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Alphonse Mucha au Musée du Luxembourg : étonnante rétrospective

La rétrospective émouvante de l’œuvre d’Alphonse Mucha au Musée du Luxembourg nous donne de nouvelles raisons d’être fou amoureux de son style. L’artiste connu pour ses affiches sublimant la comédienne Sarah Bernhardt émerveille aussi bien par ses dessins, ses autoportraits, (quel regard !), ses pastels que ses toiles qui vibrent toutes.
La force des détails pourra faire perdre la raison à plus d’un visiteur qui aspire à une plongée ardente et complète dans l’œuvre de l’artiste.

Alphonse Mucha

Alphonse Mucha
Lorenzaccio, 1986

Sarah Bernhardt immortalisée par Alphonse Mucha

Il y a des rencontres artistiques qui font des étincelles. Sarah Bernhardt se découvrant sublimée sur l’affiche du spectacle Gismonda réalisée par Alphonse Mucha, ne manquera pas de signer un contrat pour sceller sans tarder sa collaboration avec le peintre. Six autres affiches seront conçues, toutes ayant pour unique sujet la comédienne incarnant tour à tour, La Dame aux Camélias, Lorenzaccio ou encore Médée – la force du regard est assez incroyable.
Plus d’un siècle après, les affiches impressionnent, magnétisent. Impossible de totalement les quitter des yeux.
Pourtant d’autres femmes, d’autres incarnations de la beauté viennent nous émerveiller par la suite.

Alphonse MuchaAlphonse MuchaAlphonse Mucha

Gourmandises, saisons et arts 

Mucha arrive à nous émerveiller avec une boite pour des gaufrettes, des flacons ou des boites pour des parfums. Les contenus ne nous importent peu. C’est l’emballage qui nous a plus de valeur pour nous. On se prend à imaginer pareilles œuvres dans notre salle à manger ou notre salle de bain.
Un peu plus loin, les saisons incarnées par des modèles de choix viennent nous faire autant aimer l’hiver glacial que l’été caniculaire.
Les arts (peinture, danse, musique, poésie) trouvent aussi de sublimes illustrations, tout est dans la délicatesse, les arrondis merveilleux.

Alphonse Mucha
autoportrait, 1907

Face-à-face avec l’artiste

Il y a beaucoup d’aspects peu connus du public. En premier, les autoportraits peints ou dessinés de l’artiste. Celui qui ouvre l’exposition est une invitation complice à découvrir ce que cache l’homme.
S’en suit l’autoportrait de 1907 au crayon bleu et blanc sur papier. Le regard incroyable, on pourrait échanger avec l’artiste sans limite.
Ce qui suit dans les salles suivantes du Musée du Luxembourg est une vraie révélation. L’attachement de l’artiste pour des thèmes moins connus (la franc-maçonnerie, l’attrait de la nuit et de ses étoiles…) et l’œuvre d’une vie L’Épopée slave qui a elle-seule méritait un aller-retour à Prague pour admirer les 20 toiles qui la constituent.

Alphonse Mucha

Exposition Alphonse Mucha

au Musée du Luxembourg 
19 rue de Vaugirard
75006 Paris
Tél. : 01 40 13 62 00

du 12 septembre 2018 au 27 janvier 2019 

Horaires :
tous les jours de 10h30 à 19h
nocturne jusqu’à 22h tous les vendredis
nocturnes supplémentaires les lundis du 12 novembre au 17 décembre 2018

les 24 et 31 décembre de 10h30 à 18h
fermeture le 25 décembre

Alphonse Mucha

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Picasso Chefs-d’œuvre, des toiles pour la 1ère fois à Paris

La notion de chefs-d’œuvre est toujours relative. Mais avec Picasso. Chefs-d’œuvre !, le musée Picasso Paris propose une nouvelle manière d’aborder le travail du maitre.
Peintures de jeunesse, dessins, sculptures, moulages, création d’objets, rien ne fait défaut dans cette exposition qui frôle parfois l’agglutination murale (notamment la collection de photos).
Malgré tout, on trouve des pépites. Voici un focus de quatre d’entre elles.
Un choix partial totalement assumé. 😉

Science et charité, 1897

Ce qui surprend avec Science et charité c’est que ce tableau a été peint par un Picasso ado, à 16 ans, encore étudiant en art à Barcelone. Il prend un thème de réalisme social mais le sujet fait écho à la mort de sa sœur en 1895. Et son père pose pour la figure du docteur.

chefs-d'oeuvre
Esquisse, huile sur bois

Sa présentation, pour la première fois à Paris, fait suite à sa restauration entreprit en novembre 2017.
En prémisse,  la radiographie a mis au jour les procédés créatifs du jeune Picasso comme les retouches au fur et à mesure de l’élaboration de la toile.

chefs-d'oeuvre
Image rayons X augmentée de parties de la toile

Comme cette toile est la première à ouvrir l’exposition, on découvre aussi le parti pris formel de l’installation, avec ces ouvertures qui permettent d’observer partiellement les tableaux avant de les découvrir en entier.
chefs-d'oeuvre

La chèvre, 1946

En 1946, Pablo Picasso prend villégiature à Golfe-Juan, pas loin d’Antibes. Sur proposition de Romuald Dor de la Souchère, il installe son atelier dans le Musée Grimaldi.

