Archives par mot-clé : spectacle

Pièce JE SUIS DROLE de Fabrice Melquiot avec Claude PERRON au Théâtre Le Lucernaire

Attention: petit bijou d’humour noir et vachard actuellement au Théâtre du Lucernaire!

JE SUIS DROLE de Fabrice Melquiot est une courte pièce d’une irrésistible vitalité portée par une comédienne incroyable.

Le texte est comme cousu à même la peau de Claude Perron – culte dans la série WorkinGirls sur Canal + –  tant elle donne pleine mesure au perpétuel malaise d’une comédienne vouée à l’expression de l’humour.

Et pas facile de vivre avec une mère comique! Rico, ado de 17 ans en fait les frais à longueur de journée.  Parce que sa vie ne tient qu’à un seul fil: le rire des spectateurs, Claire Moulin est comme désemparée face à la petite musique du quotidien et à la torpeur de son fiston qui squatte le canap’ de son appartement de banlieue.

Si bien que le rire est proscrit à son fils pour éviter toute concurrence, ou toute mollesse de style.

Alors elle se trouve une activité pour passer le temps entre deux dates d’une tournée calamiteuse. Elle rêve de voyage pour récompenser Rico d’avoir atteint ses 17 ans, non sans douleur… pour elle. La petite famille se prépare au grand saut avec les Îles Galápagos.

Pendant ce temps, les excès d’humeur de cette mère sont de véritables montagnes russes. Ses saillies sont inouïes – on suspecte certaines mères de vouloir, ne serait-ce qu’une fois en lancer une petite à leur progéniture qui l’aura au fond bien mérité. On pense aussi à certaines actrices-diva capables de faire endurer à leur entourage les pires humiliations.

Ce tableau désopilant ne souffre pas de moments sensibles.
La poésie vient aussi illuminer cette petite symphonie pour actrice majeure.

JE SUIS DROLE

Auteur : Fabrice Melquiot
Mise en scène : Paul Desveaux
Avec : Claude Perron et Solal Forte

au Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre-Dame des champs
75006 PARIS

Du mardi au samedi à 20h et dimanche à 15h
jusqu’au 2 juin 2013

Share

DE SI TENDRES LIENS de Loleh Bellon, mise en scène de Benjamin Castaneda au Théâtre Darius Milhaud Paris

Belle découverte au Théâtre Darius Milhaud d’une auteure sensible: Loleh Bellon. Portée par deux actrices lumineuses, la pièce De si tendres liens scrute avec délicatesse la relation mère-fille sur plusieurs années.

Nous suivons ainsi les années d’enfance de Jeanne (Véronique Martin) dont les parents ont divorcé. Elle vit avec sa mère, Charlotte (Françoise Levesque). Il lui arrive de prendre le train pour rejoindre son père en week-end. Sa mère, elle, tente de masquer la solitude avec des petits instants de légèreté, de sorties qui la font rentrer tard. Elle refait sa vie avec un homme.

Ce semblant d’équilibre se trouvera bouleversé par la Seconde guerre mondiale.
Après tout s’accélère, le départ de Charlotte aux États-Unis, l’émancipation de Jeanne.

Les temporalités se chevauchent comme pour mieux éclairer les failles, les petits maux de l’existence et les variations de tonalité au sein d’une relation familiale.
Jeanne, petite fille avec son ours renvoie à l’image d’une mère affaiblie avec l’âge. Les frasques passées de cette dernière rappelleront ceux de sa fille devenant grande.

La mise en scène de Benjamin Castaneda joue la pleine proximité avec ses actrices et la sensibilité. Pas de superflu dans cette proposition, aucune possibilité non plus pour les deux interprètes de jouer de tours de passe-passe émotionnels. Des indices en musiques et quelques accessoires pour nous éclairer sur la période où se situe l’action.

Tout est propice aux changements de sentiments tout au long de la pièce.
Baigne ainsi des moments de joie, de rupture et de douleurs. La partition d’une vie en sorte, mais avec l’attachement à une histoire et à un contexte.

DE SI TENDRES LIENS

de Loleh Bellon
mise en scène: Benjamin Castaneda
avec Véronique Martin et Françoise Levesque

du 21 avril au 9 juin 2013
Tous les dimanches à 15h 

Au Théâtre Darius Milhaud
80 Allée Darius Milhaud
75019 Paris

Share

HUMOUR : one woman show décapant de Bérengère Krief au Grand Point Virgule

Après s’être échauffée avec le “petit” Point Virgule du Marais la saison dernière, Bérengère Krief se tape le Grand depuis septembre 2012.
Avantages public: le spectacle gagne une bonne quinzaine de minutes et les genoux peuvent se déplier un peu plus !
Avantage artiste: un rideau rouge. Idéal pour se faire désirer pendant le rappel.

