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Miss Carpenter déverse toute sa folie au Théâtre du Gymnase

SHE’S BACK !
Après avoir foulé les planches du Théâtre Rive Gauche et un beau tour de France, Miss Carpenter remet ses tartines de poudre sur les joues, gants et bracelets de strass pour s’encanailler au Théâtre du Gymnase à partir du 17 avril.

On n’aime jamais mieux Marianne James que quand elle cabotine et joue les divas. Et elle les connaît ces actrices-chanteuses-performeuses capricieuses. N’aurait-elle pas aussi été tentée par un petit caprice ou deux au cours de sa longue carrière ? Who know’s ?

Ces divas, elle les connaît si bien qu’elle prend un malin plaisir à saisir leurs travers, à écorner leur mythe et à les poursuivre jusque dans leurs plus viles contradictions.

Il y a eu Ulrika Von Glott, vedette du show L’Ultima Récital, il y a eu Marianne J., redoutable juré de la Nouvelle Star, il y a désormais Andrée Carpentier. Pardon Miss Carpenter. Une sorte de Claudette Colbert, Marlène Dietrich ou Vivien Leigh qui vivrait éternellement des succès et récompenses du passé, faisant perdurer sa légende jusqu’à son dernier souffle.

Et après tout Miss Carpenter n’est pas la seule à vouer un culte féroce à son animal de compagnie. Feu Lauren Bacall, vedette de chefs d’œuvre comme Le Grand Sommeil et Le Port de l’angoisse a bien consacré plusieurs pages de son autobiographie Seule à ses nombreux bonheurs avec ses boules de poil.

À la différence de l’actrice que l’on surnommait “The Look”, Miss Carpenter doit reprendre du service pour ne pas se faire (ir)radier par Pôle Emploi. Camouflant son âge comme elle le peut, elle va de casting en casting, d’essai radio à des réclames pour consommateurs bien de son âge.

Le show Marianne James est inaltérable : chantant, vociférant, prenant à partie son public, titillant ses partenaires de jeu, 3 garçons qui n’ont pas froid aux yeux. Car la performeuse a aussi bien la langue que les mains baladeuses. Et c’est hilarant quand elle est borderline de son texte et qu’elle s’offre des apartés improvisés.

C’est aussi par la présence de ces trois gars que la pièce offre de vrais moments cocasses et de drôlerie.
Les bruitages de sonnerie de téléphone réalisés live, l’installation d’accessoires, le chant, la danse.
Hommes-objets, Bastien, Romain et Pablo sont à eux-trois la touche de fantaisie supplémentaire pour que la James soit à sommet de son art de la scène.

Bien sûr certaines blagues sont un peu faciles, certaines répétitions lassantes sur la durée et une mise en scène qui aurait pu être un brin plus audacieuse considérant l’énergie de la comédienne, mais les bonnes idées ne manquent pas.
Comme la jolie petite Émilie, gamine de 9 ans, qui ne connaît pas grand-chose à la vie et pourtant…

miss carpenter affiche spectacle Marianne James Eric Emmanuel Schmitt Steve Suissa avec Pablo Villafranca Romain Lemire Bastien Jacquemart

MISS CARPENTER

Du 17 avril au 29 août 2015
Du mardi au samedi à 21h

Théâtre du gymnase
38 Boulevard de Bonne Nouvelle
75010 PARIS

Une pièce de Marianne JAMES et Sébastien MARNIER
Une mise en scène de Éric-Emmanuel SCHMITT et Steve SUISSA

Avec Marianne JAMES
Et Bastien JACQUEMART, Romain LEMIRE et Pablo VILLAFRANCA

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SANS VALENTIN : vertige(s) de l’amour à la Comédie de Paris

Quand on pense que la comédie romantique est un genre dont on a déjà noircie toutes les pages des scénarios possibles – les Américains et Hollywood excellant dans ce genre-, il suffit d’aller voir Sans Valentin à la Comédie de Paris. Et vous vous  rendrez compte combien de petits détournements permettent de créer une histoire originale, à hautes valeurs exaltantes  !

