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RADIO ELVIS en interview : on a parlé Ces garçons-là, tournée, New York…

Aussitôt terminé sa première tournée, Radio Elvis est reparti à l’écriture, renforcé par l’énergie du live et des plus de 250 concerts.
Le nouvel album Ces garçons-là est un écrin magnifique réunissant 11 titres virtuoses.
L’ensemble est porté par la poésie de Pierre Guénard et les compositions avec ses deux compagnons de route Manu Ralambo et Colin Russeil.
J’ai déjà le coeur accroché à New York, Prières perdues et La Sueurs et le sang

Interview Radio Elvis 

Radio Elvis
selfie exclu pour UsofParis

UsofParis : Que retenez-vous de la première tournée de Radio Elvis ?

Pierre Guénard : En 250 dates, on a appris à se connaître ! Colin, le batteur, et moi, on se connaissait déjà. On a fait le premier EP ensemble. Manu est arrivé sur la fin de l’enregistrement.
Dans un bus 9 places, ça crée des liens (ça peut aussi les défaire). D’ailleurs, ça a fait les deux. 😉
Au début, on n’avait pas les mêmes références, on s’est fait écouter des choses.
Et pour le deuxième album, on s’est rendu compte que l’on avait les mêmes envies, le même vocabulaire pour parler musique. C’est important d’avoir les mêmes mots pour parler d’un son.
C’est quand même très abstrait.
C’était ma première expérience de tournée, je découvrais tout. J’ai appris mon métier.

Vous avez fait de belles scènes ! 

Manu Ralambo : Le plus bel exemple : on jouait dans un joli théâtre de verdure au bord de la mer et le lendemain on se retrouvait dans une église à l’autre bout de la France.
Après la grande scène des Francos, on jouait quelques jours plus tard dans un champ, sur des tapis.
Pierre : On a fait une tournée de villages où on montait la scène tous les jours !
Ça nous appris à gérer notre stress et surtout à savoir ce qui était important sur scène. On a eu toutes les galères possibles en concert. Et en fait, on s’en sort toujours ! 🙂
Faire un mauvais concert, ce n’est pas possible ! Notre métier,  c’est de savoir gérer les imprévus.
Manu : On trépigne là. On a envie de retrouver la route.

Un groupe, c’est un peu un couple. Quel type de couple êtes-vous ? 

Pierre : On est un couple apaisé. Il y a eu des moments de tension même pendant la tournée. Il y a eu tout un automne compliqué entre nous. On galérait dans nos vies et aussi sur scène et on avait beaucoup de pression, avant la Cigale.
Nous avions 40 dates en trois mois. Et après la Cigale, ça nous a libérés. En fait, on est un couple organisé. Dans la gestion du groupe, chacun a vite trouvé sa place. Je m’occupe du RP, des médias, de l’image. Colin et Manu, plus de la partie technique. En plus, on trouve maintenant chacun notre place artistiquement, ce qui n’est pas forcément évident.

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J’ai eu l’impression d’une énergie live en écoutant certains titres.

Pierre : L’album dégage plus de live car nous avons appris à jouer ensemble. On s’est plus lâché sur ce disque. On joue mieux depuis le premier, on a de meilleurs instruments et ça compte. Et on a enregistré sur bande. Au final, on a plus confiance en nous.

Prières perdues est un titre très fort !

Manu : Pour ce titre et La sueur et le sang, on s’est dit faut qu’on les fasse de A à Z sans rien couper. Jouer live.
Pierre : C’est une prise totale. On a fait venir un pianiste exprès en studio, Nicolas Subrechicot (le pianiste de Lou Doillon). Il a enregistré aussi New York, plusieurs titres. On voulait jouer en live. Donc on devait être quatre.

Pierre : Quelques titres de l’album n’ont pas été écrits en tournée, mais les premières phrases ont été écrites pendant, comme 23 minutes.
J’ai repris des vieux carnets.
J’ai commencé à écrire en octobre 2017 et on a commencé à enregistré en mars 2018, en 10 jours. On a tout composé en 6 mois. Il fallait vraiment qu’on s’arrête. Et que l’on joue pour nous.
Il y avait une urgence à dire les choses, sans trop réfléchir, se laisser aller dans la spontanéité et dans la confiance.
C’est très laborieux l’écriture des textes pour moi. Je réécris beaucoup. J’ai parfois un carnet entier pour une seule chanson.

Quelle est l’origine de Prières perdues et Fini fini fini ?

Pierre : Ce sont deux textes qui sont apparus en même temps, le 13 novembre 2015, le jour des attentats et le jour d’enterrement de mon grand-père. Sur la route pour rejoindre le groupe après l’enterrement pour un concert, j’ai écrit Fini fini fini. Et le soir, on dînait ensemble et on apprenait les nouvelles. J’ai commencé à écrire Prières perdues dans la chambre.
C’était aussi l’anniversaire de ma soeur. C’était très éclaté émotionnellement.
Et la vie en France a vraiment changé à partir de ce jour-là.

Le titre New York a-t-il été écrit sur place ?

Pierre : La grille d’accord s’est faite en tournée. On écoutait pas mal Kevin Morby. Cette grille d’accord m’évoquait ce musicien.
On faisait une session de défrichage dans les Landes, au Manoir de Léon, en studio. C’est le premier titre que l’on a commencé à travailler avec Fini Fini Fini.
On était hyper enthousiastes. Mais j’ai mis un an à trouver les paroles.
Ça nous évoquait tous New York parce qu’il y avait ce piano à la Mickael Nyman.
Une atmosphère un peu briques, des films de Spike Jonze, Arcade Fire, MGMT.
L’ambition pour cette chanson était d’en faire notre Ultra Moderne Solitude à nous. On adore cette chanson de Souchon, elle est magnifique. Ça m’a d’ailleurs empêché d’écrire car je trouvais toujours moins bien que l’original.
Mathieu Lescop m’a aidé à écrire les refrains.

New York s’épuise, la musique ça épuise ?

Manu : Oui ! Je me souviens quand on s’est dit qu’on allait commencer à composer.  Se mettre au piano, à la guitare, puiser, chercher. C’est de l’énergie !
Pierre : C’est une charge mentale dense, quand on entre en studio. Ne rien oublier de ce qu’on s’est dit, de ce qu’on a projeté.
On avait pas mal pris de notes, Manu aussi.
Quand j’ai fini mes voix, j’ai cru que j’allais faire une dépression. Parce que la pression, les contraintes. On n’a pas de studio à vie.

Un accident heureux pour ce nouvel album ? 

Pierre : Le publison ! 🙂
Manu : On a enregistré dans un studio des années 90 où Noir Désir a enregistré l’album 666.667 Club. Il y avait une machine électro qui déconnait. Et notre ingé son s’est amusé avec “cette panne” pour faire des effets. Au final, il l’a mis quasiment partout.
Pierre : Ce qui est heureux aussi c’est que l’on a fait avec les éléments qu’il y avait sur place : le piano à queue, rhodes bass comme The Doors, ça a donné la direction première de l’album.
Denis Barthe, le batteur de Noir Désir, nous a prêté aussi le synthé Juno 106 avec tous les réglages de Des visages, des figures. J’étais subjugué.
Ça a participé à la magie de l’enregistrement.

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Quel homme êtes-vous ?

Manu : Depuis l’enfance, je n’y pense plus trop. 🙂
On me dit beaucoup : “tu as une part de féminité“. Et je m’en fous ! 🙂
Pierre : Je n’ai jamais été pris pour quelqu’un de viril. Je me suis fait souvent traité de PD – alors que je ne voyais pas en quoi c’était une insulte. Il se trouve que toutes les références que j’aime sont souvent très gayfriendly. Et je plais beaucoup aux homos en général. 😉
A une interview sur mes séries télé d’enfance, j’ai répondu Xena la guerrière, symbole pour les lesbiennes.
Parfois, je doute. Avec ma copine, on en rigole !
J’aime bien les mecs. J’aime les beaux hommes, comme les belles femmes.

Pour le clip de Ces garçons-là, j’ai demandé qu’on filme le cul du torero, car je trouvais les lignes magnifiques. Et ça ne fait pas de moi un homo.
Je fais attention à mon image, c’est un défaut. 🙂
Je suis un homme qui se cherche beaucoup capillairement et vestimentairement.

