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Les feuilles de blettes à Avignon Off 2018 : tendres à souhait !

Chaque endroit dans lequel nous avons vécu porte en lui l’intensité de qui nous sommes aujourd’hui. Certains auront eu besoin de le fuir, d’autres de s’y réfugier. Mais il arrive parfois que tout le monde finisse par s’y retrouver. Les feuilles de blettes, c’est lorsqu’une mère et son fils vivent ensemble leurs derniers instants dans l’appartement familial. Passé, présent et futur s’entrechoquent au Théâtre des Italiens à Avignon dans une pièce à l’ombre lumineuse, à la fois vive et douce.

Beyrouth. Un homme et une femme autour d’une table. L’ambiance est assez lourde, du genre de celle qui précède un grand bouleversement. La parole est là. Discrète. Mais seulement à demi-mot, teintée de pudeur et de sous-entendus. Nous comprenons alors que le jeune homme est venu aider sa mère, contrainte de quitter son domicile.

photo de Grégory Tiziano

Pendant l’élaboration du dîner, les souvenirs resurgissent. Les beaux, mais aussi les maux, sortent de chacun. Cependant, le but est de comprendre et d’affronter enfin les démons du passé pour avancer. Les histoires s’enchaînent avec beaucoup d’humour, quelques larmes, des incompréhensions et finalement une complicité retrouvée autour de recettes de cuisine, lien rassurant du présent. Les sentiments s’apaisent et l’esprit s’allège pour un nouvel ailleurs…

Si le texte n’est pas toujours d’un abord évident, il n’en reste pas moins délicieux. En effet, il s’en dégage une incroyable poésie servant de baume à des cœurs usés… Parmi eux, Sonia Morgavi est une mère fragile et touchante. Elle chante et enchante de sa voix suave et rassurante tandis que Vincent Marbeau incarne un fils tiraillé dont la colère intérieure l’empêche de vivre pleinement.

Ainsi, ils portent véritablement la pièce grâce au charisme et à l’émotion dont ils font preuve. À eux deux, ils incarnent toutes les difficultés de nos vies : la solitude, les désillusions de l’enfance, le manque de lien mais également l’incapacité à dialoguer ou le poids des non-dits.

Cette pièce sert à faire le bilan de deux vies entremêlées et ne peut s’empêcher, avec délicatesse, de faire écho à nos histoires, elles aussi entre ombre et lumière…

by Jean-Philippe

Les feuilles de blettes

De : Mazen Haïdar
Avec : Vincent Marbeau, Sonia Morgavi
Mise en scène : Vincent Marbeau, assisté de Florent Nemmouchi

Avignon Off 2018

Du vendredi 6 au dimanche 29 juillet
tous les jours à 16 heures. Relâche le mercredi.

Du même metteur en scène, au même théâtre, les mêmes jours mais à 11h30, prenez le temps de découvrir l’intense et excellent Condamnée !

Au Théâtre des Italiens
82 bis, rue du rempart Saint-Lazare
84000 Avignon

Tél. : 07 81 40 04 66
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Penser qu’on ne pense à rien c’est déjà penser à quelque chose : subtile espièglerie

Quel sens donnons-nous aux conversations que nous avons avec autrui ? À force d’avoir été utilisées, ne sont-elles pas déjà éculées ? Voici la réflexion de deux cousins tenant un drôle de commerce.
En se trompant de destination, une jeune femme entre. Débute alors un voyage inopiné en Absurdie où les certitudes de chacun se retrouvent ébranlées. Penser qu’on ne pense à rien c’est déjà penser à quelque chose au Théâtre des Béliers à Avignon Off 2018 est une petite pépite, élégante et sagace sur notre monde.

Penser qu on ne pense a rien

Paulbert, bougon susceptible, et Gérard, débonnaire, sont en pleine répétition dans leur boutique quasiment désaffectée. Quatre chaises défraîchies se battent autour d’une verrière à l’aspect décrépit.

C’est en plein milieu de cet échange capital qu’arrive Barbara. Elle cherche du vin. Nos deux compères lui expliquent alors qu’ils ne vendent ici que des discussions originales. Ils pensent que tout a déjà été dit et ne comprennent pas la vacuité des conversations dont nous sommes les initiateurs. Barbara s’interroge, perplexe.

