Archives de catégorie : Cinéma

Nos batailles : Romain Duris vibrant pour une ode à l’amour familial

Nos Batailles, deuxième long-métrage de Guillaume Senez, dresse le portrait d’un père de famille se retrouvant seul avec ses deux enfants. Sa femme, leur mère, s’en est allée sans raison apparente.
Romain Duris est touchant en prise directe avec cette sidération qui bouleverse sa vie. A ses côtés, trois femmes belles, déroutantes. Et deux très jeunes comédiens vraies révélations du film.

Nos Batailles
Rencontre lors de la projection privée Ciné +

Nos Batailles, improvisation

La méthode de Guillaume Senez pourrait désarmer plus d’un comédien. Romain Duris a confirmé qu’elle lui avait plu lors de la projo privée Ciné + à laquelle nous avons assistée.
En effet, le réalisateur ne transmet pas les dialogues qu’il a pourtant écrits à ses comédiens. Ces derniers ont une trame et c’est à eux seuls de trouver le moyen de la faire vivre.
Le résultat est d’une troublante justesse. Bien sûr, certains échanges se chevauchent mais cela donne encore plus de réalisme. C’est parfois confus, drôle, inattendu.

Ce cadre de jeu a permis aussi aux jeunes comédiens interprétant les enfants de pouvoir bénéficier d’une totale liberté. Ils n’avaient pas à apprendre de longues pages de texte, tout comme leurs partenaires.
Le réalisateur n’aura, par exemple, pas discuter avec la comédienne interprétant la mère de la raison du départ de son personnage. Ceci pour ne pas influencer le jeu de son interprète. Ainsi, les spectateurs ne savent pas non plus et ne peuvent être dans le jugement pur.
Il y a une part d’irrationnel avec laquelle il faut vivre le récit.

Nos Batailles

Un homme, des femmes

Romain Duris brille par son interprétation. Il travaille à l’usine, ça pourrait être Amazon, Cdiscount, Vente Privée ou tout autre entreprise de livraison de produits. C’est un travail à la chaîne, ingrat qui déshumanise. Il est à la fois salarié, syndicaliste et père de famille.
A ses côtés, Laure Calamy est excellente en collègue, souriante et complice.
Laetitia Dosch offre aussi des parenthèses enchantées pour la famille mais aussi pour les spectateurs.
Lucie Debay, la mère absente, impose en quelques minutes la douceur et le désarroi face à un quotidien loin d’être enchanteur.

Nos batailles questionne la famille, la vie quotidienne malmenée par le travail, la société, les desseins personnels. Le film est à la fois dur, brut et doté d’instants plus légers. On se prend aussi à rire malgré le combat difficile d’un père.

Nos Batailles

Nos batailles

de Guillaume Senez
avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Laure CalamyLucie Debay, Basile Grunberger, Lena Girard Voss, Dominique Valadié… 

Sortie le 3 octobre 2018

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Une pluie sans fin : le non-film de l’été à voir !

L’affiche du film Une pluie sans fin pourrait en rebuter plus d’un. Un premier film, un titre qui n’engage pas forcément un récit léger. Le tout avec une sortie en plein été : il fallait oser. Wild Bunch, le distributeur, l’a fait.
Voici nos 3 arguments imparables si on nous sort une excuse bidon pour ne pas aller voir le film dès sa sortie.

Une pluie sans fin

Un film chinois sans combat, non merci !

Effectivement, il n’y a pas de flingue, ni de règlement de compte ou de sabre d’un autre temps.
Pourtant le récit noir qui se déploie intrigue suffisamment pour capter toute notre attention.

Une série de meurtres de femmes ayant pour décor une fonderie. Un agent de sécurité, Yu Guowei, qui se prend pour un détective.
Une séquence de bal poétique et une relation énigmatique sont d’autres atouts de ce récit.

Il pleut tout le temps, quel enfer !

Nous sommes bien à l’abri dans nos fauteuils de cinéma. Imaginez les comédiens et surtout l’acteur principal Duo Yihong qui a dû endurer son sacerdoce pratiquement chaque jour de tournage. C’est lui qui a vécu l’enfer.

Sur l’écran, la pluie est cinégénique, elle donne une atmosphère unique, qui nous rappellerait quelques films noirs américains. L’ensemble est moite, boueux, sale, exténué aussi.

Comme cette quête du meurtrier à travers cette campagne et cette usine en pleine Chine de la fin des années 90.