L’autre star de la série Bref, aux côtés de Kyan Khojandi, reçoit avec une fraîcheur non simulée dans cet ancien ciné devenu nouvelle scène de l’humour parisien. Et s’imaginer que chaque soir, elle rejoue avec une totale candeur, ce premier sketch décomplexé de la culotte est la preuve d’un réel talent.

Et ne nous voilons pas la face plus longtemps. Ce petit bout de blonde nous ferait presque oublier une autre comique lyonnaise: Florence Foresti. Car Bérengère a un truc en plus. Un truc imparable.

Elle est a un sens inné de l’imitation. Que ce soit des vedettes télé comme Cristina Cordula (Nouveau Look pour nouvelle vie), et William Carnimolla (Belle Toute Nue); Laurent son meilleur pote gay ou encore un homme un peu trop sûr de sa masculinité.
C’est de la maîtrise parfaite de personnages, sans fausse note. Impressionnant.

Et dans sa ravissante robe cupcakes, qu’est-ce qu’elle balance !
A chaque situation, une solution imparable.
Vous avez un problème avec votre copine dépressive ? Envoyez-lui une grosse tacle dans la gueule.
Un dragueur relou ? Et un plan répartie de la mort à mettre en pratique dès la sortie du théâtre.
Vous êtes passionnés de l’Amour est dans le pré ? Conseil: accrochez-vous à votre siège.

Faut savoir aussi qu’avec Bérengère, vous ne regarderez plus les Schtroumpfs, Batman et Robin, Tintin et Milou ou François Hollande comme avant. Surtout si vous associez ce dernier avec Emmanuelle Béart.
Parole de bloggers !

Bérengère Krief, cette fille-là, elle est vraiment plus forte que ton meilleur pote !
Pas vrai Jérôme ?

Bérengère KRIEF

one woman show !

du mardi au samedi à 20h

au Grand Point Virgule
8 bis rue de l’Arrivée
75015 PARIS

Textes : Bérengère Krief et Grégoire Dey
Mise en scène : Grégoire Dey
Collaboration artistique : Nicolas Vital

Share

LONDON THEATRE Helen Mirren in The Audience VS James McAvoy in Macbeth

Vous vous attendez certainement à une critique théâtre de notre part.
Une fois n’est pas coutume nous allons vous parler de la sortie de scène d’une actrice anglaise de la classe d’Helen Mirren.
N’étant pas invités dans les coulisses du Gielgud Theatre à Londres où elle se produit actuellement dans la pièce The Audience, à deux pas de Piccadilly, nous avons attendu avec les admirateurs dans la rue derrière le théâtre.

Notre curiosité s’est en fait portée sur un autre point: comment une actrice oscarisée (en 2007 pour le film The Queen) et nommée aux Olivier Awards (nous l’avons vue deux jours avant qu’elle ne reçoive la statuette des Molière anglais) répond-elle aux demandes de ses fans à la sortie du théâtre ?

Tout d’abord, il faut remarquer le panneau sur la porte de l’entrée des artistes. La mention prévient le chasseur d’autographes lambda:
Helen Mirren ne signe ni photos , ni tout autre objet souvenir à son arrivée au théâtre avant la représentation.”

Et pour repérer le bon spectateur du plus distrait qui n’aurait pas acheter sa place, une seconde info: “Programmes et billets de la pièce pourront être signés à la fin du spectacle à la convenance de l’équipe.”

Une fois le public sorti, il faut jouer des coudes entre un groupe de trentenaires et quadras russes geeks, un brin hystériques, et les fans un peu relous qui préfèrent leur photo ou jaquette de VHS – oui, une K7 vidéo vintage, au programme de la pièce à l’affiche.

La plupart des admirateurs-trices s’exécutent une fois les consignes données par l’assistant du théâtre, en inscrivant leur prénom sur le programme.
Pendant ce temps, les premiers acteurs de la pièce passent la porte discrètement.