Alors, un échange spontané et paradoxal s’engage entre les trois protagonistes aux visions différentes. Une joute verbale des plus stimulantes s’amorce ainsi autour du temps qui passe, des notions de passé, présent et futur. Chacun campe sur ses positions avec une argumentation aussi farfelue que plausible.

Pour Barbara, l’ennui est quelque chose d’essentiel pour vivre plus intensément chaque moment. Gérard essaie alors cette méthode qui sera pour lui une révélation ! Il arrive même à résoudre des énigmes historiques comme le secret de la Joconde ou la vie de Jésus…

L’enchaînement est pudique, aérien et possède quelque chose de feutré. Nous rions souvent des situations malgré le côté grave de certains aspects. Les personnages nous surprennent. Un peu sauvages au début, ils se dévoilent, laissent entrevoir les fissures de leur intimité. Les comédiens sont tout bonnement délectables… Nous sommes touchés par leur candeur, le fait qu’ils soient désabusés, fragiles mais en même temps si beaux et forts, terriblement humains…

by Jean-Philippe

Penser qu on ne pense à rien

Penser qu’on ne pense à rien c’est déjà penser à quelque chose

De et mise en scène par : Pierre Bénézit
Avec : Anne Girouard (6 > 8 puis 14 > 24 juillet) ou Nadia Jandeau (9 > 13 puis 25 > 29 juillet),  Olivier Broche (16 > 29 juillet) ou Luc Tremblais (6 > 15 juillet), Vincent Debost

au Théâtre des Béliers
53, rue du Portail Magnanen
84000 AVIGNON
Réservation : 04 90 82 21 07

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Au fil du siècle au Mobilier National : surprenantes tapisseries !

Bien souvent, l’évocation du mot «tapisserie» véhicule une image désuète. Au fil du siècle, chefs-d’œuvre de la tapisserie 1918-2018 va vous faire changer d’avis ! En effet, tout au long de ces années, les Manufactures Nationales ont su s’adapter à une société en pleine mutation : libération des mœurs, conflits politiques, effervescence artistique ou avancées technologiques considérables. En sélectionnant de remarquables pièces (dont des inédits) retraçant tout ce parcours temporel, le Mobilier National propose à la galerie des Gobelins une exposition inattendue et passionnante !

Tout d’abord, je dois vous avouer que l’exposition était surtout un prétexte afin de découvrir l’intérieur de la prestigieuse Manufacture des Gobelins. Je n’avais donc aucune attente particulière hormis la curiosité. Et en toute sincérité, j’ai été agréablement surpris !

Au fil du siècle : une collection éclectique

La sélection fut difficile pour le Mobilier National. Sur plus de 1 000 tapisseries référencées (dont 20% prêtées à la République pour l’ameublement de ses ministères ou des monuments historiques), il a fallu en choisir 80. Chacune transcrit un bouleversement sociétal. Voici nos coups de cœur !

Au fil du siècle

L’insouciance

Primavera de Leonetto Cappiello capte totalement l’esprit de légèreté qu’il y a pendant l’entre-deux-guerres. Les formes sont souples, aériennes, dans un mouvement perpétuel. En effet, les personnages présentés adoptent des postures rythmées et expressives, rappelant le théâtre populaire italien. Ainsi, ils servent à traduire la volonté de l’artiste qui est de représenter la jeunesse au printemps de la vie.

au fil du siècle

La controverse

Malgré la pénurie de matières premières et de personnel qualifié, le Maréchal Pétain ordonne en 1941 l’exécution d’une tapisserie à son effigie. Cette propagande a pour but de l’inscrire dans la lignée des grandes figures héroïques françaises. Censés rassurer ses concitoyens, les nombreux symboles ne sont pas sans nous rappeler une page sombre de notre histoire. Longtemps conservée (et cachée), c’est la première fois que À la gloire du Maréchal Pétain ou Révolution Nationale est exposée avec deux autres tapisseries demandées par des ministres nazis.

Au fil du siècle Au fil du siècle

L’innovation

Pour La Femme au luth, Henri Matisse a fait le pari de la témérité. Conventionnellement, l’artiste aurait dû partir du tableau initial peint en 1943. Cependant, il a choisi de prendre une reproduction en couleur de l’œuvre. Il a ensuite réalisé un agrandissement photographique qu’il a retravaillé. En effet, il a entre autres ajouté une bordure à entrelacs et modifié le motif rond du tapis en une arabesque continue.