Une pluie sans fin

Un 1er film ? J’attendrai qu’il en fasse un 2e !

On peut toujours avoir un doute sur un premier film de cinéaste. Les écueils sont légions : récit ou rythme pas assez maîtrisé, de l’autobiographie en majorité.

Rares sont les coups de maître. Le réalisateur Dong Yu, lui, a frappé fort dès le premier coup.

Il rend son héros désabusé attachant, on se plaît à ne pas comprendre sa relation avec sa hiérarchie ni avec cette jeune femme qu’il fréquente.

Une pluie sans fin est le non film de l’été parfait. Il vous fera encore plus apprécier la chaleur et le grand soleil à votre sortie de la salle.

Une pluie sans fin fait ralentir le rythme, prenant le temps d’une histoire qui se dévoile progressivement. Et qui ne laisse pas deviner son épilogue.

Une pluie sans fin

Une pluie sans fin

un film de Dong Yue
avec Duo Yihong, Jiang Yiyan, Du Yuan, Zheng Wei, Zheng Chuyi, Zhang Lin

Sortie en salle le 25 juillet 2018

Grand Prix du Festival intertional du Film Policier de Beaune 2018

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Roulez jeunesse : Eric Judor inattendu et épatant !

Croire que notre vie va se définir selon nos propres plans est un leurre, nous le savons bien. Alex ne peut que le confirmer… Une rencontre fortuite va l’amener à vivre des événements hauts en couleur bousculant totalement ses habitudes, son confort quotidien, voire ses certitudes pour son plus grand bien.
Roulez Jeunesse est un film authentique et touchant, ne se jouant d’aucun cliché.

Roulez jeunesse

Le scénario

Alex, 43 ans, est dépanneur automobile dans l’entreprise de sa mère. Solitaire et individualiste, son rapport aux autres se veut libre de toute contrainte. Au cours d’un dépannage comme un autre, il rencontre une jeune femme lui proposant de partager leurs solitudes l’instant d’une nuit…

 

Au petit matin, le réveil est brutal. La jeune femme est partie mais elle a laissé un cadeau ! Ou plutôt trois… Un bébé, un jeune garçon et une ado mal dans sa peau. 

Rapidement, Alex se retrouve embrigadé dans une histoire le dépassant…

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Ses seuls soutiens seront des mécanos suspects, un plan cul hystérique, une assistante sociale blessée et une mère faussement despotique…

Tout sauf la facilité

Là où le film tire véritablement son épingle du jeu, c’est qu’Alex n’est ni un héros ni un sauveteur fantasmé et idéal. Il ne va pas adopter les enfants dans un happy end sourire ultra brite «Et ils vécurent heureux…». Non, non, c’est juste un mec normal faisant comme ce qu’un mec normal ferait dans la vie face à une situation inattendue et extrême : il improvise !

Roulez jeunesse

Ainsi, toutes les situations vécues vont amener notre protagoniste à se découvrir au plus profond de son intimité. Puis s’il veut rejeter ou nier sa sensibilité, il n’en a pas le temps en raison de la tournure des événements ! Entre attachement, sentiments et émotions, un lien sincère et véritable va se créer.

La fin est tendre et complice. Les personnages ont évolué, ils ont grandi. En effet, s’ils tournent ensemble une page un peu sombre de leurs vies, celle qui s’ouvre semble radieuse et prometteuse pour chacun d’entre eux. Et c’est tout ce que nous leur souhaitons. 🙂

Roulez jeunesse

 

Un film surprenant

Le début ressemble à une comédie sympathique et rigolote où s’enchaînent des situations loufoques à un rythme effréné. Puis doucement le ton devient plus grave, l’histoire gagne en profondeur et nous sommes pris avec elle.

Roulez jeunesse

Les notes d’humour sont distillées adroitement tout au long de l’aventure. Elles confèrent au film une certaine légèreté, appuyée par un aspect visuel vraiment très esthétique, simple et lumineux, empreint de liberté.

 

La distribution n’est pas en reste. Eric Judor étonne puis finalement se révèle. C’est un plaisir de le voir dans un genre nouveau où il excelle. Laure Calamy électrise de son émouvante beauté tandis que Ilan Debraquant et Louise Labeque incarnent deux enfants paumés terriblement attachants sous les apparences…

Roulez jeunesse

En sortant de la projection, il m’a fallu un certain temps pour me reconnecter à la vie autour de moi. En effet, je suis resté dans ma bulle un moment à observer le monde en repensant aux différents messages suggérés par Julien Guetta. J’étais encore porté par la sensibilité et l’espoir du film.

