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Jusqu’à la garde : Léa Drucker, Denis Ménochet exceptionnels

Film fort, Jusqu’à la garde offre deux rôles en or à deux comédiens de très grand talent : Léa Drucker et Denis Ménochet. Xavier Legrand nous révèle aussi un jeune talent assez incroyable : Thomas Gioria qui interprète son premier rôle à l’écran.
Voici 3 très raisons de voir ce film. 

Jusqu'a la garde

Jusqu’à la garde : cinéma instinctif 

C’est Léa Drucker qui le décrit le mieux : “Xavier a un instinct de cinéma le plus puissant que j’ai pu rencontrer.
Le cinéaste s’est documenté longuement avant de fixer sur papier son histoire.
Denis Ménochet n’a pas lâché le script quand il l’a reçu : “je l’ai lu un soir 2 fois de suite, c’était tellement prenant ! 

La proximité avec les personnages est troublante. Si bien que l’on a de l’empathie simultanément pour cette femme et cet homme qui se déchirent la garde de leur plus jeune enfant, Julien – d’autant plus que l’on ne connaît pas les raisons exactes de leur séparation.  

On ne sort pas indemne d’un récit comme celui-là, et c’est tant mieux. Il y a eu un débat passionné après la projection, les points de vue pouvant diverger. 

Le réalisateur confie ses références : “Kramer contre Kramer pour débuter, puis La Nuit du ChasseurEt on vous laisse deviner, en salle, le 3e film.

Denis Menochet : un roc taillé sur-mesure

L’acteur révélé au monde entier par Tarantino est rare, trop rare, au cinéma français.
Il a un physique de roc, d‘ours au regard tendre. Antoine, son personnage, intrigue, sans doute parce que nous sommes des hommes, sans doute parce qu’il est touchant aussi. 

Jusqu'a la garde

Ses rapports aux autres sont compliqués, le désarmour de ses enfants nous questionne. Il y a pourtant des “mon coeur” dans sa bouche à l’attention de son fils Julien.
Un rôle comme ça, c’est un cadeau ! Je me suis enfermé pour l’incarner, ça a été long.

Léa Drucker : grave et lumineuse 

On pourrait suivre Léa Drucker les yeux fermés tant ses choix artistiques sont pertinents, aussi bien au cinéma qu’au théâtre. Jusqu'a la garde Ici, elle interprète Myriam, une femme en conflit avec son ex-mari, une mère de famille qui protège ses petits. La comédienne partage : “en lisant le scénario du court-métrage, j’ai eu l’impression de connaitre cette femme. Après les projections, des femmes venaient me voir et me confiaient leur histoire personnelle.”
Forte pour certains, effacée et angoissée pour d’autres, Myriam est mutique mais pas pour autant inactive.
Elle se débat, affronte, esquive avec ce qu’elle a de vibrations en elle.

J’ai volontairement dévoilé très peu du récit.
Ne lisez pas tout ce qui est écrit sur ce film ou disséqué. Il faut le voir sans apriori pour avoir le choix de son propre point de vue. L’expérience n’en sera que plus intense. 

Jusqu'a la garde

Jusqu’à la garde 

de Xavier Legrand

Avec Denis Ménochet, Léa Drucker, Mathilde Auneveux, Florence Janas, Thomas Gioria

Sortie le 7 février

Merci à Ciné + pour l’avant-première et la rencontre avec l’équipe du film

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Last Flag Flying : un road movie pour l’honneur

Hollywood a toujours su mettre en scène des histoires sur nos guerres modernes, révélant les désastres humains et psychologiques qu’elles entrainent.
Last Flag Flying est un film poupée russe qui fait résonner deux conflits majeurs de ce pays, à 30 ans d’intervalle.
Des acteurs sensibles, un scénario subtil et sans misérabilisme, au service d’une œuvre bouleversante.

Last Flag Flying

Last Flag Flying : la rédemption

2003, la guerre d’Irak menée par un pays bousculé par le 11 septembre bat son plein. Larry “Doc” Shepherd (Steve Carell) vient de perde son fils, un marine tué à Bagdad. Il est à la cherche d’anciens camarades Marines qui ont fait la guerre du Vietnam à ses côté. Il veut qu’ils l’accompagnent à la sépulture de son fils au cimetière militaire d’Arlington.

