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Live Report : La Saint Valentin à la Gaîté Lyrique avec Mustang, The Pirouettes et Kylie Minogue en concert

Concentration exceptionnelle de jeunes gens talentueux sur la scène de la magnifique Gaîté lyrique. Juliette Armanet et Cléa Vincent ont donné l’impulsion.

La première, par sa présence, seule au piano, et par ses textes déjantés, comme par exemple sur le morceau Du Coq A L’Ane, ou comment placer « cot cot cot » dans une chanson sans tout gâcher ! La seconde – récemment aperçue dans la cave musicale du Pop In rue Amelot –, par son sens très prometteur de la pop, sa sensibilité rythmique infaillible et son inédite voix jazzy-solaire, a naturellement emporté le public ; on retient les morceaux Retour De l’Homme et Retiens Mon Désir, issu de son premier EP Non Mais Oui qui vient de sortir.

Ensuite les Mustang ont littéralement déroulé leur virtuosité, eux qui affichent déjà une belle panoplie de publications, et qui font preuve d’une maîtrise saisissante pour un groupe si jeune. Huit morceaux enchainés tambour battant, alternant ou mélangeant sautillements et sensualité, le tout dans un magma évidemment rockabilly mais aussi pop-rock au son clair, sans oublier une french touch bien dosée. Et avec une aisance déconcertante : Jean Felzine, Rémi Faure, Johan Gentile sont faciles. Aucune fausse note à pointer au cours de ce récital rétro pop tonitruant. Leur troisième album, « Ecran total », sera l’immanquable du printemps 2014. . Nota bene : on retient l’originalité des textes, presque les héritiers de ceux de Boris Vian.

Et The Pirouettes, que l’on connait déjà bien, pour finir. Leur deuxième EP « L’Importance des autres » fraichement paru, Léo et sa valentine ont su capter l’attention d’un public pas forcément attentif, et pourtant, que leur musique fait du bien ! Eux-mêmes se trouvent « moyens » en live, mais ce n’est qu’une question de confiance à engranger : rassurez-vous les Pirouettes, vos mélodies accrochent, votre look séduit et votre attitude attendrit. Un duo attachant, avec lequel on a envie de partager des bons moments de musique. Une date à bloquer : le 07 mars pour leur release party, « on va faire la fête », ont déjà averti Léo et Victoria.

La soirée aurait pu se terminer ainsi, mais c’était sans compter la love surprise : un concert express de Kylie Minogue, en toute simplicité ! Bon, a priori, je ne suis pas la cible. Mais il faut saluer la bête de scène, la star internationale qui, après 30 ans de carrière, a présenté un show de 15 minutes au cordeau, dans le cadre de la promotion de son nouvel album « Kiss Me Once » qui sortira en mars prochain. Une personnalité qui sait aussi sortir du cadre, lorsqu’elle smacke un fan hystérique du premier rang, ou lorsqu’elle reprend a capella son tube I Should Be So Lucky.

Set list de The Pirouettes : L’Eté Indien > Danser Dans Les Boîtes De Nuit > Oublie-Moi > Un Mec En Or > Hortensia Summer > Le Dernier Métro.

Set list, de Mustang : Coup De Foudre A L’Envers > Le Sens Des Affaires > Sans Des Filles Comme Toi > Mes Oignons (Ne Font Pleurer Que Moi) > Les Oiseaux Blessés > Ecran Total > Le Pantalon > Je Vis Des Hauts

By Baptiste

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PHOTO DU MOIS #23 : le froid ou le chaud

Chaque mois, les bloggers et bloggeuses qui participent à La Photo du Mois publient une photo en fonction d’un thème. Toutes les photos sont publiées sur les blogs respectifs des participants, le 15 de chaque mois à midi, heure de Paris.

Le sujet du mois proposé par RenePaulHenry est : le froid ou le chaud.

Et je suis tenté de dire froid et chaud. Ce paysage paradisiaque est à trouver du côté de Marbella en Andalousie (Espagne).
Alors que les palmiers font penser à la chaleur, en cette fin de journée de fin janvier, le vent froid se levait et obligeait à bien maintenir son appareil.

Au tour des ptits camarades de vous présenter leur proposition :

