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JR / MOMENTUM à la MEP : artiste engagé & novateur

On ne présente plus JR, photographe et artiste de rue mondialement connu qui depuis plus de 15 ans recouvre les murs du monde entier de portraits d’inconnus grâce à des collages surdimensionnés.

En 2004/2006, JR signe un immense projet Portraits d’une génération réalisé à la suite des émeutes qui se déroulent alors en banlieue. Il veut faire changer le regard que porte l’opinion publique sur ces jeunes des quartiers défavorisés. Il colle donc d’immenses portraits de ces garçons et de ces filles sur les murs des cités.

En 2006, JR est invité à coller cette fresque gigantesque sur les murs de la Maison Européenne de la Photographie (MEP).

En 2018, c’est donc tout naturellement qu’il s’approprie l’intérieur de l’institution pour l’exposition MOMEMTUM, la mécanique de l’épreuve.

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MOMEMTUM, la mécanique de l’épreuve : une exposition immersive, hypnotique et interactive.

Sur les trois étages de la MEP, nous partons à la découverte des oeuvres qui ont fait la notoriété de JR.

Nous commençons par étudier les premiers graffitis de l’artiste puis nous admirerons de nouveau ses œuvres emblématiques que sont Portraits d’une génération mais surtout Women are heroes, série qui me touche particulièrement, qui rend hommage aux femmes qui occupent un rôle essentiel dans les sociétés, mais qui sont les principales victimes des guerres, des crimes, des viols ou des fanatismes politiques et religieux.

La série Unframed dans laquelle JR s’approprie des œuvres réalisées par d’autres photographes en leur donnant un sens nouveau ne laisse pas non plus le visiteur indifférent ! Mon ami Alexandre rentre quasiment en transe quand il tombe nez-à-nez sur la photo du cultissime Guy Bourdin par Agnès Varda, mise en scène par JR sur une plage. 

JR

JR

Des installations mécanisées, hypnotiques et inédites

Nous continuerons la visite de l’exposition par des oeuvres plus inattendues comme cette maquette gigantesque du cargo quittant Le Havre avec le portrait géant d’une Kenyane collée sur 180 conteneurs JR, Eyes on Boat, 1 455 containers, 2018 ou ces 7 trains électriques JR, Eye contact # 71, trains, 2018 qui rappellent le projet Women Are Heroes.

JR

L’exposition se termine par une immense fresque interactive, faite d’une multitude de portraits, qui grâce à une application téléchargeable sur smartphone, nous dévoile les opinions de centaines d’américains sur le port d’armes aux États-Unis. Fascinant.

Pour les fans de l’artiste ou les moins aguerris, Momentum est une exposition qui mérite d’être vu.

by Caroline 

JR

JR / MOMENTUM

La mécanique de l’épreuve

jusqu’au 10 février 2019

Du mercredi au vendredi : de 11h à 19h45
du samedi au dimanche : de 10h à 19h45

Fermé lundi, mardi

à la Maison Européenne de la photographie
5/7 Rue de Fourcy
75004 Paris

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Dorothea Lange au Jeu de Paume : une oeuvre magnifique et puissante

L’exposition Politiques du visible proposée par le Jeu de Paume est la première exposition sur Dorothea Lange organisée en France depuis 20 ans. Elle mêle à la fois les images iconiques réalisées par la photographe ainsi que des images inédites tout autant puissantes.

Dorothea Lange

 Dorothea Lange, une photographe humaniste engagée

Qui ne connait pas Dorothea Lange (1895-1965), photographe américaine emblématique connue pour son oeuvre humaniste ? 

Tout d’abord portraitiste, Dorothea décide, dés 1932, de se concentrer sur des scènes de rue à San Francisco. Elle témoigne ainsi des conséquences de la terrible crise sociale que connurent les États-Unis pendant les années de la Grande dépression.

Dorothea Lange
Damaged Child, Shacktown, Elm Grove, Oklahoma 1936 Dorothea Lange © The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California

C’est à cette période qu’elle rencontrera celui qui deviendra son deuxième mari, Paul Schuster Taylor, professeur d’économie à l’université de Californie à Berkeley. Spécialiste des conflits agricoles des années 1930, Taylor utilise les photographies de Dorothea pour illustrer ses articles.
A partir de 1935, ils travailleront ensemble au profit des agences fédérales dans le cadre du New Deal.

Dorothea Lange

Leur collaboration durera plus de trente ans. Dorothea Lange ne cessera jamais, par sa pratique documentaire, de vouloir témoigner des injustices sociales.

Une exposition inédite et fascinante

L’exposition s’articule autour de cinq chapitres bien distincts qui soulignent, des années 30 jusqu’à la fin des années 50, le contexte des images réalisées par la photographe mais aussi la puissance émotionnelle qui s’en dégage. 

Dorothea Lange
Manzanar Relocation Center, Manzanar, California 1942
© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland

Plus d’une centaine de photographies est exposée : œuvres majeures de la photographe dont la célèbre et controversée Migrant Mother, réalisée en 1936.