Cette démarche audacieuse et novatrice a ouvert un nouveau champ de possibilités, largement exploité depuis.

L’amusement !

Vous souhaitez visiter l’exposition mais votre nounou n’est pas disponible ? Venez en famille et rendez cette visite ludique !

Sur chaque tapisserie exposée, mettez vos enfants au défi de trouver la signature de l’artiste et surtout le sceau de la manufacture l’ayant conçue. Vous verrez que ce n’est pas si évident que ça. Vous pourriez même bien vous prendre à ce jeu stimulant. Ainsi, vous mêlez judicieusement distraction et culture !

Qu’il est bon parfois de se laisser surprendre par sa curiosité… En effet, c’est un réel plaisir de sillonner cette exposition aux côtés de Picasso, Miró ou Vasarely. Dorénavant, lorsque je découvrirai une tapisserie, j’aurai un petit sourire en pensant à Le Corbusier qui s’amusait à les nommer «formidables muralnomades !».

by Jean-Philippe

Au fil du siècle, chefs-d’œuvre de la tapisserie 1918-2018

Jusqu’au 23 septembre 2018

du mardi au dimanche de 11h à 18h

Au Mobilier National – Galerie des Gobelins
42, avenue des Gobelins
75013 Paris

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Le hameau de la Reine à Versailles : l’idéal retrouvé !

L’aventure débute lorsque Marie-Antoinette fait un rêve en apparence anodin. Celui de permettre à ses enfants de grandir dans un environnement simple, en harmonie avec la nature, proche du Château de Versailles. S’engage alors la construction d’un hameau à l’image de la Reine de France. Fragile, malmené par le temps, transformé par l’Impératrice Marie-Louise, il a bien failli disparaître. Ayant retrouvé aujourd’hui sa superbe d’antan, venez succomber au charme de ce village idyllique pour une promenade hors du temps…

 

À l’origine

En cette fin du dix-huitième siècle, la nature est à l’honneur. De nombreux jardins à «fabriques» (petits pavillons d’ornements) aux styles variés voient le jour comme à Chantilly chez le prince de Condé mais également au Raincy chez le duc d’Orléans. La campagne est à la mode, même à Versailles. En effet, il est possible de voir Louis XVI labourer son potager lors de séances publiques !

Hameau de la Reine

C’est pourquoi, en recevant de son époux le Petit Trianon en cadeau, Marie-Antoinette décide d’en faire son Éden. Lassée du protocole royal, elle y retrouve une certaine intimité. Avec ses enfants, elle crée un univers parfait avec une nature totalement repensée, fantasmée et semblant faussement inexplorée par l’homme.

Sous le commandement du Premier architecte du Roi Richard Mique, les travaux débutent à partir de 1777.

Hameau de la Reine

Le village bucolique

Étant tout de même Reine, Marie-Antoinette exige l’originalité ! Elle désire un village à part entière sur le modèle absolu de rusticité de l’époque : la Normandie.

Autour d’un lac artificiel s’articulent des maisons délicieusement champêtres aux colombages et toits de chaume. Chacune a une utilité clairement définie selon une certaine graduation. Car il ne faut pas s’y méprendre, à l’instar d’un château, le hameau reste une demeure royale.

Hameau de la Reine

Cinq bâtiments sont réservés à l’usage de la Reine et de ses invités : la salle du billard pour les divertissements, le boudoir pour les confidences, le moulin, la laiterie de propreté pour les dégustations et bien entendu la maison de la Reine pour la vie quotidienne. Dans un appartement de repos se trouve la chambre de Marie-Antoinette. Comme le veut la tradition, elle se situe à l’étage supérieur, à l’endroit le plus élevé. Petite anecdote : elle n’y a jamais dormi car elle préférait le confort du Petit Trianon ! 😉

Hameau de la Reine

Le reste des maisons sert au fonctionnement du hameau : la ferme et ses annexes, la grange (servant à l’occasion de salle de bal), le colombier, le réchauffoir comme cuisine et la laiterie de préparation.

Une période de transition

Après la révolution, le hameau se transforme en lieu de débauche et le mobilier dispersé. Cette période desservira grandement à l’image de Marie-Antoinette dans l’imaginaire collectif, l’associant à la luxure.

Il faut attendre l’Empire pour une remise en état importante avec plus d’aisance tout en conservant l’esprit initial avec une élégance simple et délicate.