A’icha, Agathe, Agnès, Akaieric, Alban, Alexinparis, Alice Wonderland, Angélique, Ann, Anne, AnneLaureT, Annick, Arwen, AurélieM, Ava, Béa, Bestofava, BiGBuGS, Blogoth67, Calamonique, Cara, Cécile – Une quadra, Cécile Atch’oum, Cekoline, Céline in Paris, CetO, Champagne, Chat bleu, Chloé, Christophe, Claire, Claire’s Blog, Crearine, Cricriyom from Paris, Cynthia, Dame Skarlette, DelphineF, Djoul, Dr. CaSo, dreamtravelshoot, E, El Padawan, Elodie, Elsa, eSlovénie, Eurydice, Fanfan Raccoon, Filamots, FloRie, François le Niçois, Frédéric, Galinette, Gilsoub, Giselle 43, Gizeh, Grenobloise, Guillaume, hibiscus, Homeos-tasie, Hypeandcie, Ileana, Isa de fromSide2Side, Isa ToutSimplement, Isaquarel, J’adore j’adhère, Joane, Josiane, KK-huète En Bretannie, Krn, La Dum, La Fille de l’Air, La Messine, La Nantaise à Paris, LaRoux, Lau* des montagnes, Laulinea, Laurent Nicolas, Lavandine, Lavandine83, Les bonheurs d’Anne & Alex, LisaDeParis, Louisianne, Lucile et Rod, Lyonelk, magda627, Mahlyn, Mamysoren, Maria Graphia, Marie, Marie-Charlotte, Marmotte, MauriceMonAmour, Mère débordée, Mes ptits plats, Mimireliton, MissCarole, Morgane Byloos Photography, Nicky, Nie, Oscara, Pica Moye, Pilisi, Pixeline, princesse Emalia, Proserpinne, Renepaulhenry, Rythme Indigo, Sailortoshyo, scarolles-and-co, SecretAiko, Sephiraph, Stephane08, Sylvie, Tataflo, Testinaute, Thalie, The Parisienne, The Singapore Miminews, Thib, Ti’ Piment, Trousse cadette, Tuxana, Un jour, une vie, Une niçoise, Vanilla, Violette, Viviane, Woocares, Xoliv’, Zaza

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Même pas vrai ! au Théâtre Saint Georges : écriture efficace & humour décapant

Après une première rencontre avec la troupe de Même pas vrai ! en novembre dernier au Théâtre Saint-Georges, nous étions impatients de prendre place devant cette joyeuse bande. Après deux mois passés au Théâtre de la Tête d’or à Lyon, et l’été dernier au Festival d’Avignon, il était presque sûr que nous allions assister à un spectacle déjà bien rôdé.

Difficile de résumer cette pièce à tiroirs sans en dévoiler un rebondissement ou ébruiter un élément charnière de l’histoire. Tentons pourtant un pitch des premières minutes de l’histoire. Ça commencerait par une famille de doux dingues composée d’Arnaud, Mathilde et de leur fils Mikaël. Ces trois-là ont la fâcheuse tendance à régler leurs affaires de famille au cours de soirées auxquelles ils aiment convier leurs amis Irène et Bernard. Le tout en mentant et s’inventant des histoires et créant des personnages. Marie, la nouvelle copine un peu trop collante de Bernard, va être la première victime des piques et attaques verbales plutôt acides de cette bande d’excités du bon mot.  La soirée va tourner très vite à l’aigre et faire remonter, involontairement et au désespoir de tous, les non-dits et les différents secrets dissimulés par les uns et les autres.

Dans cette pièce écrite au cordeau, chaque personnage évolue dans un registre qui lui est propre et de manière complémentaire vis-à-vis de ses partenaires. Mathilde, la mère, joue de son humour cinglant pour se créer une armure contre le temps qui passe, en écorchant parfois les autres. Arnaud, le père, veut sortir du mode de communication plutôt stérile dans lequel sa famille s’est enfermée sans y parvenir. Mikaël fuit ses parents qui tente de percer ce qu’il cache. Irène essaye, elle, de remettre cette famille sur les rails. Bernard profite du couple pour cacher ses propres travers. Et Marie tient le rôle de la conne de la soirée.

L’histoire est servie par une mise en scène millimétrée. Jean-Luc Revol, qui avait oeuvré sur Une Souris Verte et Le Cabaret des hommes perdus, tire le meilleur du texte et de sa troupe d’acteurs. Haletante, la mise en scène permet à chacun des protagonistes d’être mis en avant. Les décors de Stéphanie Jarre ne sont pas en reste, permettant de démultiplier l’espace avec une belle ingéniosité.

La troupe se révèle vraiment parfaite sur scène. Chaque acteur peut s’épanouir dans son rôle, avoir son moment fort dans l’histoire. Nous ne cacherons pas que nous découvrons Bruno Madinier (Arnaud) dans un registre qui nous était inconnu jusqu’alors. Il déploie une belle énergie sur scène, jouant le mari toujours très amoureux de sa femme mais qui ne sait plus comment se sortir de cette situation en déliquescence  Surprenant aussi en mangeur de yaourt, il nous offre une séquence d’une drôlerie assumée. Anne Bouvier (Marie) est idéale dans le rôle de la bourgeoise qui débarque dans ce dîner chausse-trappe. Christophe Guybet (Bernard) et Valérie Zaccomer (Irène) se renvoient la balle à merveille dans leur rôle d’amis et pilier de cette famille peu commune. Ces deux acteurs sont épatants au moment où les nerfs lâchent et se retrouvent en pleine crise.

Même si tous les acteurs tiennent le haut du pavé, Raphaëline Goupilleau (Mathilde) et Thomas Maurion (Mikaël) emportent le Saint-Graal de l’humour.
Peut-être est-ce dû à leur rôle. Mais Raphaëline Goupilleau est merveilleuse de drôlerie dans les saillies et garde une énergie particulière du début à la fin de la pièce, révélant avec finesse les fêlures de son personnage. Quant à Thomas Maurion, il est très juste dans les ruptures d’attitudes que lui confère son rôle de post-ado : passant du dépit à la connivence nécessaire pour entrer dans le jeu de mensonges de ses parents en un clin d’oeil, parents qui ne le ménagent à aucun moment.

