Archives par mot-clé : critique

On a tous quelque chose de Johnny : hommage rock détonant

C’est le boss depuis les années 60’s.
Qu’on l’aime ou non, Johnny Hallyday reste l’un des piliers du rock français.
Ce 17 novembre sort,
On a tous quelque chose de Johnny, l’album de reprises de 16 de ses standards. Artistes incontournables ou nouveaux venus sur la scène musicale, chacun a abordé avec humilité sa reprise du maître du rock.

Certains vont certainement crier à la récup, voir à l’ignominie musicale ! Lisez ces lignes avant de hurler.

On a tous quelque chose de Johnny

On a tous quelque chose de Johnny : notre avis

Un “Tribute” n’est pas toujours de bon augure pour les oreilles.
Mais là niveau musical, c’est du lourd. Normal, c’est Yarol Poupaud qui a fait tous les arrangements de l’album (à part celle de Calogero). Son travail est ciselé sur quasiment tous les titres, proche des univers des chanteurs. On sent vraiment l’envie d’une cohérence artistique. On sent aussi l’énergie de l’enregistrement live.
Johnny lui-même pourrait poser sa voix sur les versions instrumentales de ces 16 titres.

Image de prévisualisation YouTube

On pourra éventuellement discuter de certaines interprétations qui ne nous ont pas toutes convaincues. En effet, il peut être dur de marcher dans les pas de Johnny…

Les patrons, ceux qui ne tremblent pas

Il n’y a que peu de noms à mettre dans cette catégorie.
On commencera par Garou. Sa version de Ma Gueule est très proche de l’originale. On y retrouve la puissance de Garou, un grain de voix proche de Johnny et une émotion à la hauteur de la chanson.  L’ami québécois a l’organe pour cette reprise. sans prise de risque.

Nolwenn Leroy tire aussi son épingle du jeu avec sa version de
Quelque chose de Tennessee. On aime son charme et son émotion dans l’interprétation. Une très belle version.

On a tous quelque chose de Johnny

On mettra Que je t’aime d’Amel Bent dans cette catégorie, mais elle devrait avoir un place un peu à part.
Comme on l’a dit : difficile de concurrencer le patron. Malgré tout Amel Bent s’en sort plus qu’honorablement.
Si le début de sa reprise est un peu en dessous, elle arrive à nous emporter sur la fin. Sa voix est assez puissante pour rivaliser avec le boss, son interprétation empreinte d’émotion.

Les vraies surprises

Ce sont les artistes juniors qui osent. Même si certains anciens nous ont aussi surpris, voir cueillis.

Avec Louane et La musique que j’aime, on se propulse dans une vraie ballade blues. On embarque dans une bagnole pour fendre les grands espaces US. Elle ne tombe pas dans les pièges de la chanson.
C’est d’ailleurs la seule à n’avoir faire qu’une seule prise à l’enregistrement. Chapeau.

On a tous quelque chose de Johnny
Ce qui nous a surpris avec la version de Slimane, c’est que peu de journalistes présents à l’écoute ont reconnu sa voix.
Preuve que sa version de Marie est bien loin de l’image consensuelle que peut laisser un gagnant de The Voice. Sa voix très expressive nous a surpris.

Place au benjamin de l’album : Lisandro Cuxi et son Noir c’est noir. Ce que l’on aime dans cette interprétation, c’est le côté frais et nonchalant. La fougue de la jeunesse en somme.On a tous quelque chose de Johnny

On plonge dans un autre style avec Patrick Bruel. Il nous cueille avec J’ai oublié de vivre.  A tel point qu’on aurait aimé lui poser la question suivante en interview : “Avec une telle émotion dans la voix, que dit cette chanson de vous ?”

On finit cette partie avec la reprise énergique du titre Les Coups by Marco Prince et FFF. On y retrouve une rage urbaine dans un arrangement hyper rock. Les cuivres sont très présents. Ça balance du groove avec énergie, très rythmée. Un des gros kiff de cet album.

On a tous quelque chose de Johnny

Ceux qui sont passés un peu à côté

Tout d’abord Florent Pagny, qui même s’il fait le job, livre un Requiem pour un fou propre, puissant mais sans âme, sans réelle folie. Pourtant, il parait qu’il est sorti rincé de sa cession d’enregistrement.

