Archives de catégorie : Spectacles

L’ENTERREMENT (Festen… la suite) de Thomas Vinterberg au Théâtre du Rond-Point @Paris

Beaucoup ont encore en mémoire le film Festen de Thomas Vinteberg.
Le cinéaste, également dramaturge, récidive dans la thématique des réunions de famille avec la pièce L’enterrement (Festen… la suite) actuellement au Théâtre du Rond-Point.

Dix ans ont passé, le père pédophile vient de mourir.
Ce contexte nous permet de retrouver les protagonistes du drame, ses enfants et sa femme.
Dix ans que ni les uns ni les autres ne se sont vus.

L’envie est forte de recréer une cellule familiale, retisser les liens entre frères et sœur.
Mais le passé est omniprésent et hante le vieil hôtel paternel,  abandonné des clients depuis le discours accusateur du fils ainé Christian à son père.

Dans un décor qui peut apparaître simple et hors d’âge dans les premières minutes de la pièce, Daniel Benoin met en scène une partition pleine de trouvailles: le cercueil se transformant en lit, la nappe servant d’écran vidéo, le front de scène recélant la boite à fusibles de la maisonnée et beaucoup d’autres encore !
Sur scène, les acteurs passent par toutes les émotions: amour, haine, effroi, regrets, humour.
Les corps exultent, vomissent (littéralement), se désagrègent pour mieux se perdre et se décomposer.

Ne vous attendez donc pas à une histoire à l’eau de rose.
A ce sujet, tous les spectateurs ne semblaient pas être préparés à une telle déflagration, le soir de notre représentation.
Par exemple, ce couple assis au troisième rang qui découvre l’histoire en lisant le programme.

Thomas Vinterberg et le co-auteur, Mogens Rukov, mettent à nu, voire à cru, leurs personnages.

Pour servir cette brillante mise en scène, d’une histoire âpre, il fallait une troupe de comédiens remarquable. Pas un ne dénote.
Samuel Le Bihan nous contraint à une véritable empathie avec son personnage (Michael) qui fait  face au trouble psychologique où l’a mené son père.
Mathilda May est méconnaissable en sœur revêche et agressive.
Caroline Proust (révélée au grand public par la série Engrenages de Canal Plus) est époustouflante: de l’amour à la quasi folie.

Les acteurs “mouillent leur costume de scène” et ce n’est pas peu dire!
Pour finir, soulignons des jeux de lumières qui contribuent fortement à la mise en scène et à la trame narrative de cette dégénérescence familiale.

Au final: l’impression d’assister à une séance de cinéma mais sur scène, une chose très rare !

L’Enterrement (Festen… la suite)
Théâtre du Rond-Point

Salle Renaud-Barrault
2 bis, venue Franklin D. Roosevelt
Paris 8e

Jusqu’au 10 Novembre 2012 à 21h
dimanche 15h

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A LA FRANCAISE! nouveau spectacle 100% original d’Edouard Baer au Théâtre Marigny Paris

Au Théâtre Marigny ce soir:
le chat Danton, le buste de Marianne, un G20 à Paris, Suzanne la femme de chambre et le couple Rochefort VS Depardieu en guest.

Edouard Baer a l’art de conjuguer des figures dont les accords semblent à première vue impossibles.
En maître de cérémonie complice et gouailleur, il donne à l’humour absurde ses lettres de noblesse. On ne saurait dire combien l’Académie Française passe à côté d’un trublion qui pourrait dépoussiérer tous les vieux poncifs du patrimoine français. Imaginez-le dans un débat passionné avec à un Jean d’Ormesson coquin et sur la nécessité… Passons.

 Un chat qui joue la Marseillaise ? Autant chez Caubère, on aurait de sérieux doutes, mais chez Baer, l’image est trop cocasse pour ne pas faire rire.

 Mais quel est le cadre au juste ?
A partir d’une situation somme toute envisageable pour un directeur artistique d’exception comme Lagarfeld, Jean-Paul Goude ou Decouflé, il est proposé à MC Edouard Baer de créer un spectacle pour le prochain G20 à Paris.