Finalement, il m’a apporté exactement ce dont j’avais besoin ce soir-là : une douce évasion.

by Jean-Philippe

Roulez jeunesse

Roulez Jeunesse

De : Julien Guetta
Scénario : Julien Guetta et Dominique Baumard

Avec : Eric Judor, Laure Calamy, Brigitte Roüan, Ilan Debrabant, Louise Labeque, Déborah Lukumuena et Marie Kremer.

Sortie le 25 juillet 2018

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Un couteau dans le cœur : 3 degrés de fascination

Le nouveau film de Yann Gonzalez, Un couteau dans le cœur, qui a reçu le beau Prix Jean Vigot est une œuvre particulière qui renoue avec le cinéma de genre.
Un film à part, osé, audacieux, décalé, original et qui assume sa folie d’un bout à l’autre.

Voici mes 3 sources de fascination, 3 raisons de voir le film en salle et pas en VOD à la maison.

Un couteau dans le coeur

Divine Vanessa Paradis

La star d’entre toutes les stars campe une productrice de films porno gay. Rien que ça donne l’eau à la bouche.
Et quand Vanessa Paradis apparaît pour la première fois à l’image dans une scène de cinéma comme on n’en fait plus : de nuit, dans un imper noir et avec des bottes rouges passion, le cœur virevolte.
Vanessa Paradis est ici une femme passionnée, amoureuse, intrépide.

Film d’époque à l’esthétique 70’s-80’s

L’action se passe en 1979, nous ne sommes plus tout à fait dans la décennie 70 mais pas encore de plein pied dans les 80’s.
Le tournage en pellicule Kodak donne de la matière visuelle à ce récit d’un autre temps.
Le réalisateur s’est autorisé des folies capilaires débordantes dans le blond platine de Vanessa Paradis et Nicolas Maury. On adore !

Un couteau dans le coeur

Nicolas Maury is the one!

C’est un caméléon. Il est capable de tout comme un Vincent Cassel, mais avec quelques muscles en moins.
Dernièrement, Nicolas Maury a joué un séducteur au théâtre dans Marivaux et cette fois il est assistant-acteur porno doué de travestissement.
Son blond décoloré – une couleur d’un autre temps – claque pendant tout le film.
Il est aussi bien à l’aise en débardeur qu’en slip, derrière une caméra ou sur une croix de …

Un couteau dans le cœur a droit à une bande-originale soignée avec notamment les compo originale du frère du réalisateur : Anthony Gonzalez alias M83.
Et quelques titres orgasmiques méconnus.

BONUS : ne pas quitter la salle dès le lancement du générique. La plus belle des scènes reste à découvrir.

Un couteau dans le cœur

un film de Yann Gonzalez
Scénario : Yann Gonzalez et Cristiano Mangione 

avec Vanessa Paradis, Nicolas Maury, Kate Moran, Jonathan Genet, Khaled Alouach, Bastien Waultier, Thiebault Servière… 

sortie : le 27 juin 2018

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Et mon coeur transparent : Caterina Murino, femme fatale !

Adaptation du roman de Véronique Valdé, Et mon cœur transparent est un film aussi étrange qu’inspirant, inhabituel qu’onirique.
Si l’on accepte qu’une folle histoire d’amour puisse débuter par une (simple) chaussure bleue à talon, alors on acceptera toutes les fantaisies de ce récit singulier.

Et mon coeur transparent

Caterina Murino is the new femme fatale

Les deux réalisateurs renouent avec le cinéma US des années 30, le film noir et cette aspiration à la femme fatale.
Un personnage tout à la fois inaccessible et proche, tendre et mystérieux.
Caterina Murino est l’interprète parfaite. On se prend à partager les doutes, l’admiration et la folie de Lancelot face à une telle beauté en partie tombée du ciel. Rien d’étonnant à ce que la comédienne remercie à plusieurs reprises le duo qui la révèle tout autre sur grand écran, lors de l’avant-première.

Et David et Raphaël Vital-Durand nous bercent littéralement avec des images d’une beauté rare, sans voyeurisme : une silhouette tout de noir vêtue dans l’encadrement d’une porte, des gros plans de rouge à lèvres sur bouche sensuelle ou encore cette chaîne qui met si bien en valeur la taille de la comédienne.
Caterina n’est pas qu’une image, elle est un électron libre, un papillon virevoltant, d’une aisance désarmante.

