Archives de catégorie : Spectacles

Humour SOUS LES FEUX DE LA VAMP ! ou Gisèle Rouleau infatigable maîtresse d’école à La Comédie de Paris

Est-ce qu’une vamp peut résister à l’épreuve de la solitude ?
L’équipe d’United States of Paris était bien décidée à en découdre !
Après Elie et Dieudonné, De Caunes et Garcia ou encore Eric et Ramzy, c’est au tour de Gisèle et Lucienne de se faire une nouvelle virée seule en scène.

Ce mercredi direction la Comédie de Paris pour Sous les feux de la Vamp!
En lieu et place d’une jolie blonde à la fraiche vingtaine qui a tenu le haut de l’affiche toute l’année 2012 – Constance pour ne pas la nommer- nous nous retrouvons face à une vieille peau, ravinée et méchante au doux nom de Gisèle Rouleau.
Le théâtre de Jean-Pierre Bigard aime et revendique les grands écarts et c’est aussi ça qui fait qu’on s’y sent bien.

Et le constat est implacable.
La crise et l’état du monde ne perturbent en rien les bonnes vieilles habitudes de Gisèle qui vit seule avec son défunt mari, Joseph.
Face à son téléviseur et son Télé 7 jours – véritable agenda de la retraitée – Gisèle sort toutefois la tête à la fenêtre pour commérer avec Madame Jansen et concède à répondre à son téléphone à fil.

Mais il suffit d’un appel pour qu’elle reprenne de l’activité.
Avec un tel tempérament et une connaissance vissée au corps des bonnes moeurs franchouillardes, elle ne pouvait qu’avoir un public de choix.

Alors telle une Annie Girardot dans toute sa splendeur avec Madame Marguerite, notre mamie acariâtre va renouer, en quelque sorte, avec le goût des autres.
Elle se la joue “maîtresse d’école” dans une classe originale: une salle des fêtes.
Ses élèves ? Des immigrés, des femmes seules et des chômeurs.

Et il faut une sacrée motivation pour sortir la retraitée de son fauteuil et la faire lâcher ses Feux de l’amour.
En une parfaite directrice artistique old génération, la mère Gisèle va se charger de la programmation de sa classe.
Ce sera cours d’histoire approximatif. A la dictée, on préférera parler crument de rédaction de CV.
Enfin, pour la confiance en soi, ce sera conseils de drague pour les autres vieilles dames de l’assemblée en mal d’amour, comme Madame Fournier.

Le mauvais esprit, les égarements ne faiblissent pas d’un bout à l’autre de ce nouveau spectacle d’1h15.
Que dire de la passion naissante de la prof pour un de ses élèves, Omar, d’origine Afghane ?
Une sorte de Gisèle en version pelle ou râteau tellement improbable.

Gisèle, comme dirait son interprète, c’est notre mauvais caractère, nos vilains “travers exacerbés. »
Dans ce miroir plus ou moins déformant, les ressemblances entre ce personnage et nous sont parfois troublantes.
Et rien ne servira de s’affaisser dans son siège pour éviter la comparaison.

Dans les coulisses, la comédienne Dominique de Lacoste reçoit avec générosité. Elle ne cache pas sa jubilation à reprendre un personnage de 25 ans d’âge. Car la Gisèle se savoure comme un whisky de malt, avec le temps. Pour preuve. De l’aveu de son interprète: le personnage était, au tout début, “ gueulard, caricatural, bourré de grimaces ». Avec le temps, “il s’est affiné mais reste toujours un peu le même” pour le bonheur de 4 générations.Respect.
Et elle lui plait toujours cette Gisèle : “mélange de quotidien, très terre à terre et banal et d’absurdité totale” surtout quand on l’imagine à l’heure du 2.0 et de twitter.
C’est quand elle reprend le costume, après plusieurs mois d’abandon, elle lui retrouve une autre énergie, nous confiant: “elle m’étonne encore ! »

Au fait, saviez-vous que les Vamps sont toujours une valeur sure?
Et ce, même chez les plus jeunes?
Dominique se souvient d’un trentenaire venant la voir  pour lui dire qu’il n’avait pas été bercé, plus jeune, par Disney mais par les VHS du couple de comiques.
Même les neveux et nièces de la comédienne ont fait leur classe en mode vieilles dames, répétant les répliques cultes à l’envi. Ce sera dans la bouche d’une mignonnette de 4 ans, à qui sa mère lui demande où est son manteau: “Et ça c’est un presse-purée ?” Ou encore dans la queue devant une caisse d’un supermarché: « pardon, laissez passer l’handicapée! »

A l’affiche pour 3 mois minimum, la désormais Marseillaise renoue avec les petits plaisirs de Paris.
Et le premier écart qu’elle s’est autorisée, alors en pleine répétition, a été la pièce Thé à la menthe ou thé citron au Théâtre Fontaine qui l’a faite “pleurer de rires”, comme elle n’avait pas pleuré depuis longtemps.
Au ciné, le dernier mec qui l’a faite pleurer d’émotions, cette fois, est… Joey Starr dans le Max de Stéphanie Murat.