De son côté, Kendji Girac pêche un peu par son manque de puissance vocale, de coffre. L’envie n’est pas l’une des plus faciles à chanter sans se faire comparer à Johnny.

Image de prévisualisation YouTube

Le Pénitencier de Gauvain Sers ne nous convainc pas forcément non plus. L’arrangement est un trop “horse road movie” à notre goût, vraiment trop folk pur. Cela donne un ton très décalé au titre.

Sur Tes tendres années, Raphaël est en mode Raphaël. C’est pas mal produit, mais on ne sent pas de réel frisson, de conviction dans la voix.

Et malgré tout certains arrivent à transporter Johnny dans leur univers.

Johnny Hallyday VS un univers musical

Car oui,  tout comme Raphaël fait du Raphaël, Benjamin Biolay fait lui aussi du Biolay.
Mais le dandy lyonnais semble le faire avec plus d’envie. Mais surtout avec plus d’émotion.  L’orchestration très 70’s de Retiens la nuit, survolée par l’orgue style hammond, s’unit parfaitement à la voix retenue et rocailleuse de Biolay.

Image de prévisualisation YouTube

Dans un autre style, Gaëtan Roussel transporte lui aussi Je te promets dans son monde. Cette ballade plutôt douce devient alors plus rugueuse. Et d’un coup, la voix du leader de Louise Attaque apporte sa propre transe à ce tube.

On a accroché de suite à l’univers festif que Thomas Dutronc propose sur Gabrielle. D’ailleurs, c’est durant l’enregistrement qu’il a découvert le second degré du texte, en ayant les paroles sous les yeux. Et ce nouvel éclairage ce ressent dans l’interprétation : fraiche, légère et totalement folk-rock avec une guitare bien présente comme on aime pour ce morceau.

Reste maintenant l’OVNI de ce tribute : Calogero.
Car s’il y a bien un artiste qui possède son univers,  c’est bien lui.
Ce n’est pas pour rien que “Calo” est le seul à avoir pu faire sa propre orchestration. Alors c’est vrai que Elle m’oublie est totalement transfigurée à la mode Calogéro. C’est aérien, doux, exquis mais un poil décalé par rapport à la cohérence musicale de l’album.

Image de prévisualisation YouTube

 

En somme pas de gros gadin sur cet album hommage à Johnny Hallyday, juste des versions un peu en dessous pour les moins bonnes et d’autres très surprenantes à l’opposé.
Un album qui réconciliera  donc les amateurs de Tribute (et de musique) qui pouvaient être déçus des dernières sorties dans les bacs.

Pour en savoir plus sur le projet, notre interview croisée à lire ici.

Johnny Hallyday

On a tous quelque chose de Johnny

album disponible à partir du 17 novembre 2017

Avec la participation de : Kendji Girac, Slimane, Garou, Benjamin Biolay, Louane, thomas Dutronc, Lisandro Cuxi, Patrick Bruel, Gauvain Sers, Florent Pagny, FFF, Amel Bent, Gaëtan Roussel, Nolwenn Leroy, Raphael, Calogero

Share

Jean la Chance ou l’histoire d’un anti-héros engagé

La compagnie Frères d’Art vous donne rendez-vous au Théâtre de Ménilmontant à la (re)découverte d’une curiosité truculente : Jean la Chance, conte inachevé de Bertolt Brecht inspiré du conte éponyme des frères Grimm.

Cette œuvre de jeunesse, retrouvée par hasard, nous permet déjà de distinguer les prémices de ce qui va devenir le style de Brecht : une volonté de pousser le spectateur à la réflexion plutôt que d’être dans l’illusion théâtrale et qu’il nommera la « distanciation ».

Jean la chance

L’intrigue nous mène dans une ferme où Jean, fermier naïf et altruiste connaît une vie paisible auprès de sa femme Jeanne. Sa rencontre avec un homme va bouleverser cet équilibre et entraîner Jean dans un périple tumultueux.

Jean procède à différents échanges (où il est toujours perdant) avec les personnes opportunistes et dénuées de scrupules qu’il rencontre. Nous observons le renoncement à des modes de vie différents. En effet, Jean échange d’abord sa femme qui représente l’amour puis sa ferme qui évoque le foyer, une charrette qui symbolise l’aventure, un manège qui est le romantisme…  Jusqu’à se retrouver dépouillé de tout ce qu’il possède, hormis sa vie qui a peut-être aussi une valeur d’échange ! Qui sait ?