Sans Valentin Comédie de Paris critique humour pièce spectacle mathieu coniglio Thomas Jacob Jocelyn FLIPO Léon VITALE crédit photo Fabienne RAPPENEAURomain, 25 ans, non… 30 ans, ment sur son âge. Toujours vêtu de noir, car ça lui va mieux. Galeriste, il est en fait un peintre refoulé, son univers musical se résume à Dave et sa vie amoureuse débute et découche sur une fille rencontrée il y a quelques années et qui l’a plaqué.
De ce désastre personnel déboule la pleine jeunesse et le muscle saillant de Valentin, apprenti artiste. Le jeune homme naïf va lui tomber dessus au hasard d’un rendez-vous chez le dentiste. 

Sans Valentin critique spectacle Comédie de Paris humour pièce Mathieu Coniglio Thomas Jacob Yohan Genin photomaton pour United States of Paris 2
photomaton exclu pour le blog !

Bien que cette pièce puisse être estampillée “gay friendly”, avec quelques références à l’univers de la nuit et sa drague particulière, l’histoire se focalise surtout sur la quête de l’amour et l’estime personnelle.
Valentin (Thomas Jacob) n’est que l’instrument révélateur et détonateur grâce auquel Romain (Mathieu Coniglio) va se retrouver, faire le voyage à la redécouverte de ses sentiments et desseins. Dans cette recherche, ardue pour lui, Romain est conseillé par Anthony (Yohan Genin), un ami, excessif, grande gueule et aussi peintre qu’il expose.
La pièce écrite par Jocelyn Flipo traite donc d’un thème universel. L’amour masculin n’est là que pour amener un décalage plus grand pour Romain, créer un trouble plus important et des quiproquos savoureux et inédits.

Sans Valentin critique spectacle Comédie de Paris humour pièce Mathieu Coniglio Thomas Jacob Yohan Genin photomaton pour United States of Paris 4
photomaton exclu pour le blog !

Jocelyn Flipo et Léon Vitale signent une mise en scène juste, sans outrance ni excès. Les scènes s’enchaînent parfaitement, entrecoupées d’une bande originale qui accompagne l’évolution psychologique de Romain.
Même si l’on peut trouver le monologue d’introduction, qui ancre le personnage de Romain dans son histoire personnelle, un peu long, et la scène chez le dentiste parfois un peu fragile, ces deux détails sont vite oubliés et les acteurs nous accrochent à leur histoire.

Sans Valentin Comédie de Paris critique humour pièce spectacle Thomas JACOB Yohan GENIN Jocelyn FLIPO Léon VITALE crédit photo Fabienne RAPPENEAUMIl faut souligner les performances de Mathieu Coniglio et Yohan Genin, Le premier campe un Romain  gauche et transi à souhait, son comparse remplit la scène avec sa personnalité forte et bienveillante. Thomas Jacob, en Valentin, ne démérite pas, mais son rôle peut être, par moment, un poil caricatural dans le côté fougueux et insouciant de la jeunesse. Ne cachons pas que sa plastique irréprochable peut également agacé un peu.

Regardez la bande-annonce si vous souhaitez en savoir un peu plus (un peu trop) avant de réserver vos places.

Image de prévisualisation YouTube

Pour finir, Sans Valentin est une comédie romantique, sans fausse note, dans laquelle chacun peut se retrouver.

La preuve de son succès :  prolongation jusqu’au 23 mai 2015 !

Sans Valentin Comédie de Paris prolongations critique humour pièce spectacle Jocelyn FLIPO Léon VITALE Mathieu Coniglio Thomas Jacob Yohan Genin affiche
Sans Valentin

De Jocelyn Flipo
Mise en scène Jocelyn Flipo et Léon Vitale
Avec Mathieu Coniglio, Thomas Jacob, Yohan Genin

Du mardi au samedi à 19h30
Jusqu’au 23 mai 2015 !!

A la Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine
75009 PARIS

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LES GRANDES FILLES au Théâtre Montparnasse : corrosives et éclatantes !