Avant de quitter la comédienne avec qui vous pourriez finir la soirée, elle nous confie ses bonnes adresses de quartier: la pizzeria Chez Pino, La Cloche d’or et une petite découverte Gi’raf, rue Blanche.
Trois restaurants dans lesquels vous pourriez bien croiser un de ces soirs la comédienne qui se cache sous Gisèle.

SOUS LES FEUX DE LA VAMP
Avec Dominique de Lacoste
Auteur : Jean-Pierre Chevret
Mise en scène : Jean-Marie Chevret

Jusqu’au 27 avril 2013

Du mardi au samedi à 20h
+ samedi à 17h30

à la Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine
75009 PARIS

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LES BULLES au Théâtre Marigny – Claire Castillon et Marion Vernoux entremetteuses de légèreté

Ça vous dit une pièce qui fait du bien au moral en période de crise ?
Promis, pas de longue histoire qui n’en finit plus.
On vous conseille plutôt une pièce composée d’autant de petits portraits que de touches de couleurs sur la palette d’un peintre.

Les Bulles à l’affiche du Théâtre Marigny seront vous réconcilier avec les petites légèretés de la vie !

Prenez, par exemple, une trentenaire qui perd sa taille de guêpe avec l’arrivée de son premier enfant, une quadra qui tente une remontée ascensionnelle du désir ou un homme qui recule à l’approche des retrouvailles avec sa prétendante.
Après tout, rien de mieux que de contourner la gravité ambiante, elle aura vite fait de nous rattraper.

Et les personnages de l’auteure Claire Castillon ont un malin plaisir à jouir des situations absurdes dans lesquelles ils s se trouvent.
Ces brèves de gens ordinaires, de couples en crise, de polyamoureuse chronique ou de harceleuse inventive ont de quoi vous renvoyer à une situation ou à un trait de caractère qui sera tantôt le vôtre, tantôt celui de votre voisin ou voisine de théâtre.
Même Céline, la quarantaine, qui dit “s’adonner au plaisir” tout en avouant sourire “sans malice”, a une façon toute savoureuse de relever les défis domestiques.

Autant dire que les spectateurs rient avec délice de scénettes portées à bout de voix par un protagoniste et plus rarement par deux.
L’écriture est racée, les enchainements suffisamment fins pour passer d’une histoire à une épopée contemporaine, d’un petit tracas à une bouffée d’air.
Portées par trois comédiens de très haute gamme, les récits défilent à un rythme haletant. N’hésitez surtout pas à prendre votre souffle entre chacun d’entre eux.

Les Bulles c’est aussi la rencontre de deux créatrices. L’une écrit, Claire Castillon, l’autre réalise pour le cinéma et met en scène, Marion Vernoux.
De cette collaboration nait une orchestration raffinée faite de menus détails qui en disent long sur la psychologie des personnages. Ce sera un geste, un comportement ou un accessoire en apparence aussi anodin qu’un tapis de balles de golf.
A noter aussi que rarement l’auteur d’une pièce a sa place sur une scène de théâtre.
Marion n’a pas hésité à mettre Claire dans la lumière.
Un clin d’oeil complice à l’attention des spectateurs.

Vous cherchez un peu de chaleur humaine en ce début d’année ?
Les Bulles n’en manquent pas !

LES BULLES
de Claire Castillon
mise en scène par Marion Vernoux, assistée de Sandra Choquet
Avec Émilie Caen, Olivia Côte, Jean-Baptiste Verquin

Représentations du mardi au samedi à 20h30

Salle Popesco du Théâtre Marigny
Carré Marigny 75008 PARIS

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THEATRE: 3 LITS POUR 8 ou l’amour et ses petits tracas mis en scène par Jean-Luc Moreau au Théâtre St Georges

3 lits pour 8: un couple va mal et tous les autres trinquent ou comment boulevard ne rime pas forcément avec lourdeur.

De son titre original, Bedroom Farce écrite par Alan Ayckbourn – auteur britannique de Intimate exchanges adapté par Alain Resnais au cinéma sous le titre Smoking/No smoking
et mise en scène par Jean-Luc Moreau  cette pièce offre une variation originale autour de 3 lits.