Premier postulat, la maitrise de la langue de Shakespeare par les membres de la troupe n’est pas certaine. Deuxièmement, l’heure tourne et les répétitions manquent de réelle coordination.
Ajoutez un décor composé de parois coulissantes, de fausse porte ou de rideau de scène. Et vous savourerez digressions, jeux de mots et moments de grâce qui orchestrent ce nouveau Show Baer – bien installé au Théâtre de Marigny jusqu’au 29 décembre 2012. En touches parcimonieuses, des chansons viennent apporter quelques beaux frissons faits de bons mots et d’images touchantes. Ces partitions pour acteurs sont les créations de Julien Baer. Mais ne serait-ce pas… ?

Au côté de l’acteur-farceur Baer, la galerie de personnes qui l’entoure apporte les ingrédients pour un bouillon de saveurs décalées et assaisonnées.

L’accent du Sud avec la délicieuse Guilaine Londez
Un jeune premier, Vincent Lacoste, selon la soirée.
Un ancien Deschiens, Philippe Duquesne attendrissant
Et une Léa Drucker qu’on aime toujours autant.

Amateurs de non-sens courrez, comme Pierre Palmade accompagné de Patrick Juvet, ce vendredi soir. Ou encore la styliste Diane Von Furstenberg, Daniele Thompson et Toni Marschal qui n’ont certainement jamais eu l’occasion de voir Baer déguisé grossièrement en Madame Sarfati version Elie Kakou. Poilant.
On ne vous en dira pas plus.

A la Française! d’Edouard Baer
Au Théâtre Marigny
Carré Marigny
75008 PARIS

du mardi au samedi à 21h
matinée le samedi à 16h30

 

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GEOMETRIE DE CAOUTCHOUC, pièce pour un chapiteau d’Aurélien Bory – Compagnie 111 @ Parc de la Villettte

L’affiche serait-elle trompeuse?
Géométrie de caoutchouc, présentée au Parc de la Villette, n’est pas un duo, ni un pas de deux devant un décor en 2D.
Affiche_geometrie_caoutchouc_la_vilette_united_states_paris

Première surprise en pénétrant le chapiteau: une seconde tente, cette fois en modèle réduit, posée sur une scène centrale nous fait face.
Débute alors une série d’interrogations, devant le ballet des spectateurs entrant:
Où va se jouer exactement le spectacle? En intérieur ou extérieur?
Qu’allons-nous voir au juste? Du cirque ou une évocation?

Après avoir marqué à long terme la mémoire des spectateurs de son précédent spectacle, Sans Objet, Aurélien Bory accueille à nouveau les amateurs de sensations scéniques en cours d’identification. Dans cette Pièce pour chapiteau, sous-titre du spectacle, la représentation du cirque de papa est pulvérisée. Le metteur en scène prend appuie de ce lieu chargé de magie pour les enfants, de légendes acrobatiques pour les grands, pour conter une rêverie aérienne qui dépasse notre imaginaire.

Ne vous attendez pas à des numéros de haut-vol à couper le souffle, ni de domptage de forces contraires.
Plutôt, c’est à un nouveau genre que vous allez assister: une chorégraphie de la toile. Une danse faite de frôlements, de corps à corps et de points de tension à même le chapiteau.

Les images fortes et poétiques se succédant ne cessent de nous troubler tant l’impression d’assister à de pures trouvailles scéniques est prégnante.
L’intensité du spectacle tient aussi au fait que chaque séquence est unique, apportant à chaque fois un nouvel axe et point de vue sur le chapiteau.

Si bien qu’il n’est pas étonnant que notre attention soit aussi bien porté par les interprètes que par la toile elle-même, torturée, malmenée, devenant un véritable partenaire de jeu.

Une nouvelle fois, avec la Compagnie 111 vous entrevoyez un monde inventé, déboussolant d’innovation et d’audace.

Géométrie de caoutchouc,
pièce pour un chapiteau

d’Aurélien Bory – Compagnie 111

Espace Chapiteau Parc de la Villette

du 3 au 28 octobre 2012
Mercredi, vendredi et samedi à 20h30
Jeudi à 19h30
Dimanche à 16h

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CONCOURS: 2×2 places à gagner pour GEOMETRIE DE CAOUTCHOUC d’Aurélien Bory au Parc de la Villette Paris

Ami(e)s du blog,
c’est à un spectacle poétique et aérien auquel nous vous proposons d’assister.
Les membres de l”équipe d’United States of Paris sont passionnés par les nouvelles formes scéniques.
La Villette nous réserve une nouvelle rencontre aérienne et circassienne pour ouvrir une saison riche en rendez-vous.

