique. Tout d’abord, mon frère, qui jouait de la guitare devant moi. J’avais envie de faire comme lui, donc je me suis mis dans ses pas. Et le deuxième facteur c’est ma mère, qui était une ancienne groupie, elle traînait avec Devo ou Generation X, avant de rentrer dans la police. Mes parents organisaient aussi des soirées avec des musiciens, avec parfois Tony Wilson (le co-fondateur du label Factory Records, ndlr).
ZV : Le premier groupe qui m’a fait une grosse impression c’est un groupe de Caen, qui n’existe plus aujourd’hui, qui s’appelait les Monkey Beats. Deux semaines après les avoir vus en concert, j’avais acheté mon premier instrument, ma basse. J’ai fini par jouer avec eux quelques années plus tard. Avant cela, j’avais fait dix ans de piano, mais ça m’avait dégoûté. J’avais une prof violente.
FvK : Moi j’adorais ma prof de piano, elle était magnifique ! 

G & B : On va maintenant finir par un petit blind test. Le but est de nous dire ce que vous pensez des morceaux
The Smiths, Barbarism begins at home
FvK: Je connais mal cet album, Meat Is Murder

Echo & The Bunnymen, Rescue
LE : J’ai cet album. Ecoute Eastern Wall de The Lanskies, c’est presqu’inspiré d’un morceau de ce groupe, Crocodiles.
FvK : Ian McCulloch, dans une interview (interview donnée aux Inrockuptibles,), avait dit qu’ils avaient 50 ans d’avance à l’époque et qu’ils en ont toujours une vingtaine aujourd’hui.

Aline, Teen Whistle
LE : C’est très beau, je ne connaissais pas ce morceau.
FvK : Super morceau. C’est super 80’s, faudra que j’écoute leur album en entier. Ça sonne très anglais !

Bloc Party, This Modern Love
ZV: Bloc Party, évidemment !
B: On a l’impression que Hot Wave est l’album que n’arrive plus à sortir Bloc Party.
FvK: C’est exactement ce que vient d’écrire le magazine Plugged à propos de Hot Wave.

Plus qu’une interview, cela a été un très bon moment d’échanges et de discussion avec des musiciens passionnés, très sympas, et faisant preuve de beaucoup d’humour.
En conclusion, Hot Wave  est à écouter sans modération.

THE LANSKIES

dernier album : Hot Wave chez ZRP

Concert au Divan du monde à Paris le 25 mars 2014

 

 

by Baptiste et Gérald PETITJEAN
http://ljspoplife.magicrpm.com

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