Antoine et Natacha (Pierre-Olivier Mornas & Marie Montoya), les parents d’Antoine : Alain et Mireille (Bernard Alane & Annick Blancheteau),
Chloé (l’ex d’Antoine) et Maxence (Mathilde Pénin & Dimitri Rataud) et enfin Magali et  Fredo (Juliette meyniac & Jean-Christophe Barc).

Ce titre, qui pourrait faire croire au scabreux, cache une histoire simple :
Fredo et Magali organise une crémaillère. Magali a pris soin de convier Antoine et Natacha, au grand regret de Fredo.
Chloé les rejoindra en laissant son homme cloué au lit à cause d’un lumbago.
Pendant ce temps, les deux sexagénaires vont partir fêter leur anniversaire de mariage dans un restaurant où ils sont de fidèles clients.
Et pour cause : ils y vont une fois par an !

Cette comédie dramatique est donc l’histoire d’un couple, Antoine et Natacha qui va, au fil de la soirée,
transmettre son mal-être, ses problèmes psychologiques et ses récriminations aux trois autres, emportant tout sur leur passage, comme une lame de fond.
Le ton de la pièce est doux et amère, comique et décalée.

Dix jours avant la première,  nous avons eu la chance d’assister à une présentation de cette pièce,
avec un extrait d’une vingtaine de minutes, au cours de laquelle le metteur en scène Jean-Luc Moreau nous a donné
quelques clefs pour décoder cette trame.

Chaque personnage a sa propre psychologie et le talent du metteur en scène est d’abord de concocter “une distribution juste”,
de trouver les acteurs grâce auxquels “les personnages seront à leur place”.
Et c’est le défi de l’œuvre d’Alan Ayckbourn : créer un esprit de troupe car il n’y a pas réellement de rôle principal dans cette pièce.
Il faut donc que les acteurs soient à l’unisson pendant 1h45.
C’était donc l’occasion pour Jean-Luc Moreau de collaborer avec des artistes qu’il a repéré dans différentes productions.

Ainsi, assister à la représentation en pouvant voir les petites  évolutions du jeu, les nuances d’interprétation et autres derniers calages n’a fait qu’augmenter notre plaisir.

Car plaisir il y a, de voir ces couples se déchirer, scènes après scènes, contaminés par la folie de Natacha et le désespoir d’Antoine qui pense détruire les femmes avec qui il vit.
Les petites phrases ciselées et les situations boulevardières se répondent comme Natacha et son rituel pour retrouver son calme, les conseils de Mireille à sa belle-fille pour garder son mari :
Tu le soignes, tu le nourris et tu te tais “. Phrase qui pourrait faire hurler les chiennes de garde mais qui prend, avec la psychologie de Natacha, une toute autre résonance.

Notons cette scène typique de quiproquo se déroulant au téléphone : un grand moment de comédie.

Il faut bien dire que l’adorable couple de sexagénaires nous rappelle un autre couple, celui de Huguette et Raymond de Scènes de Ménages.
A croire que le texte de cette pièce est passé dans les mains des créateurs de la série de M6.

 Dans cette pièce point de temps mort, le rythme nous tient en haleine, surtout une fois la crémaillère terminée.
Et que les dialogues se répondent les uns les autres, d’une chambre à une autre, d’un couple à un autre.

Adapté il y a 30 ans par le comédien Victor Lanoux – oui c’est surprenant ! – le texte n’a été que très peu remanié.
Et c’est plutôt rare dixit Jean-Luc Moreau qui  jouait Antoine lors de sa seule et première adaptation en France !
La scénographie est inattendue et réactive avec ces trois chambres sur scène.
Et au final, des acteurs justes et énergiques avec nos coups de cœurs de la soirée pour Juliette Mayniac (Magali) et Marie Montoya (Natacha).

Pour un avant-goût avant de prendre vos billets, nous vous conseillons de jeter un oeil sur la bande-annonce :
Image de prévisualisation YouTube

3 LITS POUR 8

Théâtre St Georges

51 rue Saint-Georges 75009 Paris

Du mardi au jeudi 20h30
Vendredi 21h
Samedi 16h30 et 21h

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MAHABHARATA par le Shizuoka Performing Arts Center au Musée du Quai Branly : tradition et euphorie

Ne fuyez pas ! Ce Mahabharata version nippone est un pur joyau festif.

La simple évocation de ce récit épique de la mythologie hindoue vous rappelle l’adaptation cinématographique de Peter Brook ?
On vous comprend, ça nous a fait la même chose quand on nous a proposé d’assister à ce spectacle à l’affiche du Théâtre Claude Lévi-Strauss au Musée du Quai Branly.