Et mon coeur transparent

Julien Boissellier is the one! 

Lancelot est ce type de personnage transparent, à la vie calme, sans aspérité. Mais quand une bombe comme Irina lui tombe dessus, la déflagration est telle que sa vie sera totalement bousculée.
Julien Boisselier apporte candeur, douceur, émerveillement à son personnage qui n’en croit pas ses yeux – et nous non plus.
Il est de tous les plans, nous connectant à lui quand l’histoire part en vrille ou quand on a un sérieux doute sur l’épilogue. Sans lui, le film aurait pu prendre un méchant virage.

Et mon cœur transparent est un petit bijou surréaliste, énigmatique et prenant.

Je n’ai pas du tout envie de m’étendre sur l’histoire. Elle regorge de subtilités, de décalages savoureux et d’étrangetés. Mieux vaut les découvrir sur grand écran que par écrit.

Et mon coeur transparent

Et mon cœur transparent

film écrit et réalisé par David et Raphaël Vital-Durand
D’après le roman de Véronique Ovaldé (paru aux éditions de l’Olivier)
Avec Julien Boisselier, Caterina Murino, Serge Riaboukine et la participation de Sara Giraudeau

Sortie le 16 mai 2018

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La mort de Staline : rire d’un monstre et maestria

Attention ! Perle de cinéma et d’humour avec casting de haute volée. La mort de Staline nous dévoile un pan méconnu de l’histoire de cette figure historique russe.
Si on m’avait dit, avant de voir le film, que je rirais avec Staline, je ne l’aurais pas cru.

la mort de staline

La mort de Staline : brillant, drôle et glaçant

Le réalisateur arrive à trouver l’équilibre parfait pour, à la fois, dénoncer la purge communiste absolument dramatique, les jeux de pouvoir au sommet de la nomenklatura et les aberrations de ce régime qui frisent carrément le burlesque.
Chose étonnante à la sortie du film : l’envie de se plonger dans un manuel d’histoire pour vérifier ce qui est vrai, ce qui relève de la caricature ou de l’invention scénaristique.

Le film ne fait pas l’économie de morts. Mais ils ne sont jamais montrés. Il est question de listes de personnes à abattre, d’exécutions et de tortures mais hors-champs.
La mort de Staline fait penser à La vie est belle de Roberto Benigni. Dans un contexte terrible, il est possible de rire, de rire de l’absurdité, de rire du non-sens des hommes de pouvoir.

Casting en or

Steve Buscemi interprète un Khrouchtchev malingre, improbable et manipulateur.
Jeffrey Tambor est un chef de parti adjoint aussi effacé qu’inexpérimenté. Alors que Simon Russell Beale (Beria) est un incroyable stratège capable d’être sur tous les fronts.

la mort de staline
Steve Buscemi, Olga-Kurylenko et Simon Russel Beale

Les addicts de la série Homeland seront tout excités de retrouver Rupert Friend dans le rôle de Vassili, le fils de Staline. Moustachu, classe et complément barré. Il porte bien aussi bien la veste d’officier que le débardeur.

Et une grâce, interprétant une pianiste rebelle et incendiaire : Olga Kurylenko !

la mort de staline

La mort de Staline

de Armando Iannucci

Scénario de David Schneider, Ian Martin et Peter Fellows
d’après le livre de Fabien Nury et Thierry Robin

avec Steve Buscemi, Jeffrey Tambor, Olga Kurylenko, Michael Palin, Simon Russel Beale, Rupert Friend… 

Sortie le 4 avril 2018 

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Blue de Disneynature : l’océan éblouissant ! #cinéma

Le documentaire animalier n’est pas réservé qu’aux enfants. Blue nous émerveille avec ses images à couper le souffle, ses espèces de poissons méconnues et son art de la narration. 3 ans de travail ont été nécessaires pour réaliser ce film.
La sortie de Blue marque les 10 ans de Disneynature qui renouvelle le genre, nous invitant à réagir pour préserver la Terre plus que jamais menacée.