Que diriez-vous d’une Géométrie de caoutchouc?
Aurélien Bory dont son spectacle Sans Objet  présenté au Théâtre des Abbesses ne cesse de revenir en mémoire de celles et ceux qui ont pu y assister, nous revient avec une nouvelle proposition visuelle forte.

Vous souhaitez gagner 2 places pour la représentation du vendredi 5 octobre 2012 à 20h30 ?
Rien de de plus simple:
il vous suffit de répondre à la question suivante:
1/ Quel est le nom du spectacle présenté à la Grande Halle de la Villette la saison dernière qui rendait hommage au créateur d’Astro Boy? Indice

Envoyez votre réponse par mail avec vos nom et prénom à: usofparis@gmail.com

Les  deux gagnant(e)s des 2 places seront tirés au sort parmi les bonnes réponses et prévenus par mail.

Concours terminé: bravo à nos deux gagnantes: Loana T. et Céline D.

 Espace Chapiteau – Parc de la Villette
Métro Ligne 5 : Porte de Pantin

Merci au Parc de la Villette
et à
Jeux concours gratuits

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Petit Théâtre de Paris: L’ETUDIANTE ET MONSIEUR HENRI avec Roger Dumas – PROLONGATIONS

Vieux cabot!
Nous avions quitté Roger Dumas, la saison dernière, sage et complice dans la pièce Je ne serai pas au rendez-vous. Cette rentrée, nous le retrouvons en double de Tatie Danielle, dans L’Etudiante et Monsieur Henri.

Mauvais esprit, envie d’en découdre avec la jeune génération et son entourage proche, Henri, 78 ans, vit seul. Jusqu’au jour où il reçoit la visite d’une étudiante toulousaine en quête de la perle rare: une chambre pas chère à Paris.

Après un dialogue intense, sous tension et un questionnaire désopilant, Henri finit par accepter de partager son domaine privé, sous la pression d’un fils inquiet pour sa santé.

Va débuter alors une colocation savoureuse et le plan machiavélique et jubilatoire du retraité pour forcer la jeune fille a séduire son fils. Car, stupeur: il ne veut plus de sa belle-fille, véritable grenouille de bénitier, car dit-il, les optimistes le fatiguent!

A partir d’une situation simple, Ivan Calbérac, réalisateur du film Irène et auteur de théâtre, tisse de la dentelle autour de ce patriarche dont le sale caractère et les salves sont hilarantes. Le râleur et vieil homme aigri nous apparaît pourtant touchant au fil des bons mots.

Dans le public, un spectateur souffle à sa voisine: “il a 80 ans!“. Il ne s’agit plus du personnage mais bien de l’acteur dont il est question. Un Roger Dumas exceptionnel de malice, qui fait le nouveau pari de jouer une pièce originale.

A ses côtés, la jeune première, Claudia Dimier, révèle un jeu subtil et le couple improbable formé par Sébastien Castro et Lysiane Meis est un vrai régal.
Ne cédant jamais à la caricature, l’auteur nous offre d’un côté un fils comptable, pas doué pour le bonheur car étouffé par la personnalité du père et de l’autre, une épouse, dévouée aussi exceptionnellement excessive que naïve.

“A 40 ans, on est responsable de la tête qu’on a!”
Les répliques fusent, aucune baisse de régime en vue; la mise en scène de José Paul ne manque pas d’atouts pour donner du corps à ce bijou d’écriture.

L’étudiante et Monsieur Henri
au Petit Théâtre de Paris

Du mardi au samedi à 21h
Samedi à 17h et dimanche à 15h

15, rue Blanche 75009 PARIS

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Humour : CONSTANCE – la princesse devient mère de famille à la Comédie de Paris PROLONGATIONS

“Et Dieu créa Constance.” Thank God!

Après Je suis une princesse bordel, Constance, la révélation de la jeune scène comique et de l’émission On n’demande qu’à en rire de Laurent Ruquier est à l’affiche de la Comédie de Paris, avec Les mères de famille se cachent pour mourir.

Que ça soit dit: “Les moches n’ont pas le monopole de l’humour.”
La preuve avec Constance, qui nous revient toujours plus glamour et démoniaque avec un second spectacle sous forme de galerie de portraits.
Des visages de femmes tous plus insensés les uns que les autres.