Jean semble vivre cette dépossession relativement bien. Plein de sagesse respectueuse, il reste fidèle à lui-même. Il est en harmonie. Il écoute son corps, la nature environnante et l’âme des gens qu’il rencontre. Il se retrouve sans rien d’autre que ses besoins fondamentaux à assouvir et il s’en réjouit. Il remercie même ses spoliateurs ! Il a atteint une certaine forme de bonheur simple voire l’ataraxie.

Jean la Chance

Les quatorze personnages sont brillamment interprétés par 4 comédiens. Ils se mêlent au public. Ils jouent la pièce avec coulisses apparentes et deux « flight-cases » pour créer l’ensemble de la scénographie. Ce choix de mise en scène nous plonge dans un monde étrange à la manière de Tim Burton ou Federico Fellini renforçant l’esprit du conte. Nous sentons véritablement l’osmose entre les différents comédiens. Nous sommes conquis par l’intensité de leur jeu ! La notion de plaisir est présente. Nous avons beaucoup ri. Nous avons beaucoup aimé et nous avons beaucoup réfléchi.

C’est une réponse à notre époque consumériste où la possession semble être à la base du bonheur…

by Jean-Philippe

Jean la chance

Jean la Chance

Adaptation du conte éponyme de Bertolt Brecht
Metteur en scène : Constant Vandercam
assisté de Tiphaine Canal
Lumières : Filipe Gomes Almeda
Comédiens : Benjamin Assayag, Lou Guyot, François Raüch de Roberty et Constant Vandercam

les mardi 21 novembre à 21h
mardi 5 décembre à 21h
samedi 9 décembre à 21h

au Théâtre de Ménilmontant
15, rue du Retrait
75002 PARIS

Share

Bienvenue à Suburbicon : la desperate family de George Clooney

Bienvenue à Suburbicon, une ville champignon dans les USA des années 60. Ici, tout est ripoliné et propre avec des pelouses tondues à ras. Chacun connaît son voisin et lui offre une apple pie. L’harmonie règne dans cette grande communauté, comme pour la famille Lodge.
Dans cette Amérique puritaine, un événement va perturber cette harmonie totalement WASP : l’arrivée d’une famille noire, les Meyers.
Et, malheureusement pour cette dernière, c’est ce soir-là qu’un incident va bouleverser la vie de la famille Lodge.

Bienvenue à Suburbicon

Bienvenue à Suburbicon : are you sure?

Ce résumé frôle, un peu, celui d’un film social.
En fait, c’est plus un conte que trace petit à petit le scénario. Mais un conte à la sauce Cohen (les deux frères sont quatre des huit mains du scénario) : alors bienvenue à la satire, parfois au comique grinçant mais surtout à l’esprit barré.

On retrouve dans Bienvenue à Suburbicon, cette patte unique qui permet à ce si joli récit propret de glisser lentement vers un univers plus torturé.
On a tout de suite pensé au film O’Brother (2000), pour l’ambiance 60’s, les clivages raciaux, une certaine folie des personnages avec toujours cet humour noir qui surgit dans les situations inattendues. Mais en plus lent dans la narration.

Bienvenue à Suburbicon

D’ailleurs, le début assez mou du récit oblige le spectateur à se laisser prendre par la main pour accrocher à l’histoire. On se demande ce qui fait de ce film de George Clooney, un bon film.
Et puis, d’un coup, il y a ce twist. Le blanc devient gris. La banlieue paisible se change en un lieu où se concentrent la haine et la folie.

Du coup, on se dit que Suburbicon, fait une référence parfaite au  Satyricon (le livre ou le film) : une société où le bonheur de façade cache des malheurs plus grands. Une société US qui doit se battre avec ses démons.

Un casting juste !

De ce côté-là pas de fausse note.
Tous les acteurs se glissent parfaitement dans ce paysage mouvant de banlieue parfaite.