Blue Blue

Un océan-palette de couleurs

Blue est un jeune dauphin qui découvre, tout comme nous, les merveilles de l’océan, ses secrets, l’incroyable créativité de ses occupants pour assurer leur survie.
Keith Scholey, l’un des réalisateurs confie avant la projection événement à Paris : “l’idée est que vous deveniez tous des dauphins pendant 1h20.  🙂 ” Et le pari est réussi !

J’avoue que je suis tombé raide amoureux d’une squille multicolore. Elle pourrait être un sujet de film à elle seule tant elle est belle que captivante. Elle a de nombreux atouts dont l’incroyable capacité à distinguer dix fois plus de nuances colorées que nous pauvres humains (jusque dans l’ultra-violet).

La baleine à bosse n’est pas en reste. Massive et gracieuse, elle sera en lutte, dans une scène impressionnante, contre des orques pour sauver son petit.
Reste un poisson sinon irrésistible, tout du moins très intriguant, le poisson perroquet à bosse. Il semble avoir la grimace figé, nageant la bouche ouverte.

Blue
photocall avec Jean-François-Camilleri (Disneynature) et les réalisateurs Keith Scholey et Alastair Fothergill

Quand on vit sur Terre, on ne voit pas forcément la beauté des océansAlastair Fothergill

Les images sont saisissantes, une palette de peintres en mouvement constant.

Cette beauté ne doit pas faire oublier la menace qui pèse sur cet écosystème. Pour Jean-François Camilleri, créateur de Disneynature, lors de l’avant-première mondiale du film à Paris : “c’est la beauté qui sauvera le monde ! ” Il en a profité pour lancer un appel aux réalisatrices “pas assez nombreuses” et aux jeunes réalisateurs pour participer à cette formidable aventure.

Blue est un film qui crée l’émerveillement tout en participant à la prise de conscience nécessaire pour assurer la pérennité de ces espèces et, par conséquent, de notre monde.

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Blue
film de Keith Scholey et Alastair Fothergill
histoire racontée par Cécile de France
Par Disney Nature

Sortie le 28 mars 2018

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Ready Player One de Spielberg : tout simplement époustouflant

La bande-annonce de Ready Player One pourrait laisser perplexe.
Mais difficile de résister à l’appel du film d’aventure en mode réalité virtuelle de Steven Spielberg. D’autant plus quand il y une inspiration 80’s mixée à un univers de science-fiction.
Enfile ton casque VR pour suivre Parzival, Art3mis, Aeach et en prendre pleins les yeux ! #kiff

Ready Player One est une véritable expérience de cinéma d’une puissance vertigineuse à vivre exclusivement sur grand écran.

En 2045, les humains se réfugient dans l’OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday.  Juste avant de mourir, il a décidé de léguer son immense fortune (et la gestion de l’OASIS) à quiconque découvrira l’Easter Egg numérique (qu’il a pris soin de dissimuler dans cet univers virtuel). Mais lorsque Wade Watts, qui n’a pas le profil d’un héros, décide de participer à cette chasse au trésor, c’est l’avenir de ce monde numérique qui bascule…

Les Goonies en mode 2.0 

En voyant l’affiche, on a pensé aux Goonies, un film d’aventure avec des ados sorti en 1985. Une association de personnalités distinctes et attachantes mues par le seul dessein d’atteindre un Graal. Ready One Player est son prolongement avec force d’effets spéciaux, de rembondissements et de rythmes effrainés. Le lien étant encore fort, entre les deux films, avec ces références multiples aux 80’s tant en musiques (A-ha…), qu’en flash-back et autres jeux d’époque.
Grâce à Parzival/Wade Watts, on (re)plonge dans la pop culture colorée, audacieuse.

Le film de Spielberg est une odyssée numérique, un vrai conte 2.0 où le réel disparait dans un peu plus de 40 ans d’histoire du jeu vidéo grand public. C’est finalement un monde de tous les possibles grâce à son avatar.

Retour vers le futur, Doom, King Kong, TronCosmocats, Van Halen…  Impossible de citer toutes les références.  Adapté du livre d’Ernest Cline, le scénario tient la route, y compris dans ses excès incroyables.
A travers une réalisation virevoltante et un brio qui lui est propre, Spielberg s’offre une véritable cure de jeunesse – c’est un film de jeune réalisé par un sexagénaire. Au passage, il nous gratifie d’une madeleine de Proust pour trentenaires, quadras et autres.
Les parents peuvent partager leur univers avec leurs bambins.