Interview by Alexandre 

Radio Elvis

Radio Elvis 
Ces garçons-là

(Pias / Le Label)

sortie le 9 novembre 2018 

Pias Nite Carte Blanche à Radio Elvis
le 15 novembre à La Maroquinerie, Paris.

Radio Elvis

Concert le 4 avril 2019 au Trianon, Paris 

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Viens fêter la sortie de l’album de Sparky in the clouds #concours

USofParis te propose de fêter la sortie de l’excellent premier album Kings and Queens du groupe SPARKY IN THE CLOUDS.
Rendez-vous vous est donné le jeudi 8 novembre au Hasard Ludique pour la release party. 

L’occasion de savourer des sonorités folk et modernes venues de la douce Albion.

Sparky in the clouds

Sparky in the Clouds c’est avant tout la rencontre de Mathias Castagné, guitariste, et de deux sœurs anglaises, Miranda et Bryony Perkins.
Ce trio produit une folk/pop harmonieuse et aérienne avec un univers visuel qui lui est propre. Il n’y a qu’à regarder le dernier clip aussi étrange qu’emballant.

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Sorti le 21 septembre dernier,  Kings and Queens regroupe 11 titres avec une musique charmante et une atmosphère rétro pop envoûtante aux sonorités anglaises.
On aime cette approche épurée et moderne des chansons.

Alors on vous propose de gagner des invitations pour le concert du groupe au Hasard Ludique à Paris.

Sparky in the clouds

Sparky in the clouds

1er album Kings and Queens
(Zamora Label) 

En concert le jeudi 8 novembre à 19h30

Hasard Ludique
128, avenue de Saint-Ouen
75018 Paris

Et en tournée :
16 novembre : Salle des Fêtes,  Villiers-le-mahieu
17 novembre : Salle de la Bonnette,  La Queue Les Yvelines
18 novembre : La Barbacane, Thoiry

18 mars 2019 : Espace Carpeaux , Courbevoie
05 avril 2019 : Les Arcs,  Quéven

#Concours

Pour gagner tes invitations, c’est très simple.
Remplis vite le formulaire ci-dessous.
Après tirage au sort, les gagnants seront prévenus par mail.

Alors si tu es libre le jeudi 08 novembre 2018, participe.
Sparky in the clouds vous promet un live joyeux et intrépide.

Bonne chance à tous et à toutes !

Sparky in the clouds
Sending

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Concours Gratuits

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MaMA 2018 : Lary Kidd version bad boy, Concrete Knives joyeux #livereport

MaMA 2018, le festival bat son plein dans une dizaine des salles de concert d’Anvers à Blanche. Ca pulse, rock, pop, se déhanche dans tous les coins pendant 3 soirs. 
J’ai pioché dans le programme en fonction de ma curiosité. Concrete Knives, Lary Kidd et Walter Dean.

Mama 2018

Concrete Knives @ la Boule Noire

Une Boule Noire surchauffée pour le live de Concrete Knives au MaMA 2018. Il est bon de retrouver le groupe qui ne semble pas avoir vieilli depuis la dernière fois.
Les nouveaux titres sont aussi pop relevées que les tubes qui font sautiller.
La chevelure d’Adrien Leprêtre alias Samba de la muerte secoue l’air, la chanteuse n’a succomber à la chaleur malgré son kimono.
En fin de concert, retour à la réalité. Un t-shirt sur poitrine généreuse enfonce le clou : Music is a dirty job… J’ai bien une pote attachée de presse qui approuvera ce message.

Mama 2018

Lary Kidd au Rouge Pigalle

Ma première fois dans ce décor culte sans âge de la nuit et de Pigalle. Et c’est un ourson québécois qui m’y a conduit.
Lary Kidd un jeune rappeur barbu qui a un phrasé unique avec un bon accent ne permettant pas de saisir pleinement les subtilités de son song-writing aussi bien français qu’english. Mais on se laisse porter et emballer.

Entre deux titres, le rappeur lance « I let the music speaks for me » (Je laisse la musique parler pour moi). Ça claque !

Et une bonne punchline que l’on retient forcément : « Le rappeur le plus sous-estimé du Québec ». Génial !
Rajoutez sa marque de fringue Officiel qui affiche des « Montréal made me immortel » dans les rues de Paris. J’adore !

MaMa 2018

Mother fucker et des bitch qui ponctuent le live pour se la jouer bad boy époque Eminem. Ce petit côté teigneux de Lary Kidd est très plaisant. Ca l’a fait rire quand je lui l’ai dit, deux jours plus tard.
Petit Jésus est son chef d’œuvre.
Et ce qui plait c’est que le rappeur a de la référence artistique en stock : Duchamp, Rubens (il a une de ses célèbres toiles tatouée sur le biceps).

Walter Dean @ Machine du Moulin Rouge

Trois projos vidéo de face qui irritent la rétine tout en envoyant des faisceaux de lumière et des figures géométriques.
Derrière moi, j’entends : « ça fait mal aux yeux ! »
Au bout d’un moment, un balaise me bouche la vue (suis assis), je ne me plains même pas.
Un quadra à chemise manches courtes filme en continu, son smartphone dans une main, sa bière dans l’autre. Est-ce le manager ?
Les compos de Walter Dean sont tellement minimales que l’on a l’impression que le live n’a pas vraiment débuté. Que c’est toujours une longue intro sans fin.
C’est loin d’être dansant, mais ça peut être trippant. Ça fait surtout l’effet d’une performance artistique qui serait sortie d’un musée d’art contemporain.

A la sortie, un mec du métier lance à sa voisine : « Tu sais le punk c’est pas très clair, maintenant ! »

MaMA 2018 c’est aussi Gaël Faye en live. Je ne l’avais pas vu sur scène. Il est puissant ce mec !
J’ai étonnemment aimé Madame Monsieur. De la pop belle comme un coeur ou un baiser. Et j’ai assisté au grand retour de Eagle Eye Cherry qui n’aurait pas fait de concert à Paris pendant 14 ans.

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Charlie Winston en interview : on a parlé succès-échecs, engagement & Square 1

Après The Weekend, un premier single dansant, léger et pop sorti en juin dernier, Charlie Winston nous présente son quatrième album Square 1. 

Un disque plus profond qui aborde des sujets d’actualité mais aussi plus personnel.  On y retrouve des sons pop, folk, mais aussi de tabla, de kora, de marimba chers à l’artiste qui nous emporte instantanément dans son univers.
Joie, légèreté, mais aussi larmes d’émotions, les sentiments sont mélangés à la première écoute et c’est ce qu’on aime lorsqu’on écoute de la musique. De la bonne musique.
Entretien passionnant avec un passionné.

Selfie exclu pour USofParis

Interview-selfie Charlie Winston

USofParis : Quel est le sujet de la chanson Here I Am ?

Charlie Winston : C’est à propos des échecs et du succès. Comment le succès n’existe pas réellement sans échec. Le problème avec la réussite c’est que t’as peur d’échouer.

C’est quelque chose que tu as vécu ?

A certains niveaux oui, mais je pense que chacun d’entre nous l’a vécu. Ce n’est pas nécessairement à propos de moi, c’est à propos du monde. La façon dont il est conçu.
On vit dans un monde où l’on va à l’école dans laquelle on nous enseigne à être au plus haut niveau, à réussir. Si tu réussis tes examens, tu réussiras ta vie, mais ce n’est pas la réalité.
C’est vrai pour certaines professions mais ce n’est pas pour la vie. La vie ce n’est pas avoir réussi chaque jour. C’est comme sur Facebook, tout le monde y montre la plus belle partie de sa vie. Ils ne montrent pas les mauvais moments. On aime donner aux autres de fausses impressions.

Tu étais un élève doué ? 

Je n’ai pas vraiment réussi à l’école, je n’ai pas eu de bonnes notes là où je devais en avoir. J’étais lent, je faisais le clown. C’était ma façon d’aller contre ce système.
J’ai choisi d’être musicien. Même si c’était facile de l’être. Les choses sont devenues complexes et j’ai eu ce monde, cette machine construite autour de moi, j’ai eu beaucoup de conversations avec des gens qui sont dans l’attente de ce que tu dois faire ensuite. Et je continue de me battre contre ces attentes.
Maintenant, encore plus que jamais dans ma vie, je vois et je comprends que c’est très important d’échouer. Cet album pourrait être un échec dans les yeux du monde, mais pour moi ce n’en est pas un.