Matt Damon (Gardner Lodge) passe petit à petit d’une insipidité totale à un corps qui fait suinter la noirceur de son personnage. Julianne Moore est la parfaite godiche stéréotypée, mais qui connait très bien tous les ressorts des drames qui se jouent.
Les malfrats (Glenn Fleshler et Alex Hassell) sont de parfaites caricatures des méchants iconiques du film de genre des années 60/70.

Bienvenue à Suburbicon
Et il faut aussi rendre hommage aux deux gamins de l’histoire : Nicky (Noah Jupe), pour la famille Lodge et Andy (Tony Espinosa) pour la famille Meyers. Leur jeu est juste. Mais surtout, ces deux enfants semblent être les seuls à avoir la tête sur les épaules. Les seuls à ne pas être touchés par la folie des adultes. Ce sont eux qui bouclent le cycle de la narration de ce conte que George Clooney a voulu réaliser.

Bienvenue à Suburbicon n’est pas forcément le meilleur film de George Clooney, mais une réelle parenthèse qui offre une histoire tout de même bien différente de la production actuelle.

Pour conclure, on a hésité à mettre la bande-annonce, mais elle dévoile tellement de l’intrigue que vous perdriez toute la saveur de la découverte du film en salle.
Libre à vous de la visionne ou pas.

Bienvenue à Suburbicon

Bienvenue à Suburbicon

Sortie le 6 décembre 2017

Réalisation : George Clooney
Scénario : Joel et Ethan Cohen, George Clooney et Grant Heslov
Avec : Matt Damon, Julianne Moore, Noah Jupe, Glenn Fleshler, Alex Hassell, Gary Basaraba, Oscar Isaac, Karma Westbrook, Tony Espinosa et Leith Burke
Musique : Alexandre Desplat

Share

Ramsès II aux Bouffes Parisiens : facétieux Sébastien Thiéry

Sébastien Thiéry frappe un nouveau coup avec une situation rocambolesque, un gros lot de quiproquos et de l’humour décalé. Ramsès II à l’affiche des Bouffes Parisiens ne laisse pas indifférent. Cette création peut aussi bien surprendre que déconcerter, faire rire qu’irriter.

Ramses II

Ramsès II quelle folie ! 

Si l’on accepte le deal de se faire surprendre, de retrouver l’écriture particulière de Sébastien Thiéry – celle qui nous avait autant enthousiasmé que touché avec Momo  -, il y a de fortes chances de passer une bonne soirée aux Bouffes Parisiens.

On ne comprend pas tout de suite que c’est le gendre Matthieu qui rend visite à ses beaux-parents, Jean et Elisabeth. La discussion est un peu décousue puis arrive le sujet essentiel : “où est Bénédicte ?

Interrogation légitime des parents. Matthieu manque de précision, noie le poisson, répond à côté, oublie même l’accident de son beau-père désormais en fauteuil roulant. 

Ramses II

Le doute s’installe dans le cerveau des parents. Jean est plus véhément, violent, vulgaire que sa femme. La tension est palpable. 

François Berléand a eu droit à un traitement tout particulier, lié à son âge. C’est lui-même qui nous l’a confié après la représentation. Alors en tournée avec Thiery pour Momo, le comédien est consterné de recevoir autant de mails de propositions d’équipements spécifiques pour les plus de 60 ans. L’auteur lui promet de l’équiper d’un siège remonte escaliers pour sa prochaine pièce. 

Ramses II

Le résultat, Berléand est en fauteuil roulant mais son jeu ne perd rien en intensité face à un Elmosnino démoniaque. 

L’affrontement des deux hommes réserve des séquences décalées, improbables, surprenantes, jusqu’à la dernière, intense.

Confidences en coulisses 

Eric Elmosnino avoue avoir été surpris par le “premier degré du public, très réactif. C’est assez beau à voir. Il y a des réactions d’enfants. On est dans le temps présent.”

La pièce a volontairement un titre improbable. François Berléand nous confirme qu’il n’est pas nécessaire d’y trouver un sens : “Thiéry a cherché le titre le plus absurde !” 

Ramses II


Bonus
: applaudir ou non l’entrée en scène de Berléand ? Habituellement, le public reste silencieux. Mais le soir de notre venue, il y a eu des claquements de mains, surprenant le comédien qui n’a pu s’empêcher de rire. Quelques minutes avant le sujet avait été abordé entre les comédiens, en coulisses.