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Ready Player One est un film pop-corn à voir sans complexe et sans retenue.
On prend un pied d’enfer à lutter aux côtés des héros et de leur avatar numérique avec, malgré tout, deux bémols.
Bémol 1 : une petite longueur dans ce film de 2h20.
Bémol 2 : un manque de musique des 80’s, époque fil rouge du film. De ce point de vue, Les Gardiens de la Galaxie réussit mieux cette fusion de SF et de rétro.

Il est absolument inutile d’attendre pour plonger, toi aussi, dans l’OASIS !

Ready Player One

Un film de Steven Spielberg
Adapté du livre d’Ernest Cline

Avec : Tye Sheridan, Olivia CookeBen Mendelsohn, T. J. Miller, Mark Rylance, Lena WaitheWin Morisaki

Sortie en salle le 28 mars 2018

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Chien de Samuel Benchetrit : Vincent Macaigne poignant

Sujet totalement déroutant : un homme se fait larguer par sa femme d’une beauté folle et froide mais qui a des démangeaisons en sa présence.
Cet homme, Jacques, finit par ne plus être tout à fait un humain.
Chien est un film inclassable qui fait rire au début, puis surprend vraiment. Il peut faire penser, par moment, à un film de Lars Von Trier avec un bon gros lot de coups du sort. Y’a-t-il une rédemption à envisager ?

Chien
Photocall à l’avant-première parisienne

Vincent Macaigne incroyable 

Comme je l’ai tweeté en sortant de l’avant-première : pour jouer un rôle pareil, « il faut avoir une sacrée foi en son metteur en scène. »
Clairement, certaines scènes sont dérangeantes et incarner un homme aussi singulier est digne sinon d’une performance d’acteur, d’une performance artistique où tout le corps est sollicité, mobilisé.
Après tout, que fait Meryl Streep à part se grimer un peu et changer d’accent à chaque nouveau rôle ? Elle a maintenant peu de mérite à recevoir un oscar face à Vincent Macaigne dans Chien.

Chien

Expérience de cinéma

Même si le résumé peut faire sourire, la comédie française n’est pas le genre du film.
Il faut accepter l’expérience : que l’on soit malmené, dérangé par endroit et que cette histoire nous renvoie à nos propres faiblesses, nos incapacités parfois à réagir.
Samuel Benchetrit nous embarque dans une sorte d’objet filmique surréaliste, un conte d’un genre totalement inhabituel au cinéma.
Il y a de l’insoutenable parfois. Mais on est capable d’encaisser.

Conseil : ne surtout pas hésiter à voir le film accompagné. Il y a forcément débat, interrogation à la sortie de la salle.
C’est un vrai argument pour aller au cinéma, beaucoup de films sont vite vus et vite oubliés. Ce ne sera pas le cas de Chien.

Chien

CHIEN
Un film de Samuel Benchetrit
Scénario : Samuel Benchetrit et Gabor Rassov
adapation et dialogues : Samuel Benchetrit
avec : Vincent Macaigne, Vanessa Paradis, Bouli Lanners

Sortie en salle : le 14 mars 2018

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Leçon de cinéma de Robin Campillo @ Festival cinéma Télérama

Le Festival cinéma Télérama a clos son édition 2018, ce lundi soir, au cinéma Luminor à Paris. Parmi les films présentés en salles, les cinéphiles ont désigné leur Prix des festivaliers : 120 battements par minute de Robin Campillo.
Le réalisateur était l’invité de cette ultime soirée pour une rencontre avec le public, en forme de masterclass et la projection surprise de son film fétiche : Providence d’Alain Resnais.

Après les César 2018 et 6 trophées pour son film, Robin Campillo semble apaisé de pouvoir refermer ce cycle de plus de 30 ans d’images.
Maintenant, je mets un verrou sur ce film. Je vais passer à autre chose.

Robin Campillo
Un ton particulier qui sera celui de cette heure en forme de leçon de cinéma autour de ses trois réalisations : Les Revenants (2004), Eastern Boys (2013) et 120 Battements par minute (2017). On a senti de la franchise et surtout beaucoup de chaleur et de passion lors de cet échange.
Rappelons que Robin Campillo est aussi monteur et scénariste pour d’autres artistes.