Fini cette fois, les grosses cuillères de Nutella en pyjama et les baguettes magiques.
Mais pour autant pas de maturité en vue. Non. La jeune humoriste revendique une insolence d’adolescente. Un étendard porté par une fougue désarmante.

Constance a pris la place laissée vaquante par Julie Ferrier, celle d’une performeuse capable des plus grands sauts périlleux pour atteindre sa cible: vous charmez jusqu’à vous faire oublier toutes ces filles fades que vous avez rencontrées dans votre petite vie.

La jolie princesse plaintive est donc devenue une femme au foyer gémissante, qui finit par être raisonnable, un peu trop d’ailleurs. Si bien que la bienséance finit par se fissurer pour ne laisser entrevoir que la face obscure des travers les plus hilarants de ces figures féminines à double tranchant.

Le talent de Constance est de savoir malmener avec merveille les plus beaux clichés qui ont la vie dure sur la gent féminine. Court-circuitant l’ensemble de petites trouvailles jubilatoires. Comment ne pas être séduit par Cynthia?  Sidérante ingénue, qui propose un cours d’éducation sexuelle accéléré à une classe de collégiens.

Sensations fortes en vue également quand la belle se transforme en employée de bureau mal fagotée, un verre de lunette opaque, mug à la main. Dans la salle, une jeune spectatrice lance à sa voisine: “c’est vache”. Ça l’est forcément quand vous trouverez à ce personnage une ressemblance avec votre boulangère ou gardienne d’immeuble, ayant pour rictus nerveux un maladroit: “Voilà voilà“.

 Pour le moment, aucune chienne de garde n’est venue réclamer un droit de réponse à cette jeune fille effrontée qui balance un sacré coup de vieux à l’humour de grand-mère Roumanoff.

Attention toutefois à ne pas vous endormir sur vos lauriers et à ne pas rire frénétiquement pour un rien. Car chaque soir, Constance part à la recherche de son “chaton”. Ayant croiser son regard lors de sa quête, la minute qui dure une éternité n’est que frissons et sueurs froides.
Aux dernières nouvelles, Jason, le chaton de mercredi dernier ne s’est toujours pas remis de sa prestation.
Et si la prochaine fois c’était vous?

Constance: Les mères de famille (et les chatons) se cachent pour mourir 
à la Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine 75009 PARIS

Reprise pour cause de succès!!!
Du mardi au samedi à 21h30

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Cirque – LE GRAND C : les incroyables portés acrobatiques de La Compagnie XY à la villette

Le Grand C ou la mécanique de l’équilibre. La Compagnie XY offre une sorte de pièce montée humaine renversante d’un peu plus d’une heure, sous chapiteau, jusqu’au 21 juillet à la Villette.

Autant prévenir, le tour de piste débute par une tonalité abstraite quelque peu déroutante. Un tableau en clair-obscur avec des notes d’accordéon, des portés à deux ou trois hauteurs d’hommes et de femmes. Sous les jupes des filles se trouvent de redoutables athlètes aux lombaires bien accrochées.

Puis grand silence, pas de deux, tapes sur la cuisse, équilibre sur rondin de bois. Les bruits du dehors, du Parc de la Villette, traverse la toile du chapiteau. On perd pied tant la suite du jeu paraît improbable.

Mais le spectateur va vite comprendre que la compagnie aime tromper son public et changer de registre au cours de la soirée. Alors que l’on vient de croiser les sosies de Gérard Darmon et de Corto Maltese parmi les 17 acrobates, un ballet perché, poétique, vient rassurer des multiples ressources de cet art délicat de l’équilibre.

Enlacés, enchevêtrés, propulsés, les corps de chacun sont des alliés silencieux, affrontant les pressions des autres et de l’apesanteur.

« C’est les champions de la pyramide !» lance un jeune spectateur dans le public familial, à la vue d’un numéro impressionnant demandant pleine concentration et maitrise parfaite du sang-froid.

Ici point de filet de sécurité. Ce sont les mains des partenaires de jeu qui assurent les retours de gravité parfois un peu difficiles. Car certains numéros sont d’une précision au millimètre, quand il s’agit, par exemple, de lancer sa partenaire dans les airs et de la récupérer par les pieds à la force des poignets.

Cette chorégraphie des hauteurs laisse aussi place à des numéros de cirque comme une séquence de bascule ou ce sketch du canon humain débordant dans les gradins. Savoureux.