Entre septembre et novembre 1946, il crée 23 peintures et 44 dessins. C’est là que  la chèvre devient un animal clef du bestiaire de Picasso.
Si le texte dans la pièce penche pour le dessin, on a eu un coup de cœur pour cette chèvre sculptée.

chefs-d'oeuvreL’animal est brut mais la matière est vivante.  Cette chèvre mélange des feuilles palmes, du métal et du plâtre. Ses yeux sont imparfaits mais la bête a une âme, que l’on aime contempler.
De cette sculpture émane une belle énergie.

Les Baigneuses, 1937

Cette année-là, Malaga, la ville natale de Picasso, est prise par les troupes franquistes. En l’espace de 8 jours, entre le 10 et le 18 février, Picasso peint ces 3 scènes de plage.

chefs-d'oeuvre
Esquisse

Des baigneuses aux corps déformés, avec des teintes minérales et froides. Des figures construites lors d’échanges avec Man Ray, Dora Maar ou Paul Éluard.

chefs-d'oeuvreRéunies pour les premières fois en France, et peu exposées, ces baigneuses tristes et hors norme permettent de capter l’état d’esprit de Picasso.

Et ce qui est frappant c’est l’emploi de techniques mixtes pour chaque toiles : aquarelle, huile, pastel, crayon….chefs-d'oeuvre

Lithographies, 1948

Ce qui est un chef d’œuvre ici,  ce n’est pas le résultat mais bien de voir la technique de base.

chefs-d'oeuvre

Il est rare de pouvoir admirer les pierres qui ont servi à créer des lithographies.
Dans cette salle, il y a quelques exemplaires de dalles qui montrent certaines étapes de la gravure. Et on a envie de les effleurer…
Pure, alcaline et magique.
Et les compositions en noir et blanc de cette salle en ressortent magnifiées.

chefs-d'oeuvre

Avec cet ensemble, le Musée Picasso Paris offre aux visiteurs une nouvelle palette de découvertes des œuvres du Maître.

On a toujours un pan de création by Pablo à découvrir…

Exposition Picasso. Chefs-d’œuvre !

du 04 septembre 2018 au 13 janvier 2019

Musée national Picasso-Paris
5 rue de Thorigny
75003 Paris

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La Villa Cavrois : succomber au chef-d’oeuvre de Robert Mallet-Stevens

La Villa Cavrois est un joyau architectural jouant à merveille avec les rayons du soleil. A quelques kilomètres seulement de Lille et à portée de tram, ce monument qui a bénéficié d’une belle rénovation offre – en plus de ses volumes spectaculaires – une exposition inédite de photographies revenant sur les créations de son concepteur : Robert Mallet-Stevens.
Jusqu’au 18 novembre, il est possible de découvrir les autres créations de l’architecte dont beaucoup ont disparu. 

Villa Cavrois Villa Cavrois

La Villa Cavrois : divine obsession !

Depuis que j’ai eu connaissance de son existence via une photographie, La Villa Cavrois m’obsède. Son architecture, sa couleur, le jardin qui l’accompagne, sa piscine, absolument tout m’attirait.
Il fallait me voir la découvrant un beau jour de juin, en plein soleil. Je n’ai pas arrêté de la regarder, de la voir jouer avec le soleil, à scruter les silhouettes passant devant sa large baie vitrée. Je l’ai shootée comme un fou tout en l’explorant. Il était alors impossible de m’arrêter dans ma visite.
Et la réalité dépasse l’imagination. Cette villa est folle, génialement inspirante, rayonnante. Je n’ai aucun mal à me voir y vivre, même si les meubles sont d’un autre temps, que le confort n’est pas tout à fait le même et que je n’ai pas la nécessité d’avoir une aussi imposante salle de bain.

Villa Cavrois

Villa Cavrois

Robert Mallet-Stevens, géniale inspiration 

A travers l’exposition photographique présentée jusqu’au 2 septembre, nous apprenons que l’architecte Robert Mallet-Stevens a fait deux essais avant de réaliser la Villa Cavrois.
Le premier est la villa de Paul Poiret à Mézy-sur-Seine. Pour l’anecdote, le grand couturier ayant fait faillite, il devra vivre dans la maison du gardien pendant quelques temps avant de gagner le confort de sa demeure.
Le deuxième essai sera la Villa Noailles à Hyères. L’architecte aurait eu quelques difficultés avec ses commanditaires. Il avait conçu un belvédère pour celle-ci, photo d’époque à l’appui. Mais le Vicomte le fera raser car jugé “trop ostentatoire“.

L’exposition conçue grâce à la collection de Jean-Louis Cohen et la complicité de Richard Klein met en lumière une heureuse collaboration. Celle de Mallet-Stevens et André Salomon, ingénieur éclairage, spécialiste en France de l’éclairage indirect, à l’époque. Dans la Villa Cavrois, par exemple, il est impossible de voir les sources de lumière. L’avantage est d’avoir un éclairage linéaire et de proposer des effets visuels spectaculaires.
Pour voir le résultat, rien de mieux que de visiter la villa lors de nocturnes exceptionnelles.