Pourquoi ?

Parce que chaque album que j’ai fait, c’est comme avoir une nouvelle famille, toutes les chansons sont mes enfants. Elles ne seront peut-être pas aussi populaires que d’autres chansons comme Like a hobo mais ça ne veut pas dire que c’est un échec pour moi. Parce que l’échec ce serait de vouloir les faire et de ne pas les enregistrer.

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Here I am est peut-être ta chanson la plus personnelle ?

Oui, je pense que c’est la plus personnelle de l’album. Ça raconte une histoire au sujet de ma vie, à propos de qui je suis. Mais je pense que beaucoup de personnes peuvent se sentir proches de ce sentiment. Ne pas être très bon à l’école, ce n’est pas unique. Nous avons tous ce problème, tu peux avoir 16 ans et te sentir en échec parce que tu as de mauvaises notes mais ce n’est pas comme si nous allions tous avoir des jobs très importants. Il n’y a pas assez de jobs comme ça.

Tu devais faire un break avant de réaliser cet album, tes plans ont changé, que s’est-il passé ?

J’avais prévu un voyage avec ma famille pour partir vivre au Malawi. Quelques jours avant j’ai eu un gros problème au dos et j’ai dû annuler le jour du départ. Je n’ai pas pu marcher pendant deux mois. C’était une période assez difficile pour ma famille.
La belle chose avec l’art c’est que quand tu en as besoin il vient à toi. C’est pourquoi c’est assez dur de trouver du bon art de nos jours. Les gens sont plutôt heureux, on a probablement la meilleure économie que l’humanité n’a jamais expérimenté. On a de la chaleur quand on en a besoin grâce à l’air conditionné, de l’eau fraîche, de la nourriture dans un frigo. Tout est plutôt cool et les gens continuent de se plaindre. L’art n’est pas vraiment nécessaire comme il a pu l’être après la seconde guerre mondiale quand on a eu tous ces extraordinaires groupes dont on parle encore aujourd’hui. L’art ça vient quand tu en as besoin et j’en ai eu besoin donc c’est revenu à moi.

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En juin, on a pu écouter The Weekend, une chanson catchy, pop. Je trouve que ce n’est pas très représentatif du reste de l’album. Pourquoi avoir choisi ce morceau comme premier single ?

Charlie Winston : J’ai eu cette conversation avec quelques fans, sur Facebook notamment. Je suis complètement à l’aise avec ce que tu dis. Ce que les gens ne voient pas – et c’est naturel – quand avec ma famille on a dû traverser ce moment difficile, ça a été si lourd qu’on avait vraiment envie de légèreté.
Quand tu vois tes enfants quand tu mets de la musique et qu’ils se mettent à danser, ils apportent cette légèreté dans tout. J’adore l’idée que danser c’est en quelque sorte une façon d’oublier.
C’est comme ça que la chanson est née. Cette chanson qui est très légère et lumineuse vient de quelque chose qui était beaucoup plus sombre, mais ce n’est pas expliqué et je ne voulais pas l’expliquer dans la chanson.
 Et après ça, il y a toujours les discussions avec le label. C’était la plus catchy, la plus radio friendly, ils pensaient que c’étaient le meilleur choix. Je voulais que ce soit Feeling stop en premier single, mais ils ont poussé fort, c’était presque une bataille 🙂

Charlie Winston

Contrairement à tes précédents albums, tu as travaillé avec une équipe sur Square 1. C’était difficile de lâcher prise ?

C’était génial ! C’est très représentatif de ma vie. J’ai lâché prise sur plein de choses. Je n’ai jamais mis de mots là-dessus. J’ai lâché prise sur le fait de penser à savoir où je vais. Je n’ai aucune idée d’où je vais. Ni si ma vie va aller quelque part, ailleurs.
Je suis rentré dans le studio, j’ai dit au groupe et à l’équipe que je voulais répéter pendant deux jours, juste jouer, pas enregistrer. A chaque fois que l’on jouait les morceaux du début à la fin, que ça s’arrêtait, quelqu’un me disait : « Qu’est-ce que tu veux faire ? » et je répondais « Je ne veux donner à personne la réponse »,

Un challenge ! 🙂 

C’est devenu difficile pour moi. Après deux jours sans donner de directions, j’ai dit qu’on n’enregistrerait pas pendant encore une semaine, qu’on allait improviser et voir ce qui allait sortir de tout cela. Ce n’est pas moi qui ai dit comment faire, c’est la musique qui nous a dit comment faire à chacun de nous. La musique est née d’après de la musique que j’ai designé . Après tout ça je n’ai pas eu besoin de dire quoi que ce soit, chacun savait à propos de quoi l’album était, où il allait et je pouvais aller cuisiner le lunch pour tout le monde je savais que ce serait la même organisation.
Je travaille avec de bonnes personnes, mes musiciens sont extraordinaires, mes ingénieurs sont des ingénieurs haut de gamme qui ont travaillé avec beaucoup d’artistes. Je n’avais pas besoin d’être là et de leur dire comment être meilleur, ils font tous ça depuis des années. A partir du moment où ils ont compris la vision/conception tout était cool.

Que cela signifie Square 1 ?

C’est une expression qui veut dire : revenir au début. C’est lié à l’échec et au succès comme je t’ai dit au début. Il faut avoir une bonne relation avec l’échec, parce que si tu veux apprendre le piano, à jouer au tennis, une langue ou n’importe quoi d’autre, tu dois échouer. Chaque fois que tu fais une erreur, tu t’améliores un peu plus parce que tu t’en rappelles.
Ce qui est difficile c’est d’appliquer ça dans ta vie, dans une société où on te dit qu’un échec c’est une mauvaise chose et une réussite c’est une bonne chose. Tout le monde adore me demander : “Comment le succès a été pour moi ?” Mais personne ne me pose de question sur mes échecs. Parfois, avoir du succès c’est avoir eu un énorme échec personnel. Tu travailles si dur pour arriver à ce point, tu y arrives et ensuite tu vas où ? Tu dois retourner en bas et recommencer d’une manière ou d’une autre.

C’est ce que tu as fait avec cet album ?

Oui ! Enfin non. Ce n’est pas ce que je fais avec cet album, j’essaie d’avoir une meilleure relation avec cette notion, cette idée.

Charlie Winston

Tu as plusieurs chansons à propos de sujets d’actualité, es-tu un artiste engagé ?

… Je n’aime pas vraiment le mot engagé… Je ne me qualifierai même pas de musicien. 🙂

Mais tu l’es !

Bien sûr, parce qu’on doit mettre des noms. Je me qualifie d’artiste, parce que je dois créer, je dois faire de l’art, exprimer quelque chose à travers les sens. C’est ce que je fais, je travaille les sens. Il arrive que ce soit plutôt en musique, mais je peins aussi, j’ai passé une partie de l’été à peindre.
Si tu me qualifies d’engagé c’est comme si les gens avaient l’impression que je réfléchis sérieusement à comment sauver le monde. Mais je m’en fiche ! Le monde est foutu, admettons-le, on est tous foutus. On est en train de créer notre propre cercueil en étouffant la Terre. Je suis un optimiste mais je n’ai pas d’illusions. L’Histoire nous démontre que les humains font des erreurs massives.
Mais je suis juste un gars !

Peux-tu me parler un peu de la chanson Airport, elle m’a beaucoup émue ?

Juste après mon deuxième album, j’ai acheté une maison à Londres, je jouais beaucoup au piano et j’ai commencé à écrire cette chanson, mais seulement la mélodie. Je la jouais beaucoup. Ma femme était enceinte et elle n’arrêtait pas de me dire :  « Il faut écrire cette chanson, il faut écrire cette chanson ! ». Puis j’ai complètement oublié cette mélodie.
En 2016, j’allais au studio tous les jours, j’y allais pour écrire, composer, trouver des idées et un matin j’ai dit : « Je vais écrire une chanson aujourd’hui et je ne partirais pas du studio avant qu’elle ne soit finie » et ma femme de me rappeler « Et cette chanson que tu avais l’habitude de jouer dans notre maison à Londres ? » J’ai pris un taxi, j’ai mis la radio BBC 4 et il y avait un programme à propos de la révolution libyenne. L’homme dans ce programme avait écrit un livre dans lequel il parlait du début de la révolution quand son père a dû quitter le pays. Il ne savait pas où son père était allé, il a commencé à le chercher. Le livre est à propos de son voyage et on lui a demandé de lire un extrait.
La première phrase qu’il a lu, je m’en rappelle, j’allais au studio et j’avais sa voix vraiment forte et il a dit : « My seat is bolted to the floor of the airport » et je me suis dit que c’était une si bonne phrase. Cette phrase dit tout ! Et j’ai beaucoup beaucoup été dans des aéroports, donc je connais ce sentiment.