Last Flag Flying

Mais, depuis la fin de leur engagement, Sal Naelon (Bryan Cranston) et Richard Mueller (Laurence Fishburne) ont totalement changé de vie. Et tous deux ont évacué  leur ancienne vie de combattant. Sal est devenu patron de bar désabusé et retord. Richard a renié son passé militaire en devenant pasteur, et s’est marié.
C’est sans compter un secret resté dans la jungle vietnamienne qui lie Sal et Richard au Doc. C’est ce secret qui va permettre à Larry d’entrainer ses vieux compères dans ce road-movie.

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Semper Fidelis : toujours fidèle

Cette histoire est baignée de combats multiples. Celui d’un père meurtri, celui de compagnons d’armes qui vivent avec une vérité cachée.
Elle offre aussi à Richard Linklater l’occasion d’égratigner la politique militaire de son pays. Tout en douceur mais avec une amertume certaine. La guerre du Vietnam fait écho à celle d’Irak.
Même but, même manipulation, même mensonge.Last Flag Flying

Malgré tout, on se surprend à être compatissant avec la froide rigueur militaire du Colonel Wilits (Yul Vazquez).
On a de l’empathie pour le soldat Washington (J. Quinton Johnson), le militaire ami du fils défunt, coincé entre l’ordre martial et la révolte des trois anciens GI’s.

Steve Carell est magnifiquement juste dans son rôle de père endeuillé. A fleur de peau, il est toujours sur le fil des émotions.
Bryan Cranston et Laurence Fishburne se révèlent être de parfaits anges gardiens ; ni totalement purs, ni totalement malveillants.
Jusqu’à la scène finale, le rôle de chacun est d’amener le “Doc” à faire les bons choix pour la dépouille de son fils.

Last Flag Flying

Sans trop de musique, ni trop de mélo, le scénario nous conduit petit à petit à un dénouement plein d’émotions.
Des émotions brutes mais douces qui permettent aux non-dits de s’estomper tout au long du film et aux personnages de chasser les fantômes du passé, pour ensemble se reconstruire.
Respectant la devise des Marines américains: Semper fidelis.

Il restera aussi de ce film le regard de Steve Carell qui reflète à merveille l’humanité de cette histoire et de ses protagonistes.
Touchant.

Last Flag Flying

Last Flag Flying
(La dernière tournée)

Sorti le 17 janvier 2018

Réalisation : Richard Linklater
Avec : Steve Carell, Bryan Cranston, Laurence Fishburne, Yul Vazquez, J. Quinton johnson, Deanna Reed-Foster et Cicely Tyson.

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Paul Taylor #Franglais : fucking great show! @ Casino de Paris

#Franglais est un chef d’œuvre du stand up ! Les toutes dernières de son spectacle se jouent au Casino de Paris du 2 au 4 janvier 2019.
Avec Paul Taylor, on a l’impression d’être bilingue quand il nous parle anglais. On n’a plus honte de notre accent pourri même si le sien est imperceptible – ce qui, sincèrement, pourrait nous le faire détester à jamais.
On se fout aussi bien de notre gueule que de tous ces étrangers qui ne comprennent pas les subtilités de notre culture d’Assédic, de bises et autres “chier”.

Paul Taylor

Paul Taylor is the one! 

Alors oui, bien sûr, nous, Français, nous avons des travers. De drôles de mœurs et une faculté à décontenancer les irréductibles Anglo-saxons et tous les autres qui cherchent à apprendre notre belle langue. 

Paul Taylor affiche 8 années passées en France et une femme de notre cru. Il n’a pas eu à chercher bien loin pour trouver matière à rire.
Mais son talent est dans son sens aigu de l’observation, dans sa capacité de révélation et sa relative exagération de certains de nos traits.
Et surtout, il ne nous fait pas le coup des Français râleurs, comme beaucoup d’autres ! #ThankGod

Le garçon est inventif quand il s’agit de recréer les situations aberrantes que nous pouvons vivre ou infliger aux autres. Le sketch de la bise en intro du spectacle est hilarant !

Ses coups de gueule ponctuent la soirée avec des Fuck bien placés, comme des gimmicks. Putain, on adore !! 

Il s’hydrate avec une pinte de bière ; franchement ça claque tellement plus que la bouteille d’eau minérale de Florence Foresti. 