Le gros lot de carnets à autographes et autres livres de la pièce part en loge. L’assistant revient s’excusant de l’attente car Miss Mirren reçoit quelques invités ce soir.
Les retardataires n’ont plus qu’à attendre la sortie de l’artiste pour tenter leur chance.

Retour une dizaine de minutes plus tard, l’ensemble est signé de la main de l’artiste.
Admirateurs heureux, sourire général pour l’assemblée.

Il ne faut pas attendre bien longtemps ensuite pour rencontrer l’actrice qui salue son public et décline systématiquement mais poliment toute sollicitation d’autographe sur une photo avec un très charmant: “Sorry my love”. Elle signera un programme avec un petit mot so british.

Une classe digne d’une reine – car elle incarne la Queen Elizabeth II sur scène – le sourire en plus.
Cette séquence s’est déroulée avant le coup d’éclat de l’actrice samedi dernier.
Elle aurait profité de l’entracte de la pièce pour sortir du théâtre costumée en Queen afin de faire taire un groupe de musiciens de rue jouant à proximité du théâtre et nuisant à la qualité de son jeu.
Un buzz qui amuse la toile !

Aux dernières nouvelles, les admiratrices de l’acteur James McAvoy à l’affiche au même moment aux Trafalgar Studios pour Macbeth de Shakespeare ont eu plus de mal à approcher la star du film X-Men.
Une spectatrice italienne croisée à Londres nous a avoués avoir attendu désespérément son Ipad à bout de bras pour filmer la sortie de l’acteur anglais.
Celui-ci, très attendu à sa sortie de scène, a préféré prendre une autre sortie pour éviter la foule.
La classe en moins pour le trentenaire !

Share

CONCOURS Humour: des invits pour Louis-José HOUDE au GRAND POINT VIRGULE

Y’a pas que des chanteuses à voix qui nous viennent du Québec!

Par chance, question humour, les Québecois ne manquent pas de répartie et de mauvais esprit.
Preuve en est avec le retour de Louis-José HOUDE à Paris – “la capitale du pantalon serré“, dixit l’humoriste –  à partir du 8 mai 2013,

Après avoir emballé la scène du “petit” Point Virgule pendant 3 mois l’année dernière, l’humoriste va se taper le Grand pour accueillir le plus de parisiens et parisiennes possibles en 40 dates exclusives !

Ce comique aux 700 000 spectateurs dans son pays – passionné de l’écrivain Philip Roth dont il conseille la lecture – ne va pas lâcher son accent pour nous. Bien au contraire!
Il va combler tous les amoureux de la gouaille outre-Atlantique pour croquer les scènes de la vie, partager quelques-uns de ses sketchs cultes ou nous balancer quelques jokes concoctées pour le public de frenchies.

CONCOURS

 

2 invitations sont à gagner pour le spectacle de Louis José Houde, le jeudi 16 mai 2013 à 20h au Grand Point Virgule.
Mais si vous êtes très très nombreux à jouer, c’est pas dit qu’il n’y aura pas une autre fournée après !

Pour gagner, il suffit de répondre à deux questions, histoire de vous préparer à la déferlante que vous allez découvrir sur scène:
1°/ Comment dit-on en québécois « ça tombe vraiment bien» ?
2°/Que veut dire en français l’expression québécoise « Avoir la flye à l’air  » ?

Envoyez-nous vos réponses accompagnées de votre prénom et nom à: usofparis@gmail.com

Un tirage au sort désignera le gagnant parmi toutes les bonnes réponses reçues.

Date limite de participation: le dimanche 12 mai 2013 à 23h59.

Bonne chance à tous et toutes!

Louis-José Houde
du mercredi au samedi à 20h

GRAND POINT VIRGULE
8 bis rue de l’Arrivée
75015 PARIS

 

Follow Louis-José sur sa page FB

Merci à Jeux concours gratuits

Share

JEFF PANACLOC et Jean-Marc au Théâtre des Mathurins – à la Cigale, au Casino de Paris et en tournée

Un ventriloque!
On ne sait pas pour vous, mais pour l’équipe, on n’en avait pas croisé depuis le Club Dorothée et le fameux Tatayet.

Alors ceux pour qui la perspective de passer la soirée avec une bébête à poils orange pourrait rebuter,
LISEZ CES QUELQUES LIGNES.