Cependant, le souvenir du film de plus de 3 heures, austère, ou les critiques de vos amis ne doivent pas vous faire passer à côté de cette rencontre forte avec la troupe du Shizuoka Performing Arts Center.

Sous son apparence classique – “masques, costumes en papier japonais dans la tradition de l’époque Heian (Xe – Xe siècles)” dixit le communiqué de presse – se cache un trésor de création scénique.

Pour conter l’épisode du Roi Nala et de son épouse la princesse Damayanti,  le metteur en scène Satoshi Miyagi joue avec l’espace et le rythme, rendant accessible au grand public la tradition du théâtre japonais.

Présenté en 2006, dans ce même théâtre, ce spectacle a tous les arguments pour vous faire chavirer dans une dimension que vous ne pouviez risquer d’imaginer en prenant place dans l’auditorium.

Dès l’ouverture, les percussionnistes entourant la scène principale donnent toute l’ampleur à cette épopée passionnante.
Ce rythme entêtant accompagne un premier tableau d’une réelle beauté: l’arrivée tout en lenteur du couple royal escorté de ses domestiques.

S’ensuit un ballet de costumes, de mouvements et de danses impressionnant.
Le plus surprenant est à entrevoir derrière les comédiens sur scène, le récit est conté par un seul homme qui interprète l’ensemble des dialogues. Une performance d’autant plus troublante qu’elle est discrète. L’homme est en retrait, assis, les jambes pliées.

Face à cette rigueur corporelle, l’humour n’est toutefois pas absent. Les clins d’oeil au public sont fréquents et les courts échanges en français prouvent les desseins du metteur en scène souhaitant dynamiser une forme qui ne doit pas être figée dans le temps.

Moment rare, vous l’aurez compris.
La troupe du Shizuoka Performing Arts Center offre au public parisien que 5 soirées de pure performance.

MAHABHARATA
Shizuoka Performing Arts Center – Japon
Mise en scène de Satoshi Miyagi

Théâtre Lévi-Strauss
Musée du Quai Branly
37 Quai Branly
75007 Paris

Du 6 au 10 février 2013

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Concours : des invitations pour la pièce LES BULLES de Claire Castillon au Théâtre Marigny

L’équipe fait un pari sur un nouveau couple de théâtre, original à l’affiche à partir du 29 janvier.
La création de la pièce Les Bulles au Théâtre Marigny  est l’occasion d’une collaboration inédite entre l’écrivaine Claire Castillon et de la réalisatrice Marion Vernoux.

Ces deux personnalités et deux créatrices vont nous offrir un trio savoureux envoyant valser les certitudes à la force de bons mots et de tirades proches du meilleur Audiard.
C’est direct, parfois cru et certainement osé pour certains.

Pour vous esmoustiller un peu, nous vous conseillons de visionner la bande-annonce de la pièce:

Image de prévisualisation YouTube

 Ne résistant pas à partager notre futur coup de coeur, nous vous offrons:
– 2 places pour la représentation du jeudi 7 février à 19h
– 2 places pour le vendredi 8 février à 19h

A la Salle Popesco
du Théâtre Marigny
Carré Marigny 75008 PARIS

Envoyez-nous par mail vos nom et prénom et la date de votre choix à: usofparis@gmail.com

CONCOURS TERMINE.
BRAVO à Béatrice et Stéphanie !  

Merci à Opus 64
et
Jeux concours gratuits

Pour augmenter vos chances de gagner, n’oubliez pas de liker la page Facebook d’United States of Paris

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PULSIONS ou la confusion des genres – le dernier spectacle du Cnac à l’espace chapiteaux du PARC DE LA VILLETTE

Alors que la 24e promotion du Centre national des arts du cirque vient tout juste de poser cordages, matelas et autres trapèzes au Parc de la Villette, une question cruciale est en suspend.
Le cirque contemporain peut-il encore nous surprendre ?

Après avoir été plus qu’euphorique pour This Is The End – le précédent spectacle présenté par le Cnac toujours à La Villette – l’équipe du blog avait tout loisir, à l’entrée du chapiteau, d’émettre quelques réserves quand à la force de toute nouvelle proposition scénique.

Alors que le spectacle commence par une arrivée tout en douceur et complicité, avec la préparation d’une soirée-surprise pour l’un des membres de la jeune troupe.
L’ambiance prend vite un virage à 180 degrés sur l’air de Dady interprété par Boney B.
Débordement collectif, sauts dans le vide, vêtements qui volent et des yeux de spectateurs qui ne savent plus trop où l’action se passe.