Le débit de parole est effréné, Paul Taylor peut faire l’effet d’un stroboscope sonore.

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Dans la salle, ce vendredi, une large part de Frenchies – mot que le stand’upeur ne prononcera jamais de la soirée, pourtant c’est tentant. Il y a aussi des Anglais, Américains, Chinoise, Colombienne et Italiennes, Danois.
Une seule victime est à déplorer : la Biélorusse du premier rang ne se remettra sans doute jamais de sa première expérience de bise made in France – faut dire qu’elle n’a pas eu trop le choix.

Paul Taylor

Paul Taylor
#Franglais

Dernières les 2, 3 et 4 janvier 2019

au Casino de Paris
16, rue de Clichy
75009 PARIS

Site officiel  : www.paultaylorcomedy.com 

Bonus 1 : j’ai été refroidi par une Anglaise saoule, hystérique, agressive, casse-b… sur les Champs-Elysées pas plus tard que le soir du 31. Elle m’a clairement pourri mon feu d’artifice de la nouvelle année. Passer la soirée avec Paul Taylor m’incite grandement à lui pardonner.
Il est tellement attachant qu’il nous ferait même aimer la Princesse Camilla ! 

Bonus 2 : profond respect à cette spectatrice du 1er rang qui a traduit en direct et en langue des signes le spectacle à sa voisine. Vu le débit de parole de Paul Taylor et l’absence de pause, la performance est à saluer. 

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Laurent Sciamma : débuts prometteurs avec Une heure debout

L’Echapée Volée et Les Inrocks ont repéré Laurent Sciamma dans son petit écrin du 11e à banquettes vertes moyennement confortables : la Comédie des 3 Bornes.
Ici, les trentenaires sont légion, s’amusant des incohérences, aberrations ou autres contrariétés de la vie quotidienne relevées par ce jeune stand’upeur. 

Laurent Sciamma n’a pas le physique d’un musclor type Jean-Claude Muaka, n’a pas des yeux bleus renversants de Gad Elmaleh, ni même la blondeur indécente de Geremy Credeville. Et pourtant, il n’est pas impossible de s’attacher à lui car il a un don : l’empathie ! 

Et puis, au fond, c’est assez stimulant d’assister à l’éclosion d’un jeune talent, sur scène. Il prévient : “le spectacle est en rodage, il est différent chaque soir, je tente de nouvelles blagues.

La durée est donc variable. L’humoriste vérifiera l’heure au cours de la soirée pour s’assurer qu’il ne déborde pas trop. Ce mercredi, l’heure annoncée sur l’affiche sera largement dépassée de plus de 20 minutes.
Bien sûr, on a un peu chaud, une crampe à la fesse droite commence à nous violenter mais on lui pardonne. 

Laurent Sciamma affiche donc ses 32 ans avec modestie. Il rit en baissant la tête – un brin de timidité ? – ; garde encore sa liste de sketchs sur une feuille, comme un chanteur et ses chansons. On ne sait jamais, il pourrait perdre en pleine digression.

Il nous fait rire de choses simples comme des nouveaux Transiliens, de poules, de journal intime, de célibat et de son martyr consentant orchestré par ses deux sœurs aînées.
Il s’enlise parfois dans quelques longueurs mais les spectateurs rient en majorité.
Ce soir-là, une fille se fend la poire au point de baisser la tête de manière spectaculaire, voire dangereuse au niveau de ses genoux.

Laurent Sciamma

Laurent Sciamma Une heure debout 

Tous les dimanches à 19h00

à la Comédie des 3 Bornes
32 rue des trois bornes
75011 PARIS
Tél. 01 43 57 68 29

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Cantate pour Lou Von Salomé : ode ardente au Studio Hébertot

Au hasard d’un dîner, Bérengère Dautun est saisie par la ressemblance entre Sylvia Roux et Lou Von Salomé. Ainsi, l’illustre comédienne a trouvé la muse lui inspirant l’écriture de son premier texte. Au Studio HébertotCantate pour Lou Von Salomé offre une douce et passionnée déférence à la vie captivante d’une des premières femmes psychanalystes. En effet, elle a marqué son époque par son esprit libertaire et son statut d’égérie auprès d’hommes influents.