Ramses II

Ramsès II

de Sébastien Thiéry
Mise en scène : Stéphane Hillel
avec : François Berléand, Eric Elmosnino, Evelyne Buyle, Elise Diamant

aux Bouffes Parisiens
4 rue Monsigny
75002 PARIS

du mardi au samedi à 21h
matinées : le samedi à 16h30 et dimanche à 15h

Share

Marco Polo et l’hirondelle du Khan : splendide voyage onirique

Marco Polo et l’hirondelle du Khan : partir du réel et se laisser porter par l’imaginaire… C’est dans la Mongolie du XIIIe siècle qu’Eric Bouvron revisite la rencontre de deux grands hommes : Kublai Khan et Marco Polo.
Ils représentent respectivement l’Orient et l’Occident, la vieillesse et la jeunesse, la souveraineté et l’idéologie, la terreur et le charme… Malgré toutes ces oppositions, un lien les unit…
Ce choc culturel nous livre, au Théâtre La Bruyère, une fantastique épopée où se mêlent politique, pouvoir et bien évidemment l’amour…

Marco Polo et l’hirondelle du Khan

C’est dans l’intimité d’une chambre que nous rencontrons Kublai Khan, un Empereur vieillissant et malade. Auprès de lui se trouve sa quatrième femme, sa préférée, son « hirondelle ». Il lui parle d’un jeune homme venu d’Occident, un certain Marco Polo, dont la fougue et l’impertinence l’ont interpellé. Kublai Khan voit en lui l’initiateur d’une impulsion novatrice nécessaire à la poursuite de l’expansion de son Empire.

Marco Polo et l’hirondelle du Khan

Marco Polo est subjugué par ce Grand Khan, sa puissance, sa splendeur mais aussi sa défiance. Ce sont deux mondes qui se confrontent, un Orient éclatant à son apogée et un Occident en plein essor, prêt à le supplanter. C’est entre ces deux univers que va virevolter une certaine belle et innocente hirondelle, quitte à se brûler les ailes…

Débute alors de façon insidieuse un combat mêlant passion dévastatrice, lutte pour le pouvoir et désir dont l’issue ne peut être que fatale… Mais pour qui ?

L’intrigue est parfaitement menée par une interprétation époustouflante des comédiens, agrémentée d’effets sonores et lumineux réussis ! Le décor est modeste, mais une chanteuse lyrique et deux musiciennes mongoles aux costumes chatoyants accentuent les sentiments dégagés par le texte, ce qui crée une atmosphère enveloppante et fascinante.

Marco Polo et l’hirondelle du KhanPlus que du théâtre, c’est un véritable spectacle qui nous mène très loin au cœur de l’Asie…

By Jean-Philippe

Marco Polo et l'hirondelle du Khan
Marco Polo et l’hirondelle du Khan

de et mis en scène par : Eric Bouvron assisté de Victoire BERGER-PERRIN
Collaboration artistique : Damien RICOUR-GHINEA
Costumes : Sarah COLAS
Lumières : Edwin GARNIER

Avec Jade PHAN-GIA, Laurent MAUREL, Kamel ISKER en alternance avec Eliott LERNER
Musiques et chants : Ganchimeg SANDAG, Bouzhigmaa SANTARO, Cécilia MELTZER et Didier SIMIONE

du mardi au samedi à 21h
matinée le samedi à 15h30

Théâtre La Bruyère
5, Rue La Bruyère
75009 Paris

Tel : 01 48 74 76 99

Share

Ludwig au Théâtre La Croisée des Chemins : enchanteur et captivant !

Si la vie tumultueuse de Louis II de Bavière vous est inconnue, rendez-vous au Théâtre La Croisée des Chemins ! Vous serez fasciné par le côté avant-gardiste et la personnalité tourmentée de ce monarque. Plus qu’un récit biographique, Olivier Schmidt signe un portrait tendre, enivrant et bouleversant de celui qu’on nommait le « roi perché ».