Surtout, il faut souligner un écriture particulièrement moderne et en parfaite résonance avec les styles actuels. La fulgurence des répliques oscillent entre humour noir et humour vache. Les petites phrases fusent. Les bons mots se percutent. Les auteurs, Nicolas Poiret et Sébastien Blanc, nous prennent souvent au dépourvu, sont parfois cruels comme cette réplique de Mathilde à Mikaël “J’ai pas passé 12 heures à subir des contractions pour que tu me parles sur ce ton-là“. Ou encore au moment de la soirée avec Marie : ” – Vous Voulez boire quelque chose ?Je prendrais bien un Martini Si vous voulez. Mais les alcools sont payants“.

Des répliques tordantes, il y en a beaucoup d’autres, dont certaines sont féroces. Leur fréquence est tellement intense qu’il est certainement impossible de les retenir toutes. Chapeau bas à Nicolas Poiret et Sébastien Blanc pour cette écriture surprenante et pleine de peps, déroutante un peu au début mais qui mène toujours aux rires, et aussi à l’émotion. Il est rare de rencontrer cette qualité d’écriture dans les nouvelles productions actuellement, c’est pour cela que nous souhaitons la célébrer ici.

MÊME PAS VRAI !

Du mardi au samedi à 20h30
matinée le samedi à 17h

au Théâtre Saint-Georges
51 Rue Saint-Georges
75009 Paris

De : Nicolas Poiret, Sébastien Blanc
Mise en scène : Jean-Luc Revol
Avec Anne Bouvier, Raphaëline Goupilleau, Christophe Guybet,Bruno Madinier, Thomas Maurion, Valérie Zaccomer
Décors : Stéfanie Jarre

 

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Musique : ELEPHANZ du son, du vrai, du punch !! Interview : Time for a change, Victoires de la Musique & concert

Pourquoi le band ELEPHANZ mérite-t-il sa nomination aux Victoires de la Musique 2014 ? 

Dès le premier titre, le coeur bat au rythme de la musique. Une merveilleuse idée cadeau pour la Saint-Valentin. Un album sorti en octobre 2013, dynamique et jeune que l’on peut ranger dans la case musique électro mais que les membres qualifient volontiers de pop. Nommés pour l’album Time for a Change , ils vont devoir faire face à Gesaffelstein avec  Aleph et à Kavinsky pour OutrunOn entend déjà les critiques des puristes qui s’étonnent de cette classification électro.

Pour leur défense, les deux frères, Jonathan et Maxime Verleysen, avec leur petit look rétro offrent ici un album maîtrisé. On sent les deux Nantais plus à l’aise en anglais qu’en français comme leurs grands frères Pony pony run run ou Aaron.

Nous avons eu un coup de coeur pour Stereo, un son qui a de la puissance, qui sonne, qui claque ! Les deux prodiges accompagnés de leurs potes Clément (à la batterie) et Thibault (à la basse) se sont fait remarquer par la critique dès 2010. Un son propre, des textes simples, qu’on a envie de chantonner l’album fini. Le conseil de la rédac c’est d’appuyer sur Replay

INTERVIEW de Jonathan pour ELEPHANZ

 

Louis-Clément : Qu’est ce que vous ressentez à l’idée d’être nominé aux Victoires de la musique si jeunes, c’est renversant ?
Jonathan : On est super contents. L’album est assez jeune et cette nomination n’était même pas envisageable pour nous, ça a été la bonne surprise de ce début 2014. Jusqu’ici nous avons fait de la musique entre nous, sans jamais penser à ce qu’en penserait la presse ou la profession et c’est quelque part une forme d’adoubement de la part des professionnels de la musique. Ça ouvre beaucoup de perspectives pour cette nouvelle année. Ca nous donne d’autres idées pour 2014 et un zeste de confiance en plus!

LC : Vous faites de la pop et vous êtes nommés dans la catégorie meilleur album de musique électro, est-ce un challenge de remporter ces Victoires face à des artistes plus électro, tels que Gesaffelstein et Kavinsky ?
J : A dire vrai nous n’imaginons pas remporter ces Victoires. A côté de Kavinsky, nous sommes des petits poucets ! La nomination a suffit à notre bonheur, et elle a fait tellement plaisir à notre maman !