Cantate pour Lou von Salomé

D’entrée, la scène nous interroge : un cheval à bascule, une veste de général, un rideau blanc servant de toile de fond et une grande malle, intrigante. En apparaissant, sobres et élégantes, Bérengère Dautun et Sylvia Roux vont alors se mettre à explorer cette mystérieuse malle. C’est ainsi que nous partons à la découverte de la mémoire de Lou Von Salomé…

Devant nous, une quinzaine de personnages prennent vie par le biais d’accessoires. De son intelligence remarquée dès son plus jeune âge à la relation vibrante que Lou menait avec Friedrich Nietzsche et Paul Rée dans un ménage à trois, vous serez impressionnés par sa force d’attraction. Son unique mari, Friedrich Carl Andréas, peut en témoigner. Tout autant que le jeune Rainer Maria Rilke qui l’éveille aux multiples désirs… Enfin, sa rencontre avec Sigmund Freud sera décisive. Elle devient alors sa disciple en entrant en psychanalyse, faisant d’elle une pionnière.

De tous les hommes ayant croisé sa vie, Lou produit toujours le même effet : déchaîner la passion et inspirer aux êtres la force de se révéler…

Cantate pour Lou Von Salomé

La complicité évidente unissant les comédiennes transparaît dans leur interprétation. Grâce à une mise en scène délicate et tendre, elles se répondent, se complètent, telles de doux miroirs. Lorsqu’une apparaît ingénue aux prémices de la vie, l’autre lui insuffle l’énergie de l’espérance.

En définitive, dans un monde où la place de la femme reste toujours un combat, ce devoir de mémoire de Bérengère Dautun résonne comme un partage, une offrande pour ne surtout pas oublier…

by Jean-Philippe

Cantate pour Lou Von Salomé

De : Bérengère Dautun
Avec : Bérengère Dautun, Sylvia Roux
Mise en scène : Anne Bouvier

jusqu’au 28 janvier 2018

du jeudi au samedi à 21h
matinée le dimanche à 17h

au Studio Hébertot
78, bis Boulevard des Batignolles
75017 Paris

tél. 01.42.93.13.04

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Momix au théâtre des Champs-Élysées : hommage raffiné & splendide !

Momix fascine, émerveille et surprend depuis maintenant 37 ans ! En incitant le monde à l’évasion grâce à un univers particulier, aux confins de l’illusion et de la réalité, Moses Pendleton redéfinit avec passion les codes du raffinement et de l’esthétique.
Au Théâtre des Champs-Élysées, Viva Momix Forever revient sur cette aventure humaine extraordinaire en mêlant les plus belles chorégraphies ayant fait le succès de la compagnie, avec des inédits prometteurs pour la suite !

Momix

Les créations de Momix se remarquent par un subtil dosage d’ingéniosité, d’audace, de poésie et de rêve. Tout n’est que surprise ! L’être humain exulte, aidé par des effets techniques impressionnants par leur délicatesse…

Les danseurs-athlètes-illusionnistes accordent une dimension nouvelle à l’enveloppe corporelle. Les limites sont sans cesse repoussées. Le corps est en perpétuelle mutation, se métamorphose. Il devient imprévisible. Il sert alors de moyen d’expression à des mondes animés.

Ainsi, une femme gracieuse, aérienne et sensuelle danse, joue et devient une étoile… Des femmes-fleurs terminent leur germination avant d’éclore dans un halo lumineux nous laissant croire qu’elles finissent par s’envoler…

Moses Pendleton, le directeur artistique de la compagnie, trouve son inspiration dans son vécu et ce qui l’entoure. Nous retrouvons des thèmes aussi variés que les danses guerrières amérindiennes, l’art ancien de l’alchimie, les créatures du désert, la complexité de l’esprit ou encore la nature influencée par son enfance dans une ferme du Vermont.

Momix

Une scénographie exceptionnelle !

Momix aime jouer sur les illusions afin de nous transporter dans un ailleurs… Pour cela, tous les moyens techniques possibles sont déployés avec une justesse et une élégance sans pareil, conférant ainsi le caractère spécifique de ce spectacle.