Depuis, le hameau a subi quelques travaux d’entretien afin d’être occasionnellement utilisé sous Louis-Philippe ou Napoléon III.

Bien qu’entretenu régulièrement, l’état du hameau devenait critique, notamment la maison de la Reine.

 

Hameau de la Reine

Le temps du renouveau

Dès la fin du XXème siècle, des restaurations commencent dans le but de redonner du panache au hameau. Les bâtiments sont rénovés et les jardins réaménagés. Les travaux réalisés permettent d’offrir une combinaison inédite entre l’état d’origine et celui de l’Empire, selon la documentation retrouvée.

Hameau de la Reine

Quel étonnement lorsque vous pénétrez dans la maison de la Reine… Nous comprenons mieux d’où provient l’appellation chaumière à surprise ! Le contraste entre l’aspect extérieur et intérieur est saisissant. Ici, tout n’est que luxe, élégance, volupté et raffinement.

La hiérarchie se retrouve également dans les matériaux utilisés. En effet, pour les pièces d’usage simple, le noyer est de rigueur. L’acajou est réservé aux pièces de transit tandis que les salles d’apparat se recouvrent naturellement de matières nobles dont beaucoup d’or.

Hameau de la Reine

Encore émerveillés de ce que nous venions de découvrir, nous avons eu un privilège très agréable ! La visite officieuse du boudoir en attente de restauration, c’était fascinant…

Cette journée fut un véritable saut dans le temps et nous comprenons mieux pourquoi Marie-Antoinette aimait s’y réfugier. Alors, profitons de la chance qui nous est offerte de découvrir ce petit coin de paradis car cette restauration a été faite pour nous. Ce serait quand même dommage de ne pas en profiter… 😉

Hameau de la Reine

Bonus 1 : À noter le côté pittoresque de la tour de Marlborough. Édifiée tel un phare sur le lac, elle sert au stockage du matériel de pêche. Son nom provient de la berceuse Malbrough s’en va-t-en guerre fredonnée régulièrement au dauphin par sa nourrice.

Bonus 2 : La légende raconte que Marie-Antoinette a pu déguster jusqu’à la veille de son exécution non pas du pain, ni même des brioches, mais des laitages provenant de son hameau !

by Jean-Philippe 

Le hameau de la Reine

Ouvert tous les jours
de 12h à 17h30 ou 18h30 selon la saison

Fermé le lundi et le 1er mai

Plus d’informations sur la page : www.chateauversailles.fr/decouvrir/domaine/domaine-trianon/hameau-reine

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Iliade au Lucernaire : appropriation inventive & vivifiante d’un classique

Lorsque d’aventure deux frères se retrouvent dans le grenier de leur grand-père après son décès, le passé resurgit. À travers tous les bibelots à l’âme singulière, un livre d’Homère retient leur attention. Iliade, c’est l’histoire délicate et tendre de deux adultes décidant de vivre pour la dernière fois l’épopée de leurs héros d’enfance.
À cette occasion, la scène du Lucernaire se transforme, le temps d’une soirée, en une espèce de joyeux bordel pour notre plus grand plaisir…
Reprise pour cause de succès à partir du 27 juin.

Iliade

Tout débute par une promesse. Comme dernière volonté, un homme demande à ses deux petits-enfants de ranger son grenier. Ça fait tout de même plus de trente ans qu’il le demande ! Ainsi, face à ce capharnaüm sans âge, la nostalgie produit son effet. Entre la puissance de la mémoire, les rouages du temps qui passe et un présent devenu maussade, il ne reste alors que les souvenirs, plus étincelants et intenses que jamais…

À l’aide de tous les objets leur tombant sous la main, les protagonistes entament une invraisemblable guerre de Troie. Une vieille passoire ou des brosses usées font office de casques, les casiers de bouteilles sont de solides remparts, les manteaux de fourrure habillent les divinités… En une heure, vous allez revivre, grâce à une imagination débordante et foisonnante, les combats entre Achéens et Troyens.

Iliade

C’est avec complémentarité et une passion évidente que les comédiens transposent ce récit d’Homère. Arriver à faire rire le public par des situations improbables et loufoques tout en restant totalement fidèles au texte, franchement : respect !

Aussi, lorsque Achille rencontre Hector afin de se venger de la mort de Patrocle, nous avons envie de monter sur scène et de brandir fièrement une frite de plage pour le soutenir !

