Archives par mot-clé : spectacle

Epis Noirs : Andromaque fantaisie génialement barock au 20e Théâtre

Assister à un spectacle des Épis Noirs c’est comme prendre place dans un grand huit : entrée en matière douce avant montée progressives des sentiments pour se finir dans une chute grand guignol, et se poursuivre par un saut, des pleurs, une chanson fleur bleue, un grand cri ou un gag. Le train s’emballe mais ne déraille jamais sur une fausse note ou une faute de style.

Dans ce tourbillon de la tragédie grecque, tous les registres du théâtre sont convoqués encore une fois pour le grand retour de la troupe dans Andromaque, fantaisie barock’, actuellement au Vingtième Théâtre.

Cette fine équipée est portée par le foisonnant et infatigable génie manipulateur : Pierre Lericq. En artiste total, ce brun ténébreux est aussi un formidable tailleur de perles musicales. L’amour étant –comme nous l’ont confirmé l’Opéra des Champs, Flon-Flon ou  L’Odyssée des Épis Noirs – son thème favori, les textes pourraient aisément composer la bande musicale de nos passions bien terrestres.

Et les inventions parsemant cette nouvelle création que ce soit dans les chansons, l’adaptation de la tragédie, les décors et costumes, nous redonnent foi en la capacité du théâtre de nous suspendre à notre siège. Citons, sans vous en dire plus, cet ingénieux changement d’axe sur une scène cruciale.

Aimant les rôles puissants, et après avoir incarné un Dieu intransigeant, il n’est pas étonnant que Pierre Lericq campe cette fois, la figure de Pyrrhus et celle de la Mort, douce et délicieusement complice. Difficile après de vouloir lui résister, tant elle nous apparaît sympathique.

Mais là où ce fieffé trublion excelle, c’est dans l’art de la verve et des bons mots. Il pourrait revendiquer le haut  parrainage de Raymond Devos. Comme feu l’illusionniste de l’humour, le meneur de troupe a cette manière toute singulière de jouer avec les doubles sens qu’offre la langue française.

Et cette nouvelle jeune troupe qui l’entoure, composée de Muriel Gaudin, Anaïs Ancel et Fabrice Lebert, revigore ce théâtre absurde et excessif dont de nombreux initiés ne peuvent manquer un rendez-vous.

Andromaque, fantaisie barock’
de Pierre Lericq

Au Vingtième Théâtre
7, rue des Platrières
75020 PARIS

Jusqu’au 15 janvier 2012
Du mercredi au samedi à 19h30 et dimanche à 15h

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Concours: 2×2 places pour La Sublime Revanche le 24 novembre au Vingtième Théâtre

Fidèles d’United States of Paris vous aurez compris que la fine équipe a adoré les beautiful girls de la revue-cabaret: La Sublime Revanche, actuellement au Vingtième Théâtre.
Et comme nous souhaitons faire grossir le nombre de fans de ce spectacle savoureux, colorés et sexy, nous vous faisons gagner deux places.

Tentez votre chance à ce jeu concours pour assister à la représentation du jeudi 24 novembre à 21h30.

 Pour participer à ce jeu concours, répondez aux deux questions suivantes:
1/ Quel théâtre lyonnais a accueilli La Sublime Revanche? Indice
2/ Quelle ‘autre troupe de girls a été dernièrement itnterviewée par United States of Paris?

Envoyez un mail avec vos réponses accompagnées de vos nom, prénom à l’adresse suivante: usofparis@gmail.com.
Pour augmenter vos chances de gagner, AIMEZ la page Facebook d’United States of Paris qui vient tout juste d’être mise en ligne.

COUCOURS TERMINE

Bravo aux deux gagnants du jeu : Olivier B. et Aline B.

Merci au Vingtième Théâtre et à Vincent Serreau.

Et à Jeux concours gratuits

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Cabaret spectacle: La Sublime Revanche de Camille Germser au Théâtre de la Croix-Rousse Lyon

La Sublime Revanche, c’est l’alternative bonne mine de la comédie musicale: Cabaret. Et sans ruiner votre budget théâtre pour autant.
Happy end, changements de décors, combinaisons moulantes, plumes et strass sont au menu de cette revue cheap et choc à l’affiche du Vingtième Théâtre à Paris la saison dernière et de retour à Lyon au Théâtre de la Croix-Rousse.

Ça pourrait commencer comme une bonne blague entre amateurs, chargée de fantaisie. Une entrée sous le feu des ampoules du music-hall, cuisses nues et boas. Les numéros s’enchaînent: une recette en chanson, un ballet aquatique, une speakerine en profond désarroi face à une magicienne capricieuse.
Les premiers tableaux sont courts, juste le temps d’apprécier. Et puis, arrive un changement de décor fait maison: les girls démontent la première scène.
Rideau.