Bien entendu, une part belle est donnée à la lumière. Qu’elle soit intense, tamisée, en pluie, froide, chaude ou à ultraviolets, elle est toujours terriblement adaptée ! Des projections vidéo ou en 3D apportent une dimension grandiose et inattendue en envahissant tout l’espace… Nous trouvons également des accessoires tels que miroirs, barres ou de surprenants ballons. Tout est donc fait pour mettre en valeur les saynètes ainsi que les costumes riches et flamboyants, allant du papier froissé au tulle le plus vaporeux…

En alternant des tableaux à l’impact différent, Moses Pendleton nous permet de reprendre notre souffle. De cette manière, nous apprécions encore plus chacun d’entre eux. Finalement, ce choix judicieux nous fait penser à la vie : des moments simples, plus lents, nous font savourer, plus intensément, les moments d’exaltation…

Avec ce spectacle, le temps n’a plus aucun impact… De ce fait, notre corps est au Théâtre des Champs-Élysées, notre tête dans un voyage à travers le monde et notre esprit s’en invente un nouveau…

Vous l’aurez compris, Viva Momix Forever fait du bien ! En effet, au sortir du spectacle, voici mes impressions à chaud : « C’était beau… Le genre de beauté donnant du baume au cœur, montrant ce que le monde est capable de produire de merveilleux ! Du genre à faire renaître un sourire sur un visage fatigué par les habitudes et le quotidien 🙂 ».

by Jean-Philippe

Momix

Viva Momix Forever

Avec : Jonathan Eden, Amanda Hulen, Sarah Nachbauer, Jason Williams, Morgan Hulen, Jennifer Chicheportiche, Seah Hagan, Heather Magee, Jacob Stainback
Mise en scène, chorégraphie : Moses Pendleton

Jusqu’au 7 janvier 2018

Du mardi au samedi, ainsi que le dimanche 31 décembre à 20h
Matinée le samedi 6 janvier à 15h et le dimanche 7 janvier à 17h

au Théâtre des Champs Elysées
15 Avenue Montaigne
75008 Paris

site officiel : www.momix.com

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La Surface de réparation : Franck Gastambide fascinant et épatant

Rarement l’univers du foot ne s’offre au cinéma. Avec La Surface de réparation, il y fait une nouvelle incartade.
Non, ne fuyez pas de suite, car le premier film de Christophe Regin n’a pas pour thème le foot. Ce milieu est juste prétexte à dérouler une histoire de passion, d’amour et de résilience.
Avec un Franck Gastambide tout en nuances.

La surface de réparation
Selfie pour USofPAris

Au Football Club de Nantes, Franck (Franck Gastambide) est la nounou des sportifs. Il surveille les entrées en boite de nuit, materne les joueurs pour leur trouver tout ce qui leur ferait plaisir.
Il protège aussi les stars du club de leurs errances pour éviter que leurs relations adutérines se retrouvent sur les réseaux sociaux.
Jusqu’à croiser Salomé (Alice Isaaz) qui vient de coucher avec le footballeur numéro 1 du club et qui va bouleverser la vie de Franck.
C’est sans compter aussi sur le retour de l’ancien joueur vedette du club Djibril Azembert (Moussa Mansaly).
Sans statut ni salaire officiel, Franck, qui vit pour son club, va voir son quotidien remis en cause par ce duo.

La surface de réparation

Dans les coulisses du foot

La Surface de réparation n’est pas un film sur le foot.
L’univers du ballon rond ne sert que de parabole pour évoquer la vie de gens qui se retrouvent briser alors qu’une carrière rêvée leur échappe un jour.
J’avais rencontré des gens qui n’avaient pas réussi dans le milieu du foot, raconte le réalisateur Christophe Regin, mais j’aurais très bien pu écrire cette histoire dans un autre milieu professionnel. Le personnage de Franck me ramène à moi aussi.

Certes Franck s’est créé une place à la marge, pour vivre et survivre mais ce n’est pas un looser pour autant.

D’ailleurs, Franck Gastambide est parfait dans ce rôle de “nounou”. Perdu dans un monde qu’il a un temps désiré.  Pour quelqu’un qui dit n’avoir “jamais pris de cours, ni fait de casting“, sa performance est subtile, franche.
Mais il a pu puiser dans “les petits boulots qu’il faisait avant le cinéma. Je suis allé chercher mes ressentis“.