Sur les rangs serrés, ados et adultes tentent de se réchauffer et se prennent à imaginer que le spectacle va se poursuivre dans un esprit de party avec boule à facettes et autres cotillons.
C’est sans compter la malice du metteur en scène de ce spectacle. Laurent Laffargue a choisi le registre du patchwork.
Des numéros tantôt sensibles, tantôt désopilants. Le tout arrosé d’un mélange des genres.

Ainsi au bout de quelques minutes – après notamment un duo sensuel de jeunes femmes trapézistes – il ne vous surprendra pas de croiser Adam et Eve se rapprochant tout doucement mais surement du fruit défendu.

Car dans Pulsions, il est question aussi bien d’amour, d’égarement que de la recherche désespérée de Valentin.
Les filles n’hésitent pas à faire un duo avec une planche à repasser ou à se faire malmener par d’autres, alors que les garçons s’envoient en l’air dans un numéro de bascule coréenne.

Mais les deux numéros qui renouvellent le genre scénique à eux seuls sont sans conteste: le duo SM sur vélo acrobatique et les sangles en talons.

Photographie de Sileks

Pour le premier, prenez une jolie donzelle passionnée du guidon, capable des plus incroyables acrobaties avec ou sans selle. Comme partenaire, elle doit compter sur la présence d’un maître-dompteur caractériel.
L’humour, la maîtrise du cycle font de ce numéro un moment de pure poésie corporelle.

Pour le second, le décalage prime avec un jeune artiste qui n’a pas eu froid aux yeux en acceptant la proposition déconcertante de son metteur en scène.
Jonas Leclere arbore perruque et chaussures à talons pour un numéro tout en force virile: les sangles.
Sa blondeur alliée à sa carrure d’athlète désarçonne une bonne partie du public. D’autant qu’il a l’assurance d’un acteur incarné par son rôle.
A la force des bras, il se laisse porter dans un ballet tout en regards complices à l’attention de son audience.
Du haut vol, on vous dit.

 

PULSIONS
Spectacle de fin d’études de la 24e promotion du Cnac
A l’espace chapiteaux du Parc de la Villette

Mise en scène de Laurent Laffargue

Du 16 janvier au 10 février
Mercredi, vendredi et samedi à 20h30
Jeudi à 19h30
Dimanche à 16h
Durée : 1h30

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PAR HASARD ET PAS RASE, spectacle cabaret au Théâtre Le Monfort – Interview de Philippe Duquesne

Philippe Duquesne vient de quitter la troupe du spectacle d’Edouard Baer, A la Française, à l’affiche du Théâtre Marigny, pour rejoindre le Monfort dans le 15e.

Depuis le 18 décembre, le comédien s’installe rive gauche pour passer les fêtes avec Par hasard et pas raséun spectacle cabaret théâtro-musical. L’occasion de camper le chanteur Franky accompagné de son orchestre, pour un concert avec des titres de Gainsbourg. Ce qu’il va chanter va faire écho à sa propre vie, dans ce tour de chant où humour et émotion seront à l’honneur.
Ce spectacle est, de l’aveu même du comédien, aussi un hommage à ces groupes de province, inconnus mais qui font des choses de qualité, en version originale ou en reprises.

L’équipe d’United States of Paris a eu droit à un face-à-face avec le comédien et créateur du spectacle avant la première.

Exclu United States of Paris !

United States of Paris: Quel a été le déclic pour ce spectacle?
Philippe Duquesne: J’ai toujours aimé Gainsbourg. Depuis mon plus jeune âge. Le premier 45 tours que j’ai acheté avec mon argent de poche c’était  L’ami caouette avec Le Cadavre exquis en face B.
Je l’ai aussi très souvent imité. Si bien que quand j’ai fait partie des Deschiens, Jérôme Deschamps m’a naturellement demandé d’en faire un sketch. Je ne voyais pas trop le rapport avec la troupe, mais je l’ai fait.
Et puis j’ai été invité au Festival Beaubourg la Reine à l’occasion de la carte de blanche de Sophie Pérez et Xavier Boussiron. Je ne me voyais pas faire un monologue d’une heure. Je leur ai donc proposé de faire un concert d’une heure avec des chansons de Gainsbourg accompagné par des musiciens, sans jamais avoir chanté avec eux, ni même connaître toutes les paroles des chansons.
Au final, on a répété deux fois deux heures. Ca s’est joué moitié impro, moitié mis en scène.
Et le public est venu en nombre. 