Une composante méconnue du travail de l’architecte est révélée aussi à travers ce large fond : la réalisation de magasins.
Mallet-Stevens avait un sens théâtral pour capter l’attention sur la marchandise et privilégier l’ambiance.
Les photographies sont de précieux témoins de concepts disparus : des pavillons d’expositions – comme le relais d’essence sur une grande route pour le Salon d’automne à Paris en 1927 – ou encore des magasins pour les enseignes Peugeot et Alpha Roméo.

Villa Cavrois

Villa Cavrois
60, avenue John-Fitzgerald Kennedy
59170 CROIX
Tél. 03 28 32 36 10

Horaires :
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h
Fermé : les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre

Exposition photographique
Robert Mallet-Stevens et ses photographes.
Collection Jean-Louis Cohen
Prolongations jusqu’au 18 novembre 2018

Ouvrage : Robert Mallet-Stevens et ses photographes
Collection Regards
Parution : 7 juin 2018 – Prix : 12 euros

Villa Cavrois

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En Société : les pastels du Louvre incroyables et éclatants

Avec l’exposition En Société, Pastels du Louvre, près de 150 pastels du 17e et 18e siècle qui sont mis en lumière.
Cet accrochage clôturant une campagne de restauration de 7 années effectuée grâce au mécénat des American Friends of the Louvre.
L’occasion pour le Musée du Louvre d’éditer un nouveau catalogue-inventaire raisonné de la plus grande collection de pastels du monde, tout en révélant les secrets de conception de pièces maitresses. 

pastelChacune des œuvres a donc été revue et restaurée.

Les pastels ont été ôtés de leur cadre et les protections arrière retirées. Le but : dépoussiérer les œuvres mais surtout aspirer la moisissure (un champignon essentiellement présent dans les couleurs sombres).
A coups de pinceau minutieux et experts, les pastels ont donc retrouvé un éclat qu’ils avaient perdu avec le temps.
Et si certains verres de protection ont été changés, d’autres sont encore d’époque.

Parmi ces 150 œuvres exécutées sur papier ou sur vélin, nous proposons ce focus sur 4 pièces qui nous ont particulièrement touchés.

Jeanne-Antoinette Lenormant d’Etiolles, marquise de Pompadour

C’est sans conteste la pièce maîtresse de cette exposition.
Et sans parler de la finesse de la réalisation, Maurice Quentin de La Tour réalise avec ce portrait de véritables prouesses techniques.pastel

Pour créer les 178,5 x 131 cm de cette toile, l’artiste a dû assembler 8 feuilles de papier – aucune production à l’époque ne permettait d’avoir une feuille unique de papier aussi grande. Et à l’origine, l’œuvre était encore plus grande de 5 à 6 cm de chaque côté !

Maurice Quentin de La Tour a donc pensé la composition de son portrait afin qu’aucun élément important ne se retrouve sur les jointures des feuilles.
Mais, en s’approchant de la toile, on peut voir que l’artiste a fait des modifications tout au long de sa création. Ce qui est très dur en pastel.

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Ainsi, une main aurait changé d’orientation. Les mules et les pieds ont été modifiés et l’artiste a gratté une partie du papier plutôt que de le remplacer par un autre morceau.

Prenez donc bien le temps d’observer les détails de ce pastel !

Une académie masculine dévoile ses secrets

La restauration de cette œuvre de Joseph Ducreux a révélé que l’artiste avait contrecollé plusieurs académies de son atelier pour protéger le châssis de sa toile.
Ne manquez pas de saisir le volume de la série de feuilles sacrifiées pour la réalisation de ce nu.

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Maurice Quentin de La Tour : joyeux autoportraits 

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Il y a un côté facétieux qui nous plait beaucoup dans cette série d’autoportraits. Un incroyable regard souriant et complice invitant à un échange original avec un artiste, à travers les siècles.
Cet ensemble donne irrémédiablement envie de se pencher sur la biographie de Maurice Quentin de la Tour.

Portrait de Mme Jean Tronchin

La délicatesse de ce portrait réalisé par Jean Étienne Liotard est assez bouleversante. Le peintre a osé un jeu de transparence réalisé grâce à de la gaze noire. Des touches de couleurs à l’arrière des yeux et de la bouche ont été découvertes au cours de la restauration de cette œuvre. Elles donnent encore plus de vigueur à cette discrète inconnue.

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Exposition
En société
Pastels du Louvre des 17e et 18e siècles

jusqu’au 10 septembre 2018

Horaires :
Tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h
21h45 les mercredis et les vendredis

au Musée du Louvre
Rue de Rivoli
75001 Paris

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Monastère royal de Brou : rayonnante folie architecturale

Le Monastère royal de Brou inspire l’admiration et donne envie de connaître l’histoire fascinante de Marguerite d’Autriche qui a fait ériger ce monument gothique flamboyant pour un homme, le duc de Savoie.
Cet ensemble composé d’une église et de trois cloîtres sur deux niveaux est une exception au sein du patrimoine français.
Une aventure folle qui a conduit un architecte bruxellois en terres de Bourg-en-Bresse au XVIe siècle et un déploiement de raffinement aussi bien en ornements qu’en œuvres d’art.