En conclusion, si vous désirez passer une soirée originale, ludique et énergique, vous savez maintenant où aller.

by Jean-Philippe

 

Iliade

D’après Homère
traduction de Jean-Louis Backès (Editions Gallimard)
Avec et mise en scène : Damien Roussineau, Alexis Perret

du 27 juin au 26août 2018

Du mercredi au samedi à 19h
Matinée le dimanche à 15h

Lucernaire
53, Rue Notre Dame Des Champs
75006 Paris

Tél : 01 45 44 57 34

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Charlotte aux fruits rouges de la Pâtisserie des rêves : délice à découvrir !

Tel un clin d’œil à notre enfance, la Pâtisserie des rêves a profité de la Fête des mères pour présenter sa toute dernière création : la charlotte aux fruits rouges. Imaginée par Étienne Leroy, on y retrouve toute sa sensibilité, sa douceur et sa passion.
Afin de vous garantir un avis sérieux et dans un souci de loyauté envers vous, nous avons repris trois fois de cette charlotte fondante, moelleuse, croustillante et savoureuse !

L’évocation de ce dessert m’a immédiatement replongé dans les souvenirs lointains d’une époque heureuse et insouciante… Un temps où j’aidais ma mère à tremper les biscuits à la cuillère (et mes doigts, soyons francs…) dans un gourmand sirop sucré. Quelle fierté nous avions avec mon frère lorsque nous démoulions cette charlotte. Un dessert de famille, à faire en famille.

Charlotte aux fruits rouges

Charlotte aux fruits rouges

C’est de ce constat qu’Étienne Leroy, chef pâtissier en charge de la création et champion du monde de la pâtisserie 2017, s’est inspiré.

Bien entendu, et pour notre plus grand plaisir, le niveau est différent !

Pour commencer, le fond sablé spéculoos-cranberry-zestes de citron est croustillant à souhait. Puis un appareil vanille-fève Tonka aux notes subtiles de Grand Marnier le recouvre. Cette crème infusée, toute en rondeur, contrebalance l’acidité des agrumes. Une délicate et fraîche compotée de groseilles, griottes, fraises et framboises l’accompagne. Enfin, l’aérien biscuit viennois rose est imbibé d’un sirop framboises-griottes-groseilles. Agrémenté de fruits entiers, l’ensemble est exquis…

Aussi, entre deux bouchées, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Étienne Leroy.

Charlotte aux fruits rouges
selfie original pour UsofParis

USofParis : Pourquoi avoir choisi la charlotte ?

Étienne Leroy : Je pensais au gâteau idéal que je pourrais faire à ma mère. Cette charlotte, c’est pour elle. C’est un cadeau que je lui fais pour la rendre fière de son petit garçon. 🙂

Quel est ton processus créatif ?

En réalité, tout est question de rencontres humaines, d’échanges ou de voyages. Ces expériences changent tes idées ou ta façon de procéder. J’aime travailler avec les produits et ingrédients locaux. Par exemple, le citron que nous trouvons à Paris n’aura pas le même aspect ni la même saveur qu’au Japon. Du coup, pour une même recette, il faut s’adapter et recréer sans cesse. C’est très stimulant !

Devant une course à l’originalité, tu n’as pas peur de la surenchère ?

Mon but est de faire une pâtisserie afin de se retrouver. Si tu fais une combinaison très originale avec des saveurs uniques c’est super. Mais si tu es le seul à l’apprécier autour d’une table, c’est dommage… D’où l’idée de cette charlotte. C’est le gâteau emblématique du partage ! 🙂

Charlotte aux fruits rouges

Parfois, les petits bonheurs quotidiens nous rendant la vie plus douce portent de bien jolis noms : Paris-Brest, Opéra, Charlotte aux fruits rouges ou autres Saint-Honoré…

Ma meilleure amie était présente avec moi lors de la dégustation. Le sourire aux lèvres, le regard complice et les yeux pétillants autant que nos papilles, nous étions en train de nous créer un beau souvenir. Merci Étienne. 😉

by Jean-Philippe

Charlotte aux fruits rouges

Nouveauté de  La Pâtisserie des Rêves

Disponible du vendredi au dimanche.
Format 4-6 personnes
A commander directement en boutique

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Sang Négrier à Avignon off 2018 : fervent trait de génie