ludwig

À tout juste 18 ans, Ludwig accède au trône de Bavière. Il doit faire face à une crise politique risquant de changer à tout jamais l’avenir de son pays… À la compagnie de ses ministres, il préfère celles de Richard Wagner, son amour inconditionnel, d’Élisabeth d’Autriche, sa cousine qu’il admire profondément et de jeunes hommes avec lesquels il se donne et s’abandonne, au grand désespoir de sa mère désirant lui imposer un mariage conforme au protocole, qu’il rejette…

ludwig

Ludwig est un homme libre, fantasque et lunaire se laissant dominer par ses passions destructrices dont certains proches abusent… Il va connaître la splendeur puis l’abandon, l’amour et ses désillusions, la défection des siens, la fourberie des autres, la folie et la trahison…

Avec ferveur, énergie et sans surjouer, les comédiens abordent des thèmes de la vie du souverain dont l’écho reste terriblement actuel : le droit à la différence, les enjeux du pouvoir, la liberté sexuelle et morale.

ludwig

L’aspect intime et enveloppant dû à la mise en espace du théâtre ne fait qu’accentuer l’intensité de l’œuvre. Quant à l’interprétation des comédiens, c’est juste un délice que de les voir évoluer sur scène ! Du partage, une belle complicité, un plaisir évident et beaucoup de talents. Vous ajoutez une mise en scène moderne et dynamique et vous obtenez Ludwig : un excellent moment de théâtre !

P.S : Ludwig est éligible aux P’tits Molières 2018 et sera présent cet été à Avignon 😉

By Jean-Philippe

ludwig

Ludwig



de et mise en scène : Olivier Schmidt
avec : Julien Hammer, Rafael Vanister, Charlotte Moineau, Séverine Wolff, Olivier Schmidt

jusqu’au 10 novembre 2017

les jeudis et vendredis à 19h30

au Théâtre La Croisée des Chemins
43, Rue Mathurin Régnier
75015 Paris

Réservations : 01 42 19 93 63

Share

Pour l’amour de Simone au Lucernaire : rencontre intime & confidentielle

Simone de Beauvoir a fait de sa vie une admirable odyssée intellectuelle menée par la philosophie, le féminisme et l’amour particulier qu’elle porte à trois hommes. Tout au long de son existence, elle entretint avec eux une correspondance ardente et frénétique. Anne-Marie Philipe fait revivre au Lucernaire ces relations épistolaires de manière à nous révéler la facette amoureuse d’une femme qui a marqué son époque.

Pour l'amour de Simone
Crédit Michel Slomka

Trois femmes et un homme se retrouvent sur scène. Ils vont alors faire revivre trois hommes et une femme. Un choix nécessaire car se révèleront trois Simone distinctes selon l’homme qui l’aime.

Tout d’abord, Anne-Marie Philipe figure le «Castor», la compagne lumineuse et épanouie de Jean-Paul Sartre. Ce sera son « amour nécessaire », plus intellectuel que charnel. Cependant, ils ne s’interdisent pas des « amours contingentes » sur le principe qu’il est impératif de vivre intensément.

Ensuite, Camille Lockhart sera une Simone mutine et aérienne auprès de Jacques-Laurent Bost, élève de Sartre, qui sera son amant avant de devenir un ami loyal.

Enfin, Aurélie Noblesse incarnera la Simone de Beauvoir amoureuse de Nelson Algren, sans doute sa relation la plus passionnée. Cependant, leurs conceptions divergentes de l’amour eurent raison de l’ivresse.

L’intensité et la justesse du jeu des trois comédiennes se retrouvent dans l’interprétation habile et subtile d’Alexandre Laval pour les différents personnages masculins.

Toutes les lettres que nous découvrons avec délectation nous laissent apercevoir une femme libre, surprenante et terriblement actuelle. Elle y est fougueuse, amoureuse, romanesque et même parfois ingénue ! Toutes ces confidences mettent en avant une Simone de Beauvoir méconnue mais d’autant plus envoûtante.

