Théâtre du Châtelet : La Belle Hélène espiègle et divine

La Belle Hélène d’Offenbach s’offre un spectaculaire lifting sous le regard complice du metteur en scène et vidéaste-bidouilleur Pierrick Sorin accompagné de Giorgio Barberio Corsetti.

photo by Marie-Noëlle Robert
photo by Marie-Noëlle Robert

La mise en scène de cette nouvelle production made in Théâtre du Châtelet déconcerte. Elle peut être source d’irritation : les anachronismes avec la Grèce antique – époque de l’histoire – sont légion. Téléphones  portables, transats et autres bateau à moteur viennent pimenter avec surprise ce récit porté par une scène entièrement bleue pour l’incrustation des décors projetés ensuite sur écrans. Sans compter les séquences chorégraphiées par Raphaëlle Boitel qui partent littéralement en vrille délestée de toute référence historique ou mythologique.

Cette proposition scénique peut aussi amuser, réjouir et contenter le plus grand nombre par sa fraîcheur, sa légèreté. La fin de saison d’un bel établissement d’opéras et de spectacles comme le Châtelet n’est pas contrainte de se prendre au sérieux. La preuve.

photo by Marie-Noëlle Robert
photo by Marie-Noëlle Robert

#LaBelleHelene est divine
Et il faut dire que l’incarnation de l’héroïne de notre intrigue ainsi que ses partenaires a le don de vous faire accepter tout ce qui se passe sur scène.
La mezzo-soprano Gaëlle Arquez emporte diablement la mise par sa voix et aussi ses atours. En reine de Sparte mais aussi de la pop (on pense à Kylie Minogue avec son bustier et ses robes voilages), elle nous fait un numéro de charme incroyable à travers cet amour impossible avec le berger Paris.

Ses partenaires ne sont pas en reste. Les mollets à découvert, ils offrent prestances vocales et physiques. Il faut dire que leurs costumes (signés Cristian Taraborrelli) sont les meilleurs alliés pour souffler la fantaisie généralisée. Costume de bain une pièce moulant pour Kangmin Justin Kim, interprète d’Oreste – dont on peine parfois à comprendre toutes les paroles – sandales à semelles compensées pour Gilles Ragon (Ménélas, roi de Sparte), tee-shirt corps d’athlète pour Raphaël Brémard (Ajax I, roi de Salamine). C’est diablement estival, d’autant plus sur la plage de l’Acte III.

photo by Marie-Noëlle Robert
photo by Marie-Noëlle Robert

Et au milieu de tout ceci, un trublion, discret, plutôt cantonné en arrière-plan, un peu à la manière de la coccinelle du dessinateur de bd Gotlib, vient amuser quand l’attention se dérobe ou pour ajouter encore une dose de fantaisie à l’ensemble. Un détail savamment pertinent pour le bon déroulement du récit, ce personnage sans parole, faussement tatoué du biceps, se fait tantôt domestique, tantôt barman ou bien pêcheur dans une scène picturale. Il faut garder l’oeil et le bon pour ne rien rater de ses facéties.

A noter aussi que Pierrick Sorin fait un clin d’oeil sexy au Cabaret New Burlesque dont il avait assuré la mise en scène du dernier spectacle au Théâtre du Rond-Point. Il convoque Vénus sur scène, cette déesse omniprésente dans ce récit haletant pour composer deux tableaux érotico-burlesques. Reconnaitrez-vous l’ancien partenaire de Dirty Martini sur la scène du Châtelet ?

Alors oui les décors sont miniatures, voire riquiquis – ils ne trouvent sens qu’une fois projetés sur écrans – mais l’inventivité, l’espièglerie des trouvailles nous emballent, sans défaillir du 1er au 3ème acte. Les surprises et rebondissements sont suffisamment nombreux pour nous empêcher toute lassitude.

Et quand un transat rompt sous la fougue d’un interprète en pleine générale, le rire du public prend un brillant écho sur scène quand les chanteurs ne peuvent retenir leurs rires.

Vous ne verrez jamais une Belle Hélène de cette trempe !

La Belle Hélène
de Jacques Offenbach

Au Théâtre du Châtelet
jusqu’au 22 juin 2015

Livret : Henri Meilhac
Livret : Ludovic Halévy
Direction musicale : Lorenzo Viotti
Mise en scène et Scénographie : Giorgio Barberio Corsetti
Mise en scène, scénographie et vidéo : Pierrick Sorin
Costumes : Cristian Taraborrelli
Chorégraphie : Raphaëlle Boitel
Lumières : Gianluca Cappelletti

Distribution :
Hélène, reine de Sparte
: Gaëlle Arquez
Pâris (2,4,8,10,15,17,19&21/06) : Merto Sungu
Pâris (6,12,14 mat, 22/06) : Jesus Leon
Oreste, fils d’Agamemnon : Kangmin Justin Kim
Ménélas, roi de Sparte : Gilles Ragon
Calchas, Grand Augure de Jupiter : Jean-Philippe Lafont
Agamemnon, roi des Rois : Marc Barrard
Achille, roi de Phtiotide : Mark van Arsdale
Ajax I, roi de Salamine : Raphaël Brémard
Ajax II, roi des Locriens : Franck Lopez
Loena : Rachel Redmond
Bacchis : Jennifer Michel
Partœnis : Je Ni Kim

Orchestre : Orchestre Prométhée

Info complémentaire :
Cette production fera l’objet d’une captation par France Musique diffusée le 27 juin 2015 à partir de 19h dans l’émission Samedi soir à l’Opéra et le 21 juin à 15h sur Arte

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.