Laisser sombrer dans l’oubli la mémoire d’un passé historique peu glorieux, c’est prendre le risque de nier son existence. Sang Négrier raconte l’histoire d’un esclave ayant repris sa liberté. Il soumet alors au commandant d’un navire négrier une vengeance l’entraînant aux lisières de la folie… Au Théâtre al Andalus, pour Avignon off 2018, découvrez la profonde et frénétique rencontre entre les mots de Laurent Gaudé, le talent de Bruno Bernardin et la rage de Khadija El Mahdi…

Sang Négrier

Une voix brisée, un corps marqué, une âme terrifiée : voici l’aperçu de l’homme déchu se présentant à nous. Tel un testament, ou plutôt une tentative de rédemption, il va nous conter sa sombre histoire…

Tout débute sur un navire négrier. En route vers les Amériques avec les cales pleines d’une cargaison fraîchement acquise, notre commandant décide de faire une escale à Saint-Malo. Cette décision va faire basculer sa vie…

En effet, à peine arrivés, cinq esclaves en profitent pour s’affranchir. La cité Malouine se trouve alors en émoi. Une effroyable chasse à l’homme s’engage, révélant les bas instincts d’une nature humaine terrifiante. Ainsi, les fugitifs sont traqués, isolés, abattus, exposés.
Sauf un.

Sang Négrier

Si son corps demeure introuvable, sa présence rôde cependant dans la ville… Bientôt, ses doigts sont retrouvés cloués sur des portes, les uns après les autres. Chacun est le présage d’un malheur à venir… Les habitants de Saint-Malo, et plus particulièrement notre homme, vivent alors au rythme de cette vengeance et sombrent dans une folie dont ils sont les cruels initiateurs…

À la fin de la représentation, nous sommes bouleversés par l’intensité de ce que nous venons de partager… Khadija El Mahdi sert avec passion ce texte incisif et puissant. Par la bande-son, les jeux de lumière et le décor modulable, elle fait tomber le masque. Quant à Bruno Bernardin, il est saisissant de justesse, notamment dans sa capacité à vivre les émotions.

Une claque ! Voici le mot résumant le mieux ce moment fort et nécessaire de mémoire, de partage et de transmission…

by Jean-Philippe

Sang Négrier

De : Laurent Gaudé
Mise en scène : Khadija El Mahdi
Avec : Bruno Bernardin

Avignon Off 2018

du vendredi 6 au dimanche 29 juillet à 13h15

au Théâtre al Andalus
25 Rue Amphoux
84000 Avignon

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Fortunino ou les démons de Verdi @ Funambule Montmartre : atypique & ingénieux

Certaines œuvres possèdent une telle énergie qu’elles s’inscrivent tout naturellement dans la postérité. Pour autant, que savons-nous de leurs origines ?
Avec Fortunino ou les démons de Verdi, nous avons la chance de pénétrer dans les coulisses du processus créatif de l’artiste. D’où lui vient son inspiration ? Quels sont les sacrifices ou concessions à faire ? Et à quel prix ? Au Funambule Montmartre, laissez-vous entraîner par la douce folie d’une pièce dynamique au charme indéniable…

Fortunino

Lorsque nous découvrons Fortunino Verdi sur scène, il est loin de ressembler à l’image dont nous nous faisons de l’artiste. Harassé par une histoire familiale funeste et douloureuse, il se trouve démuni face à une malédiction dont il semble être la victime. Sa désolation se personnifie au quotidien par deux corneilles, incarnation de ses démons intérieurs.

Puis un jour, un mystérieux inconnu se présente. Il désire s’associer avec lui, sentant le génie ne demandant qu’à s’exprimer. Pour cela, il va comploter un pacte diabolique avec les corneilles pour libérer l’artiste de ses tourments.

Alors, le succès est au rendez-vous. C’est une véritable catharsis qui s’opère. Fortunino triomphe en s’inspirant de ses drames. Cependant, à force de louanger la haine dans ses opéras, ne risque-t-il pas de se perdre ?

Fortunino

Cette pièce est un véritable petit bijou ! En effet, quelle excellente idée de s’inspirer de la vie d’un personnage réel et de laisser l’imaginaire l’emporter… La mise en scène est stimulante. Quant aux comédiens, ils sont authentiques et terriblement profonds. Le résultat est un spectacle riche en rebondissements avec beaucoup d’esprit, de finesse et d’humour. Et nul besoin d’être un mélomane averti pour en apprécier les rouages !