Après avoir joué les prolongations à la Comédie des Boulevards et au Théâtre des Mathurins et s’être envolé pour le OFF du Festival d’Avignon en 2013, Jeff Panacloc poursuit sa tournée des salles parisienne à la Cigale (avril) et au Casino de Paris (décembre).
Et ce n’est pas uniquement dû à son passage chez Sébastien, sur France 2 un samedi soir, ou à l’enthousiasme de Pascal Obispo pour son spectacle.

Mais c’est bien grâce à son humour corrosif et quelques salves un peu attendues, que Jeff rempli la salle chaque soir.

Ce garçon a un réel talent, dans la voix, le bras et aussi le caractère.
Car ce dernier est mis à rude épreuve, en encaissant les plus vilains coups portés par sa marionnette.
Le démon à poils, Jean-Marc n’a de cesse de mettre en doute la masculinité de son acolyte.

Et Jeff en a du courage pour supporter ce caractère volubile et les blagues de plus ou moins mauvais goût adressées par Jean-Marc au public.
Pour résumé, cet animal est une sorte de croisement entre Jean-Marie Bigard et Jérémy Ferrari.

Ce vendredi soir, l’alter-ego de l’artiste a décidé de chauffer Sylvie au premier rang.
Capable de propositions les plus déconcertantes les unes des autres, il est pourtant difficile de totalement lui en vouloir.

Et tout le monde en prend pour son grade: du curé au politique, en pensant par les stars, car Jean-Marc rêve aussi de gloire.
Comment faire pour dompter une bête à poils en lâcher prise intégral ? Jeff et Jean-Marc (surtout), n’ont aucune limite !

Vous découvrirez aussi pourquoi “les suédoises ne doivent pas sucer!
Jeff Panacloc perd le contrôle est un spectacle politiquement graveleux et bourré de pépites hautement explosives !

Toutefois, dans ce tourbillon de mauvais esprit, la poésie a aussi sa place autour de cette relation si particulière du manipulateur et sa marionnette.
Nous vous laissons la découvrir.

Attention, même si c’est un spectacle de ventriloque, mieux vaut prévoir un(e) baby-sitter  pour vos bambins âgés de moins de 10 ans !

JEFF PANACLOC PERD LE CONTRÔLE!
mis en scène par Jarry

 

Au Théâtre des Mathurins

du 22 septembre 2013 au 31 mars 2014
à La Cigale
du 11 avril au 13 avril 2014
au Casino de Paris
les 2 et 3 décembre 2014

et en tournée dans toute la France !

Share

SHADOWLAND back in Paris – la Compagnie Pilobolus subjuge les Folies Bergère

Ils peuvent être heureux, les parigots et parigotes !
Après une série de dates à succès la saison dernière, la Compagnie Pilobolus Dance Theatre est de retour pour 14 nouvelles envolées à Paris, avec son spectacle SHADOWLAND. Pour les retardataires: repousser à la fin du mois le dîner avec belle-maman ou la séance ciné avec entre copines. La dernière est le 21 avril !

Hollywood à Paris

Un conte onirique et initiatique fait d’ombres et de lumières va hypnotiser vos yeux pourtant repus des trucages les plus fous (projection 3D, Avatar et autres lunettes-écran connectées). Avec Shadowland, il n’est pas rare de retrouver de l’enfant qui était en vous – qui jouait au cow-boy et aux indiens ou la princesse – devant l’écran, non de cinéma, mais déployé sur scène.

Les corps des artistes, incroyables acrobates et parfaits comédiens, se jouent de nos perceptions dans un ballet onirique à grand spectacle. Effets spéciaux, tableaux poétiques ou encore courses poursuites sont, finalement faits de tout petits riens. Si ce n’est une certaine aisance physique et une maîtrise parfaite du faisceau lumineux.

Alternant séquences derrière et face à l’écran, les artistes opèrent un équilibre subtil entre références au cinéma muet, aux films hollywoodiens – notamment au Magicien d’Oz. Certains moments de burlesque nous feraient penser au film The Artist avec Jean Dujardin et au chien Uggie. Le glamour a aussi sa place, avec une petite note d’effeuillage, hommage subtil et involontaire aux célèbres meneuses de revue qui ont brillé sur cette même scène, il y a plusieurs années.

La direction artistique a su créer un univers féerique où les coulisses restent apparentes tout au long du spectacle, comme pour mieux rappeler aux spectateurs la proximité de la magie et confirmer la dextérité des interprètes dont la partition doit être d’une minutie extrême pour ne rater aucun effet.