«On ne naît pas femme, on le devient. » Quel pari réussi !
À peine sortis, nous nous sommes précipités sur les œuvres de Simone de Beauvoir afin de nous (ré)imprégner de cet esprit fascinant…

by Jean-Philippe

Pour l'amour de Simone

Pour l’amour de Simone

textes Simone de Beauvoir et ses amants
Artistes : Camille Lockhart, Aurélie Noblesse, Anne-Marie Philipe, Alexandre Laval
Metteur en scène : Anne-Marie Philipe

jusqu’au 15 octobre 2017

du mardi au samedi à 18h30
matinée le dimanche à 15h

Le Lucernaire
53, Rue Notre Dame Des Champs
75006 Paris
Tél : 01 45 44 57 34

Share

Priscilla folle du désert, la comédie musicale culte et barrée

Embarquement immédiat dans le van rose bonbon à travers le désert australien. Priscilla folle du désert la comédie musicale se joue en version française dans les dialogues. Mais Finally, Pop MusicLike a Virgin, It’s raining men sont chantées en VO pour le plus grand bonheur des fêtards du Casino de Paris.
Dernière le 20 février 2019.

photo Pascal Ito

Oh Bernadette !

La performance la plus fascinante est sans hésiter celle de David Alexis qui prend les traits de Bernadette, Bernie pour les intimes, la doyenne de la troupe.
Nous connaissions le Professeur Abronsius dans le Bal des Vampires et Fangin dans Oliver Twist. Depuis quelques soirs, le chanteur danseur incarne une des légendaires girls sans âge, quelque peu blasée de la life mais qui ne manque pas de repartie.
Il est capable de grand écart, de se faire respecter, de se déhancher avec grâce. Et puis avouons-le : le corset à la Jean Paul Gaultier lui va si bien !
Ses camarades de jeu (Laurent Ban, Jimmy Bourcereau) ne déméritent pas pour autant. 

photo Pascal Ito
Priscilla folle du désert
photo Pascal Ito

Costumes, perruques et van

L’adaptation française ne souffre pas d’approximation même si le kitsch de certaines séquences peut piquer les yeux.
Le van n’est pas en carton, les costumes ne sont pas que des bouts de tissu.
Le véhicule est agrémenté d’un écran (et c’est superbement bien pensé). Des plumes, des paillettes, des froufrous sur les habits de lumière.
La production a repris tous les ingrédients qui font le succès de ce spectacle à travers le monde, depuis sa création à Londres. 

Les trois géniales chanteuses qui viennent en soutien aux protagonistes ont le droit de chanter dans les airs comme des anges et sont magnifiés des costumes endiablés et volumineux. 

Priscilla folle du désert c’est débridé, spectaculaire, surchargé comme un gros gâteau à la crème, culte, vitaminé. Bref, la bande-son de ton adolescence avec les costumes que tu n’aurais jamais imaginé porter.

Regret : les bandes musicales n’ont pas été réorchestrées ou remixées. Aucune surprise de ce côté-là. Il faudra se rabattre sur la folie des perruques et les boules à facettes. 

Priscilla folle du désert

Priscilla folle du désert, la comédie musicale

dernière le 20 février 2019

Casino de Paris
16, Rue de Clichy
75009 Paris

avec David Alexis, Laurent Ban, Jimmy Bourcereau, Amalya Delepierre, Kania Allard, Ana Ka, Sofia Mountassir, Stacey King
et Corinne Puget, Alice Lyn, Fabrice de la Villehervé
en alternance : Luka Quiin, Nino Magnier, Alexandre Furet, Aramis Delamare
mise en scène : Philippe Hersen
chorégraphie : Jaclyn Spencer

Share

Les Faux British au Saint Georges : incroyablement jouissif !

Pourquoi attendre pour s’offrir une dose de rires XXL ? Les Faux British, la comédie catastrophique, ne fait pas de pause depuis qu’elle est à l’affiche du Théâtre Saint Georges. La preuve : déjà plus de 1000 représentations qui ont comblé le public
La nouvelle distribution est excellente, courez-y avant de succomber au Gros diamant du Prince Ludwig au Palace.

Les Faux british

Les Faux British : une équipe gagnante ! 

Le talent d’écriture du trio Henry Lewis, Henry Shields et Jonathan Sayer est à la hauteur d’un Thé à la menthe ou t’es citron, voire le surpasse.
Aucun temps mort, aucune envie de regarder sa montre.
On serait presque pris de spasmes tellement le rythme est effréné, les quiproquos s’enchaînent. On se prend à angoisser même pour les comédiens (les vrais) qui sont capables de cascades, d’accent improbable, de jeu très approximatif.
Avant tout, il faut être un très bon acteur pour jouer aussi mal avec brio !