Dorothea Lange
Migrant Mother, Nipomo, California 1936
© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California

Mais également des photographies inédites en France comme celles, magnifiques d’humanité, retraçant l’histoire des citoyens américains d’origine japonaise internés durant la Seconde Guerre mondiale.

Dorothea Lange
Japanese Children with Tags, Hayward, California, May 8 1942
© The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California

Les photographies de Dorothea Lange sont sensibles, émouvantes, sans artifice. Accompagnées de légendes détaillées, nous sommes profondément touchés par l’empathie de la photographe avec ses sujets et par son engagement social sans limite.

On ne s’en lasse pas. A voir absolument !

by Caroline

Exposition Dorothea Lange : Politiques du visible

jusqu’au 27 janvier 2019

au Jeu de Paume 
1, place de la Concorde
75008 Paris

tous les mardis de 11h à 21h
du mercredi au dimanche de 11h à 19h
fermé le lundi et les jours féries

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Détenues de Bettina Rheims @ Château de Vincennes : expo miraculeuse

La Saint-Chapelle du Château de Vincennes accueille exceptionnellement une cinquantaine d’inconnues. Des Détenues qui sont passées devant l’objectif de la photographe Bettina Rheims.
Une série de face-à-face avec les visiteurs aussi troublants, touchants, intrigants qui se dévoilent dans une très belle scénographie.

Detenues Détenues

Ce jeudi matin de vernissage, les rayons de soleil jouent avec les vitraux et les pierres de la Saint-Chapelle. Le monument récemment restauré est le cadre d’un recueillement un peu particulier.
Les portraits des Détenues de Bettina Rheims sont installés dans des sortes d'”oratoires“, voulus par l’artiste et son scénographe.

Ce qui trouble c’est que le milieu carcéral est totalement effacé des épreuves photographiques qui nous font face. Bettina Rheims confirme : “Rien ne dit la prison dans mes photos. J’aurais pu les photographier dans des cellules, dans les couloirs. Ce sont des portraits de femmes presque normales.”

“J’ai eu l’impression d’être utile en prison”

Bettina Rheims a rencontré plus d’une centaine de femmes. Certaines ont refusé d’être photographiées car leur famille ne sait pas, pense qu’elles sont en voyage.
Pour celles qui ont accepté, les motivations ne sont pas toutes identiques : elles ont voulu la photo soit pour elles, soit pour leur famille, leurs amis, soit pour s’en servir à leur sortie de prison, pour rencontrer quelqu’un, par exemple. Toutes étaient impatientes de recevoir leur portrait offert par l’artiste.

L’espace réduit pour installer le studio photo a imposé une proximité totale entre la photographe et ses modèles.
J’avais ma photo assez vite. Mais je prolongeais le moment. Je passais une heure avec chacune. Elles m’ont beaucoup parlé et elles m’ont toutes dit ce qu’elles avaient fait.” Mais à aucun moment l’artiste a posé un jugement sur l’une d’entre elles.

Toutefois, elle a eu besoin de retranscrire les mots qu’on lui avait confiés en rentrant à l’hôtel avec sa journée de shootings. Certains extraits de ces échanges sont intégrés dans l’exposition. Impossible en revanche d’en connaitre son auteure, ils sont anonymes.

Ce projet interroge sur la féminité. Certaines modèles n’ont pas voulu se maquiller car “on se maquille quand on a un amoureux. Ici, il n’y a pas de plaisir“. D’autres ont pioché dans la modeste garde-robe que Bettina Rheims apportait en prison.

Détenues

Détenues

“Je suis quelqu’un de libre, je ne veux pas que l’on m’enferme”

Bettina Rheims confie et dit sa peur de la prison avant d’y rentrer la première fois. Elle a pourtant accepté la proposition de Robert Badinter d’aller à la rencontre de ces femmes “que plus personne ne regarde, qui sont laissées à l’abandon.”
A son tour, la photographe a été fouillée, s’est fait confisquer son téléphone. Elle a entendu les verrous se fermer les uns après les autres derrière elle.
Une fois passée cette première journée, elle est retournée à la rencontre d’autres femmes, dans d’autres prisons. “J’ai passé un hiver en prison. J’aurais pu continuer ce travail.”

Détenues est une expérience inédite et hors normes par son sujet et le lieu qui l’accueille.

Détenues

Exposition Détenues 
par Bettina Rheims

à la Sainte-Chapelle du Château de Vincennes
1 avenue de Paris
94300 VINCENNES

jusqu’au 30 avril 2018

Horaires :
ouvert tous les jours
de 10h30 à 13h et de 14h à 16h30

Détenues
(Editions Gallimard)
c’est aussi un livre d’une soixantaine de photographies avec la participation de Robert Badinter et Nadeije Laneyrie-Dagen.

L’exposition sera présentée au Château de Cadillac à partir du 1er juin 

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