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C’est lié à une autre expérience ? 

Oui avec les réfugiés quelques mois auparavant (voir le clip de Say Something), j’ai compris l’émotion en parlant avec eux, quand ils me montraient des photos de leurs maisons maintenant détruites. Tu ne sais pas vraiment si tu dois y retourner ou aller de l’avant. On a toujours ce moment dans les aéroports, même nous les Européens, on arrive à l’aéroport on a notre passeport, tout ce qu’il faut. Mais on n’est jamais certain de pouvoir partir car il y a des contrôles et on ne sait jamais ce qu’il peut arriver.
 C’est à propos de tout ça Airport, mais aussi à propos du sentiment d’être perdu.

Ton dernier concert ?

Massive Attack et Stanley Jordan, un grand joueur de guitare.

La chanson que tu aurais aimé avoir écrite ?

La chanson la plus moderne que j’aurais aimé avoir écrite est Human de Rag’n’Bone Man. Et une ancienne chanson ce serait It Ain’t Me Babe de Bob Dylan.

Es-tu toujours en contact avec Peter Gabriel ?

C’est marrant que tu me demandes ça ! Je viens juste de lui écrire un mail pour lui dire que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas discuté. Mais je vois sa fille samedi, c’est une amie.

By Joan

Charlie Winston

Charlie Winston
nouvel album Square 1
(BMG)


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Nous vous offrons des exemplaires de Square 1, le nouvel album de Charlie Winston, à recevoir chez vous directement !!

Pour participer, il suffit de remplir le formulaire ci-dessous.
Bonne chance à tous et toutes !


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Zaza Fournier et Le Déluge : son conte pour adultes #interview

Zaza Fournier nous embarque dans un spectacle-musique original, déroutant et poétique.
Le Déluge n’est pas à prendre à la légère tant il nous révèle à nous-mêmes. Mais il ne doit pas ralentir pour autant nos ardeurs à retrouver la chanteuse encore plus joueuse que jamais et prête à embarquer le public pour expérience musicale intense.

Zaza Fournier
photo Raphael Neal

INTERVIEW

Quelle est l’origine de ce Déluge ?

Zaza Fournier : Ça a avoir avec un vrai petit déluge personnel.
Je lui ai laissé cours artistiquement lors d’une résidence. Je suis partie pour la première fois, seule, enfermée dans une maison proche du Bassin d’Arcachon. J’ai vu 2 personnes : la caissière du supermarché et le jeune mec qui vendait des huîtres qui rattrapait mon moral à deux mains.
Je m’autorisais des huîtres et du vin blanc à midi.
J’ai tout composé à la voix. Il y a eu un retour à la voix primaire, d’habitude je passais toujours par le vecteur d’un instrument.
Je me suis vraiment connectée à ma voix intime.

Le Déluge était présent dès les premiers jets ?

Bizarrement, tous les premiers jets sont restés. Il y a eu quelque chose de très évident dans l’écriture, ça ne m’était jamais arrivé.
La première chanson écrite est Pour que tu me voies, qui est la première chanson du spectacle.

Le fond est très concret, une chose que l’on a traversée, notre rapport au couple, à la fidélité, au désir. En revanche, j’ai vraiment écrit un conte pour adultes. Je voulais inviter un monde.

J’adore le titre Le Déluge. Est-ce que l’Orient s’est penché sur toi pour ce titre ?

C’est joli ! 😉
D’une façon plus large, je me suis connectée à ma voix ancestrale. Il y a une sorte d’harmonie sans âge qui s’est inscrite dans le chant tout de suite, dès la maquette. Je me suis sentie femme primaire au moment de la composition.
C’est ce que tu entends.
Je suis très associée à la chanson, ces harmonies je n’aurais pas pu les trouver en composant avec l’accordéon ou le ukulélé. C’est en ça que je parle de voix primaire.
Il y a aussi l’histoire de la femme dans le monde, la femme et son désir. Des questions anciennes.

Une punchline d’enfer pour inciter tout le monde à voir ton spectacle ?

Si tu veux que tes monstres retrouvent leur place, viens voir Le Déluge.

Le Déluge c’est aussi ouvrir de nouvelles voies artistiques ? 

Je ne l’ai pas pensé comme ça, mais c’est ce que l’on me renvoie du projet.
J’ai l’impression qu’à chaque nouvelle proposition, j’avais ce retour.
Je vis ça comme une expérience renouvelée, un terrain de jeu total, ne me posant jamais la question du résultat.
Je laisse donc la possibilité à un résultat inattendu 😉
Le Déluge
Zaza Fournier avec Diane Villanueva et Juliette Serrad

Ce spectacle, tu le portes depuis longtemps ? 

J’ai la sensation que tout ce que j’ai fait ces 10 dernières années c’était pour faire ce spectacle. Bien sûr, je suis partie de la forme la plus légère possible, toute seule, à parler beaucoup entre les chansons. Et puis il fallut que je me concentre sur la forme guitare-basse-batterie pour attraper ma “légitimité de chanteuse“.
Ma dernière fois, on était deux sur le plateau et je tendais vers ce spectacle. Avec Le Déluge, j’assume d’où je viens, mes désirs de casser le cadre.

La femme en 2018 a-t-elle encore des choses à prouver ? 

Je pense immédiatement à des femmes, sœurs, cousines d’autres pays, pour qui s’est un enjeu de chaque jour d’être femme et de tenter de trouver une sorte de liberté.

Sous nos latitudes aussi, en France, en Paris. L’actualité nous le dit haut et fort.
Il y a une violence latente auxquelles les femmes doivent faire face, mais les hommes aussi.
Ce qui est étrange dans cette violence-là c’est le poids de l’histoire que l’on se traine. Le regard de l’autre, le quotidien est un reliquat d’une violence sourde présente depuis l’origine.

Mélanie Doutey m’a répondu ne pas croire qu’un artiste est libre. Quel est ton sentiment ?

J’essaie de trouver ma liberté dans le fait d’être au plus près de ma singularité. Mais c’est remis en jeu tout le temps. Et il est très dur de s’échapper du cadre.
Le Déluge parle de ça : vivre c’est obéir à un cadre ou tenter de désobéir à celui-ci. Et là, ça dépasse le genre.

La liberté est quelque chose de conceptuel et tout à fait relative.

Le rapport au public a changé ? 

Ce qui est différent, c’est que les chansons ne sont pas sorties. Les spectateurs sont dans la découverte totale. Au début, des gens sont déstabilisés, surpris, crispés aussi. Certains ont sans doute peur de l’endroit où je les emmène.
Mais le moment où ça se dénoue c’est hyper émouvant. Ça donne envie de jouir tous ensemble 😉
Le spectacle impose une écoute hyper active. Tout le monde est acteur du spectacle.
Mes chansons vont chercher quelque chose d’intime.
Je suis très émue de certains bouleversements.

Penses-tu que tu deviendras folle un jour ?

C’est une de mes angoisses profondes. Ma théorie : les fous ne sont pas fous et c’est nous les sains d’esprit qui sommes à côté de la plaque.
Ça nous pend tous au nez. J’ai un bon terrain.
Je pense que l’on est extrêmement facile et que c’est balèze de vivre. On est sans arrêt solliciter de corps et d’esprit. Et on tient, tout en gérant nos pulsions internes.

Qui tentes-tu d’imiter ?

Je ne parlerai pas d’imitation. Des gens m’inspirent beaucoup.
Un ami m’avait conseillé : pense aux gens que tu aimes entendre. Et c’est les gens que l’on dit fous que j’aime entendre comme Sébastien Tellier, Brigitte Fontaine.
L’œuvre de Brigitte me porte beaucoup. Il y en a peu des poétesses-artistes-interprètes totales, comme elle.