Dernier tour de force. Une chanson reprise en chœur par la troupe alors en plein effort. Une bleuette douce-amère accompagne la dernière prouesse physique au cours de laquelle un groupe d’hommes portent le plus grand nombre de partenaires à la seule force des épaules. La poésie nait d’un coup de la fragilité et de la vision éphémère d’une performance à couper le souffle.

Les regards complices échangés entre les artistes tout au long du spectacle ne laisseront aucun spectateur insensible.

Le Grand C
de la Compagnie XY

Espace Chapiteau de la Villette

Jusqu’au 21 juillet 2012

Du mardi au samedi 20h30
Jeudi à 19h30

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Le Monfort Théâtre Paris: JE SUIS UNE PERSONNE de la Ktha Compagnie – Création en containers

Alors que le théâtre à Paris déborde rarement de la salle et que le spectacle de rue est une denrée quasi introuvable, saluons l’audace de l’équipe du Monfort qui accueille actuellement deux containers en guise d’espace scénique.

Je suis une personne offre chaque soir une déroutante proposition théâtrale. Une scène répartie sur deux niveaux comme plateau de jeu proposé à une actrice-acrobate incroyable, Camille Voitellier.
Cette installation n’avait pas laissé indifférent les spectateurs du Festival Hautes Tensions à la Villette en avril. Et depuis la première, ce mardi, elle est en train de susciter de nombreuses interrogations chez les habitants du 15e.

Installés à l’entrée du Théâtre, les containers sont grands ouverts avant d’accueillir le public qui se répartira sur les deux niveaux.
Pour les spectateurs installés au premier étage, l’attente est amusante, car une porte reste ouverte sur la rue. Si bien que passants, cyclistes ou éboueurs deviennent à la fois acteurs et aussi spectateurs quand leur regard se tourne sur le gradin.

Danser, se souvenir du riz préparé par sa mère, oser une grimace à un enfant, courir. Le récit est fragmenté en impressions, en moments de vie plus ou moins essentiels, comme une sorte de carnet de bord d’une “scruteuse” de détails. Les bruits de la rue viennent soient illustrer, soient accompagner ces pensées à voix-haute.
Les yeux dans les yeux avec l’actrice, la proximité est exceptionnelle. La performance n’en est que plus passionnante.

Par un savant mélange de vidéo et de tensions musculaires – car l’actrice passe d’un niveau à l’autre à la seule force de ses bras –  la pièce offre une expérience théâtrale originale où les perceptions visuelles et sonores sont bouleversées.

Je suis une personne
Place Léon Blum – Paris 11ème
Avec Art’R, lieu de fabrique itinérant pour les arts de la rue.

du 14 au 3 mars 2013
les jeudis et vendredis à 20h00
les samedis à 18h00 et 20h00

Rendez-vous devant la mairie du 11ème, Métro Voltaire

réservation : 06 65 18 49 56
tarifs : 3€ , 6€ ou 10€ au choix.
en alternance avec est-ce que le monde sait qu’il me parle ? (les dimanches, 16h et 18h)

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DANSE : TeZukA de Sidi Larbi Cherkaoui – Astro Boy à la Grande halle de la VILLETTE

Le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui est de retour à Paris pour une rencontre surprenante entre danse et univers manga avec le spectacle TeZukA.

Ce mercredi, soir de première. A quelques ondes de Coeur de Pirate sur la scène du Zénith, la Grande halle de la Villette offre un dépaysement déroutant.
Une postcard from Japan, géante et en mouvement.

TeZukA_Grande_Hall_Villette_United_States_of_Paris4Et quel trentenaire normalement constitué aurait pu imaginer retrouver l’un des personnages de dessin animé de sa jeunesse, plusieurs années plus tard, sur scène?
Astro Boy ou “Atom” en VO prend corps en short noir et moon boots rouges. Il devient dans ce nouveau spectacle, une sorte de mascotte traversant le plateau et les références à l’oeuvre de son maître: Osamu Tezuka, génie du dessin japonais.

Dans ce dialogue inattendu entre planche de bande dessinée et danse contemporaine, le chorégraphe invente un univers allégorique sur le monde à l’aire atomico-nucléaire. De cette évocation mortifère naît une poésie appuyée et parfois un décalage réjouissant.
Des images fortes apparaissent dans cette partition dansée à travers les parchemins déployés sur scène.