LC : Votre musique défend-elle une idée ? Est-elle engagée ? Sur quels thèmes ?
J : Je dirais qu’avec ELEPHANZ, on essaie de mettre la chanson au centre de tout, notre musique est engagée derrière cette idée. Dans la production musicale aujourd’hui, il arrive de plus en plus qu’on dilue des compositions assez faibles sous des productions surprenantes et fabuleuses. Ce n’est pas notre culture musicale, et même si ça donne souvent un résultat génial ce n’est pas comme ça que nous aimons travailler. Nous passons énormément de temps à la composition, et l’arrangement qui vient en second nous intéresse moins.
Concernant les paroles de ces chansons, pas d’engagement avec un grand E. Les thèmes sont du domaine de l’intime : la quête de soi, l’amour, la frustration, le plaisir, l’adolescence…

LC : Lors de vos concerts comment faites-vous pour mettre l’ambiance ? Quelle atmosphère créez-vous avec votre public ?
J : Les concerts sont des albums ++ . Tout d’abord, on y respecte l’esprit du disque et ça peut parfois être une petite prouesse tant nous avons enregistré en studio des choses quasiment impossibles à faire en live. Mais autour, nous avons créé des phases musicales et foutraques qui dépassent le format pop qu’on aime sur disque. On s’amuse beaucoup sur scène, on passe d’un instrument à l’autre et on gigote beaucoup !
Depuis la sortie du disque, les concerts ont parfois des allures de Gospel puisque le public reprend certaines paroles, c’est assez nouveau pour nous et c’est très fort et particulièrement addictif.

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Tant pis pour les Daft Punk, grands absents de cette cérémonie – et qui ont eu les honneurs des Grammy Awards -et tant mieux pour Elephanz. Place aux jeunes !

Un grand merci au groupe Elephanz qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions par mail, malgré un emploi du temps chargé !

ELEPHANZ en concert, cest le 11 juin à La Cigale, Paris 18ème

 

BLouis-Clément Mauzé

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FOOD’AMOUR par Arnaud Lohyer la box pour un dîner de Saint-Valentin bluffant avec rose et pomme d’amour – Chef à domicile

Arnaud Lohyer créateur du concept Chef à domicile depuis 2009 lance la box pour les trentenaires pressés qui veulent se surprendre pour une Saint-Valentin à la maison.
Food’Amour c’est un menu de fête pour deux, avec la rose rouge pour sa belle et tous les ingrédients pour un dîner so romantic !

Notre équipe a eu l’honneur de goûter en avant-première aux bons petits plats de Food’Amour à l’atelier d’Arnaud Lohyer dans le quartier Ledru-Rollin. L’idée a germé en décembre. Il a fallu un mois environ pour la mise en place : conception du menu, l’assurance de l’apprivoisement en produits frais via un producteur fidèle, la réalisation du dossier de presse et du site. Les nuits blanches s’enchainent depuis plusieurs jours pour Arnaud et son équipe. Il garde pourtant le sourire en ce début de semaine avant le gros rush de vendredi.
Son inspiration pour cette box est née des produits de saison, de la volonté d’assurer une facilité de réalisation et le caractère sain de chaque ingrédient.

La box pour les amoureux est conçu pour que l’homme – voulant émoustiller gustativement sa belle – puisse réaliser ce menu en 30 minutes. Comment ?
La livraison sur Paris et sa région est assurée toute la journée de vendredi pour assurer la fraîcheur des produits. Un mode d’emploi simple pour mettre en assiette les différents plats accompagne l’ensemble.

Pour débuter après un petit K de caviar, le carpaccio de Saint-Jacques de Normandie. Car autre particularité du menu : tous les ingrédients sont made in France, excepté le pomelo… chinois. L’entrée aérée vous fait voltiger le palais.

Suit le sauté de veau du Limousin au gingembre – seul ingrédient aphrodisiaque de la soirée – goûteux, avec petit épeautre de biologique. La finesse prime avec des légumes fermes venus d’Ile-de-France et une viande qui se laisse découper à petits coups de fourchette.

Et on peut dire que l’on a chaviré avec la pomme d’amour qui finit en feu d’artifice de délices sucrés. Cette pomme est une sphère de chocolat blanc garnie de mousse vanille/calvados à cent lieux de la pomme de fête de foraine écoeurante et qui vous arrache un plombage au passage. Celle d’Arnaud est délicate.

Un menu sans fosse note pour laisser pleine mesure aux déclarations, baisers volés ou assumés et aux regards complices.

A noter que le chef gardera une oreille attentive toute la soirée via sa hotline. Il sacrifiera sa Saint-Valentin pour que celle de ses clients-convices soit inoubliable. Il semblerait qu’un coeur soit à prendre en cuisine. Affaire à suivre. Et bon à savoir, Arnaud ne serait pas contre de prolonger la livraison de sa box pour le samedi, pour les retardataires et tête en l’air. A bon entendeur.

Toutes les infos sur le menu de Saint-Valentin sur : http://www.chefadomicile-paris.com/Foodamour.htm

 

BONUS : Quelle est la plus belle leçon qu’Arnaud Lohyer ait reçu en cuisine ?

Il l’a tient du chef Pierre Gagnaire – le chef qui était le soir même de notre rencontre sur M6 dans Top Chef pour une apparition exceptionnelle.
“En commençant à travailler avec le chef stéphanois, j’ai appris à lire le produit, à chercher le goût, à leur accorder pleine attention et à sortir du carcan de la cuisine habituel. J’ai appris à cuisiner avec amour et à ne pas suivre la recette comme avec Ducasse, par exemple. Avec Pierre Gagnaire, on va au bout de l’équilibre. C’est un homme d’une grande humanité, il s’imprègne de tout le monde.
Ca n’a pas été facile de quitter Gagnaire. Partir c’est un peu renier. Je devais prendre mon envol.”