T’es-tu découvert le meilleur moyen d’évasion ?

Depuis toujours, je lis, trop, il parait.
Le monde ne m’intéresse pas tant et il est souvent plus intéressant dans les livres. Si c’était un métier, ce serait un truc qui me ferait de l’œil : lire toute la journée ! Ça ferait concurrence à la musique.

Zaza Fournier

Garçons est une aventure révélatrice de ton autre part ?

Absolument ! Je suis vernie : j’ai le luxe d’explorer l’endroit de la masculinité qui est en moi. Quand on cherche dans la vie, on t’emmerde.
Tu fais un spectacle pour te révéler ça, on paie pour te voir : c’est une idée qui me réjouit beaucoup. De travailler avec d’autres artistes Carmen Maria Vega, Cléa Vincent et Raphaël Thyss notre musicien, ça fait énormément progresser, musicalement, vocalement.
Je ne voyais pas chanter Avec le temps. Non a été un réflexe et c’est Carmen qui me l’a proposé.

Interview by Alexandre

Zaza Fournier

Zaza Fournier
avec Diane Villanueva
(rythmique et chant) et Juliette Serrad (Violoncelle et chant)

Le Déluge
spectacle-musical

Page FB officielle : ZazaFournier

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Yorina, couturière devenue chanteuse : un si joli destin ! #interview

Yorina c’est un peu la Cendrillon des temps modernes. Couturière de formation, elle croise la route de sa marraine la bonne fée Dan du groupe The DO et depuis son destin a changé. De couturière à chanteuse, le destin est parfois surprenant !
Yorina n’a jamais chanté auparavant, ni joué d’instrument de musique. Pourtant, depuis cette soirée où elle a chanté devant quelques amis, sa vie a changé.

Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie de son premier EP Dry your tears sorti chez Barclay/Universal Music France.

Yorina

Interview selfie / Yorina

USofParis : On t’a découverte en première partie du concert de Tamino au Point Éphémère. On avait adoré et c’est un vrai plaisir de te rencontrer.

Yorina : Oh merci ! 🙂 C’était le 3e concert de toute ma vie, c’était un peu fou. C’était génial, j’ai adoré. L’ambiance était super et j’ai beaucoup aimé Tamino aussi. Ce mec a un univers assez prenant.

C’est stressant ces premières scènes ?

L’avantage c’est que comme je n’ai aucune expérience, je ne peux pas vraiment appréhender encore. Je suis hyper contente tout le temps parce que je découvre plein de choses et que tout est nouveau. C’est génial tout ce que je vis. Je n’ai pas d’angoisse. Y’a juste le trac. Je suis hyper heureuse à chaque fois.

Sur ton EP il n’y a que 6 titres, que proposes-tu d’autre sur scène ?

En réalité, j’en ai pleins en stock. 😉 Pleins pleins pleins. Ça me donne une liberté folle, parce que je peux varier le set. Chaque set que j’ai fait était différent à chaque fois. Parce que j’ai une nouvelle chanson que je veux la tester. J’ai une liberté qui est assez cool. J’ai une problématique de luxe qui est : « Quel morceau je ne joue pas ? »

Ça a été dur de choisir les 6 morceaux de l’EP ?

Oui, c’est toujours difficile ce rapport avec les chansons comme j’évolue énormément parce que je débute. Ma voix évolue, mes envies aussi et mes mélodies… Il y a certaines chansons que je pouvais trouver vraiment géniales, il y a un an et puis maintenant je n’arrive plus trop. Comme ma voix évolue, elle ne feat plus forcément.
Les chansons de l’EP me portent pratiquement depuis le début pour la plupart. Je les adore depuis le début, je les défends à mort et elles ont évolué avec moi.

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Ce premier EP annonce-t-il un futur album ?

Pour le moment, je ne sais pas trop. Tout ce qui est stratégie tant qu’on m’en parle pas je n’y réfléchis pas trop. C’est des choses que je verrais au fur et à mesure. Pour le moment, j’ai envie de faire vivre ce disque, vivre avec lui, le partager.

Je n’ai lu que de bons retours notamment la belle chronique dans Les Inrocks

Je suis trop trop contente. Les retours sont vraiment cool. Et pareil aux concerts, je reçois tellement de bonnes ondes que je me laisse porter par ça. Je veux commencer humblement tout ça, petit à petit. Je ne vise vraiment rien, je vis au jour le jour.

Ton histoire est assez incroyable, tu n’étais pas du tout destinée à la musique. C’est arrivé par hasard. Quand tu étais petite, tu ne chantais pas ? Tu ne jouais pas d’instrument ?

Yorina : Je n’ai jamais pris de cours de chant, je ne jouais pas d’instrument. C’est vrai que c’est assez fou ! Je ne viens pas du tout de la musique. Je faisais de la couture avant. Mon frère jouait du saxo et mon grand frère de la trompette mais je n’avais pas un rapport à la musique direct.
Le rapport le plus direct que j’ai pu avoir c’est avec Dan de The DO pour qui j’ai fait des chemises de scène. Je cousais ses chemises et c’est comme ça que je suis un peu entrée dans le monde musical.
Mais ce n’était pas du tout mon truc. Je me suis retrouvée à une soirée avec lui, tout le monde a commencé à chanter, j’ai chanté…

yorina

Qu’as-tu chanté ?

Une chanson de The Beatles.
Et tout le monde s’est retourné, on m’a dit « Mais tu chantes ? »
J’ai répondu que non, je chantais sous ma douche mais je ne chante pas. Je suis couturière. Et Dan m’a dit qu’il fallait que je bosse ma voix car j’avais vraiment un truc. Il m’a donné un petit clavier et il m’a dit « Amuse-toi avec ça. Peut-être qu’un jour tu composeras ».
Il m’a appris les harmonies, les accords, il m’a fait une petite leçon de deux heures. C’est venu comme ça. J’étais dans un milieu artistique mais mon expression artistique y était beaucoup plus bridée. J’ai découvert une liberté, parce que c’était facile pour moi de composer et que c’était facile de créer des mélodies.
C’était simple, naturel et instinctif. J’ai découvert une manière de m’exprimer qui était incroyable. Il y a un truc émotionnel que je n’arrivais pas à avoir dans la mode. C’est vraiment une chance.
J’ai composé deux trois mélodies que j’ai envoyée à Dan. Comme ça à l’arrache. Je me suis dit qu’il allait se foutre de moi. En fait, il m’a poussé à continuer.

A-t-il eu besoin de te convaincre à un moment d’aller jusqu’au bout de la démarche pour en faire ton métier ?

C’était un peu bipolaire. A la fois, c’était très naturel, pour moi il y avait une logique pour qu’aujourd’hui ça entre dans ma vie et que ça devienne quelque chose de très important. A la fois, c’était tellement soudain, je n’arrivais pas à réaliser le sérieux de la chose.
J’ai commencé à composer en janvier 2015 et j’ai signé chez Barclay en août de la même année. Dans la même énergie que je finissais mes journées de couturière et que je composais ensuite, Dan finissait ses journées de boulot au studio et s’amusait ensuite avec mes maquettes. C’était un bon échange. Hyper frais. On n’a pas venu venir le tournant hyper sérieux de la chose. C’est lui qui a fait la démarche d’aller voir ses contacts. Avoir un retour c’était une curiosité énorme pour moi aussi. On avait une vingtaine de chansons.

Mais t’es passée de rien à boulimique de l’écriture. Tu as rattrapé le temps perdu ?

Je ne sais pas ce qu’il se passe dans le cerveau. Il y a vraiment des moments où j’ai besoin de composer. Il y a des phases aujourd’hui où je compose tout le temps. Pour moi c’est comme quelqu’un qui a besoin de danser. Il y a quelque chose d’hyper instinctif, d’animal, que je ne bride pas du tout.

Tu chantes uniquement en anglais. Pourquoi ?

J’ai plein d’origines différentes. Mon père est sicilien, pied noir, ma mère est allemande et russe. Ma mère me parle en allemand, j’ai fait des études en lettres. Du coup, j’ai un rapport aux langues assez développé. Ma culture est très ouverte. L’anglais vient de ça et du fait que mon influence musicale est vraiment anglaise.
Je suis fan absolue de Charles Aznavour et de parties de la musique française mais j’ai vraiment été bercée dans l’anglais. L’un des artistes qui me fascine et m’influence beaucoup est Bill Withers. Il y a aussi les grands classiques comme Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Etta James

Dans la centaine de chansons que tu as écrites, il n’y en a pas une en français ?