Un lecteur de manga lit sa bd avec les pieds pendant qu’une femme se fait calligraphier le dos à la manière de Pillow Book (film de Peter Greenaway).
Un danseur évoque Tezuka. Les projections d’images débutent. Le décor joue des profondeurs de scène, des différents niveaux de lecture, de toutes les dimensions.

Successivement, les cases de bande dessinée deviennent gigantesques interférant ou accompagnant les danseurs sur scène.

La sainte trilogie artistique – dessinateur, personnage crée et lecteur – est ainsi convoquée, pour une mise en abyme dans l’univers protéiforme de Tezuka.

La scénographie est un vrai tourbillon créatif comme sait si rarement nous le proposer les performances contemporaines.
Par exemple, la Compagnie Montalvo-Hervieu utilisant le medium vidéo, reste trop souvent dans l’anecdotique et le ludique.

Ici la vidéo a plusieurs registres. Elle est successivement en fond de scène, illustration et véritable partenaire de jeu.
La référence de ce type de proposition scénique est à trouver du côté du britannique Simon McBruney, metteur en scène inventif mélangeant différents niveaux de récit.

Sidi Larbi Cherkaoui est dans cette continuité proposant un spectacle total (parlé, dansé, chanté, dessiné) à plusieurs trappes où la danse dialogue avec manga, calligraphie et arts martiaux. Seul bémol: les textes en français, anglais et japonais sont un peu trop présents pour certains spectateurs, brouillant parfois le rapport direct à la danse.

Mais réjouissons-nous! Le spectacle va attirer de nouveaux adeptes grâce au spectre d’Astro Boy et réconciliera celles et ceux qui étaient en mal de sensations visuelles fortes.

TeZukA de Sidi Larbi Cherkahoui
Création inspirée par Osamu Tezuka

A la Grande halle de La Vilette

Jusqu’au 19 mai 2012
Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30
Jeudi à 19h30
Pas de représentation le jeudi 17 mai

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BELLES-SOEURS au Théâtre du Rond-Point: humour musical au féminin en direct du Québec

Ces quinze femmes, si vous saviez, quelles merveilles!
Face à un tourbillon scénique de haute maîtrise, rien ne sert de se tortiller sur son fauteuil – même si vous avez une jolie crampe – pour saluer la redoutable efficacité de l’écriture et musicalité de la pièce Belles-Soeurs, actuellement au Théâtre du Rond-Point, Paris.

A force de lire autant de bons papiers sur la pièce de l’auteur Michel Tremblay, mise en musique par René Richard Cyr, la fine équipe du blog n’avait qu’une envie: céder à l’appel d’une langue chantante.

Les théâtraux musicaux sont une denrée rare. Alors quand une troupe traverse l’Atlantique pour nous offrir un bol dépaysant d’un mois, nul doute que la rencontre sera passionnée.

Dans une cuisine vintage, car nous sommes en 1960, une ménagère s’affaire.  Elle a reçu un gros lot qui va bouleverser sa vie.
Les spectateurs se croiraient devant  un soap télévisé québécois: situation cocasse, conflit générationnel et dialogues de femmes. Il y a un peu de Craquantes (The Goldens Girls en VO), de Desperate Housewifes, avant l’heure. Rajoutez-y un accent aux effluves d’érable, des expressions qui réveillent – “je vais aller voir une vue au cinéma” ou “j’ai tu lair de qqun qui a gagné qqchose“- et le dépaysement est complet.

Les personnages féminins sont de véritables pierres précieuses sur une monture sertie avec une main d’artisan, précise, complice et délicate. La présence discrète mais essentielle de Janine Sutto, la doyenne de la troupe, révèle l’attention portée à chaque personnage.
Interprétant une vieille belle-mère amochée, circulant en fauteuil roulant, l’actrice impose une présence pleine de malice.

Les airs  enchantent et emballent et emportent toute l’attention de la salle. Il n’est pas rare de voir une tête ou une jambe battre le rythme des chansons jouées en live par 4 musiciens.

Maintenant que nous sommes assurés de notre attachement pour ce spectacle, il nous faut trouver les meilleurs arguments pour garder un peu plus la troupe sur le sol français.

A noter que les girls fêteront leur 150ème représentation le 6 avril, veille de la dernière à Paris.

Image de prévisualisation YouTube

Belles-Soeurs jusqu’au 7 avril 2012

Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

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