Monastère royal de BrouMonastère royal de brou

La mue du Monastère royal de Brou

Ce monument qui a conquis le cœur des Français en 2014 – lors de l’émission de Stéphan Bern – n’est fini pas de dévoiler ses beautés.
La façade est éclatante en plein soleil. La toiture incomparable – qui nous rappellerait les Hospices de Beaune en Bourgogne – est claquante.
Le double gisant de Marguerite d’Autriche couché dans un baldaquin a retrouvé son blanc immaculé avant que celui de son bien-aimé Philibert le Beau bénéficie des mêmes attentions.
De nouvelles salles d’expositions viennent redonner vie à cette figure féminine méconnue mais inspirante. Des portraits, quelques pièces de mobilier, une généalogie impressionnante et ce goût immodéré pour l’art.

 

Monastère royal de brouMonastère royal de brou

Une fascinante personnalité nommée Marguerite

Vous ne connaissez pas Marguerite d’Autriche ?
Ce n’est pas une raison pour ne pas prendre tout de suite la direction de Bourg-en-Bresse et découvrir cet incroyable écrin de pierres.

Marguerite d’Autriche a connu des péripéties : elle a failli devenir Reine de France puis Reine d’Espagne. Un destin qui donne l’impression d’une belle « poisse ». 🙂
Elle trouvera l’amour – il serait réciproque – avec Philibert le Beau, à l’âge de 21 ans.
Son idylle prendra fin 3 ans plus tard alors que son mari meurt.
Inconsolable, elle décide de faire ériger un monument pour accueillir la dépouille de son bien-aimé et le faire prier par des moines.

Monastère royal de brou

Cette folie sera réalisée en un temps record, première posée en 1506, les moines s’installeront en 1513. Marguerite supervisera le chantier, à distance, par le biais de plans, maquettes, échantillons. Elle décidera de tout.
Elle ne verra jamais l’édifice terminé, elle décédera avant.

Image de prévisualisation YouTube

Monastère royal de brou

Primitifs flamands. Trésors de Marguerite d’Autriche

Une exposition, jusqu’au 26 août, révèle les beautés picturales qui composaient la collection incomparable de Marguerite d’Autriche.
Pierre-Gilles Girault, administrateur du Monastère, et son équipe ont réuni un ensemble de chefs-d’œuvre venus de toute l’Europe.
Une des pièces maitresses est cet ange gracieux sur fond d’or tenant un rameau d’olivier du peintre Hans Memling. A ses côtés, un Jérôme Bosch en provenance de Berlin qui s’est fait désirer encore peu de jours avant le vernissage.

Monastère royal de brou

BONUS 1 : double gisant pour un même homme. Le duc de Savoie est représenté dans la partie haute vivant, yeux ouverts et tenu d’apparat. En-dessous, il apparait en défunt : yeux clos, presque nu, le corps glorieux tel qu’il sera ressuscité.

BONUS 2 : l’architecte Louis van Bodeghem a exigé dans son contrat que lui soit alloué un cheval pour qu’il puisse regagner ses terres bruxelloises.

Monastère royal de Brou
63, boulevard de Brou
01000 Bourg-en-Bresse
Tel 04 74 22 83 83
Résa groupes : 04 74 22 83 83

ouvert tous les jours
sauf les 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 décembre

site officiel : www.monastere-de-brou.fr

Monastère royal de brou

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Sur les murs : les graffitis font l’Histoire au château de Vincennes

Les graffitis ne sont pas une invention moderne ! Au Château de Vincennes, l’exposition Sur les murs fait raisonner les graffitis anciens et modernes à l’aune de l’histoire.
A chaque époque sa signification et son interprétation : témoignage, propagande ou simple trace de passage, vous saurez tout sur les grafs d’anonymes ou de grands noms !
Car l
e graffiti ce n’est pas que de la bombe aérosol sur un mur. C’est aussi la gravure au cutter sur un bureau d’écolier, un dessin sur le mur d’une prison ou encore un simple nom gravé, par un soldat, dans la pierre d’une salle de garde.

Sur les Murs

Graffiti : marque visible de l’histoire

Le Centre des Monuments Nationaux (CMN) propose de découvrir cette diversité d’expression grâce à l’événement Sur les Murs.
En visitant le Château de Vincennes, vous plongerez dans l’histoire de ces dessins et ces textes laissés çà et là.

Sur les Murs
Marque de tâcheron sous le porche

Codés ou plus compréhensibles, les graffitis ont toujours pour but de délivrer un message.
Cela peut être du corporatisme, comme avec les marques de tâcheron qui codent dans la pierre le travail de différentes confréries utiles à la construction d’un bâtiment.

Sur les Murs
Tableau répertoriant les marques de tâcherons

C’est aussi laisser une trace de vie.
Le plancher de Joachim en est un exemple particulier.
Un menuisier a raconté sa vie et celle de son village au revers d’un plancher au 19e siècle. Fascinant !