Récemment ça m’est arrivé. J’ai fait une chanson où des paroles sont en français. C’était hyper difficile. Je pense que l’anglais, quelque part dans ce processus émotionnel d’exprimer quelque chose, me permet de filtrer. De parler en anglais, c’est moins face to face par rapport à ce que je dis.Yorina

Alors que c’est un EP très personnel, les chansons sont très intimes…

Mes lyrics sont très concrètes. Même si c’est très émotionnel ça reste très pragmatique. L’anglais m’a permis de dire les choses très simplement. En français c’était compliqué, comme c’est ma langue de base, il y avait un rapport pas assez distancé pour m’amener vers quelque chose de nouveau. Bizarrement aujourd’hui, je sens que ça nait, doucement. Ça ne veut pas dire que je vais faire un album en français mais j’ai fait plein de reprises toute seule dans mon studio en français. J’ai découvert aussi un truc dans ma voix en chantant en français.

Peut-être sur scène qui sait ?

Je voulais faire une reprise, une chanson de Maître Gims que j’adore. C’était ma première expérience en français. C’est la chanson Changer. De base, il y a plein de choses chez Maître Gims qui ne sont pas mon délire, mais il y a certaines de ses chansons où j’ai été prise.

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On a eu un gros coup de cœur pour la chanson Dry your tears. Peux-tu nous en dire plus ?

Elle est hyper significative de ce que représente cet EP, c’est pour ça que je l’ai appelée comme ça aussi. J’ai vraiment, grâce à la musique et grâce à ses chansons, pu sécher mes larmes. Vraiment. C’est pour ça qu’il y a une certaine mélancolie, ça m’a permis de vivre en harmonie mon passé, avec les choses un peu dures que j’ai pu vivre.
Je suis passé par ces larmes et c’est ce geste de les sécher avec la main, j’efface, c’est tombé ça fait partie du processus. La musique c’était un renouveau, j’ai ouvert une nouvelle porte.

La chanson Waiting clôt l’EP. Qui est cette mystérieuse personne que tu attends ?

J’ai perdu mon frère il y a 5 ans d’un cancer, assez violemment et dans cette chanson j’ai voulu exprimer cette sensation que j’ai pu avoir après sa mort. C’est une période un peu de néant où on est en roue libre totale. C’était vraiment cette sensation, que j’ai encore aujourd’hui ce qui est assez fou avec le deuil, quand on pense faire le deuil mais qu’on ne le fait jamais en fait.
Je trouve que même dans les relations amoureuses où aujourd’hui on peut être encore imprégné d’une personne passée avec qui on n’est plus depuis des années. J’avais envie d’exprimer cette sensation d’attendre, c’est très passionnant je trouve. Cette solitude qui est liée à quelqu’un. C’est assez perturbant aussi.

Ton dernier coup de cœur musical ?

J’ai une fixette avec Kanye West et j’ai beaucoup aimé Sigrid.

Ton dernier concert ?

Concrete Knives au Printemps de Bourges.

Le duo de tes rêves ?

Maître Gims 🙂

Une chanson que tu aurais aimée avoir écrite ?

Issues de Julia Michaels.

Interview by Joan

Yorina

Yorina
Dry your tears
(Barclay / Universal Music France)

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Rock en Seine 2018 : éblouissants Macklemore, Justice, Mashrou’Leila

Rock en Seine 2018 J3 / D3
Alors que Macklemore célèbre sa dernière date européenne en famille, Justice fête ses 10 ans de zik lumineuse.
Les Australiens particulièrement barrés de Confidence Man ont excité les festivaliers de Rock en Seine.
Mashrou’Leila a offert ses délicates mélodies pour une transe orientale et métissée.
Wolf Alice a elle montré toute sa puissance vocale.

MacklemoreMacklemore

Macklemore, the last show

Bien sûr, Macklemore en fait des tonnes. Trop de franges à sa veste noire puis son gilet rouge, une chemise à rayures verticales qui fait mal aux yeux, des changements de costumes à chaque chanson comme Lady Gaga, des sauts sur scène et des caisses sur « Paris my favorite city in the world… blabla».
Des jets de flamme aussi.

MacklemoreMacklemore

Et on a versé dans la guimauve quand il a exhibé l’amour de sa vie sur scène, sa très jeune fille qui n’a pas du comprendre où elle était vu son jeune âge.
Mais si on accepte que c’est un showman, alors ça passe. On est prêts à tout accepter, ses plus grands délires, son sourire ultrabright et son brin de mégalomanie. Il nous a fait penser à Jared qui s’est produit ici-même la veille.
L’énergie de Macklemore est telle qu’on se trouve emporté, soulevé. Quand les premières notes de Can’t Hold us se font entendre c’est le feu au festival.
Et puis nous aussi on veut se déguiser, partager son délire et aussi ses dollars.

Justice 10 ans, waouh!

Show spectaculaire avec force de lumière, de fumée, d’effets visuels et de beats pour fêter les 10 ans de Justice. Les enceintes Marshall ont été installées en nombre pour servir la set-list délirante des DJ.
Certains trouveront le son un brin bourrin, d’autre s’éclateront comme des fous pour un dernier délire collectif avant la reprise.
Justice est grand, brillant et toujours aussi intense.

Confidence Man :

Le batteur et le clavier ont bien du mérite de jouer torse poil, en boxer et masqués d’une voilette noire. Toute l’attention doit être centrée sur les deux membres charismatiques de Confidence Man. Et ils font un max pour se faire remarquer ces deux-là. Mini-short qui frôle presque l’indécence pour Sugar Bones, jupe moulante pour Janet Planet. Et ils se déhanchent, gesticulent, changent de costumes.
L’attention est donc à son comble pour le public qui se défoule avec l’électro barrée du duo. Les titres des australiens sont imparables pour décharger toutes les tensions.

Mashrou’Leila, la poésie pure

J’ai mis 10 ans pour voir le groupe sur scène. Je ne suis pas si déçu que ça de les découvrir sur scène seulement en 2018.
Mashrou’Leila a un charme fou musicalement et physiquement : le Liban dans le sang et la chair. Et qui a vu un violoniste aussi musclé que Haig Papazian ?


Hamed Sinno, le chanteur, apparaît réservé et au fil du temps, de ce que lui renvoie le public, il commence à danser, à se laisser bercer par le public face à lui.
Les chansons ont toutes une orchestration vibrante, une émotion qui se ressent malgré l’incompréhension de la langue.
Le titre Roman me fait toujours l’effet d’une transe incroyable. Et c’est encore plus fort en live.

Wolf Alice bad girl rockeuse

De loin, il y aurait un mix entre Kirsten Stewart dans la silhouette ou le profil et de feu Dolores O’Riordian, chanteuse de The Cranberries.
Ellie Rowsell offre à la fois une frimousse douce tout en pouvant décharger un gros lot de fureur à travers le micro.
Ses partenaires de jeu tous masculins ne sont pas effacés pour autant. Le guitariste et le bassiste sont capables d’autant d’éclats et de force pour imposer le rock nerveux de Wolf Alice.
A noter quand même un fashion faux pas : le soutien-gorge noir sous nuisette blanche.

Rock en Seine 2018 c’est fini.
See you in 2019!

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Rock en Seine 2018 : passion Thirty Seconds To Mars, Liam Gallagher & Anne Calvi

Rock en Seine 2018 J2 / D2.
Thirty Seconds to Mars a drainé un grand nombre de fans voués au culte Leto. Fascinant !
Grosse attente pour le retour de Liam Gallagher sans son frère, donc sans embrouille possible d’avant concert. #bonheur 
Anna Calvi a aussi ses admirateurs, plus discrets mais tout aussi passionnés. 
A leurs côtés, Cigarettes after sex, SG Lewis et The Psychotic Monks. 

Thirty seconds to marsThirty Seconds to mars

Thirty Seconds to Mars : Jared Leto is the new guru

Jared Leto a fait une promesse : qu’il n’oublierait jamais cette date de sa vie.
Difficile aussi pour nous d’oublier un show pareil qui frise la démesure avec une audace incroyable.