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Critique cinéma : Le dernier Catherine Breillat ABUS DE FAIBLESSE avec Isabelle Huppert & Kool Shen ou comment la réalisatrice succombe au charme d’un escroc

Ce lundi, l’équipe d’US of Paris a découvert en avant-première le dernier film de Catherine Breillat, ABUS DE FAIBLESSE, au Centre Pompidou, avec Les Inrocks et vous livre ses impressions.

Isabelle Huppert est restée amie avec Catherine Breillat même à la fin du film, “une prouesse” raconte l’actrice car fidèle à sa réputation la réalisatrice a visiblement malmené – ou en tout cas pas épargné- ses acteurs sur ce film. Mais Mme Huppert que Kool Shen a qualifié de meilleure actrice française a dit continuer à aimer Catherine Breillat “comme ma sœur, ce qui n’est pas peu dire”.

C’est une histoire simple que Catherine Breillat raconte dans Abus de Faiblesse. La sienne. Mais elle tient à préciser que le film n’est pas complètement autobiographique. Une femme, Maud fait un AVC qui la laisse hémiplégique. Elle est réalisatrice et à sa sortie de l’hôpital elle cherche des acteurs pour son nouveau film. La malchance la guide vers un truand. Maud tombe vite sous le charme vénéneux de cet homme.

Au fil du temps une amitié se créée entre eux, qui ressemble à un amour malsain. Il lui soutire de l’argent sans véritablement la contraindre mais elle est accro et ne lui refuse rien. 18 000 d’abord, puis 220 000 ensuite et jusqu’à 500 000 euros. C’est la spirale. Elle dit à la fin du film “ça me semblait beaucoup mais je ne pouvais pas m’arrêter”. Elle est totalement sous l’emprise de ce Vilko, interprété avec justesse par Kool Shen, qui vit là sa première grande expérience de cinéma.

La grande Isabelle Huppert est parfaite dans ce rôle, elle occupe le film, l’habite, est présente sur chaque plan. Elle est dans le ton quand elle joue les AVC à répétitions, le handicap qui la rend parfois odieuse avec les autres. Le jeu des corps est comme un ballet. Une danse s’instaure entre une Maud maigrissime et un Vilko tout en muscle. Elle rit beaucoup, lui est taciturne. Le contraste entre les deux est fort.

Quelques longueurs et une manière particulière de filmer déroutent le spectateur. Les plans sont parfois fixes sur des détails, ce qui manque de naturel. Certaines répliques restent en tête. Comme quand Vilko dit à Maud “tu as la schkoumoune” et qu’elle répond “Je suis la personne la plus chanceuse de la terre car tout ce qui m’arrive je peux le supporter”.

http://www.dailymotion.com/video/x19o9dc

Le film met mal à l’aise quand ce petit bout de femme qui paraît si costaude n’a plus un sous pour payer un déjeuner à sa fille mais qu’elle continue à croire aux énormes bobards du truand qui lui promet sans cesse de la rembourser. On l’est aussi -mal à l’aise- quand elle n’arrive pas à faire des gestes du quotidien : monter dans sa voiture seule, ouvrir un paquet de jambon.

Malgré un entourage assez présent, Maud paraît isolée et c’est sans doute parce que Vilko n’est pas tendre avec elle et ne la traite pas comme une handicapée qu’elle aime le fréquenter au point de tomber sous sa coupe.

Le film laisse le spectateur très libre de penser ce qu’il veut à propos de Maud qui n’est pas très attachante ni très détestable. On ne comprend pas très bien pourquoi elle cède si facilement aux caprices d’un type pas très violent et pas si intelligent. En définitive Breillat laisse au spectateur la possibilité d’interpréter les situations comme il veut et c’est sans doute ce qui fait la force de ce film.

By Hermine Mauzé

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Musique : Colours In The Street, un peu de sang neuf pour égayer le ciel (encore) maussade ! – live report du concert à Cognac

Cette semaine, l’un des membres de la team UsofParis a fait la découverte d’un petit groupe de rock les Colours in the street venu chauffer la salle en première partie du groupe de pop/rock musique londonien Breton à Cognac. L’attitude des jeunes Niortais sur scène était bluffante ! Ils ont déjà les mimiques des « grands » artistes.

Qui sont les Colours in the Street ?
Quatre jeunes Niortais qui, avec une assurance incroyable, ont montré un fort dynamisme sur scène. Le chanteur en impose avec sa carrure de 2 mètres et son style chic/décontracté. Ils sont très jeunes (18 /19 ans) et l’un d’eux a même fêté sa majorité la veille du concert.

Ces talents ont été repérés plusieurs fois par des institutions comme : Les Inrocks ou Taratata. Ils ont même joué aux Francofolies de la Rochelle en 2013. Ils sont aussi les derniers lauréats du tremplin “Lance toi en live” du Ricard SA Live Music ce qui leur a permis de signer leur premier EP Paper Child sur le label Believe Recordings.