Sur les Murs

Un parquet étant changé tous les 80/100 ans, son texte est le témoignage d’une société, d’une époque pour le futur. Joachim avait aussi souhaité que le menuiser suivant prenne exemple sur lui.

Il y a la même volonté de transmissions d’une histoire particulière avec les 73 plaques de plâtre Drancy.
Les juifs enfermés dans ce camp ont choisi de graver leur état civil afin de témoigner de leur passage et que leur vie fût bien réelle.

Sur les Murs
ICI A DORMI LE JUIF / ALBERT ALTERMANN / DRANCY LE 11 – 12 – [19]43 / DEPART LE 16 – 12 – [19]43 / ARRIVE LE 08 – 12 – [19]43 / BON MORAL

Sur les murs : une expo de A à Z

Partir sur les traces des graffitis, c’est donc remonter l’histoire des monuments nationaux français.

Sur les Murs
Des rares graffitis historiques féminins

Car cette exposition ne se concentre pas uniquement sur les graffitis présents sur les murs du Château de Vincennes.
C’est un petit tour de France des plus représentatifs, mêmes si vous en aurez beaucoup à contempler et décoder dans les salles.

Sur les Murs

Et dans 30 monuments du CNM à travers la France, vous trouverez des expositions complémentaires à celle de Vincennes.
A chaque coin de mur, vous risquez de tomber sur un mot de Victor Hugo, sur la recette de fabrication des balles pour le fusil et, bien sûr, sur les traces des prisonniers qui tuaient le temps en gravant la pierre. #Passionnant

Sur les Murs
Armand de Barthillat n’a pas eu le temps de gravé la fin de sa détention à Vincennes

Mission Graffiti : enquête en mode 2.0

Si le terme graffiti est entré dans la langue française en 1856, le CMN, a décidé de le transporter dans le monde numérique.

Mission graffiti

Avec Mission Graffiti, mener l’enquête à travers les différents sites du CNM, sur le web et les réseaux sociaux.
Via Instagram, Youtube, Twitter, Facebook… des personnes du jeu vous aideront à mener votre mission.

Mission graffiti

Une façon originale de partir à la chasse aux graffitis en mêlant réflexion virtuelle du jeu en point and click et découverte in situ pour dénicher d’autres trésors graphiques.
Si vous trouvez la solution avan le 16 septembre 2018, vous ferez peut-être partie des 50 gagnants tirés au sort…

Sur les Murs
Graffitis de visiteurs dans l’une des cheminées

N’hésitez pas à partager vos découvertes sur les réseaux sociaux avec  #Surlesmurs ou #MissionGraffiti. Plutôt que de laisser une trace de votre passage sur les murs de nos beaux monuments. ;-)

Sur les Murs

Exposition Sur les Murs :Histoire(s) de graffitis

du 6 juin au 11 novembre 2018

Tous les jours de 10h à 18h

Château de Vincennes
1 avenue de Paris
94300 Vincennes

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Aurélien Mole, artiste et visiteur passionné du Château d’Oiron

Aurélien Mole est un artiste à la barbe qui change selon les saisons.
Dans le cadre de l’exposition Déclassement au Château d’Oiron, il a conçu une série de cartels aussi discrets que barrés pour réinventer les œuvres de cette collection unique en France.
Son brin d’humour et de surréalisme nous ont convaincu de la nécessité d’échanger avec lui.
Autre particularité, Aurélien Mole a une relation forte avec le Château d’Oiron qu’il a fréquenté jeune, en voisin, déterminant sa fibre artistique.

Aurélien Mole
selfie de l’artiste exclu pour UsofParis

Rencontre

UsofParis : Une image forte du Château d’Oiron ?

Aurélien Mole : Ma première visite à 17-18 ans a été marquante. Ça a été la découverte d’un lieu et de son influence sur les œuvres exposées. Il y a une vraie alchimie entre les œuvres et le lieu. Je me souviens du fait de pousser des portes, l’absence de gardien et donc la liberté de déambuler, d’explorer.
Ça a déterminé toute ma carrière. Aujourd’hui, je travaille autour du concept de l’exposition.

Quelle a été ta démarche pour cette œuvre in situ ?

C’est une pièce ancienne que j’ai faite à différents endroits (Villa Arson…). Quand Barbara Sirieix, la curatrice de l’exposition, m’a invité, elle a parlé de déclassement, le fait de ne pas toucher au Château. Il y avait en fait beaucoup de contraintes dans ce qu’elle proposait.
Et j’ai proposé de réactualiser cette pièce, Un cabinet d’amateur. C’est une façon d’étirer les œuvres vers des dimensions fictionnelles.
Je ne fais pas d’œuvres autonomes. L’exposition est toujours importante. Mes cartels sont des sortes de collage par rapport à des œuvres déjà présentes et comment broder des fictions, comme une tapisserie.

Aurélien Mole

Aurélien Mole

Les cartels n’ont pas tous le même effet sur les visiteurs.

Il y a un rapport de vérification entre ce qui est écrit et l’œuvre.
Il y a une trentaine de cartels, certains vraiment très loufoques, d’autres se veulent explicatifs et aussi des ouvertures dans le fantastique.
Ça s’appelle Un Cabinet d’amateur en référence à Georges Perec mais ça s’inscrit vraiment dans l’idée de l’exposition de Jean-Hubert Martin – ancien Directeur artistique du château d’Oiron et conservateur général du patrimoine.