USOFP:  Qu’est-ce qui a plu au public? 
P.Duquesne: Le côté déconnant du spectacle et la qualité des musiciens. A mon grand étonnement, je me suis aperçu que le public ne connaissait pas toutes les chansons de Gainsbourg ou très mal. Et c’est ça qui a été le déclencheur du spectacle Par hasard et pas rasé. Car le Gainsbourg qui me plait, c’est celui d’avant Gainsbarre, la période L’Homme à la tête de chou ou encore Variations sur Marilou. Ce qui ne m’empêche pas d’aimer L’ami caouette!
Le retour du public m’a vraiment surpris. A la fin, on me disait: “je ne connaissais pas ce titre”. Alors que pour moi, c’était une vraie évidence.
Et je me suis dit: je sais pourquoi je veux en faire un spectacle. Y’a urgence! On ne peut passer à côté de petites perles, des bijoux de textes et de mélodies, comme celles que j’interprète.

USofP: Quelles sont ces chansons inconnues ou rares que nous pourront retrouver dans ce spectacle? 
P. Duquesne: La Poupée qui fait (pipi caca). Par hasard et pas rasé, plein de gens ne la connaissent pas, Intoxicated man, Dépression au dessus du jardin, la plus belle chanson jamais écrite.

UsofP: Quelles sont les chansons de Gainsbourg qui te touchent encore?
P. Duquesne: J’aime beaucoup Jane B. qui est très simple, très belle et émouvante. Elle est interprétée par une de mes partenaires-choristes dans le spectacle. Dans un autre genre, qui était aussi une très grande joie en répétition, car je ne pensais pas pouvoir la faire: Variations sur Marilou, une chanson de 8 minutes, sur la masturbation féminine. Tellement bien écrite que c’est de la poésie. Je rêvais de cette chanson pour le final du spectacle. Mais je ne pensais pas que ce serait possible avec cette formation jazz (piano, contrebasse, batterie) alors qu’elle est plus électrique.
J’ai demandé à mon pianiste et Joel Bouquin mon arrangeur. Deux jours, ils m’annoncent qu’ils sont prêts. On s’est lancé. Et ça a été le plus beau jour de répét’: le premier jet était le bon, une vraie montée. On en avait la chair de poule.

UsofP: Quel est le point de caractère qui t’inspire le plus grand respect?
P. Duquesne: Il y a une très grande élégance, et une très belle tenue en Gainsbourg, contrairement à ce qu’il faisait croire. C’était un gamin aussi.

UsofPEt niveau musique?
P. Duquesne: Ca parait simple, mais c’est très chiadé au final, sans en avoir l’air. J’adore ça! Un côté: et je vous emmerde! (rires). C’est le mélange et le contraste qui font sens chez Gainsbourg: l’élégance, la tenue de fond et la nonchalance apparente. Il y a un côté très English.

© Philippe Delacroix

UsofP: Peux-tu nous présenter ta collaboration avec Camille Grandville?
P. Duquesne: Je ne suis pas chanteur, c’est donc la première fois que j’interprète un chanteur qui dirige un groupe de musiciens, comme si c’était un live.
C’est pour cela que j’ai demandé à la comédienne Camille Grandville pour qui ce sera sa première mise en scène. Je me laisse faire. Elle a des idées que je n’aurais sûrement pas eues.
Elle apporte un point de vue féminin sur Gainsbourg, en faisant ressortir la poésie des textes. Le retour du public l’a confirmé. Certains m’ont dit: ” nous n’avions jamais entendu les textes comme cela.”

UsofP: Quel message personnel t’a le plus touché en sortant de scène?
P.Duquesne: Quelqu’un m’a dit: “je l’ai vu ce soir, sur scène”. Alors que je n’imite pas Gainsbourg!
Les gens sont touchés, et ça je ne m’y attendais pas du tout. Car c’est un spectacle drôle… c’est l’histoire de Francky !
Et j’ai été touché de savoir qu’ils ont été touchés. Alors que je ne l’ai pas fait exprès! car d’habitude on calcule nos effets.

UsofP: Tu es à l’affiche d’A la Française depuis septembre. 3 mois d’Edouard Baer, ce n’est pas un peu excessif?
P. Duquesne: Certains spectateurs ne le croient pas mais un spectacle de Baer c’est très bien calé. Par contre, il faut le laisser en toute liberté. Il s’amuse comme un fou dans ce spectacle qui est réglé. Son talent est là. Ce n’est pas la reproduction qui l’épanouie.
C’est ce côté foutraque, me rappelant les Branquignoles, qui me plait. J’y vais tous les soirs avec plaisir, car nous formons une bande depuis plusieurs années.

Et puis, pour la confidence, le spectacle est bien mieux maintenant qu’au tout début, car le spectacle évolue. Il y a donc toujours un enjeu pour nous, comédiens. 