 Leur musique pop alternative est très mélodieuse, on aime particulièrement la voix douce d’Alex. Une vraie bouffée d’oxygène à laquelle s’ajoute une maîtrise totale de l’anglais.

Les chansons sont souvent mélancoliques, c’est le cas de Paper Child qui raconte l’histoire d’un enfant en papier qui a sa vie écrite sur lui. Au fur et à mesure qu’il vit, les lignes s’effacent et il meurt.

Soucieux de leur futur, ils souhaitent vivre de leur musique, mais chacun à décider de continuer ses études, un DUT GEA pour Alex, Lucien le guitariste est en fac de gestion, Noé, le bassiste est professeur de basse et Alexis prépare le concours pour enseigner dans les conservatoires. Ils n’ont même pas pu rester jusqu’à la fin du concert de leurs aînés car « demain il y a école ! ».

Les petits charentais puisent leur inspiration dans les rifs des plus grands, comme Coldplay qu’ils aiment particulièrement. Ils citent aussi les Versaillais Phoenix, “français et au nombre de quatre comme nous“, précisent-ils.

Ils vont préparer pour la fin 2014 leur premier album et si vous voulez les découvrir notez qu’ils seront au Festicolor au côté de Birmingham ou Handcrafted Soul, le 23 mai prochain.

Après le succès des minots de La Femme on met notre billet qu’eux aussi vont percer !

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By Louis-Clément Mauzé

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Spectacle : la vie du grand violoniste HAIM LIPSKY par Gérald Garutti avec Mélanie Doutey éblouie la Salle Gaveau – INTERVIEW

Reprise exceptionnelle du spectacle musical : Haïm, à la lumière d’un violon à la Salle Gaveau à Paris, avec la comédienne Mélanie Doutey. 

Haïm Lipsky est né en 1922 à Lodz dans une famille très modeste de 7 enfants où la chemise que l’on achetait à l’aîné faisait l’affaire pour les 6 autres jusqu’à finir en quasi lambeaux sur les épaules du petit dernier. Mais Haïm signifie “la vie”, et il a fallu y croire à la vie pour traverser ce siècle qui n’a pas épargné ce virtuose.

Très tôt cet enfant précoce développe un don hors du commun pour la musique. Ses parents se saignent aux quatre veines pour lui acheter une mandoline puis un petit violon. Sous l’égide d’un voisin cordonnier, il apprend à apprivoiser les quatre cordes de son précieux compagnon. Bercé par Bronislav, Hubermann, Joseph Szigeti, Arthur Rubinstein il devient vite un véritable musicien.

Quand les allemands envahissent la Pologne, la famille Lipsky est coincée dans le ghetto où la misère tue à petit feu les juifs coincés dans cet environnement de terreur. Les allemands alimentent à minima le ghetto en nourriture, juste suffisamment pour qu’il soit rentable pour l’Allemagne nazi et que seuls les plus faibles crèvent.

Dans ce contexte de brimades quotidiennes, Haïm tient le coup grâce à son violon, qui lui permet d’accéder à quelques maigres privilèges. Finalement, il est déporté à Auschwitz en 1943 et son instrument le sauve une fois encore puisqu’il est admis dans l’orchestre d’Auschwitz. La musique est le passe-temps des bourreaux et il est contraint de jouer en boucle une dizaine de mélodies “pas dégénérées” et “joyeuses” pendant les exécutions. Il souffre de ce privilège insupportable qui l’empêche de mourir tout de suite.

Il réussit à s’enfuir miraculeusement lors de la “marche de la mort” peu avant la Libération. Après sa sortie, Haïm n’a plus pu toucher à son instrument.

Gérald Garutti, le metteur en scène a été approché par la fille de Haïm qui lui a demandé de mettre en scène l’histoire incroyable de son papa. Il a alors choisi la comédienne-conteuse pleine d’énergie Mélanie Doutey pour réciter l’histoire de ce grand musicien qui a traversé le 20 ème siècle. Vêtue d’une tenue de lin trop large pour elle et d’un trench informe elle prend la parole entre chaque intervention des quatre musiciens. Dana au piano, Samuel à la clarinette et Alexis qui met du coeur à faire vibrer l’accordéon et enfin Namaan le petit-fils de Haïm. Entre mélodies klezmer et musique classique on vit un théâtre musical tout à fait extraordinaire. On virevolte de Bruch à Bartók passant d’une mélancolie poignante à des airs enjoués. Il y a une émotion toute particulière lorsque Naaman Sluchi entonne avec son archet le concerto de Mendelsohn.

Au son du violon, on pense très fort à ces personnages hors du commun qui créent dans des conditions dénuées d’humanité. L’historienne Germaine Tillion a écrit à Ravensbruck Le Verfügbar aux Enfers ou Viktor Ullmann qui a composé un opéra en 1943 dans le camp de Terezin.

Notre seul regret est que ce récital soit donné “Salle Gaveau”, sur une scène volontairement dénuée de décors. L’acoustique est parfaite mais la salle est un peu austère presque un peu bourgeoise ce qui empêche parfois de plonger dans cette ambiance slave d’avant guerre.