Les Grandes Filles au Théâtre Montparnasse. Quatre drôles de dames, mamies ingrates et vieilles harpies dézinguent généreusement tout ce qui bouge : enfants, petits-enfants, voisins, voisines, et autres feux époux “adorés”. Poilant !

Les Grandes Filles Théâtre Montparnasse Paris Judith Magre Claire Nadeau Geneviève Fontanel Edith Scob pièce de Stéphane Guérin Jean Paul Muel photo United States of Paris blog

Ces quatre femmes sont incarnées par les talentueuses et infatigables Judith Magre, Edith Scob, Claire Nadeau et Geneviève Fontanel, toutes de couleurs vêtues.
Ne cherchez pas une histoire, nous sommes plus du côté de brèves de bancs publics dont les échanges s’enchaînent à la fréquence d’une fois par mois à date commémorative pendant une année.
A la différence des brèves de comptoir, les personnages ont droit à leurs apartés en tête-à-tête avec le public pour entrevoir un peu plus de leur caractère bien trempé et de leur histoire toute singulière.

photo de J. Stey
photo de J. Stey

Si c’est pour emmerder le monde, je veux bien être socialiste !
Le mauvais esprit est roi dans ces dialogues piquants à souhait. C’est politiquement incorrect, salace, langue de p, et trash aussi parfois. Ces ladies bien sous tous rapports, à première vue, ont beau se fréquenter régulièrement, les messes basses entre elles sont légion.

Pour ajouter du piment à l’ensemble déjà bien corsé : chacune d’elles est de confession religieuse distincte, l’une d’entre elles préfère les femmes en robes à fleur, une autre est pied noir.

Difficile de ne pas apprécier les sorties corrosives, ces blagues potaches entre copines pour le 1er avril.
Edith Scob, silhouette filiforme, tremblotante est touchante. Judith Magre est égale à elle-même : dans l’assurance et le pétillant. Claire Nadeau, la plus jeune de la troupe, est imparable en vieille fille sourde. Geneviève Fontanel douée d’une parfaite équanimité.

Seul regret que chaque séquence se termine par la même litanie : “je nous souhaite une belle annéeune belle fête ses mères…”
Les dialogues pourraient se conclure de manière plus cut pour un meilleur enchainement.

LES GRANDES FILLES
de Stéphane Guérin

Mise en scène : Jean-Paul Muel
avec : Geneviève Fontanel, Judith Magre, Claire Nadeau, Edith Scob

au Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 PARIS

du mardi au samedi à 20h30
matinée le dimanche à 15h30

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Concours des invits pour LES STARS avec Balutin – Prévost au Théâtre Saint Georges

Il y a quelques semaines, nous vous parlions de la pièce loufoque et touchante Les Stars à l’affiche du Théâtre Saint Georges, avec Jacques Balutin et Daniel Prévost, deux monstres du théâtre de boulevard.

Les stars Théâtre Saint Georges Jacques Balutin Daniel Prevost avis humour critique neil simon photo by United States of Paris
Willy Clark (Daniel Prévost) et Ted Lewis (Jacques Balutin), acteurs fachés depuis 11 ans, sont forcés de collaborer pour une émission de télévision rendant hommage aux plus grands comiques des dernières décennies. Les retrouvailles seront électriques, car chacun a beaucoup à reprocher à l’autre. Une histoire d’amitié et de frustration.

Aujourd’hui, nous vous proposons d’assister aux joutes verbales tordantes de ces deux comiques. Une occasion unique de les découvrir, ou de les revoir dans leur meilleur élément : la scène.