UsofP: Pour finir, un adjectif pour Gainsbourg?
P. Duquesne: Classieux !
UsofP: Et un pour ce spectacle?
P. Duquesne: Surprenant ! 

L’exclu UsofParis: Régine pourrait faire une apparition sur la scène du Monfort. Mais le plus impressionnant, serait aussi la venue d’un autre chanteur culte, que Philippe Duquesne ne préfère pas citer pour ne pas être trop déçu.

PAR HASARD ET PAS RASE
du 18 décembre 2012 au 19 janvier 2013

De Camille Grandville et Philippe Duquesne
Spectacle-concert: possibilité de restaurant en cabaret

Le Monfort  

106, rue Brancion 75015 PARIS

 

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Théâtre: Les 5 FILLES COULEUR PECHE d’Alan Ball de retour en 2013 au Théâtre de Ménilmontant #Paris

Good news!
Après avoir tenu l’affiche du Théâtre Musical Marsoulan, Sonart et Off  Avignon 2012,  la pièce mise en scène par Benjamin Castadena est de retour en 2013!
Cette fois, la troupe  s’installe au Théâtre Ménilmontant pour 12 nouvelles dates à partir du 9 janvier et avec un petit plus.
Le soutien d’une marraine dont la voix ne vous est pas inconnue, la comédienne et chanteuse Claire Guyot.

Et, soyez sûrs que cette pièce va vous revigorer pour une semaine au moins.
Écrite par le cultissime créateur des séries US Six Feet Under et True Blood, Alan Ball, Cinq filles couleur pêche va calmer vos rêves de conquête du territoire américain.

Imaginez 5 demoiselles d’honneur qui prennent pour QG la chambre de l’une d’entre elles, en plein cocktail d’après mariage.

Cinq filles qui vont successivement pester, chaparder champagne et mignardises, pleurer sur leurs amours et imaginer quelques vacheries pour pimenter la soirée.

Car vous comprendrez assez vite que chacune d’entre elles nourrit un léger contentieux avec le couple glamour à mort de jeunes mariés, composé de Sandy et Scott. Deux beaux jeunes gens que nous ne rencontrerons jamais mais qui nous agacent par la superficialité croquée par leurs invitées.

Et il faut un sacré tempérament pour incarner ces reines de la nuit, mal fagotées, mal aimées et pourtant touchantes.
Pour cela, nous pouvons compter sur une direction d’actrices complice et énergique. Benjamin Castaneda déploie toute sa malice pour servir  cette œuvre de jeunesse d’Alan Ball dont on reconnaîtra au passage le goût pour le retournement de situation express, la crudité bien placée et l’égarement temporaire de ses protagonistes.

Tel un Almodovar brodant pour ses interprètes féminines, Benjamin tire le meilleur de la personnalité de ses comédiennes.

Frédérique, Barbara, Magali, Véronique et Andrea sont pétillantes, formant une troupe inédite que l’on suivrait bien jusqu’au petit matin.


Cinq filles couleur pêche
au Théâtre de Ménilmontant

15 rue du retrait 75020 PARIS
Métro: Gambetta

Tous les mercredis
Du 9 janvier au 20 mars 2013 à 20h45
Avec 2 dates en avant-première les 2 et 3 janvier!
Relâche le 13 février

Mise en scène: Benjamin Castaneda
Avec: Claire Amouroux, Anouk Feral, Frédérique Fricker, Barbara Lambert et Andrea Wagenknecht.

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HATE RADIO pièce coup de poing de Milo Rau et IIPM au Théâtre à la Villette

La Radio-Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) rwandaise aurait rebaptisée radio bière génocide.

Le spectacle Hate Radio qui se joue pour la première fois en France, au Théâtre de la Villette, revient sur l’une des dernières barbaries du XXe siècle.
Rwanda – Printemps 1994. Un déchirement ethnique éclate, des milliers de morts: huit cent mille Tsutis et des milliers de Hutus modérés assassinés.

Pour garder intacte la mémoire de cette tragédie humaine, le metteur en scène Milo Rau a choisi de scruter une des aberrations de l’époque: le studio radio de la RTLM. Organe extrémiste poussant à la haine de l’autre, entre un titre de Nirvana ou un hymne nationaliste. Véritable cheville ouvrière qui a participé à l’échauffement des esprits incitant au massacre, tout en diffusant le tube I like to move it de Real 2 Real.

La surenchère de propos haineux sont comme suspendus dans ce espace clos, sournoisement introduits par une blague ou le récit, orienté, d’un combat sur le terrain.
Si bien que le détachement s’opère. La complicité, devenant malsaine, attise un venin redoutable.