La surface de réparation

Pour conter cette histoire, la maîtrise visuelle et technique de Christophe Regin est parfaite. On a aimé les plans séquences du film qui sont parfois nés d’un échange entre le réalisateur et les acteurs.

Comme pour la scène pivot du film : celle du baiser être Franck et Salomé, qui, à la base, devait être découpée en plusieurs axes, mais qui sous l’impulsion des acteurs, s’est vue transformer en plan séquence. J’en suis assez fier,  c’est une vraie performance !” confira Franck Gastambide. Une performance juste et sensuelle.

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So Foot! 

La Surface de réparation est un film tendre et sensible, avec certains défauts des premiers films.
On tourne parfois en rond dans les situations et la psychologie des protagonistes qui prend le pas sur la narration.
On a envie de baffer les personnages pour qu’ils se reprennent et retrouvent le bon chemin de vie.
Mais ce film met en lumière des parcours uniques et rarement vu au cinéma.
Un focus sur des écorchures psychologiques singulières avec en toile de fond une certaine forme de résilience.

Un film humain en somme.

La surface de réparation

La Surface de réparation

Sortie en salle le 17 janvier 2018

Réalisation : Christophe Regin
Avec : Franck Gastambide, Hippolyte GirardotAlice IsaazMoussa Mansaly.
Musique : Para One

Merci à Ciné + pour cette découverte et la rencontre avec l’équipe artistique ! 

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Aimez-moi : Pierre Palmade émouvant et ensorcelant @ l’Atelier

Pierre Palmade revient enfin à ses premières amours : un seul en scène !
Sans doute moins hilarant que les précédents spectacles, Aimez-moi nous surprend par la tendresse de son regard, les situations improbables et les observations qui font écho en nous que nous soyons gays, hétéros, vieux, jeunes, désespérés par l’état du monde ou des joyeux utopistes.
Pierre Palmade nous touche pour notre plus grand bonheur !
Rdv au Théâtre de l’Atelier à partir du 22 septembre.

Pierre Palmade

Avec Aimez-moi, il y a du loufoque total – proche de la fable – comme cette parenthèse animalière qui l’a conduit à être adopté par une famille d’aigles. Il y a aussi de la prise directe avec la réalité du couple – un père quitté par sa femme, sans ultimatum, faisant face à ses enfants. Et surtout de l’invention géniale : comme ce chanteur médium poilant.

Tous ces personnages sont attachants, dénués de méchanceté, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont sans aspérités.
Ils sont heureux aussi bien de leur bonheur,  leurs contrariétés que leurs beaux malheurs. 

Un spectacle tout en finesse

C’est un Palmade un peu désabusé, voire mélancolique qui évolue sur scène.
Les textes de ses sketches laissent transparaître les angoisses et les expériences de l’homme mais transposées avec bienveillance dans une galerie de personnages efficace.

Alors, il est possible de rire du cancer sans tomber dans la provocation pure, du handicap affectif et aussi du cas très particulier du fan transi de Barbara Streisand – une espère en voie de disparition. 

Petite touche supplémentaire, l’humoriste débriefe certains de ses sketches en mode “Je“, histoire de mettre en lumière l’homme derrière le comique. Une pause qui peut être douce-amère mais jamais moralisatrice.

Aimez-moi est une vraie bulle de rire, de poésie et d’émotions. 

Pierre Palmade

Aimez-moi

Un spectacle de et avec : Pierre Palmade
Mise en scène : Benjamin Guillard
Scénographie : Jean Haas

du 22 au 29 septembre 2018

à 20h du mardi au samedi

au Théâtre de l’Atelier
1 Place Charles Dullin
75018 Paris


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Feydeau(x) : un doux moment au Lucernaire

Aujourd’hui encore, Georges Feydeau conserve son titre de « roi du vaudeville ». Effectivement, nous sommes toujours séduits par sa façon de dépeindre les mœurs et la bourgeoisie de son époque dans un style acerbe où la dérision est parfaitement maîtrisée. Feydeau(x) revient sur trois pétillantes œuvres de jeunesse du maître de la comédie.
Trois pièces courtes, trois étapes de la vie de couple. En explorant le thème intemporel de la complexité d’être à deux, le Lucernaire nous propose un moment plaisant et délectable.