A ce moment, l’ensemble dérape ferme, prend un nouveau souffle et surprend carrément en fauchant les spectateurs à même le gradin.
Certains se font piéger, les autres jubilent. Et le charme de ces 8 comédiennes rayonne sur toute la salle.

Les spectateurs en auraient presque des crampes sur leur fauteuil, face à tant de levés de jambes. Et il faut bien avouer que face à tant de talents scéniques, les girls du Moulin Rouge ou du Crazy Horse ont trouvé des rivales à leurs mensurations, l’extravagance en plus.

Camille Germser, le metteur en scène – également concepteur des costumes, décors et de la musique – ne cache pas pour autant  les références qui l’ont bercé. On retrouvera un peu de All night jazz de Bob Fosse dans l’hymne jubilatoire de la troupe.
Mais l’intelligence de cette revue est d’y avoir saupoudré le tout de vraies trouvailles: une guest en la voix de Simone, the voice de la SNCF, une rencontre des artistes avec le public avant la fin du spectacle avec questions des spectateurs ou encore un strip burlesque impromptu. Les héroïnes du film Tournée de Mathieu Amalric ont une nouvelle recrue possible.

Et que dire de ce trouble qui nous tenaille toute la soirée?
Car la revue serait, en fait, une recréation d’un spectacle conçu dans les années 70 par des artistes au chômage.
Un spectacle-fantôme qui aurait eu son heure de gloire.
Le doute est encore plus tenace quand on découvre sur écran le visage des interprètes d’origine.
Fiction ou réalité? Who knows?

Reste une phrase, la plus magique de la soirée: “le music-hall refoule la mort.”

La Sublime Revanche

de Camille Germser

au Théâtre de la Croix-Rousse
du 20 au 26 juin 2013

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Spectacle: Calacas, nouvelle création du Théâtre Equestre Zingaro à Aubervilliers

Ce n’est à pas à une danse des corps – humains et chevaux – à laquelle vous allez être conviés avec Calacas, mais à une véritable transe.

Les premiers tableaux du nouveau spectacle de Bartabas, présenté au Fort d’Aubervilliers, vont frapper vos esprits et vos trippes avec plus d’intensité encore que ses précédentes créations. Peut-être parce que le “metteur en selle” a choisi cette fois le registre assumé de la farce, tout en nous surprenant de ses savoureuses trouvailles. Par exemple, ce dresseur de chevaux boitant ou ce chien installé sur un tapis au centre de la piste qui suit, sans broncher, le numéro de sa maîtresse.
Rarement le Théâtre équestre de Zingaro nous aura autant amusés.

Dans ce ballet de morts-vivants, il ne vous surprendra non plus pas d’y voir évoqué le plus célèbre d’entre eux: Michael Jackson.

La transe est donc à chercher du côté de la bande-son. Une partition répétitive, menée par 4 musiciens, qui vous prend au ventre, pour ne plus vous quitter. Dont cette séquence, à vous couper le souffle, interprétée par deux chinchineros, sorte d’hommes-orchestres mexicains, seuls en piste qui virevoltent avec leurs instruments.

Ce nouveau spectacle est nouveau défilé d’images à la beauté intense comme ce troupeau d’une dizaine d’équidés mené par un seul homme ou ce ballet de cavaliers-squelettes gesticulant sur leur monture. Que dire aussi de ce cheval d’un blanc immaculé qui passe sous vos yeux tel un ange?

Et le plus déroutant, c’est que vous n’aurez aucun visage auquel vous rattacher pour chercher une quelconque expression. Ici, tous les interprètes sont masqués.
Avec Bartabas, l’émotion est donc bien ailleurs.

Alors quand on est aussi bien cueilli, on ne peut que regretter certaines longueurs en milieu de soirée, voire même quelques facilités comme ce défilé de chariots décorés qui finit par lasser.
Mais que les fins connaisseurs de l’oeuvre de Bartabas se rassurent. Ils vont découvrir une nouvelle facette d’un artiste aussi rigoureux que désormais facétieux.

 Calacas à partir du 2 novembre 2011 au Fort d’Aubervilliers
Théâtre Equestre Zigaro
176, avenue Jean-Jaurès – Aubervilliers

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La folie contagieuse de la famille Semianyki

Oh, qu’elle est délurée cette famille Semianyki, hébergée par le Théâtre du Rond-Point! Malgré les bétises à la pelle des petites têtes brunes, blondes et rousses, la sidérante oisiveté du père et l’impuissance de la mère, avec cette famille-là on partirait bien en périple de plusieurs jours.