Comment écris-tu, face aux œuvres, sur place ?

Je connais bien les œuvres, je les avais en tête.
Mais, en général, je demande des photos, sans texte pour les autres lieux. Car les photos font sortir des points saillants de certaines pièces. Et c’est à partir de là que je peux commencer à broder des choses.
Je fais beaucoup de photographies d’expositions et je transforme les objets en image. Ainsi, je vois apparaître des choses dans les images qui ne se voient pas forcément dans les œuvres.

Joie d’Hélène Bertin

Connaissais-tu les autres artistes de Déclassement ?

Oui, je connaissais Hélène Bertin et Flora. Je les ai photographiées. En revanche, j’ai découvert l’Américain Tyler Corburn.
Barbara Sirieix a un commissariat très peu formaliste. Les propositions sont très différentes d’un artiste à un autre.
Mais il y a plein d’échos, on s’en rend compte à posteriori.
Et puis, le château influence énormément le travail de chacun.

De quel artiste serais-tu le plus proche ?

Plutôt de Tyler Corburn, qui a une démarche plus conceptuelle, comme moi. Même si j’accepte de produire des formes.
En fait, je suis un conceptuel défroqué ! 🙂

L’œuvre qui te touche le plus au sein de la collection du Château d’Oiron ?

C’est compliqué. Je les aime toutes.
Je passais beaucoup de temps dans la pièce de La Collection de Mama W. Ça ressemblait peu à ce que faisait Daniel Spoerri.
J’aime aussi la pièce de Claude Rutault pour sa radicalité. Je la trouve assez forte, dans sa volonté de disparaître complètement.
La pièce de Sol Lewitt est aussi très bien placée.

L’humour est-il nécessaire dans l’art ?

Il faut de tout pour faire un monde…” comme la chanson du générique d’Arnold et Willy. 🙂
L’humour n’est pas nécessaire. Mais il est important d’avoir un bon mauvais goût. Et dans l’humour, il peut y avoir quelque chose de l’ordre du mauvais goût. Réussir à cultiver quelque chose de dissonant est important.
L’humour peut être dissonant.
Par exemple, j’adore William Wegman et Buster Keaton, c’est à la fois très drôle et poétique.

L’œuvre de ta vie est-elle déjà réalisée ?

Ça peut se dire rétrospectivement. Je vise quand même un temps très long.
J’aimerais être un bon vieil artiste. 🙂
Il y a des artistes qui donnent tout jusqu’à l’âge de 30 ans et après ils restent enfermés dans le carcan formel. Et puis, il y en a d’autres, parce que découverts tard ou qui se remettent en question, qui a 70 ans ont encore des choses à dire. Ils charrient tout un pan d’histoire.

Propos recueillis par Alexandre

Exposition Déclassement

au Château d’Oiron
10 Rue du Château
79100 Oiron

jusqu’au 30 septembre 20018

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Déclassement au Château d’Oiron : expo insolite et cosmopolite

Pour les 25 ans de sa collection atypique, le Château d’Oiron invite 10 artistes à dialoguer avec le monument et ses œuvres.
L’exposition Déclassement c’est 10 propositions artistiques inattendues, originales comme autant de questionnement sur la place du jeune artiste, la notion d’effacement, de recyclage et de l’irrévérence.
DéclassementDéclassement

Déclassement vs collection culte

La collection historique du Château d’Oiron en impose : Christian Boltanski, Annette Messager. Anne et Patrick Poirier, Pierre Huygue, Marina Abramovic….
Pas évident pour un jeune artiste de se frotter à autant d’icônes de l’art contemporain.
Sous l’impulsion de la curatrice, Barbara Sirieix, 10 artistes ont eu carte blanche pour des projets singuliers.

3 démarches nous ont particulièrement titillés.

Déclassement

Déclassement

Tyler Coburn, un Américain à Oiron

Les fausses pierres de l’Américain Tyler Coburn sont à la fois anecdotiques, irrévérencieuses et espiègles.
Quand on découvre celle accrochée sur un mur extérieur du château, Inherrent Vice, il y a comme une impression que l’œuvre fait partie intégrante du décor depuis des années, voire siècles. Cette excroissance va se dégrader avec le temps.
Alors que l’autre proposition, In perpetuity, dans le jardin du château, elle, devrait être éternelle et se reconstituer, après la pluie, grâce à une bactérie qui lui est propre. Fascinant.

Pour l’anecdote, les deux œuvres sont arrivées par un transporteur depuis les States et, bien sûr, une fois déballées, elles étaient cassées.
Ça n’a aucunement gêné l’artiste qui a trouvé que ça correspondait totalement à sa démarche. Les artistes nous surprendront toujours. 🙂

Aurélien Mole

Les cartels plein d’humour d’Aurélien Mole

Ces pointes d’humour qui ponctuent le parcours de visite sont discrètes mais efficaces. Les cartels d’Aurélien Mole – qui composent l’œuvre Un Cabinet d’Amateur – poussent à la parenthèse heureuse, au clin d’œil avec le public et à des instants de décalage savoureux.
L’imagination de l’artiste est sans limite. Sa connaissance du Château d’Oiron également, car il l’a fréquenté assidument, en voisin. Son interview est en ligne.