On vous recommande cette pièce unanimement saluée par la critique et qui mérite son succès.

Interview filmée de Gérald Garutti

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Haïm à la lumière d’un violon

Avec :
Mélanie Doutey, comédienne
Naaman Sluchin, violon
Dana Ciocarlie, piano
Alexis Kune, accordéoniste
Samuel Maquin, clarinette

Gérald Garutti, écriture et mise en scène

Salle Gaveau
45 – 47 rue de la Boétie
75008 Paris

les 29 et 30 mars, 12, 13, 26 et 27 avril 2014

 

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Musique – Live report : le groupe Aline en concert à la Clé des champs – Plaisir

20h30. On se gare devant la Clé Des Champs. Une bonne nouvelle : pas de souci pour trouver une place sur le parking. Et donc une mauvaise nouvelle : il n’y a pas grand monde …

En attendant le début du concert, on boit quelques bières et on discute avec Romain Leiris et Jérémy Monteiro. Six démos ont été enregistrées pendant le mois de janvier ; chacun des membres du groupe va maintenant chercher des idées, pour avoir suffisamment de matière avant de retourner en studio préparer le deuxième album. Nous reparlons aussi avec Romain Guerret de la compilation d’inédits (faces B, versions alternatives, reprises, …) que nous avions évoquée ensemble fin décembre après leur passage à la Flèche d’Or.

21h45. Les Aline montent sur scène. Nous sommes une trentaine dans la salle et ça nous rend un peu tristes ; mais ce n’est que passager. D’entrée, Maudit Garçon donne le ton : nerveux, sec, punk. Ce concert sera intense et magique (le meilleur concert d’Aline auquel nous avons assisté).

Pour Voleur, Romain Guerret descend dans le public. A partir de ce moment, on ne sait plus qui est sur scène et qui est le public : le groupe Aline, c’est trente personnes, qui jouent ensemble, comme dans une fête de famille. La maman de Vincent Pedretti, arrivée de Martinique, assiste d’ailleurs pour la première fois à un concert d’Aline et de son fils, qui est très très ému. On s’amuse aussi des petits défauts des uns et des autres (les retards de Vincent Pedretti par exemple).

Merci à la nouvelle Epiphone de Romain Guerret, dont une corde a cassé dès les premières notes du morceau : grâce à elle, on a droit à une superbe version de Je bois et puis je danse, avec une intro improvisée pendant plus de 5 minutes, petit intermède Northern Soul façon Style Council ou Orange Juice, au milieu de la furia punk et avant le début d’un très rare phénomène paranormal ou peut-être vaudou (il faut impérativement que R.I.P. fasse une enquête). Le groupe est successivement possédé par les Buzzcocks, les Jam de In the City, les Who de My Generation et les Cure de A Forest. La salle est en transe collective. Le groupe joue pied au plancher : forcément, la consommation de carburant augmente et le public doit les approvisionner en bières fraîches.

Ce soir, Les Éclaireurs sont sur scène, telle une cinquième colonne indie pop. Et Les Copains sont dans la salle : on boit et on danse, on chante, on rigole. Bref, comme le dit Romain Guerret, « on est  primaires ».

Le concert se termine. Nous sommes KO debout mais heureux. Romain Guerret nous donne rendez-vous au bar. La soirée se poursuit en buvant des bières et en discutant de musique jusqu’à un peu plus d’une heure du matin (en fait jusqu’à la fermeture du bar…).

Romain Guerret, Romain Leiris, Jérémy Monteiro, Vincent Pedretti, Arnaud Pilard : merci à vous ! C’est pour vivre de tels moments qu’on écoute de la musique et qu’on assiste à des concerts. A bientôt.

Set list : Maudit Garçon > Deux Hirondelles > Obscène > Tout ce que je veux (reprise des Désaxés) > Voleur > La lune sera bleue > Elle et moi > Je bois et je puis je danse > Mon dieu mes amis > Elle m’oubliera > Regarde le ciel > Teen Whistle > Les éclaireurs > Rappel : Les copains

by Baptiste et Gérald
http://ljspoplife.magicrpm.com

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Le designer Sacha WALCKHOFF présente sa première exposition à la Galerie Gosserez : Minotaures – INTERVIEW

Directeur de la création de la Maison Christian Lacroix, styliste, designer, Sacha Walckhoff s’offre une échappée belle en créant 12 pièces de porcelaine exceptionnelles. Il présente cette première pour lui,  12 vases taureaux, à la Galerie Gosserez à partir du 30 janvier 2014. Quelques heures avant le vernissage, notre équipe a rencontré le créateur, heureux de partager sa collaboration avec la Manufacture portugaise Vista Alegre.

INTERVIEW 

Un Minotaure a un corps d’homme. Pourtant devant nous, nous découvrons des taureaux. Où se trouve l’homme ?
L’homme c’est moi ! (rires) Il faut revenir au point de départ de l’aventure : le taureau existe. Il s’agit en fait d’une sculpture créée par un artiste espagnol Domecq. Et j’ai trouvé cette pièce à la Manufacture Vista Alegre au Portugal. La pièce m’a attiré. J’ai proposé à l’équipe de travailler sur cette pièce mais pour en faire autre chose. Au départ, nous avons réalisé la première pièce pour le plaisir avant tout. Pour le plaisir parce qu’en fait les membres de la Manufacture n’étaient pas sûrs que ce je leur demandais serait réalisable.