Certaines mauvaises langues disent que le beau Jared s’est habillé dans le rideau de sa grand-mère, ses franges aux bras frisant le ridicule. D’autres voient plutôt une apparition papale avec ses gants de strass, la longueur de sa tunique. Voire une figure christique dans le profil du chanteur avec ses cheveux longs.

Thirty Seconds to Mars

Il y a forcément du second degré dans ce grand show que Jared Leto mène comme un gourou d’une secte surexcitée et prête à tout pour l’approcher et obtenir une grâce (?).
Il bouge en continu sur scène – les photographes ont eu un mal fou à le saisir pendant les 2 premiers titres -, lève les bras, demande à la foule de porter son prochain sur ses épaules.
Les titres de Thirty Seconds to Mars sont taillés pour exalter, défouler, transcender le public. Les néophytes qui ne connaissent rien au culte Leto peuvent même prendre du plaisir.
Son show est digne d’une performance d’acteur, il est totalement habité par sa musique, sa proximité avec son public, les réactions qu’il arrive à faire monter de la foule. Son sourire prouve qu’il est au comble du plaisir et aussi de l’amusement.

Jared Leto est prêt à tout pour combler ses fans. Il fera monter au moins une cinquantaine de personnes sur scène pour un final mémorable. Lâcher de confettis, fumée.
Il faut vraiment voir Thirty Seconds to Mars une fois dans sa vie pour le croire.

Thirty Seconds to mars

The Psychotic Monks « not again »

Dernières paroles du concert répétées à l’envi : « Not again ».
C’est ce que j’étais tenté de dire au sortir du live tant la performance était ardue.
Mon voisin m’a lancé The Who comme référence possible pour comprendre la musique et la performance live de The Psychotic Monks. Il n’a pas tort.
Le chanteur se convulse avec sa guitare, il malmène le pied de son micro. Ses partenaires de scène se secouent aussi frénétiquement.
La bande son que produit The Psychotic Monk est âpre, brute et perchée.
Mon voisin de résumer : « Pour un bad trip dans le noir, en mode dépressif, c’est parfait ! » Je partage son avis.

Un DJ mimi nommé SG Lewis

Le DJ SG Lewis égaye l’après-midi des festivaliers avec son électro emballante. Accompagné de deux chanteurs, il offre une série de titres so summer. On se voit encore en maillot, sur la plage.
La température, elle nous remet vite dans la réalité. Le petit 20 degrés nous éloigne encore plus de nos vacances.
Le DJ producteur anglais ne cache pas sa joie d’être de retour à Paris.

La trop grande douceur de Cigarettes after sex 

Pour une sieste, un petit coup de planeur sur l’herbe jaunie, Cigarettes after sex livre la bande son idéale.
Le soleil dans le dos chauffe suffisamment pendant le live pour ne pas s’endormir totalement.
On aimerait bien sûr plus de fougue mais les chansons ne le permettent pas.
On se prend à se demander s’il ne vaut mieux pas finalement écouter les albums chez nous plutôt que de voir le groupe en concert et en noir et blanc (demande du management).

Oh Anna Calvi!

Toute de noir vêtue chaussée de bottines blanches – cette faute de goût n’est pas validée par un membre d’UsofParis, Anna Calvi réapparaît sur la même scène où je l’avais découverte, il y a 7 ans.
On devine un bustier noir sous sa veste, ce qui donne encore plus de glamour à son apparition scénique.
Bien sûr, Anna Calvi a changé. Elle a délaissé sa blondeur angélique pour un brun hardant et qui contraste parfaitement avec le rouge vif de ses lèvres.
Mais elle est toujours aussi douée pour subjuguer de sa voix et de son rayonnante maîtrise de la guitare.
Ses nouveaux titres sont sans doute un peu moins accessibles mais ils opèrent quand même un énigmatique tourbillon musical qui emporte.

Liam Gallagher, le retour du roi

Définitivement plus couillu et charismatique que son frangin Noel vu en solo à Lollapalooza, Liam Gallagher n’a rien perdu de sa superbe avec le temps.
Égal à lui-même, provocant, quasiment incompréhensible quand il parle au public, on le retrouve presque tel qu’il était à l’époque brit pop, Oasis.
Liam se souvient même que c’est ici même qu’a eu lieu le dernier fight avec son frère conduisant à la fin d’Oasis, en coulisses juste avant le show.
Ne manquant pas d’humour, il dédiera une chanson à son frérot : Champagne Supernova.
Bref, on est content de le retrouver, d’autant plus quand on connaît son caractère et qu’il serait encore capable d’envoyer chier un festival entier.
Il nous permet de renouer avec les tubes du passé (Wonderwall, Don’t look back in anger… ) , tout en découvrant ses titres en solo qui ne manquent pas absolument pas de puissance.

Rock en Seine 2018 c’est pas fini ! Encore un jour de concerts ce dimanche.

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Rock en Seine 2018 : génie de The Liminanas, Nick Murphy & First Aid Kit

Rock en Seine 2018 J1 / D1 en version fraicheur après la canicule. Le soleil se joue des festivaliers, un thermomètre qui nous ferait passer direct dans la case automne.
J1 avec un beau cast : une révélation Terrenoire, le girl power de First Aid Kit, l’étrangeté de Dirty Projectors, Stefflon Don une Anglaise distinguée, Nick Murphy classe à mort, The Liminanas « oufissime ! ».
Report presque complet avec un peu de rap.

Rock en Seine 2018

Rock en Seine 2018

Terrenoire, fratrie envoûtante

Théo (claviers) et Raphaël (chant), les frères stéphanois jouent la gémellité, même coupe de cheveux, même combo t-shirt blanc, jean noir.
Le projet Terrenoire a moins d’un an. Ce n’est pas pour autant que le duo manque d’assurance. Un clavier, deux voix, des textes qui font sens et une musique à la fois pop, electro, métissée de plein d’influences.
Les frères chantent des sortes de mantras : Vas-y saute ou Lâchons prise.
Mais aussi l’amour, comme avec un de mes titres préférés, La PianisteJ’aime une musicienne ») et ce Cœur en latex pour signifier le cœur paralysé sont deux belles pépites.

Rock en Seine 2018 Rock en Seine 2018

First Aid Kit, des suédoises en majesté
Merci Télérama Sortir. Si je n’avais pas lu l’édition de la semaine, je serai passé à côté des sœurs suédoises.
First Aid Kit ce ne sont pas que des ballades, il y a aussi de la fougue.
La preuve en trouvant des fans de Linkin Park au 1er rang du concert.
Le duo enchaine une série de titres au charme certain, qui nous emportent et prolongent nos vacances.
La cover de Kate Bush avec non pas une mais deux voix d’anges finit de nous lier à ces girls à l’accent anglais si parfait.

Rock en Seine 2018

Dirty Projectors : le groupe bizarroïde de Rock en Seine 2018

Groupe très étrange. Le chanteur n’a ni une voix de dingue, ni un charisme à faire tomber. Le batteur a la mèche collante sur le front, #passexy. Le bassiste barbu poivre et sel est lui mignon et souriant.
On ne voit pas trop de rapport entre les différents membres, à part qu’ils soient dans le même groupe.
La rythmique des chansons est très répétitive – l’effet lancinant en plus.
Mais ce n’est pas dansant pour autant.
Il ne semble pas y avoir de refrain. Il faudrait toutefois une seconde écoute.
On se prend à apprécier cette curiosité et pour savoir où va nous emmener Dirty Projectors.

Rock en Seine 2018

Stefflon Don envoie du lourd

La Balenciaga addict varie les plaisirs. Elle balance du texte de bourrin avec des “pussy” et d’un coup elle devient plus sensible.
Il est assez troublant de découvrir Stefflon Don sur une scène. D’une part, parce qu’elle en impose et qu’elle n’a pas froid aux yeux. D’autre part, ses photos promo sont tellement retouchées qu’elles ne sont plus du tout contractuelles par rapport à l’original.

Rock en Seine 2018
Le côté cash, un peu lourd, la main qui descend sous la banane finit par ne plus agacer. Ça fait partie du package rappeuse anglaise new generation.

Rock en Seine 2018

Nick Murphy, ce mec est génial !