Déclassement

Velours de Céline Vaché-Olivieri 

Poésie pure. Céline Vaché-Olivieri a accompagné l’objet qu’elle a souhaité scanné pour réaliser des impressions énigmatiques. Cet objet issu du Château d’Oiron apparait tout autre, impossible à identifier sur le rideau en velours blanc. On se prend à interpréter alors que la lumière du jour traverse l’œuvre pour donner à voir les détails.
L’installation est sobre, délicate et purement esthétique, comme on aime aussi.

Déclassement

BONUS : Jay Tan, la conceptrice d’un gif de dizaines de portraits de Keanu Reeves a une passion débordante pour l’acteur canadien. Lors du vernissage, elle arborait une chemise avec le visage de l’acteur américain multiplié à l’infini. On adore !

Déclassement

Exposition Déclassement

avec Béatrice Balcou, Héléne Bertin, Tyler Coburn, Mathis Gasser, Moblier Peint, Aurélien Mole, Jay Tan, Céline Vaché Oliviert, France Vallicionni

jusqu’au 30 septembre 2018

au Château d’Oiron
10 Rue du Château
79100 Oiron

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123 DATA l’expo qui fait adorer les données digitales ! @ Fondation EDF

Sur le papier, une expo sur les datas (les données numériques) ce n’est pas forcément très glamour.
Avec 123 Data, la Fondation EDF réunit en un espace des œuvres iconoclastes qui mettent en relief des manières différentes de traiter les données. A travers des visions d’artistes originales, elles prennent forme et vie pour se rendre plus accessibles.
Plongeon dans l’art des données.

Data-Art ou Data-Design, on peut être dubitatif face à ce sujet.
Mais c’est sans compter sur la richesse créative des artistes. Ainsi que leur travail basé sur les traces que les données (personnelles ou non) laissent à travers la toile, entre autres.

123 data

Tout l’art du commissaire de l’expo,  David Bihanic, a été de rendre sexy et ludique des chiffres et des ondes totalement abscons.

123 Data : une expo en 3 temps

Exposer, Expliquer et Explorer.
1, l’artiste utilise les données comme un matériau brut pour créer une installation vidéo, photo ou plus concrète.
2, le créateur cherche à rendre lisible des données, à éclairer le visiteur sur la signification réelle de ses données.
3, c’est au visiteur de se confronter aux données via les interfaces créées afin de se faire sa propre idée de l’interprétation des données. #Visiteur2.0

123 data

Comme aucun domaine n’échappe au stockage numérique,  l’imaginaire des créateurs est sans limite. Il leur est alors permis de vulgariser ce que sont les  “Big Data”.

Biométrie maritime, météorologie, acoustique, statistiques, données issues d’Instagram ou venue de Google, tout est bon pour créer de nouveaux modes de représentations de ces datas totalement immatérielles.

Quand les 1 et les 0 deviennent tangibles

Pour comprendre l’importance des enjeux de la data et pourquoi  il faut visiter cette expo, voici quelques exemples.

Simple et basique interprétation avec l’œuvre 4D de David BowenTele-Present Water retranscrit en temps réel les mouvements d’une parcelle d’eau de l’océan pacifique.

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Les données proviennent d’une balise dont la position GPS a été perdue.  Cette représentation est la seule façon de montrer cette parcelle d’océan venue de l’autre côté du globe.

Avec Income Inequality, l’autrichien Herwig Scherabon questionne la gentryfication de grands centres urbains.

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Sur un plan de ville en photo 3D, il montre, via des volumes, certaines réalités des territoires. A partir des chiffres issus des données publiques, l’artiste crée donc pour Los Angeles, New York, Chicago et Paris une architecture nouvelle et basée sur les revenus moyens des habitants.
Un résultat saisissant.

Pour Wind of Istanbul, un an de mesures a permis à Refik Anadol de modéliser les mouvements des vents au-dessus de la capitale turque.

123 dataPuissance, direction et température : tout est présent sur cet écran, en 3D et en 4K.
Et c’est très poétique.

Multiplicity pourra être obsessionnelle tellement Instagram a envahi nos vie de blogueur.
A la demande d’EDF, Moritz Stefaner a créé une installation qui agglomère des clichés publiés sur Instagram et localisés à Paris.123 data
Les photos répertoriées sont regroupées par similitude graphique et colorimétrique et forme des amas de photos.
Via une tablette, il est possible de naviguer dans ces amas et de se balader un grand nuage de photos.
#hypnotique

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Data Cuisine : quand les artistes et statisticiens choisissent de combiner chiffres et nourritures cela donne des interprétations totalement visuelles et gourmandes.

Et malgré tout, tous les sujets peuvent être traités très sérieusement. Comme cette étude sur la mortalité en Belgique illustrée avec des cercueils en chocolat.123 data

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Et aussi cette étude sur la place des femmes dans les universités déclinée en œuf au plat ! Visuelle mais très parlante.