Concours

Vous souhaitez passer une soirée hilarante avec ces deux cabots ? Nous vous offrons des invitations pour 2 pour la représentations du mercredi 25 mars à 20h30.
Pour gagner vos places, rien de plus simple envoyez-nous un mail le plus rapidement possible avant le 24 mars 2015 14h avec vos nom et prénom (avec en objet Les Stars Mercredi) à : usofparis@gmail.com

Les gagnants seront les plus rapides à nous envoyer un GENTIL mail. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot (2 invitations).
Avant de participer, vérifiez bien que vous êtes libre pour la date proposée et laisser leur chance aux autres participants !!
Bonne chance à toutes et tous !
Les stars Théâtre Saint Georges Jacques Balutin Daniel Prevost affiche Neil Simon The Sunshine Boys critique avis humour

Les Stars

Pièce de Neil Simon
Mise en scène et adaptation : Pierre Laville
Avec : Jacques Balutin, Benjamin BoyerBérangère Gallot, Daniel Prévost

jusqu’au 30 avril 2015
du mercredi au vendredi à 20h30
les samedis à 17h et 20h30, les dimanches à 16h

Théâtre Saint-Georges
51 rue Saint-Georges
75009 PARIS

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Le bouffon du Président : la comédie satirique au troisième degré

Le Bouffon du Président d’Olivier Lejeune, joué au Théâtre des Variétés jusqu’au 31 avril, reprend les codes de la satyre politique de comptoir, en compilant l’actualité la plus légère de ses sept dernières années. Autant dire qu’il n’y est pas question de réforme économique ou juridique. De toute façon, le public n’est pas venu pour cela.

Allez, pour une fois, on va s’accorder un petit plaisir coupable ! Pour cela, direction le Théâtre des Variétés où se joue actuellement « Le Bouffon du Président ». L’histoire : avant de tenter de revenir au premier plan, François Nicoly, ancien Président de la République, veut se venger d’une star du rire dont il est la tête de turc. Ici, les maîtres-mots sont tics de langage, débâcle électorale et cuisses légères. Quiproquos, rebondissements, dialogues taillés à la serpe, il faut l’avouer, le rythme est tenu de bout en bout. C’est vu et revu, les blagues sont faciles et lourdes, voire vulgaires, et c’est ça qui est génial ! On se croirait aux Grosses Têtes du temps de Philippe Bouvard. C’est un bond magique dans les années 1980 !

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Temps de cerveau disponible

Dans le personnage du clown de service, Franck de Lapersonne endosse à merveille le rôle. Il en fait des caisses, c’est à la fois insupportable et incroyablement réaliste ! Parce qu’il n’y va pas de main morte, le bonhomme : sourires complices au public, blagues potaches à deux sous, pas de danse ridicules et coups de bide à l’une de ses partenaires. Cette dernière, engoncée dans un tailleur rose joue la bourgeoise outragée en poussant des cris d’orfraie – coïncidence, elle s’appelle Roselyne… On l’avoue, on a ri ! Quant à Cécile de Ménibus, dans ce genre de pièce, il y a toujours une pouf au rôle plus ou moins respectable. Elle fait le job, rien à redire.

Bien entendu, le public est là pour Michel Guidoni, la star des imitateurs de Nicolas Sarkozy au théâtre des Deux Ânes. Nos voisins, qui commençaient à s’impatienter avant son entrée triomphale, poussent même un soupir de ravissement quand il commence ses mimiques. Il est vrai qu’à part la démarche chaloupée qui s’apparente plus à celle d’Aldo Maccione qu’à celle de notre ancien Président, l’imitation est convaincante. Nous avons même droit à un medley musical des meilleures prestations du comédien. Cerise sur le gâteau il nous gratifie d’un nouveau personnage : François Hollande. C’est d’actualité.

Dans cette comédie, Olivier Lejeune ose tout, sans aucun complexe. Il nous transporte dans un salon, en fin de soirée bien avinée, à déblatérer des jeux de mots les plus absurdes en commentant l’actualité. Tout le monde l’a déjà fait au moins une fois ! On se surprend à rire, du moins à sourire. Ça ne vole pas haut, mais ça détend.