En ouverture des ondes, des témoignages vidéos donnent à entendre le récit de témoin, directs ou non, du génocide.
Autant d’individus touchés de près par la mort de proches.
Un discours neutre et frontal porté par des acteurs-artistes rwandais ayant vécu ce conflit.

Si les soirées thématiques et autres retours en images sur ce massacre n’ont pas eu prise sur vous, le dispositif original vous rendra perceptible aussi bien le paradoxe du conflit que l’émotion qui en découle.
Mais pas de larmoyant pour autant. Des faits, des mots forts.
Et un spectacle essentiel pour un public peu accoutumé à visser un casque sur les oreilles dans un théâtre pour mieux entendre l’insoutenable réalité des mots prononcés moins de 20 ans auparavant.

Aller voir ce spectacle, c’est aussi soutenir un institution dont le sort risque d’être scellé dans les prochains jours.
L’urgence est donc double.

HATE RADIO
de Milo Rau

Produit par l’Institut international du crime politique

Théâtre de la Villette
Métro: Porte de Pantin, ligne 5

Du 4 au 15 décembre 2012
Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30
Jeudi à 19h30

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Humour – LA TOUCHE ETOILE à la Comédie Bastille – Le monde du travail: 06 et surmenage

L’Open-Space m’a tuer, WorkinGirls ou encore The Office.
L’univers du travail n’a jamais cessé d’inspirer livres, films ou séries télé et offre un champ de possibles intarissable à de nombreuses parodies.

“Appuyez sur La touche étoile”
Un spectacle à l’affiche de la Comédie Bastille vient rajouter son grain de sel dans la parodie et la dénonciation des plus vilains travers de nos grosses boîtes nationales et autres multinationales ayant soif de performance – au détriment parfois de la santé mentale de leurs employés.

Cette course effreinée au rendement, à la prime à l’efficacité conduit à des dégâts plus ou moins violents chez les employés, et parfois irrémédiables.

C’est de ce terreau que sont nées les situations cocasses écrites et interprétées par trois camarades qui ont choisi de nous renvoyer à nos propres aberrations professionnelles. Jean-Gilles Barbier, Eric Mariotto et Gilles Dyrek – à la double casquette de comédien et metteur en scène – vont vous tendre un miroir dans lequel vous allez forcément vous reconnaître à un moment ou un autre.

Entre le téléphone cloué à l’oreille devenu notre meilleur allié, les excuses bidon pour se la couler douce ou les visites médicales qui finissent en déballage type confessionnal du Loft ou Secret Story, les parodies titillent là où ça devient vraiment absurde.
Et ça devient tout naturellement jubilatoire.

Commencez donc le jeu par une bonne série d’abréviations qui s’apparente plus à un bon bizutage en règle pour tout nouvel entrant dans un grand groupe qu’à un dialogue rationnel.

Ces trois gars excellent particulièrement quand il est question de surmenage, quand les pauvres sont à deux doigts de sombrer dans le burn-out. La séquence de travail en groupe pour pallier à l’addiction au téléphone est un sommet d’hilarité.

Pour planter le décor, le comédien Eric Mariott, incarnant un serial-addict au portable, tente de retrouver un semblant d’équilibre mental, juché sur sa chaise.
A ses côtés, son partenaire de jeu Jean-Gilles Barbier, en fin psychologue, approche à pas feutrer avec les phrases pour soulager.
Mais un seul mot, voire une situation anodine, peut être source d’un dérapage total et un retour à l’addiction.

Saluons aussi la qualité des intermèdes. En lieu et place d’un fondu au noir, peu inventif, entre deux sketchs, mais que de nombreux humoristes s’accordent à adopter, les working men n’hésitent pas à danser tout en changeant d’accessoires ou de panoplies.
Une vraie performance car le rythme ne faiblit à aucun moment au cours de la soirée.

Un dernier argument pour prendre la route de la Comédie Bastille?
Vous n’en reviendrez jamais de la parodie de la chanson “Je ne suis pas bien portant” –  ou j’ai la rate qui se dilate… du comique troupier Gaston Ouvrard et de l’hommage à Brassens, en mode monde du travail.

Le spectacle La Touche Etoile devrait être prescrit pour tous les dépressifs du dimanche soir qui reculent à l’idée de reprendre le boulot le lendemain.
Et ils sont nombreux!

LA TOUCHE ETOILE
Tous les lundis à 21h15

 

jusqu’au 30 décembre 2013
à la Comédie Bastille

5 rue Nicolas Appert
75011 Paris

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