Quelle est la composition de cet animal ?
Le taureau est composé de 18 pièces que l’on moule séparément. Et après on les monte les unes aux autres. Les cornes, les pattes sont toutes des pièces séparées. Le sculpteur a découpé le taureau et, à l’oeil, il l’a adapté à la concavité du vase. Tout est fait à la main.
Dès le début, j’ai souhaité coller les taureaux aux cylindres. Très vite, est venue l’image de l’animal qui s’échappe et qui sort, comme un labyrinthe. Et cette notion est devenue assez juste par rapport à ce que je suis. Une personne assez instinctive et en même temps qui ne veut pas être catégorisée. J’ai commencé par la mode, je suis passé au lifestyle. Je touche au design, à l’écriture pour un magazine. Étrangement plus je regarde ces pièces, plus je les trouve autobiographiques.

Qu’y a-t-il de vous dans ce taureau ?
C’est d’abord la dualité de ces cylindres purs qui correspond à mon côté assez minimal et un peu calviniste, car je suis né en Suisse. J’ai une structure mentale assez rigide – mes collaborateurs peuvent le confirmer. Je suis un garçon pour qui les règles sont importantes.
A côté de cela, mon père métis-africain, une partie de ma vie passée en Espagne. J’ai donc une latinité profonde aussi ancrée en moi.

Je me retrouve avec ces sculptures dans l’expression parfaite de ce que je suis : cylindre rigide et une figure hybride qui essaie de s’en échapper. C’est presque une analyse ! (rires)

Quel a été votre processus de travail pour ce projet ?
Je travaille rarement sur dessin. J’ai réalisé des collages à partir du taureau de Domecq. Ces photos, j’ai commencé à les découper, coller, puis j’ai pris mes feutres pour concevoir l’ensemble. Je ne travaille que comme ça. Ça fait très XXe siècle, car je ne travaille pas sur logiciel.
A ce sujet, j’ai une anecdote : à la Manufacture Vista Alegre il y a des workshops avec des étudiants. J’échangeais avec eux sur les travaux que l’on menait. Et l’un des étudiants a voulu voir mes dessins. Il l’a regardé et il dit : “c’est génial !” Je lui réponds : “c’est vrai tu aimes ?”
Et là il me répond : “c’est incroyable ce logiciel ! C’est trop artisanal. C’est quoi ?” Pour lui, c’était inconcevable que je travaille directement sur la feuille.

Etiez-vous derrière l’épaule du sculpteur ?
J’étais à côté de lui. Il faut préciser que Manuel, le sculpteur, parlait exclusivement portugais et moi pas un mot. On échangeait via des regards, des petits sons (si, no…). L’échange était très animal.
En fait, je fais un métier où il n’est pas nécessaire de parler. C’est que du visuel, des sentiments et réactions. J’ai collaboré avec des japonais alors que je ne parle pas un mot de japonais. La langue n’est jamais un handicap quand l’on est en accord avec ce que l’on est en train de faire.
Et le créatif peut pousser les artisans au-delà de leurs limites, c’est comme ça que je conçois mon métier.

Avez-vous bousculé les habitudes de Manuel ?
J’ai senti que ce travail lui avait fait plaisir. Mais nous n’avons jamais échangé. Les artisans sont des ours ! (rires) C’est un peu ce que je suis aussi. Exception aujourd’hui. Mais je suis un timide. On est de la même famille des gens qui parlent très peu mais qui font. Manuel a fait des choses qui lui sortaient de son quotidien.
J’ai des relations aussi très fortes avec des gens du tricot. Toutes les personnes qui travaillent le souple ont quelque chose de touchant. Et la maille, plus que le tissu, ce ne sont que des combines, car la maille bouge. Les gens des tissus sont au contraire plus raides.

Et j’ai retrouvé les mêmes conditions de travail avec la céramique par l’écoute. Alors que Monsieur No – Sacha a rebaptisé cet interlocuteur au sein de la Manufacture – son supérieur qui parlait anglais me disait : it’s not possible ! Manuel lui trouvait une solution à tout problème comme celui d’intégrer le corps du taureau dans le vase. Il a inventé un petit instrument pour pouvoir fixer le ventre de l’animal par le dessous.

Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Aujourd’hui, c’est la toute première fois que je fais quelque chose avec mon nom. Je dois l’assumer. Je ne peux plus me cacher derrière une marque. C’est pour moi un véritable travail intellectuel.

Ça m’ouvre encore plus de possibilités. Je suis en train d’émanciper ! Je m’épanouis dans le fait de pouvoir rendre quelque chose d’irréel, réel.

Exposition Minotaures par Sacha Walckhoff
Galerie Gosserez
3, rue Debelleyme  75003 Paris

jusqu’au 22 février 2014

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