Le bouffon du président théâtre des variétes critique pièce spectacle Franck de la personne Cécile de Menibus affiche

Le Bouffon du Président

Écrit et mis en scène par Olivier Lejeune
Avec Frédéric Bodson, Fabienne Chaudat, Franck de Lapersonne, Cécile de Ménibus et Michel Guidoni

Jusqu’au 26 avril 2015

Théâtre des Variétés
7, boulevard Montmartre 75002 PARIS

Du mardi au samedi, à 20h,
Samedi et dimanche, à 16h

By Joël Clergiot

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Mesure de nos Jours au Théâtre de l’Épée de Bois, rend hommage aux survivantes

C’est après sa propre expérience à Auschwitz-Birkenau, que Charlotte Delbo, activiste politique arrêtée en mars 1942 puis déportée le 24 Janvier 1943 n’a cessé d’écrire. Articles, nouvelles, pièces de théâtre, tout le monde devait savoir. Mesure de nos Jours, interprété jusqu’au 22 mars au Théâtre de l’Épée de Bois, à la Cartoucherie, est de ces textes forts qui rendent le devoir de mémoire si important.

photo de Stéphanie Petitjean
photo de Stéphanie Petitjean

Le sujet est sensible, même 70 ans après ! Mais il faut s’accrocher, c’est important. Comment expliquer l’inexplicable ? Ce qu’on veut oublier, ce qui est à jamais gravé dans les mémoires ? La faim, le froid, la peur, la fièvre, la douleur, la fatigue. Les images atroces qu’offrent les corps décharnés au et les cadavres toujours plus nombreux. Six femmes, toutes différentes mais ne formant qu’un seul corps. Leur point commun : ces très longs mois au sein du camp d’Auschwitz-Birkenau, jusqu’à la libération. C’est dans une très belle mise en scène de Claude-Alice Peyrottes que Charlotte Delbo raconte ici comment ses compagnes de voyages, les 48 qui sont revenues avec elle, sur les 230 qui avaient été internées ensemble, ont petit à petit tenté de se réapproprier la vie qu’on leur avait volée. L’entraide (et les différentes combines, toutes aussi dangereuses les unes que les autres) les ont aidées à tenir, évidemment. Mais également un détachement inhumain face l’horreur. Cette capacité à se dédoubler, comme absente de leur propre sort. Elles ne comprennent ce qui se passe qu’à leur délivrance.

Dans un décor minimaliste (un petit bureau d’écolier, cinq chaises de style 1900 et art déco, un banc, un porte manteau), éclairées d’une douce lumière jaune, elles renaissent, chacune à leur manière. Restent à vivre avec les souvenirs des camarades mortes au camp, l’incompréhension de leur famille restée en France et de leurs voisins. Ou tout simplement avec les autres déportés, qui ont parfois changé depuis leur retour.

photo Stéphanie Petitjean
photo Stéphanie Petitjean

Faire du beau avec l’horreur
Les mots sont justes, simples et percutants. Les récits sont poignants et criants de réalisme. Sophie Amaury, Sophie Caritté, Marie-Hélène Garnier, Claude-Alice Peyrottes, Maryse Ravéra, Maud Rayer, il faut toutes les citer car elles sont incroyables ! Leur jeu nous transporte littéralement. Le public écoute sagement tels des enfants captivés par leur grand-mère leur narrant une histoire un soir d’hiver.
Évidemment, nous savons qu’il est impossible de nous figurer totalement l’horreur de ce que fut cette période. Et nous en sommes heureux ! Lorsque certaines racontent leur voyage jusqu’au camp, nous roulons avec elles. Les wagons à bestiaux, la promiscuité, la peur de l’inconnu, la faim. C’est beau et triste à la fois.

N’allez toutefois pas croire que seule l’horreur survit. Dans cet enfer, les amitiés se forment et certaines s’accrochent à la vie. Charlotte Delbo glisse quelques traits d’humour et de dérision. On se surprend même à sourire. Ou comment l’espoir fleurit dans le terreau de la barbarie.

by Joël Clergiot

Mesure de nos Jours
pièce de Charlotte Delbo
Mise en scène : Claude-Alice Peyrottes

avec : Sophie Amaury, Sophie Caritté, Marie-Hélène Garnier,
Maryse Ravéra, Maud Rayer, Claude-Alice Peyrottes

Théâtre de l’Épée de Bois
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris

Jeudi et vendredi : 20h30
Samedi : 16h et 20h30
Dimanche : 16h

jusqu’au 22 mars 2015

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P.P.P. : Phia Ménard se transforme en beauté glacée au Théâtre Monfort

P.P.P. est un spectacle qui a déjà quelques années mais qui ne prend pas une ride. De retour à Paris jusqu’au 14 mars sur la scène du Théâtre Monfort, Phia Ménard nous entraine dans une véritable performance scénique qui oscille entre numéros des cirques et poésie.