Une pièce dans la pièce

La troupe de comédiens amateurs devant nous tentent de donner en représentation une enquête policière qui semblerait être signée Conan Doyle. Il y a un manoir, un meurtre, du suspense, de la passion.
Le tout est relevé par un décor bancal, des accessoires manquants, des bruitages inutiles et laborieux. C’est de l’amateurisme pur et qu’est-ce que c’est poilant !

Bref, la mécanique prend l’eau et le bordel débute très vite.  Alors il suffit d’une porte qui ne s’ouvre pas et c’est la cata. Tout va s’enchainer telle un grand 8 avec de magnifiques envolées et des descentes vertigineuses. On reste agripper à nos sièges.

On rit d’un bout à l’autre de la pièce.  Les Faux British est un chef d’œuvre d’humour.
Totalement inadaptable au cinéma, il faut donc foncer le découvrir en live !

Et bonne nouvelle : il n’y a pas d’âge pour succomber au charme très particulier des Faux British.

Les Faux British

Les Faux British

de : Henry Lewis, Henry Shields et Jonathan Sayer
Adaptation :
Gwen Aduh et Miren Pradier
Mise en scène :
Gwen Aduh
Avec (en alternance) : Gwen Aduh, Sandra Valentin, Christophe de Mareuil, Dominique Bastien, Henri Costa, Herrade Von Meier, Jean-Pascal Abribat, Lula Hugot, Michel Cremades, Michel Scotto Di Carlo, Yann de Monterno, Jean-Pascal Abribat, Yann Papin, Virginie Gritten

Molière de la comédie 2016

du mardi au vendredi à 20h30
samedi : 18h et 21h

51 rue Saint-Georges
75009 Paris
Share

Mama Khan, le chant berbère de l’eau : des femmes pour une destinée…

La genèse de ce récit initiatique provient des rencontres qui ont guidées Khadija El Mahdi dans le sud du Maroc sur les traces du peuple Berbère. Progressivement, la trame du second opus des aventures de Mama Khan, les 13 chemins de grand-mère terre se met en place. C’est au Théâtre La Croisée des Chemins que nous retrouvons une ode vibrante à la vallée des pierres de mémoire où se mêlent poésie, malice et force de cœur.

À l’origine, il y a une petite fille en manque de beauté et de lumière. Elle se met alors à rêver de Mama Khan. Un guide aux allures de grand-mère qui, depuis la nuit des temps, transmet la mémoire du monde aux générations à venir. L’histoire de chaque culture première qu’elle diffuse permet ainsi un ancrage profond de nos racines archaïques afin de vivre en harmonie avec notre monde moderne.

La comédienne entre en scène. Au fur et à mesure qu’elle s’habille et surtout lorsqu’elle met son masque, nous sentons l’âme du personnage s’immiscer en elle.

Mama Khan ouvre alors ses bras à Lalla Richa dont elle va nous conter l’histoire. Une femme vibrante qui va connaître le rêve, l’illusion de l’amour mais aussi la trahison. Suite à la perte d’un être plus que précieux et l’abandon des siens, elle décide de partir en quête de liberté et d’autonomie…

L’épopée de Lalla Richa est sensible et émouvante. Nous partons alors à la découverte de sa culture bordée de merveilles mais également de barrières… Tantôt drolatique, tantôt pesant mais toujours intense.

La vocation de ce conte est, bien entendu, la transmission mais aussi et surtout, le partage. Il prend forme sur scène entre la comédienne et le public. Une synergie se crée alors rendant chaque représentation unique.

 À la fin, ce partage se poursuit autour d’échanges avec une Khadija El Mahdi accessible, fascinante et solaire. Se tisse alors un lien qui évoluera lors des onze autres aventures de Mama Khan que nous ne manquerons pas…

Tanmirt KhadiMama !

by Jean-Philippe 

 

Mama Khan, le chant Berbère de l’eau

second opus des treize chemins de Grand-Mère Terre

Mise en scène et interprétation : Khadija El Mahdi
Compagnie Les Apicoles 

du 18 janvier au 8 mars 2019

vendredi à 19h45
durée : 50 minutes

au Théâtre La Croisée des Chemins
43, Rue Mathurin Régnier
75015 Paris
Réservations : 01 42 19 93 63

Share