Libre à chacun de vouloir ensuite démêler le vrai du faux. Pour ma part, peu importe. Je préfère conserver le mystère. Néanmoins, de retour chez moi, je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter d’une oreille nouvelle les opéras de Verdi, m’offrant un moment délectable…

Bonus : clin d’œil particulier aux deux corneilles, très très attachiantes ! 😉

by Jean-Philippe 

Fortunino

Fortunino ou les démons de Verdi

par La Compagnie Rêves d’Icare
De : Sabine Roy
Avec : Damien Boisseau, Mathilde Bernard, Anne Levallois, Sébastien Fouillade, Jean-Roch Miquel et Alain Péron
Mise en scène : Sophie Chevalier

Jusqu’au 1er mai 2018

Le lundi à 19h30 
Le mardi à 21h

au Funambule Montmartre
53, Rue des Saules
75018 Paris
Tél. 01 42 23 88 83

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Un riche, trois pauvres au Ciné 13 théâtre : totalement subversif !

Homme : individu autant capable du plus merveilleux que du plus atroce. L’Histoire ainsi que nos histoires ne peuvent que le confirmer. Cette ambivalence sert de terrain fertile aux écrits de Louis Calaferte que nous retrouvons au Ciné 13 théâtre. Provocante, puissante, nécessaire, souvent drôle, parfois gênante, mais toujours terriblement humaine, voici ce qu’est Un riche, trois pauvres. Une pièce levant le voile sur les dessous de nos vies qui, nous devons bien le reconnaître, ne sont pas toujours étincelants…

Un riche trois pauvres

Six personnages entrent en scène. Ils cherchent à établir un contact avec le public. À un moment, ça dérape, la première réflexion corrosive fuse. Et alors là, c’est parti !

A un rythme effréné, plus d’une trentaine de « scènes-flashs » vont se succéder. Chacune représentant une facette de l’être humain. Ainsi vont se côtoyer riches, pauvres, intellectuels, étrangers, enfants ou autres laissés-pour-compte…

Ne cherchez pas un sens particulier ou un message caché aux saynètes, il n’y en a pas. La réponse est en nous. C’est brut, ça s’entrechoque, c’est intense ! Un peu comme la vie en fait… Tout le monde peut s’y retrouver : vous, moi mais également l’autre. Tel un miroir sur notre quotidien, l’auteur nous dresse un portrait incisif et acide de l’être humain. Cependant, il n’en oublie pas l’aspect sensible, drôle et touchant, ce qui donne un équilibre parfait à l’ensemble.

La mise en scène est à l’image du reste : audacieuse et tellement juste ! Dans une espèce de chantier en pleine métamorphose, chaque objet de notre quotidien est détourné, laissant libre cours à notre imagination. Les comédiens évoluent avec un maquillage glamour à souhait, des coupes rock à vous rendre jaloux et un charisme évident. L’univers musical n’est pas en reste : la scène hyper sensuelle sur du Kavinsky a un pouvoir électrisant…

Ce qui m’a probablement le plus interpellé au cours de la représentation, ce sont les réactions du public. J’ai vu une personne rire en même temps qu’une autre être choquée, voire outrée. Le spectacle se joue donc aussi bien sur scène que dans la salle. C’est totalement fascinant !

Au final, une chose est sûre, vous ne sortirez pas indifférents de ce vibrant cri du cœur.

by Jean-Philippe

Un riche trois pauvres

Un riche, trois pauvres

De : Louis Calaferte
Avec : Tamara Al Saadi, Laura Mello, Omar Mebrouk, Charlotte Bigeard, Ismaël Tifouche Nieto, Geoffrey Mohrmann en alternance avec Sam Giuranna
Mise en scène : Clio Van de Walle

Jusqu’au 6 mai 2018

du mercredi au vendredi à 21h
le samedi à 19h et le dimanche à 18h

Au Ciné XIII Théâtre
1, avenue Junot
75018 PARIS

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Initiation à la mixologie au bar Shake N’Smash, notre nouveau repère !