En assistant à un spectacle de Phia Ménard, on s’attend toujours à quelque chose d’exceptionnel, simple au premier abord, mais qui se révèle remarquable. Nous n’avons pas été déçus ! Avec P.P.P., pour Position Parallèle au Plancher, l’artiste circassienne nous emporte dans un numéro de jonglage époustouflant. Sur scène, trois congélateurs téléguidés qui servent tour à tour de stockage ou de cabine d’essayage, un tas de glace pillée et deux glaçons géants. Autant dire qu’une fois calés dans notre fauteuil, on garde notre manteau. Pour compléter cet univers arctique, des balles de glace suspendues au plafond fondent lentement et s’écrasent tour à tour sur le sol, laissant la scène dans un chaos total.

PPP Phia Ménard compagnie Cie Non Nova théâtre monfort spectacle scène critique paris crédit photo Jean Luc BEAUJAULT
photo Jean-Luc Beaujault

Au milieu de tout ça, Phia se débat avec grâce et aisance. Elle passe un léger vêtement, puis se déshabille, repasse une robe, joue avec la glace. On aimerait réchauffer le corps rougi de l’artiste, si frêle et sensible et qui pourtant apprivoise chacun des éléments. Dans le froid ambiant, le spectateur assiste lentement à sa transformation, jusqu’au magnifique tourbillon de paillettes glacées final. Seul regret, la magie aurait été complète avec de la musique pour accompagner les numéros. Peut-être, une façon de renforcer l’intimité entre le jongleur et le public.

Militantisme

L’artiste n’abandonne pas ses thèmes de prédilection : la quête de féminité et de maternité. La recherche d’identité sexuelle est omniprésente dans toutes ses créations. Parce que Phia est née Philippe et revendique le droit d’exister comme elle l’entend. Sa nouvelle identité, elle a choisi de l’assumer, même si son corps (et l’état civil) en ont décidé autrement. On pourrait palabrer des heures sur le sujet, mais tout a déjà été dit. Elle nous laisse deviner, voire inventer la signification de ce qui s’offre à nous. Phia Ménard résume d’ailleurs très bien la situation dans un petit discours, en fin de spectacle. On aurait pu s’en passer, mais comme c’est juste, émouvant de sincérité et de simplicité, on lui accorde ce petit moment de militantisme.

PPP Position Parallèle au Plancher Phia Ménard compagnie Cie Non Nova théâtre monfort scène spectacle critique paris crédit photo Joël Clergiot

P.P.P.

de Phia Ménard et la Compagnie Non Nova

au Théâtre Le Monfort
106, rue Bancion 75015 PARIS

Mardi, mercredi, vendredi et samedi à  20h30
jusqu’au 14 mars 2015

By Joël Clergiot

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Le Père avec ROBERT HIRSCH à la Comédie des Champs-Elysées

Tonalités sombres et touchantes pour Le Père, la pièce de Florian Zeller – l’auteur contemporain que la presse aime maltraiter – auréolées de deux Molière (Meilleur SpectacleMeilleur Comédien) en prolongations à la Comédie des Champs Élysées.

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Pour ce spectacle, l’argument de réservation n’est pas tant la belle gueule de son auteur – qui fait encore chavirer nombre de lectrices – mais bien celui pour qui le mot retraite est à retirer de son vocabulaire : Robert Hirsch.

Nous l’avions quitté au Théâtre Hébertot, après avoir qu’il ait participé à la création de la pièce aux côtés d’Isabelle Gelinas. L’acteur a incarné pendant plus d’un an, André, un père en fin de vie, un père malade que sa fille cherche à quitter. Poignant.