L’étendu du répertoire de ces clowns russes est revigorante. Passant de la corde sensible aux éclats de rire, on en oublierait presque qu’ils ne parlent pas. La partition de Semianyki tient en cette capacité à faire de tous petits riens, une source inépuisable d’imaginaire.

Mais vous savez quoi ? Paris affiche complet ! Alors il faudra les rejoindre sur la tournée qu’ils vont débuter en France à la rentrée. Que vous les ayez déjà vus, importe peu. Par contre, que vous manquiez à nouveau l’occasion de les découvrir, serait un écart impardonnable. Que ça soit dit !

Semianyki (la famille)

au Théâtre du Rond-Point

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Ceremony by JCDC à la Maison de Créteil : Jean-Charles de Castelbajac en majesté – Festival Exit

La Maison des Arts de Créteil a droit aussi à ses grandes premières. A l’invitation du Festival Exit, Jean Charles de Castelbajac a scénographié son premier spectacle, Ceremony, en périphérie de la scène hype parisienne.

Ca aurait pu être un grand mix de formes  — théâtre, cinéma, cabaret, cirque – histoire d’en mettre plein les yeux et de montrer les multiples influences de sa palette. Au contraire, JCDC a préféré choisir la forme épurée d’un concert, celui du groupe Nouvelle Vague, en habillant l’ensemble de subtiles pointes de fantaisie et de couleurs.

Ca commence par un texte à deux voix. Un échange étrange, fantomatique, en hommage au poète Robert Malaval, avec la présence de sa petite-fille, en mannequin d’un soir, face au créateur de mode.

Second levé de rideau et première chanson. Deux silhouettes féminines isolées sur une scène  épurée, les musiciens concentrés sur une plate-forme étroite dans le fond, un Rubik’s Cube lumineux et géant à gauche, un chœur de jeunes garçons à droite.

Les perspectives surprennent, la distance physique artistes-public inquiète.  Mais le metteur en scène est un farceur et va jouer sur l’espace tout au long du concert. Tantôt une apparition, tantôt un pas de danse, une pluie de néons colorées, un guitariste à épaulettes surdimensionnées, quelques projections sur un écran, des tenues joyeusement allumeuses. Cet ensemble sert de cadre magique aux reprises de standards musicaux allant de Cure à Jacno en passant par The Clash et Joy Division, des reprises toutes plus hallucinées les unes que les autres.

JCDC pourrait renouveler l’expérience plus vite qu’on ne le croit. On chuchote que le spectacle pourrait être repris à Broadway après seulement deux dates et une critique dithyrambique d’une journaliste américaine. L’impatience gronde. En attendant, un dvd du spectacle est sous presse.

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DANSE : Philippe Decouflé – Octopus au Théâtre de Chaillot

Vous n’avez plus quelques jours pour découvrir, à Paris, Le spectacle de danse de la saison: Octopus chorégraphié par le génial Philippe Decouflé.  Après vous devrez prendre le train pour le voir à l’automne.
C’est d’ailleurs ce que je risque de faire pour me payer une nouvelle tranche. Si on s’y met à plusieurs, on pourrait avoir un tarif de groupe !

Un conseil d’ami : tentez le harcèlement téléphonique, la liste d’attente à l’accueil ou la pancarte implorante, écrite à la main, à l’entrée du Théâtre de Chaillot.

A quoi bon déflorer ce que vous risquez de rater ? Ca pourrait se résumer à 1h30 de pure poésie, un bol d’air euphorisant dopé d’une sacrée dose de  générosité.

Une nouvelle fois, Philippe Decouflé nous réveille les sens. Des sens bien malmenés ces derniers temps par des créations improbables (les trois derniers Boris Charmatz) ou indigestes (je vous laisse deviner).
Philippe est à placer dans la catégorie chorégraphe ami. Un créateur contemporain qui ne vous veut aucun mal. Jamais il ne vous fera le coup d’une musique expérimentale appuyant sur la stridence, d’un solo qui n’en finit plus ou d’un monologue extrême et immobile. Mais il ne cèdera  pas pour autant à une complaisance molle du genou. Ca non !!

Ce nouveau spectacle est une délicieuse jubilation des sens. La partition scénique qu’il compose avec les accords musicaux de l’artiste Nosfell apparaît comme une évidence. Un nouveau couple de création est né. Vous en serez peut-être les témoins.  Mais faites vite.

Octopus de Philippe Decouflé
Du 6 au 18 décembre 2012

Théâtre de Chaillot

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