Le cinéma dans le sang

Les années SIDA, fin des années 80, sont le marqueur du cinéma de Robin Campillo.
L’épidémie “m’a paralysé pour tout : l’amour, le sexe, le cinéma, la création.” Les notions de mort, du deuil et du retour à la vie sont la base de son travail personnel.
D’ailleurs, il estime que le SIDA ait changé l’écriture des films, la façon de raconter des histoires. “Dans les films de la Nouvelle Vague, il n’y a pas de maladie. Le seul film qui évoque le sujet [le cancer] durant 2 heures c’est Cléo de 5 à 7“.

L’idée du film Les Revenants m’est venue avec l’arrivée des trithérapies. On a dit aux gens : “Maintenant que vous allez mieux, il faut retourner au travail.” Mais, ils n’allaient pas forcément mieux.” Avec un sous-texte : comment intégrer des gens qui reviennent à la vie ? Qui ont des droits à un travail, par exemple, mais que la société ne veut pas vraiment accepter.

Et pour ceux qui se posent la question : oui la série de Canal + Les Revenants est bien adaptée de son film. “Je n’ai pas souhaité travailler sur le scénario de la série. Je ne voulais pas passer pour un gardien du temple. J’avais déjà tourné la page de ce film.

On a pu voir que Robin était radical, une fois la vie d’un film terminée, il n’aime pas y retourner. Il faut avancer.

“Ça m’emmerde le 35 mm !”

Je m’engueule parfois avec des amis réalisateurs sur le retour à des tournages en 35 mm,  en pellicule “. Le numérique libère de certaines contraintes. Le problème de la pellicule, c’est que ça coûte cher. Alors vous avez toujours un compteur dans la tête quand vous tournez.”

“Le numérique ça permet aussi de laisser respirer les acteurs, de faire des prises longues. Quand vous faites une prise de 15 min, au bout d’un moment, les techniciens font partie de la prise, les acteurs peuvent les oublier.”
“Quand un acteur se plante, ça permet de reprendre une scène sans couper, de replacer les acteurs dans la continuité du jeu, de leur donner un conseil en plus pour jouer.”

Le tournage en numérique est ce qui donne le souffle de la mise en scène dans Eastern Boys.

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Les séquences dans l’appartement ont été tournées dans l’appartement du réalisateur “C‘était plus simple pour les repérages et le budget” dit-il en apostrophant sa productrice.
Toute cette partie du film dure 25 minutes à l’écran. Un vrai ballet qu’il a fallu coordonner. Et en pellicule, impossible d’y arriver.

Avec mon assistante, on avait fait un plan de l’appartement et dessus on y a placé des Playmobil. Durant deux jours de préparation, on a simulé pleins de mouvements de caméra. Mais une fois sur le tournage, on s’est rendu compte que ça n’avait servi à rien.
Au cours des deux jours de tournage (très court pour 25 minutes de film), Robin Campillo se posait toujours la question de la justesse de ses choix. Alors “le soir, je demandais à plein de gens de regarder les rushs du jour pour savoir si c’était bien, car je n’arrivais pas à savoir”.

120 BPM : la synthèse d’un univers créatif

Robin Campillo est un réalisateur-monteur qui pense donc montage tout en écrivant.
J’avais prévu les transitions entre les scènes lors de l’écriture mais je n’avais pas prévu que la stroboscopie prendrait autant de place.
Normal, il s’inspire du tournage pour façonner le film, notamment lors des scènes en boite de nuit.
Il y a un côté angoissant, un peu morbide, à voirles gens qui dansent apparaître et disparaître grâce à la lumière.” Alors, il en a joué pour accentuer le rythme du film.

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La symbolique de ces scènes importantes : “Je voulais y montrer le plaisir ambigüe d’être ensemble mais finalement les personnages se retrouvent seuls face à eux-mêmes.”
La façon de les réaliser l’est tout autant.

Toutes les scènes de boite ont été tournées en même temps dans le même espace.  Il y avait deux cameras, décalées, sur un travelling circulaire. On changeait juste les costumes suivant les scènes.
On a tourné ces scènes en musique et il y a toujours un peu de son d’ambiance dans le montage.
C’est plus juste et plus vrai !

120 battements par minute

On comprend alors mieux comment le sentiment de vie et d’urgence transparait au travers de ce film. Elles sont l’exutoire de ces jeunes gens qui luttent, pour eux et pour leurs amis.

La page de 120 Battements par minute est désormais belle et bien tournée pour son réalisateur.
Il aurait un scénario de science-fiction sous le coude… Mais rien de définitif.

 

Le Festival cinéma Télérama s’est déroulé en partenariat avec BNP Paribas.

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