La détresse se joue d’un côté et de l’autre de ce couple parent-enfant dont la figure d’autorité s’est inversée au fil des années.
Cette fille propose de l’installer chez elle, lui recherchant une aide aussi qui pourrait la soulager.
Alors que la mémoire d’André se perd au détour de tout échange.

La qualité d’écriture de Zeller tient à l’égarement que le spectateur perçoit à travers les yeux de ce vieil homme pour qui les situations et les dialogues sont des sources de doute continuel.
La scénographie participe à cette perte de sens.
Est-ce vraiment André qui peine à bien interpréter ce que son entourage tente de lui dire ou bien est-ce le rythme du monde qu’il n’arrive plus à suivre ?

Photo LOT
Photo LOT

Le sol se dérobe donc avec les cloisons d’un appartement qui n’est jamais tout à fait celui du vieil homme ni définitivement celui de sa fille.
Les spectateurs sont à quelques pas de la sensation de la folie pure, la percevant au détour d’un couloir et d’un flash-back.
La tension est lourde de détresse et l’issue est aisément perceptible, dans ce récit élaboré en séquences.

C’est donc à une nouvelle performance d’acteur à laquelle il nous est donné d’assister avec l’interprétation de Robert Hirsch.
Les marques du temps se confondent à la fois sur le visage de l’interprète et de l’incarnation du personnage.

L’acteur, fragilisé, donne ainsi toute sa légitimé à un rôle dur et éprouvant, participant au trouble que l’on peut ressentir dans la salle. Cette image de la vieillesse nous renvoyant aux dernières années de l’actrice Annie Girardot qui luttait contre une mémoire qui flanchait : la tragédie la plus terrible pour tout comédien.

Le Père de Florian Zeller

avec Robert Hirsch, Florence Pernel, Jean-Pierre Bouvier, Sophie Bouilloux en alternance avec Marie Parouty, Élise Diamant, Emmanuel Patron
Mise en scène: Ladislas Chollat

jusqu’au 28 juin 2015

A la Comédie des Champs Élysées
15 avenue Montaigne
75008 PARIS

du mercredi au samedi à 20h30
matinée le dimanche à 16h

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DES GENS BIEN : Miou-Miou désarmante au Théâtre Hébertot

Miou-Miou revient au théâtre dans un rôle surprenant, aux contours irréguliers. Une femme en apparence simple qui a plus de ressort et d’aplomb qu’il n’y paraît.
Des Gens Bien, pièce délicate mise en scène par Anne Bourgeois au Théâtre Hébertot est un petit bijou de sensibilité avec une bonne dose de mauvais esprit.

photo by Lot
photo by Lot

Dans une cour, à l’arrière d’une boutique bas de classe dans la banlieue de Boston,  Margie (Miou-Miou) a rendez-vous avec son responsable beaucoup plus jeune qu’elle. Elle tourne autour du pot pour ne pas affronter la réalité en face. On ne sait pas trop où nous mène ce premier face à face.
Margie est caissière dans cette supérette à prix cassés, payée une misère et constamment en retard à cause de sa fille qu’elle élève seule. Elle va être virée. Le tableau pourrait plomber plus d’un spectateur mais la repartie à rebrousse-poil de notre héroïne est implacable et drôle.

De retour chez elle, Margie retrouve ses amies interprétées par les excellentes Brigitte Catillon et Isabelle de Botton. Attablées, les trois femmes échangent sur les tracas de la vie des unes et des autres, se charrient et tentent de se prodiguer quelques conseils. Tout y passe, dans une joyeuse ambiance complice.

photo by Lot
photo by Lot

Margie va trouver enfin un nouveau sens à sa petite vie quand elle retrouvera un ami d’enfance, Mike (Patrick Catalifo), pour qui tout a réussi. Elle ne va plus le lâcher.

L’auteur américain David Lindsay-Abaire tisse une fable urbaine par le biais d’une galerie de personnages aussi attachants que désarmants, tout en désarçonnant, voire bouleversant, les convenances.

C’est drôle, sidérant aussi, sensible et incroyablement incisif. Les secrets des uns se découvrent à fleur de mots et pour chacun, les apparences sont bien trompeuses.