La troupe qui s’est faite remarquer par quelques millions de téléspectateurs lors de la cérémonie des Oscars 2007, n’en finit plus de parcourir le monde et de célébrer les villes qui l’accueillent.

Le dernier tableau consacré à Paris avec une Tour Eiffel humaine est un numéro mené avec brio à ajouter à leur palmarès.

Shadowland ou la poésie des ombres, dégage une fougue et un charme sans égal, capable de subjuguer petits et grands, grincheux comme fins connaissances de ballets contemporains.

SHADOWLAND par Pilobolus

jusqu’au 21 avril 2013

Aux Folies Bergère
32, rue Richer
75009 PARIS

DU MARDI AU SAMEDI A 20H00
SAMEDI & DIMANCHE A 15H00

Share

La compagnie australienne BACK TO BACK THEATRE à la Grande Halle de la Villette – Ganesh versus the Third Reich

Difficile de décrire l’univers si singulier de la compagnie  Back to Back Theatre actuellement à l’affiche de la Grande Halle de la Villette.

Tout d’abord, une troupe originale composée de personnes souffrant d’un handicap. Ces comédiens font étrangement écho au spectacle-performance conçu par Rizzo présenté dans cette même salle, il y a quelques jours.

Une histoire-concept audacieuse ensuite autour d’un conflit entre le dieu indien Ganesh et Hitler qui s’est autorisé à détourner le signe sacré svastika pour en faire le symbole de sa barbarie: la croix gammée. À cette trame s’ajoute l’arrière décor. Une mise en abyme de la création de cette même pièce en cours de création.

Le metteur en scène un brin mégalo veut tirer ses acteurs vers le haut. Ce qui n’est pas sans source de conflits, mauvais esprits et aussi rapports francs.

La poésie et la beauté de l’histoire principale – dont le décor est composé de projections et rideaux en  plastique – sont ainsi à chaque fois interrompues par un back to reality (retour à la réalité) cru et décalé.

L’humour imprègne les dialogue en coulisses. De la critique de la mise en scène à la notion de compréhension d’un des comédiens pour la pièce qui se joue, les échanges entre le metteur en scène en short de sport et ses comédiens s’enchaînent avec une bonne dose de poil à gratter.

La force de cette proposition scénique est d’envoyer valser manu militari toutes les idées reçues sur les acteurs handicapés, capables aussi bien d’autodérision et que de dépassement d’eux-mêmes.

Posant au passage la question de la légitimité de leur présence sur une scène de théâtre au même titre que tous les autres, deux amateurs ou joyeux mégalos.C’est dense, beau, absurde et sensible. Un spectacle essentiel pour mieux appréhender notre XXIe siècle.

GANESH VERSUS THE THIRD REICH
de Back to Back Theatre

Du mercredi 10 au samedi 13 avril
Mercredi, vendredi et samedi à 20h30
Jeudi à 19h30
@ La Grande Halle de la Villettesalle Charlie Parker
Métro : Porte de Pantin
Share

ELEKTRO KIF de la Compagnie Blanca Li – spectacle danse électro et urbaine

 A la lecture du programme et du palmarès de chaque danseur du spectacle ELEKTRO KIF, un père de famille prend la mesure de ce qu’il va découvrir sur scène : “Y’a un sacré niveau !
En effet, plusieurs champions de France et un champion du monde de danse électro font partie de la Compagnie Blanca Li et vous mettent au défi, chaque soir, de pouvoir les suivre dans leurs délires acrobatiques.

 

Crédit photo Magali Bragard

Malgré cette préparation, la confrontation avec la fougue juvénile de ce ballet urbain est une vraie décharge.
On s’était pourtant déjà pris les doigts dans la prise avec Macadam Macadam, précédent spectacle débridé et rythmé de la chorégraphe espagnole, mixant dans une allégresse communicative, danse contemporaine et hip hop.

Cette fois, l’esprit frondeur de la belle a voulu s’acoquiner avec l’électro danse, en lui offrant des cadres de jeux surprenants.
Le premier décor est une salle de classe. Les élèves – chacun son style : du streetwear pur jus au plus swag en version Ben l’Oncle Soul  –  ont l’air d’avoir appris leur leçon et, disciplinés, se lèvent pour répondre au prof.

Très vite pourtant les bras ont besoin de se dégourdir.
Chaises et tables s’envoient valser et les envolées peuvent prendre toute leur ampleur.