New York à portée de data 

Avec On Broadway, on sort des données institutionnalisées.
Pour créer cette balade numérique du sud au nord de l’Avenue mythique de New York, ce sont les ressources des réseaux sociaux qui ont été compilées.

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A travers Google Street View, Instagram, Twitter ou Foursquare,…  c’est près de 660 000 photos qui ont été traitées.
On y retrouve aussi les commandes de taxis, les revenus moyens des habitants.

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Cette création propose un périple complet (à retrouver sur le site dédié), en data, le long de cette avenue qui traverse Manhattan des quartiers riches du sud aux quartiers pauvres du nord.

Loin d’être rasoir

Avec 123 Data, la Fondation EDF rend vivante toute une nébuleuse de chiffres et de données que l’on pourrait penser imbitable au décodage.

Ces données qui peuvent être poétiques, sont parfois utiles, mais peuvent aussi faire peur.
A nous de les dompter !

Exposition 123 Data

du 4 mai au 6 octobre 2018

du mardi au dimanche de 12h à 19h

Fondation EDF
6 rue Récamier
75007 Paris

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Au fil du siècle au Mobilier National : surprenantes tapisseries !

Bien souvent, l’évocation du mot «tapisserie» véhicule une image désuète. Au fil du siècle, chefs-d’œuvre de la tapisserie 1918-2018 va vous faire changer d’avis ! En effet, tout au long de ces années, les Manufactures Nationales ont su s’adapter à une société en pleine mutation : libération des mœurs, conflits politiques, effervescence artistique ou avancées technologiques considérables. En sélectionnant de remarquables pièces (dont des inédits) retraçant tout ce parcours temporel, le Mobilier National propose à la galerie des Gobelins une exposition inattendue et passionnante !

Tout d’abord, je dois vous avouer que l’exposition était surtout un prétexte afin de découvrir l’intérieur de la prestigieuse Manufacture des Gobelins. Je n’avais donc aucune attente particulière hormis la curiosité. Et en toute sincérité, j’ai été agréablement surpris !

Au fil du siècle : une collection éclectique

La sélection fut difficile pour le Mobilier National. Sur plus de 1 000 tapisseries référencées (dont 20% prêtées à la République pour l’ameublement de ses ministères ou des monuments historiques), il a fallu en choisir 80. Chacune transcrit un bouleversement sociétal. Voici nos coups de cœur !

Au fil du siècle

L’insouciance

Primavera de Leonetto Cappiello capte totalement l’esprit de légèreté qu’il y a pendant l’entre-deux-guerres. Les formes sont souples, aériennes, dans un mouvement perpétuel. En effet, les personnages présentés adoptent des postures rythmées et expressives, rappelant le théâtre populaire italien. Ainsi, ils servent à traduire la volonté de l’artiste qui est de représenter la jeunesse au printemps de la vie.

au fil du siècle

La controverse

Malgré la pénurie de matières premières et de personnel qualifié, le Maréchal Pétain ordonne en 1941 l’exécution d’une tapisserie à son effigie. Cette propagande a pour but de l’inscrire dans la lignée des grandes figures héroïques françaises. Censés rassurer ses concitoyens, les nombreux symboles ne sont pas sans nous rappeler une page sombre de notre histoire. Longtemps conservée (et cachée), c’est la première fois que À la gloire du Maréchal Pétain ou Révolution Nationale est exposée avec deux autres tapisseries demandées par des ministres nazis.

Au fil du siècle Au fil du siècle

L’innovation

Pour La Femme au luth, Henri Matisse a fait le pari de la témérité. Conventionnellement, l’artiste aurait dû partir du tableau initial peint en 1943. Cependant, il a choisi de prendre une reproduction en couleur de l’œuvre. Il a ensuite réalisé un agrandissement photographique qu’il a retravaillé. En effet, il a entre autres ajouté une bordure à entrelacs et modifié le motif rond du tapis en une arabesque continue.

Cette démarche audacieuse et novatrice a ouvert un nouveau champ de possibilités, largement exploité depuis.

L’amusement !

Vous souhaitez visiter l’exposition mais votre nounou n’est pas disponible ? Venez en famille et rendez cette visite ludique !

Sur chaque tapisserie exposée, mettez vos enfants au défi de trouver la signature de l’artiste et surtout le sceau de la manufacture l’ayant conçue. Vous verrez que ce n’est pas si évident que ça. Vous pourriez même bien vous prendre à ce jeu stimulant. Ainsi, vous mêlez judicieusement distraction et culture !

Qu’il est bon parfois de se laisser surprendre par sa curiosité… En effet, c’est un réel plaisir de sillonner cette exposition aux côtés de Picasso, Miró ou Vasarely. Dorénavant, lorsque je découvrirai une tapisserie, j’aurai un petit sourire en pensant à Le Corbusier qui s’amusait à les nommer «formidables muralnomades !».

by Jean-Philippe

Au fil du siècle, chefs-d’œuvre de la tapisserie 1918-2018

Jusqu’au 23 septembre 2018

du mardi au dimanche de 11h à 18h

Au Mobilier National – Galerie des Gobelins
42, avenue des Gobelins
75013 Paris

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