Seul bémol : l’affiche du spectacle qui ne met pas en valeur le casting 4 étoiles de la pièce. Mais c’est vraiment un détail.

DES GENS BIEN
pièce de David Lindsay-Abaire
adaptée par Gérald Aubert
Mise en scène : Anne Bourgeois

Avec : Miou-Miou, Patrick Catalifo, Brigitte Catillon, Isabelle de Botton, Aïssa Maïga, Julien Personnaz

du mardi au samedi à 21h
matinée le dimanche à 15h

au Théâtre Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles
75017 PARIS

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LES STARS : Balutin – Prévost, deux cabots au Théâtre Saint-Georges

“Quels cabots !” Ce sont les premiers mots qui viennent en tête à la sortie du Théâtre Saint Georges, après avoir assisté à ce duo de stars. Les comédiens et les personnages se confondent au bout du compte, en fin de soirée. Daniel Prévost est égal à lui-même, joueur, gueulard, provoc. On croirait le rôle de cette pièce créée à Broadway en 1972 écrit pour lui. Troublant.

SAMSUNG CSC
On avoue. Même si l’affiche est alléchante, nous avions quelques appréhensions avant de voir Les Stars au Théâtre Saint-Georges. Ce n’est pas que Jacques Balutin et Daniel Prévost soient de mauvais acteurs, mais leur connotation boulevard pouvait donner à cette pièce, à priori, une petite touche désuète. Nous n’avons pas boudé notre plaisir.

Deux artistes du spectacle comique, brouillés depuis 11 ans sont contraints de reformer leur duo pour une soirée hommage aux grands humoristes diffusé sur une grande chaine de télé américaine. Ceci avec l’entremise du neveu de l’un deux (Benjamin Boyer), agent de son oncle.
Ce duo composé de Willy Clark (Daniel Prévost) et Ted Lewis (Jacques Balutin) doit passer outre ses inimitiés et les désillusions d’antan pour être prêt le jour J.
Une gageure considérant l’antipathie qui les dévore.

Le Théâtre Saint-Georges accueille donc deux maîtres  du boulevard. Avec cette pièce écrite par Neil Simon originalement intitulée The Sunshine Boys,  on assiste au duel acharné et bouillonnant de deux cabots que sont Balutin et Prévost. Aucune surprise dans le rôle pour ce dernier, aigri et revanchard à souhait, mais on constate une maîtrise plus forte du flegme du grand Jacques.

Certes la pièce n’est pas d’une grande inventivité, mais elle va droit au but : les échanges et saillies s’enchainent avec aisance. Tout y passe : ressentiments, différents l’un envers l’autre, mais aussi une admiration réciproque qui n’avait jamais été avouée lors de leur période faste et leur séparation imprévue et subite.

SAMSUNG CSC
On sourit et jubile à voir Daniel Prévost se débattre dans sa solitude, abandonné du monde du showbiz et tentant de resté digne.
On savoure la droiture de Jacques Balutin qui a survécu à l’épreuve du temps et  à la rupture de ce couple comique.
On regrette le rôle très succinct de l’infirmière (Bérangère Gallot), qui n’a qu’une dizaine de minutes sur scène et apporte une présence vivifiante.

Certains diront que c’est une affiche de spectacle pour les plus de 50 ans, mais voir ces deux acteurs mythiques sur la scène du Saint-Georges, comme on pourrait aller voir Galabru, reste une expérience du théâtre.
Vous sortirez avec la patate, et le sourire.
Un bon remède à la morosité ambiante !

Les stars Théâtre Saint Georges Jacques Balutin Daniel Prevost affiche Neil Simon The Sunshine Boys critique avis humour

Les stars

Pièce de Neil Simon
Mise en scène et adaptation : Pierre Laville
Avec : Jacques Balutin, Benjamin BoyerBérangère Gallot, Daniel Prévost

jusqu’au 30 avril 2015
du mercredi au vendredi à 20h30
les samedis à 17h et 20h30, les dimanches à 16h

Théâtre Saint-Georges
51 rue Saint-Georges
75009 PARIS

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