Avec une personnalité affirmée, tant dans l’esprit que dans ce qu’il propose, le Shake N’Smash joue la carte de la singularité. Loin d’être un énième bar à cocktails comme ceux qui pullulent en ce moment à Paris, il possède véritablement une âme. Sa carte aux influences cosmopolites ainsi que son univers très années folles, fleurant bon le swing et l’insouciance, incitent à l’évasion…

Une ambiance intimiste

Ce que l’on voit compte tout autant que ce que l’on boit ! La décoration est raffinée et élégante, la musique délicatement choisie. Rien n’est laissé au hasard. Entre les dossiers de chaises léopard, les abat-jour en plumes duveteuses ou les tables art déco, nous guettons le moment où Joséphine Baker fera son entrée. 😉

Shake N'Smash

Chaque partie du bar peut se privatiser. Selon l’espace, vous avez même la possibilité de diffuser votre propre musique, bénéficier d’un barman attitré ou encore de participer à un cours interactif de mixologie !

Une carte innovante et stylée

Jérôme Susini est un véritable artiste concevant ses cocktails comme une peinture. Sa palette regorge d’une « foultitude » (son mot fétiche) de combinaisons et de nuances. Comme tous les passionnés, il ne se satisfait pas de ce qu’on lui propose. Il veut toujours plus. Du coup, il explore et parcourt le monde à la recherche de nouvelles essences pour magnifier son art.

Grâce à cette exigence, il peut renouveler sa carte tous les six mois en proposant une quinzaine de créations, alcoolisées ou non, accompagnées de petites assiettes aussi savoureuses les unes que les autres ! Salut Tu Suze, Folie Bergère, I’m Qualified To Satisfy You, Itsi Bitsi Petit Bikini, ça donne envie, non ?

Shake N'Smash

Pendant l’initiation, j’ai pu profiter de son savoir-faire. La base d’un cocktail réussi ? Beaucoup de glaçons et la règle des 3S : Sweet, Sour and Spirit ! Un quart sucré, un quart acidulé et le reste en alcool. Privilège suprême, j’ai eu la chance d’avoir un cocktail sur mesure. En effet, son sirop maison Fève de Tonka-Hibiscus me faisait dangereusement de l’œil !

Nous avons improvisé dans la bonne humeur et j’ai précieusement noté les proportions de mon cocktail perso by Jérôme Susini. La classe totale ! 😉

Shake N'Smash
Mon cocktail personnifié

Ainsi, à la prochaine visite de mes potos, exit le sempiternel Mojito ! Je vais enfin pouvoir utiliser le Cointreau de mamie et le kit barman offert il y a des années. Maintenant, je sais à quoi servent les ustensiles (notamment l’étrange passoire !).

Interview-selfie

Tandis que les vapeurs des cocktails se dissipaient lentement, Jérôme Susini s’est livré à un petit jeu de confidences dans le salon-cabinet de curiosité du sous-sol…

USofParis : Quel est l’alcool que tu préfères travailler ?


Jérôme Susini : Le rhum ! C’est un alcool chaleureux, tout en rondeur avec lequel on peut quasiment tout faire. On peut partir sur un cocktail sec, un long drink…

Si tu devais créer un cocktail pour une personnalité, qui choisirais-tu ?
Jean Dujardin, sans hésiter ! Un cocktail décalé à la OSS 117.

Il serait composé de quoi ?
C’est un faux James Bond alors il faut un faux truc de bogosse. Genre un Dry Martini remixé. Qu’il puisse dire en tenant son verre : « Et ouais mec, c’est un Dry Martini ! » alors qu’en réalité c’est quelque chose de très doux et léger !

Le cocktail dont tu es le plus fier ?
Le Nikka-Melon-Martini. Des tranches de melon broyées avec du citron jaune, du sucre de canne et du whisky japonais Nikka. C’était censé être une création unique et il s’est finalement retrouvé sur la carte !

Ton plus beau souvenir en tant que barman ?
Un jour, des clients sont venus au Shake N’Smash pour goûter mon Sazerac. Juste pour ce cocktail ! Ils ont aimé, sont revenus puis sont devenus des amis. Par leur intermédiaire, j’ai eu la chance de pouvoir partir aux États-Unis pour une performance dans un bar clandestin digne du temps de la prohibition. C’était assez incroyable !

by Jean-Philippe
photos by Émilie Bacher

Shake N'Smash

Shake N’Smash

87 rue de Turbigo
75003 Paris
Tél : 01 42 72 30 76

du mardi au jeudi : 18h à 01h
vendredi et samedi : 18h à 02h
Food : 18h à 23h

 

Site officiel : shakensmash.com

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