Une sorte de nonchalance à la Liam Gallagher – quand il met les bras dans le dos – court-circuitée par une maîtrise des instruments et un charisme diabolique.
Nick Murphy joue de ses mains, sur le micro, sur le clavier et de son image aussi. Le chanteur a soigné son style pour jouer le dandy from Melbourne.
Reste une coupe de cheveux que l’on a du mal à valider.
Le live de Nick Murphy est un foisonnement de sources d’extase. Je ne sais pas trop pourquoi j’ai été autant magnétisé. Rien d’explicable au fond, la musique capte, attrape les tripes. Nick opère une danse musicale qui frôle le génie. A écouter d’urgence : Missing Link.

Rock en Seine 2018

The Liminanas culte à mort

L’idée brillante du live: un danseur, qui se dandine plus qu’il ne danse vraiment, en costume et cravate. Un côté rétro Deschiens charmant. Le décalage est génial.
Rien n’est vraiment sérieux avec The Liminanas, que ce soit la maîtrise de l’anglais des chanteurs qui les accompagnent, la couleur de cheveux hardante de Madame à la batterie, la longueur de barbe de monsieur à la guitare.
Et puis surprise, Emmanuelle Seigner qui vient chanter mais qui n’a qu’une bribe de voix.
Des paroles naïves, des refrains entêtants et un rythme enfiévré.
On aime à la folie The Limninanas !
Un photographe à la sortie du concert : « Oufissime, il y avait un mur de son ! Ne serait-ce que pour ça, ça valait le coup de venir ! »

Rock en Seine 2018

Seule erreur de parcours de la journée 1 de Rock en Seine 2018 : Josman qui se croit sinon subversif tout du moins ultra cool en arrivant sur scène un joint à la main.
On le remercie d’avoir invité des potes à foutre le bordel car son jeu de scène est très limité. Dans la catégorie fumeurs de weed, nos préfères restent PNL, bien que leur live était mou du genou. Le cloud rap peut avoir ses limites.

Rock en Seine 2018 continue encore samedi et dimanche avec du très beau son ! 

Rock en Seine 2018

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Arman Méliès chante les femmes avec Echappées Belles ! #interview

A peine la tournée Esperluette avec Julien Doré bouclée, Arman Méliès s’est remis tout de suite à l’ouvrage, c’est son “besoin irrépressible” de faire des chansons. 
En attendant son nouvel album, il s’est offert un aparté féminin en reprenant Juliette Armanet, Blondino ou encore Fishbach. L’EP Échappées Belles a été enregistré dans son home studio, en un mois à peine. Pour ce projet, le chanteur a été tout autant excité à l’idée d’enregistrer les titres que de travailler sur la conception du disque.

Arman Méliès

INTERVIEW 

UsofParis : Quelle est la chanson déclic de ce projet ?

Arman Méliès : La chanson de Blondino est l’étincelle de cet EP. Je l’ai découverte dans un magasin de disques par hasard, à l’époque de la sortie de l’EP. Je suis allé voir le vendeur, le disque n’était pas encore sorti.
Il s’avérait que c’était sous le label Tomboy de Mélissa qui travaillait sur ma promo.
C’est un titre qui m’a poursuivi.

Qu’a-t-il de spécial ce titre ?

Il me touche !
Dans un premier temps, c’était la musicalité, dans le magasin. La mélodie, la suite d’accords…
Petit à petit a germé l’idée que je puisse le reprendre un jour. Les reprises, j’en fais peu.
Je voulais rendre hommage à la nouvelle génération de chanteuses, avec des titres qui me suivent plusieurs mois, extraits de premiers albums.

Comment s’est fait le choix des autres titres ?

Essayer de trouver des chansons qui me touchaient. Et c’est un peu par hasard que ce ne soit que des chanteuses. Après Blondino, il y a eu Maissiat que je connaissais depuis longtemps.
Et en réécoutant mes playlists, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de chanteuses.
Cela fait sens par rapport à notre époque, #metoo, le cinéma, moins en chanson. La question de la femme dans notre société est quelque chose de fort. Et cet ensemble faisait sens.

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L’adaptation a été facile pour toutes ces chansons ?

Curieusement, le titre de Blondino n’était pas si simple à adapter. Je le jouais depuis longtemps pour moi, guitare-voix. Et quand j’ai commencé à travailler dessus pour l’enregistrer, je me suis rendu compte de petites subtilités que j’avais gommées mais qui faisaient tout le sel de la chanson.
Il y avait aussi un phrasé très important dans la rythmique alors que j’avais essayé de m’en détacher. Mais ça ne marchait plus.
La gageure était de trouver l’angle pour aborder chaque titre.

Des paroles t’ont touché ?

De manière générale, je suis toujours séduit par la musique, dans un premier temps.
Mais quand on plonge dans les titres, on se rend compte que ce n’est pas par hasard qu’on les choisit.
Le titre de Maissiat qui parle du deuil, fait écho à mon album Casino qui traite du sujet – je venais de perdre ma mère. Non seulement c’est la même thématique, mais il y a une sorte de poésie commune.
Et le thème du feu (chanson de Fishbach) était obsessionnel dans mon album Vertigone et dans d’autres disques. J’adorais ce titre sans savoir comment il s’appelait. Pour moi, c’était un signe, j’allais clôturer ce sujet. 🙂

Fichbach est un peu sulfureuse. Elle est aimée mais sa musique agace aussi.

Arman Méliès : Je trouve ça bien que la musique divise. Je trouve suspect quand tout le monde aime la même chose.
Je suis partagé par rapport à son disque : certains me touchent beaucoup et d’autres moins.
Certaines productions très années 80 ont tendance à rendre certains morceaux hermétiques, en tout cas, par rapport à ma propre sensibilité.
Ce qui est curieux, c’est que nous avons le même producteur.

Juliette Armanet, qu’a-t-elle de particulier pour toi ?

Je l’ai vue plusieurs fois en solo.
J’ai découvert son titre l’Amour en solitaire grâce à Édouard Marie qui fait de la basse sur la tournée de Julien Doré. Elle n’était pas connue à l’époque et c’est amusant de voir comment il est devenu un hymne maintenant.
Je trouvais que c’était le titre le plus éloigné de mon univers. Il a fallu faire un pas de côté, trouver l’angle, avec les 4 saxos qui remplacent synthé et piano.

Arman Méliès

Pourquoi une sortie format CD et en édition limitée ?

Je suis très attaché à l’objet. La sortie digitale permet une grande liberté. On peut sortir un titre un album très rapidement. Mais en termes de qualité sonore et d’approche fétichiste de la musique, je trouve que c’est dommage de ne pas avoir l’objet.
Je voulais une sortie physique. Le CD est un support sous-estimé. Et je suis sûr qu’il y aura un retour de hype. J’adore le vinyle pour la chaleur du son. Mais en termes de panels de fréquences, entre un vinyle et un CD c’est sans comparaison.
Les infra-basses sur un CD sont sans commune mesure.

La chanson de Julien Doré la plus grisante à jouer sur l’Esperluette Tour ?

Porto Vecchio. On l’a jouée longtemps en début de concert puis après en version acoustique, en milieu de set.
Il y avait la version orchestrée que l’on avait fait de ce titre et l’excitation de débuter le concert. C’était un vrai plaisir.
Idem pour le dernier morceau du live, De mes sombres archives, en version très épique, post-rock presque.

Dernier choc musical ?

L’album de Jon Hopkins, Immunity. Un Anglais qui fait de l’électro. Il y a des plages ambiantes et d’autres plus rythmées. C’est vraiment très beau.

Dernier choc scénique ?

Son Lux vu à la Cigale, il y a 3-4 mois. Très impressionné par les musiciens. Une vraie maîtrise à tous les niveaux.

Un guilty pleasure  ?

Un album que j’écoute en ce moment : YOB, du gros métal ! Un groupe américain qui fait de la musique pachydermique. 🙂
J’aime beaucoup aussi la musique agressive. Je la trouve très saine car elle fait appel à des pulsions en nous. Finalement, ça peut être apaisant. On est proche du confort fœtal.

Interview by Alexandre

Arman Méliès

Arman Méliès chante Maissiat, Blondino, Fishbach et Juliette Armanet 
EP Échappées Belles – Volume 1
(Royal Bourbon)

En version numérique ou en version CD collector à 333 exemplaires numérotés 

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