Du terrain de baskets, à la cantine, en passant par la salle d’interro écrite, le rythme ne va alors plus vous lâcher.
Car vos yeux auront rarement vu pareille dextérité manuelle.

Elektro Kif

La simple évocation de Blanca Li assure couleurs, fun et euphorie collective à toute création où son nom apparait. Dernier exemple date avec la chorégraphie orchestrée pour Pedro Almodovar dans Los Amantes pasajeros (I’m so excited).
Avec Elektro Kif, cette fois encore la chorégraphe insuffle inventivité, poésie et décalage dans chaque séquence.

Les références ne manquent pas dans ce cocktail dynamité. Roi Lion, Gumboot (sneakers à la place des bottes) et jeux vidéo sont autant d’éléments d’inspiration, détournés, malaxés à la sauce BL. L’hommage à Michael Jackson confirme ce brio. Ou comment à partir d’une contrainte – des droits musicaux probablement galères à gérer – la chorégraphe tire un solo d’une drôlerie déconcertante.

Et ne cherchez pas de cheveux gominés dans la troupe. Un temps vampirisée par la tecktonik – arrivée aussi soudainement qu’elle a fait pschitt – la danse electro est dans le street style, la performance et le muscle athlétique, zappant au passage toute pose en mode gravure de mode, comme on aurait pu le voir un temps aux abords des Halles.

Les bogosses de Blanca sont des performeurs nés. Il est urgent de les coller au survet.

Elektro Kif

ELEKTRO KIF  

Mise en scène, chorégraphie : Blanca Li
Danseurs : Kevin Bago, Mamadou Bathily, Jérôme Fidelin, Romain Guillermic,
Théophile Landji, Adrien Larrazet, Lenny Louves, Ismaila N’diaye

Share

CATHERINE FROT une actrice solaire dans Oh les beaux jours de Beckett au Théâtre de l’Atelier

Sommes-nous devant une plage ? Un bout de terre fauché par un apocalypse facétieux ?
Une femme inconnue s’y est pourtant perdue, perdant l’usage de ses jambes, mais en connaissons-nous au juste la raison ?
Élément de décor

Pièce faite d’accessoires et d’un décor imposant, Oh les beaux jours est un écrin magique pour toute actrice téméraire.
Avantage spectateur: votre champ de vision ne sera jamais altéré par votre voisin de devant, de par la scénographie qui joue de sa pleine hauteur.

Pour accepter chaque soir de se contraindre physiquement et se confronter à la poésie si particulière de Beckett, il faut un amour féroce pour le dramaturge.

En reprenant ce rôle présenté au Théâtre de la Madeleine la saison dernière, Catherine Frot nous en fait l’une des plus belles démonstrations. Elle nous emporte, par son incarnation tout d’abord. Et par sa malice aussi.
Deux points qui n’ont pas échappé à ma voisine, qui avait du mal à quitter la salle, pourtant fine connaisseuse du maître irlandais.

L’oeil qui frise, la bouche moqueuse de la comédienne participe de ce charme que l’on peut ressentir pour ce personnage.
La partition de l’actrice est d’une intensité qui ferait perdre haleine à tout amoureux de théâtre. Si bien que concentré, le jeu si particulier nous permet pas de ne perdre une seule parole. Aucun élément extérieur si ce n’est l’omniprésence de Willie, compagnon silencieux, ne pouvant nous aider dans la compréhension de cette situation saugrenue.

Ne boudons pas notre plaisir d’évoquer le décor pour autant. La proposition de Gérard Didier prend effectivement tout son sens dans cette évocation de vagues rocheuses, de plages maltraitées, composant un atour délicat à l’interprète.

Avec un tel tableau, on en oublierait presque que nous faisons face – dans toute notre modeste présence de spectateurs – à l’une des comédiennes les mieux payées du cinéma français. Il fallait, en fait, que mon voisin évoque ce détail en se levant, pour me le rappeler.
Mais le propre d’un comédien ou d’une comédienne n’est-il pas justement de se faire totalement oublié lors de sa performance ?

Avec Oh les beaux jours au Théâtre de l’Atelier, le constat n’en est que plus évident grâce à la direction d’acteur de Marc Pacquien.

OH LES BEAUX JOURS 

de Samuel Beckett
Mise en scène: Marc Paquien, assisté de Martine Spangaro
Avec Catherine Frot et Jean-Claude Durand
jusqu’au 1er juin 2013
du mardi au samedi à 21h00
Matinée samedi à 17h
 
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris
Share