Feydeaux

Pour commencer, Amour et piano. L’histoire d’un quiproquo amoureux entre une jeune fille issue de bonne famille pensant accueillir son professeur de piano. Malheureusement, l’homme face à elle est un provincial arriviste la prenant également pour une autre…

Vient ensuite Par la fenêtre, où une extravagante Brésilienne vient chambouler le quotidien de son paisible voisin avocat. Excédée par la jalousie sans fondement de son époux, elle se lance dans un jeu de marivaudage où chacun finit par se perdre, enchaînant des situations toutes plus loufoques (et drôles) les unes que les autres !

Enfin, Fiancés en herbe s’intéresse aux prémices du désir. Deux jeunes écoliers s’interrogent sur ce qu’est l’amour, le mariage. Ils tentent de répondre à ces questions avec la candeur et la naïveté propres à leur âge. Mais ne dit-on pas également que la vérité sort de la bouche des enfants ?

Feydeaux

C’est un plaisir de pouvoir apprécier les premiers textes de Feydeau déjà gorgés de son talent vaudevillesque. Comme ils sont moins connus, nous avons ainsi l’impression de les redécouvrir. Les comédiens ne sont pas en reste. En effet, les pièces sont magistralement portées par une troupe à l’énergie et à l’enthousiasme débordants ! Ainsi, c’est à un rythme effréné que se succèdent cocasserie, absurdité de situations et humour explosif.

P.S : Fiancés en herbe est absolument délicieux 😉

by Jean-Philippe 

Feydeaux

Feydeau(x)

Auteur : Georges Feydeau
Artistes : Laurence Facelina, Louis Victor Turpin, Sébastien Baulain, Mathilde Hancisse, Nina Poulsen, Basile Alaïmalaïs, Antoine Paulin et Marc Maurille
Metteur en scène : Thierry Harcourt

jusqu’au 21 janvier 2018

du mardi au samedi à 20h
matinée : le dimanche à 17h

Lucernaire
53, Rue Notre Dame Des Champs
75006 Paris

Tél : 01 45 44 57 34

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Une femme extraordinaire à La Folie Théâtre : pièce coup de poing

Une femme extraordinaire à la Folie Théâtre, c’est une affiche immanquable qui rappellerait l’une des obsessions du photographe japonais Araki.
Mais ici, les rôles sont inversés, c’est l’homme qui est attaché, objet d’un jeu sensuel, sulfureux et de domination orchestré par une femme.
Une femme extraordinaire est surtout une pièce déroutante qui questionne les rapports homme/femme avec le contexte récent des événements initiés par l’affaire Weinstein.  

Une femme extraordinaire

L’auteur metteur en scène Arthur Vernon joue sur plusieurs registres pour ausculter cette drôle d’histoire d’amour : le récit d’une passion folle, l’enquête, le face-à-face frontal. 

L’acte 1 peut déstabiliser, voire irriter : un couple en pleine osmose, un paquet de love au centimètre carré, un projet de mariage, ça parle enfant aussi. Hashtag yeux levés au ciel. 

C’est trop surchargé pour être honnête. Mais ça nous rappelle forcément les premiers mois d’au moins une de nos relations. On est délicieusement mielleux quand le cœur bat à tout rompre et qu’en plus de ça le sexe est extra. L’ivresse totale. 

Mais les aspérités apparaissent dans le couple. Un clash pour une histoire de dîner, des coups de fil incessants sur le phone de Lia, Renaud qui commence à avoir quelques doutes. 

Une femme extraordinaire

L’acte 2 décortique avec détails l’enchaînement des événements du premier acte. C’est quasi chirurgical. La pièce opère alors une accélération, le décor joue avec les projections, les révélations. 

Pour finir par un jeu de dialogues frontaux. Ca rentre dans le gras du sujet, avec un discours fort, tendu et révélateur. 

L’interprétation est au cordeau, Anna Stern est tour à tour fascinante, vamp et vénéneuse. Daniel Hederich est un amoureux transi convaincant mais un ours capable de montrer les crocs. 

Une femme extraordinaire

Une femme extraordinaire 

Écrit et mis en scène par Arthur Vernon
Avec Daniel Hederich et Anna Stern 

Jeudi, vendredi et samedi à 21h30 

À La Folie Théâtre

6 Rue de la Folie Méricourt
75011 Paris 

Réservations : 01 43 55 14 80

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